La Parenthèse de Virgul #21
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Les matous, on aborde aujourd'hui un personnage peu connu mais néanmoins à l'origine de l'une des plus grandes sagas Marvel de ces dernières années.
Miaw !

Des Bulles aux Piques
Robert Baldwin, car c'est de lui dont il est question, a connu un parcours pour le moins peu conventionnel.
Lorsqu'il débute sa carrière, au sein des New Warriors, il n'est guère qu'un héros secondaire, doté d'un pouvoir relativement mineur. En effet, alors qu'il officie sous le nom de Speedball, il peut créer un champ d'énergie lui permettant d'absorber l'énergie cinétique dirigée contre lui. Son look de jeune encapé, entouré de bulles et œuvrant dans un costume bleu et jaune très flashy, ne contribue guère à en faire quelqu'un d'impressionnant.
En fait, il est voué à disparaître tellement il est plat et sans intérêt, d'autant que son équipe n'est pas non plus la plus populaire.

Mais lorsque la Maison des Idées lance la saga Civil War, cela change tout pour Robbie. Les évènements de Stamford le placent au cœur d'une des plus grandes tragédies civiles que les États-Unis aient connues. Il est en effet à l'origine d'un drame épouvantable. Alors que son équipe et lui tentent de prendre d'assaut une maison où se sont retranchés des super-vilains, Nitro se fait exploser, tuant des centaines de civils et, comble de l'horreur, de nombreux enfants présents dans une école toute proche. Le tout sous l'œil des caméras, car les New Warriors participaient alors à une émission de télé-réalité...

Alors qu'on le croyait mort, Robbie est retrouvé vivant mais sans pouvoir, puis incarcéré.
C'est à ce moment que le héros, le vrai, de la trempe de ceux qui créent les légendes, se révèle.
Baldwin refuse tout d'abord de troquer sa remise en liberté contre ses principes et s'obstine à ne pas signer le Superhuman Registration Act. Abandonné par ses propres parents, considéré comme l'homme le plus haï d'Amérique, Robbie affronte avec courage des conditions de détention épouvantables. Là où il va rejoindre - bien involontairement - l'histoire, c'est quand Reed Richards va lui proposer de s'exprimer publiquement devant le congrès et qu'il sera abattu durant son transfert. L'assassinat reprend, point par point, les circonstances du meurtre, bien réel, de Lee Harvey Oswald et prend, tout à coup, une résonance aussi malsaine que fabuleusement inventive.

On s'imagine alors que l'on en reste là. Un héros de seconde zone sacrifié avec beauté. Pourquoi pas, c'est sans doute ce que l'on pouvait rêver de mieux pour le personnage de Speedball. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises...
Alors que Baldwin est sur le point de mourir, voilà qu'on nous le ramène sur le devant de la scène.
On pourrait facilement penser que cette résurrection de plus, nullement fondée sur l'importance du personnage, est une preuve de faiblesse mais... heureusement, pas cette fois !
Car Speedball n'est plus et laisse la place au bien nommé Penance, la nouvelle identité d'un Baldwin aux limites de la folie et incorporé dans les nouveaux Thunderbolts (avec, entres autres, Venom, Bullseye, le Bouffon Vert ou encore la jolie Songbird).

Son nouveau look est déjà original mais ses capacités encore plus. Figurez-vous qu'il tire son nouveau pouvoir de la douleur physique qu'il éprouve. Plus il souffre, plus il devient puissant. D'où son costume hérissé de pointes et très tendance "sado-maso".
D'un personnage joyeux mais quelque peu insipide et insignifiant, à la rondeur symbolisée par les bulles qui l'entouraient, voilà que Baldwin devient subitement un héros torturé et très politiquement incorrect, obsédé par sa responsabilité et trouvant un piètre apaisement dans la souffrance qu'il s'inflige à l'aide de ses piques acérées.

En 2008, le héros aura droit à sa propre mini-série intitulée Penance : Relentless et publiée en France dans le Marvel Icons hors série #14.
On le retrouve mentalement déséquilibré, paranoïaque, souffrant de problèmes psychologiques liés au stress post-traumatique et doté en plus de troubles obsessionnels compulsifs basés sur d'étranges nombres qu'il ressasse pendant des heures. Sous la plume de Paul Jenkins, qui construit un scénario haletant, Baldwin ira même jusqu'à plonger dans l'univers littéraire érotique et cruel du Marquis de Sade.

Par la suite, l'on retrouvera Speedball, en tant que professeur, au sein de l'Avengers Academy. L'on pourrait se dire qu'il est dommage d'être ainsi revenu au sage personnage du début, mais en réalité, Robbie, même une fois son identité de Penance abandonnée, restera longtemps impacté par ses anciens démons et lié à la souffrance et au masochisme. On le verra même se cacher pour se... scarifier.
Ce qui en fait, avouons-le, un personnage détonant et bien loin de la fadeur de ses premières années de service.

Baldwin, bien qu'ayant repris son identité de Speedball, conserve un rapport particulier à la douleur.