Affichage des articles dont le libellé est Musique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Musique. Afficher tous les articles
Publié le
30.11.24
Par
Virgul
On allie aujourd’hui les domaines littéraires et musicaux avec un ouvrage passionnant et hors du commun : Noctule. h - Rétrospective !
Et qui de mieux placé que son auteur pour nous en parler ?
Virgul : Manu, merci de venir nous parler de ton livre qui porte sur ton aventure musicale, au sein de différents groupes. Qu’est-ce qui t’a donné envie de raconter ton parcours ?
Emmanuel Bonnet : Merci à toi pour l’invitation, c’est très sympa, d’autant que j’adore UMAC.
Pour répondre à ta question, disons simplement qu’à la base c’est une démarche très égocentrée, voire même un peu égoïste, qui a donné naissance à ce livre. En 2022 après la crise Covid, je me suis plus ou moins retrouvé sans groupe. Les autres membres de Logical Tears n’avaient plus du tout d’intérêt ou d’envie pour cette formation et ils me l’ont bien fait comprendre. J’ai donc été plus ou moins forcé de mettre un frein à mes activités musicales. Mais étant un infatigable créatif, je me suis vite retrouvé en manque, si l’on peut dire ça comme ça. Alors je me suis demandé quel type de projet je pourrais réaliser seul sans devoir dépendre des autres. Et comme c’était aussi l’année de mes 50 ans, j’ai décidé de réaliser ce livre un peu comme un challenge. C’est une grande première pour moi, étant dyslexique, mon rapport à l’écriture a toujours été un peu compliqué. Et ça me donnait aussi une forme de réponse créative à une éventuelle crise de la cinquantaine. (rires)
Après pas mal de réflexions, d’encouragements et de conseils de mon ami Cyril Durr, que vous connaissez bien chez UMAC, je me suis finalement lancé et le résultat me plaît bien pour une première expérience littéraire.
- Le livre regorge d’illustrations et d’anecdotes, parfois drôles, parfois émouvantes, on a vraiment l’impression d’être immergé dans ce monde un peu "underground" qui est le tien. En fait, on se rend compte qu’il n’est pas nécessaire d’être spécialiste d’un style musical en particulier pour se passionner pour tes péripéties. Est-ce que tu souhaitais dès le départ, justement, que ce soit très accessible et pas seulement un ouvrage destiné aux musiciens et aux fans ?
- Oui totalement, je ne voulais pas que ça soit quelque chose de trop hermétique et barbant pour le profane. Je ne suis absolument pas connu comme musicien en dehors de quelques fans ou amis, alors il fallait vraiment élargir le propos. C’est certain que les gens qui ont suivi depuis longtemps Noctule Sorix et Logical Tears, mes deux groupes, auront certainement plaisir à découvrir leurs genèses, mais ce n’était pas mon but premier. Je voulais juste proposer une sorte de parcours de vie au travers d’anecdotes et de souvenirs vécus. Montrer qu’on peut toujours se dépasser et arriver à ses buts, aussi modestes soient-ils, malgré les embuches et les accidents de la vie. La musique c’est effectivement le fil rouge de cet ouvrage, mais je pense qu’il parle davantage de persévérance et de motivation personnelle. J’ai essayé de le rendre drôle et captivant, même si certains passages sont un peu plus personnels ou tragiques. Je pense sincèrement qu’on n’est pas obligé d’aimer la musique pour apprécier cet ouvrage, il se lit bien sans être un spécialiste de la Cold Wave. (rires) Un ami qui vit en Suisse et qui l’a déjà lu m’a dit récemment : "Ça se lit super facilement, c’est drôle, prenant et mine de rien, c’est aussi le reflet d’une certaine époque." Ce qui m’a beaucoup touché.
- La forme de ce livre est très soignée, avec un vrai travail sur les différentes typos, la mise en page, les illustrations, est-ce que ton expérience dans la BD t’a poussé à en faire aussi un "bel objet" ?
Oui probablement. J’ai un regard très graphique sur les choses de par ma formation artistique et mon travail de coloriste de bande dessinée. Je lis aussi beaucoup de biographies de musiciens, d’acteurs ou d’artistes et je trouve que les maisons d’édition, même si elles effectuent souvent un travail correct sur la couverture, se contentent d’avoir une approche très classique sur la mise en page. Un livre c’est avant tout un objet et c’est dommage quand le sujet du livre touche à un domaine artistique de se satisfaire d’une mise en page banale ou trop simple. Les deux ouvrages qui m’ont réellement inspiré pour la forme de mon livre sont la biographie de Marilyn Manson, Mémoires de l’enfer, et celle de Travis Barker, Can I Say. Ils ont tous les deux une mise en page très graphique qui retranscrit bien la personnalité de leurs auteurs. Je voulais retrouver ça dans mon ouvrage. Apporter une mise en page un peu graphique et rock’n roll qui retranscrive ce côté "underground" de ma vie. J’ai mis du temps à trouver quelque chose qui reflète ma personnalité, un style qui soit personnel mais quand même facilement lisible et vraiment pas indigeste.
Oui c’est vrai. Je l’ai conçue avec le dessinateur Daniel Gattone, avec qui justement j’ai réalisé plusieurs comics. Je trouvais ça drôle d’avoir une couverture totalement dessinée pour une biographie, et puis ça montre également une autre facette de mon travail. J’en suis vraiment content, Daniel a fait un super travail sur l’illustration. Je l’en remercie grandement.
- Tu es donc compositeur, bassiste, on sait maintenant que tu es également coloriste, aujourd’hui écrivain, quel est finalement le domaine créatif qui te permet de t’épanouir le plus ?
- Je crois que j’ai besoin de tous ces domaines pour pouvoir m’épanouir pleinement. Je travaille par phases, parfois plus en musique, parfois plus en images. J’ai toujours été autant attiré par le son que par l’image, mais si je dois être complètement honnête, je pense que mon amour premier restera quand même la musique. C’est réellement dans la composition musicale que je suis le plus à l’aise. L’écriture c’est vraiment tout nouveau pour moi et comme je te l’ai dit, j’ai un rapport un peu particulier à l’écrit. Étant dyslexique, j’ai vraiment une confiance toute relative quand j’écris. Et comme on m’a pas mal brimé durant mes études, c’est difficile d'être à l'aise dans ce que je fais à l’écrit. Mais j’avoue que j’ai adoré écrire ce livre et j’y ai même trouvé du plaisir lors des séances d’écriture.
- Et justement, maintenant que ce premier pas dans l’écriture est franchi, est-ce que tu envisages d’autres projets, de fiction par exemple ?
- Eh bien figure-toi que oui ! J’ai un projet qui me tient à cœur sur l’écriture d’une grosse nouvelle dans un univers Heroic Fantasy que j’aimerais bien finaliser. Elle sera illustrée par Daniel Gattone comme il a pu le faire pour le recueil de nouvelles de Cyril Durr, Jour de Neige, paru chez 2T2N. Mais là, le procédé est inversé. Daniel a déjà réalisé les illustrations et c’est moi qui trouve un récit autour de ses dessins. J’ai déjà écrit la première partie, mais ça me demandera encore un peu de temps pour finaliser le texte. Et le temps c’est malheureusement ce qui me fait le plus défaut dans la finalisation de mes projets.
- Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Je tiens déjà à remercier toute l’équipe d’UMAC pour cet entretien bien sympathique.
Et souhaiter à vos lecteurs qu’ils restent passionnés aussi bien en musique, qu’en BD ou en littérature. C’est cette culture pop qui nous fait vibrer et change réellement le monde en quelque chose de positif.
Prix : 32 €
Éditeur : 2T2N
Distributeur : BoD
Langue : Français
Broché : 480 pages
ISBN-10 : 2322523658
ISBN-13 : 978-2322523658
Poids de l'article : 1 Kilogramme
Dimensions : 15,5 x 3,1 x 22 cm
Publié le
17.10.24
Par
Virgul
Toi non plus tu n'as pas réussi à obtenir un billet hors de prix pour le concert intime de The Cure le 31 octobre à Londres ???
Ne sois pas triste, sèche tes larmes, relève la tête et file prendre une douche !!!
Tu as encore la possibilité de te rattraper en allant voir Logical Tears 2.0 au Saint Pierre à Metz le 24 octobre ! C'est gratuit, ils jouent presque aussi bien que The Cure et en plus, ils sont beaucoup plus beaux ! Alors pourquoi hésiter ? Viens prendre une bière et écouter de la coldwave sympathique ce jeudi soir à Metz...
Et si tu as l'idée saugrenue de ne pas vivre en Moselle, Logical Tears 2.0 sera en concert le samedi 26 octobre au Cafard Naum à Saint-Étienne-Lès-Remiremont en compagnie du groupe post punk Electric Press Kit.
Bon ça va, c'est les Vosges, ça reste un département sympathique. Faut juste faire attention à la Bête. Qui pourrait très bien venir te dévorer si tu ne mets pas assez d'ambiance !
Tu es encore là ? Va préparer tes affaires, si tu habites trop loin, quitte ton emploi et ton conjoint s'il le faut, on t'attend pour te faire vivre des orgasmes auditifs !
Publié le
8.6.24
Par
Nolt
Logical Tears revient très fort cette année avec une nouvelle formation et des titres qui sentent toujours bon la coldwave sombre et mélodique !
Ce n'est pas l'actu qui manque pour la formation composée maintenant de Noctule H. et O. Scar, ce dernier incarnant la nouvelle voix de cette évolution 2.0.
Tout d'abord, si vous voulez découvrir le groupe, nous vous invitons à écouter le podcast Talents d'ici, de RCF Radio, qui leur est consacré.
Et si vous voulez passer à l'étape suivante et vous prendre du bon son live dans les oreilles, un concert est prévu le 29 juin à La Chaoué, à Metz (à 20h30) !
Outre Logical Tears, vous pourrez retrouver ce jour-là les tout aussi excellents Hanging Gardens.
Alors, ce n'est pas un bon programme ça ? Si vous aviez prévu quelque chose le samedi 29 (mariage, rendez-vous galant, déménagement du beau-frère...), annulez tout, quitte à vous brouiller avec votre famille et vos voisins ! Car dans quelques années, quand vos enfants, les yeux humides d'espoir et d'émotion, vous demanderons ce que vous faisiez quand les légendaires Logical Tears 2.0 et Hanging Gardens ont retourné La Chaouée, vous pourrez répondre, avec fierté et nostalgie : "J'y étais gamin... oh oui, j'y étais !"
Vous pouvez également retrouver les albums de ces groupes sur leur bandcamp :
Publié le
20.4.24
Par
Nolt
C'est reconnu par tous les bons ORL, l'abus de niaiseries, de style Patrick Bruel ou Aya Nakamura, peut faire perdre plus de 55 % de l'audition à moyen terme et avoir même des répercussions sur la santé mentale, le bon sens et l'humeur.
En nous basant sur des études purement scientifiques, nous vous recommandons de vous laver les dents au moins deux fois par jour, de manger des fruits et des légumes si vous le pouvez (à part des kiwis, parce que franchement, faut le vouloir pour bouffer ça), et d'écouter les titres qui suivent.
VAN HALEN - Ain't Talkin' 'bout Love
Deux à trois fois par semaine, à fond dans la bagnole (ou dans la chambre si vous vivez chez vos parents). Normalement, ça doit stresser tout le monde. Expliquez-leur que la vraie musique, ça s'écoute à fond et en transe. Si vous avez un chat, protégez-le en lui mettant des boules Quies (sauf si c'est un putain de cat hardos).
Bond de testostérone : + 1500
Issu de l'album : Van Halen (1978)
IRON MAIDEN - Fortunes of War
Tout peut s'écouter dans la longue discographie de Maiden, mais ce morceau-là, aux alentours des deux minutes, s'affole pour devenir guerrier et transcendantal. Courant chez Maiden, mais bon, il fallait en choisir un. Et celui-ci n'est pas trop connu.
Envie de maltraiter une gratte : + 17 500 / envie de s'acheter un glaive et d'envahir la Perse antique (ou le Luxembourg, histoire de se faire la main) : + 80
Issu de l'album : The X Factor (1995)
TWISTED SISTER - King of the Fools
Là, je reconnais, c'est spécial. Le chanteur m'a toujours fait flipper. Il ressemble un peu à une vieille polonaise qui tenait un stand de frites dégueulasse à Thionville (véridique). Elle était trop maquillée et avait toujours l'air d'être deux minutes dans le passé quand on lui parlait.
Mais bon, Twisted quoi. On ne peut pas dire qu'il y ait tromperie sur la marchandise.
Je passe pour un asocial et un mec bizarre : + 50
Issu de l'album : Come Out and Play (1985)
BLUE ÖYSTER CULT - Don't Fear the Reaper
Si là, on n'a pas un classique, du genre qui te fait chaud (ou froid, ça dépend des gens) jusque vers des endroits que la décence nous interdit de nommer, alors autant abandonner toute notion ayant un vague rapport avec l'harmonie, la justesse et la mélodie.
Ce truc-là, ça doit te filer des frissons, au minimum. La chiasse si tu es très sensible. Mais de toute façon, ça doit avoir un effet physique. Au moins, tu remues vaguement les pieds. Pour l'anecdote, c'est ce titre qui ouvre l'adaptation en téléfilms du roman Le Fléau de Stephen King.
Joie : + 5000 / Drague : - 18 (bonus de + 35 si filles bourrées et texanes)
Issu de l'album : Agents of Fortune (1976)
CLUTCH - Electric Worry
Déjà, j'aime ce groupe pour ses membres habillés normalement. Ah je te jure, quand tu passes de Twisted Sister à Clutch, ça te repose les yeux. En terme de fringues, Clutch, c'est discret, fonctionnel, un poil terne, on a l'impression que les mecs partent à la pêche plutôt que sur scène. Ça doit être l'équivalent vestimentaire de l'autisme. Tout à fait mon style. Ce groupe est présent également pour son petit côté redneck, sa basse brutale et couillue, et sa tendance, très "maidenesque" [1], à pondre des textes surprenants et bien plus profonds qu'on ne pourrait le supposer (en faisant notamment référence aux classiques de la littérature, à la mythologie ou à certains hauts faits historiques. Ah ben, c'est pas du Cali, c'est sûr).
J'ai l'air d'un plouc : + 40 / je jubile secrètement en sachant qu'il y a plus de neurones dans un refrain de Clutch que dans toute la discographie de Booba : + 1 000
Issu de l'album : From Beale Street to Oblivion (2007)
SABATON - Unbreakable
Pure décharge d'adrénaline qui peut occasionner une montée de testostérone fulgurante. Puissant et mélodique à la fois, ultra-lourd, ce titre peut te faire passer de "wouah, déjà 06h00, pfff, j'aurais bien dormi encore un peu" à "je vais aller au taf en courant, qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Et si un de mes connards de collègue me parle, je lui arrache le cœur et je m'abreuve de son sang chaud !!".
Et puis, elle n'est pas magnifique cette pochette ?
Et puis, elle n'est pas magnifique cette pochette ?
Motivation : + 1000 / Possibilités de finir en taule pour meurtre : + 1000
Issu de l'album : The Art of War (2008)
METALLICA - Orion
C'est probablement le plus fantastique instrumental metal de tous les temps. Ouais, rien que ça. Déjà bien rythmé et puissant les 4 premières minutes, après un petit break planant, le morceau devient ensuite d'une virtuosité et d'un lyrisme proprement hallucinants. Avec ça mon gars, même si tu as écouté du Calogero toute ta vie, tu vas t'offrir une remise à niveau des esgourdes et un retour aux réglages d'origine. Ta vie sera plus belle, l'être aimé reviendra, tes cheveux repousseront et tu paieras moins d'impôts. Bon, j'exagère peut-être sur certains effets qui ne sont pas garantis, mais ça reste quand même un titre légendaire.
Charisme : + 2 000 000
Issu de l'album : Master of Puppets (1986)
PRETTY MAIDS - I.N.V.U.
Tu as vraiment cru qu'on n'allait pas mettre de Pretty Maids ? PM c'est indispensable, d'accord ? Les compos sont souvent excellentes et c'est suffisamment mélodique pour que ta copine ou ta femme apprécie, déjà ce n'est pas négligeable. Ensuite, on avait trop de groupes ricains alors que la filière scandinave vaut clairement le détour. Ceci dit, ils ont tellement d'albums et de titres excellents, ce fut difficile d'en choisir un. En passant, Nordic Union, c'est très bien aussi et c'est le même chanteur. Testez Hypocrisy par exemple, ça passe comme du chocolat chaud un soir d'hiver.
Envie de bouffer du sakkuk et du smørrebrød : + 25
Issu de l'album : Pandemonium (2010)
DEF LEPPARD - Women
J'avais très envie de mettre Love Bites, parce que fin 80, c'est la ballade que tous les ados métalleux qui fantasmaient sur une fille inaccessible écoutaient, mais ça ferait tafio... ça ne serait pas dans le thème de la sélection, qui nécessite des titres un peu plus couillus. Du coup, bam, Women ! Ça parle quand même de sentiments, mais c'est plus joyeux et axé... sexe.
Mais Hysteria est à écouter dans son ensemble. C'est un album mythique, excellent, qui a marqué l'histoire de la musique.
Mais Hysteria est à écouter dans son ensemble. C'est un album mythique, excellent, qui a marqué l'histoire de la musique.
Romantisme : + 2
Issu de l'album : Hysteria (1987)
SCORPIONS - Always Somewhere
Ouais, on n'est pas des sauvages, on peut terminer sur une ballade, musclée mais ballade quand même, interprétée par les rois du genre, alias nos amis Germains de Scorpions. Et puis c'est allemand, c'est propre, c'est carré, ça tape là où il faut. Ce qu'il y a de bien avec Scorpions, c'est que tu peux même faire écouter ça à ton gamin de 5 ans. Ça le prépare tout doucement à monter en gamme.
Huilage du conduit auditif : + 500
Issu de l'album : Lovedrive (1979)
Bien entendu, 10 titres, c'est très peu. Il existe bien des chansons, et bien des groupes, qui ont marqué mes tympans naguère et qui continuent de m'accompagner aujourd'hui. Tout cela est donc, forcément, subjectif. C'est pour ça qu'il ne s'agit pas d'un classement d'ailleurs. Si vous ne vous retrouvez pas dans ce top 10, c'est normal, vous avez des goûts de chiottes [2]. Plus sérieusement, et bien que la première hypothèse ne soit pas fausse dans tous les cas, ce n'est pas spécialement fait pour vous convenir mais pour rappeler que la musique, ce n'est pas forcément de la soupe tiède qui convient à tous les gosiers, mais un truc qui peut être épicé, violent, orgasmique et même subtil ! Et puis, même si un seul titre vous intrigue dans le lot, ce n'est déjà pas si mal.
Et de toute façon, j'aime bien aussi Dorothée, comme quoi, tout est relatif.
[1] Cf. ce dossier qui revient notamment sur la diversité et la qualité des textes du groupe, très loin de l'image ridicule qu'en donnent parfois certains médias.
[2] Là je mettrais bien que c'est une plaisanterie, histoire d'éviter de supporter les pleurnicheries du gros lourdingue habituel qui ne manquera pas, dans les 24 heures, de venir se plaindre sur l'injustice de ces propos, mais si on pouvait expliquer le second degré aux cons, ça se saurait.
Publié le
18.9.23
Par
Nolt
Alors que j'avais terminé le premier jet de L'ombre de Doreckam, courant 2019, j'ai proposé à Manu Bonnet, un ami qui est bassiste, compositeur, coloriste et à l'époque leader du groupe Logical Tears, de s'embarquer avec moi sur un projet musical assez atypique : la bande originale de mon nouveau roman.
Je lui ai filé le manuscrit (dans une version 0 très embryonnaire), il l'a lu et il a accepté. Nous avons donc commencé à travailler sur le projet, lui au niveau des compos, moi au niveau de certains textes. Malheureusement, alors que nous avions déjà des morceaux franchement cool (mais non mixés), le groupe a splitté. En langage courant, il s'est séparé. Pour avoir les détails du comment et du pourquoi, je vous invite à lire le prochain livre de Manu, un énorme ouvrage, émouvant et drôle, revenant sur tout son parcours musical (on vous en reparlera en temps et en heure).
Le projet de Bande Originale est donc tombé à l'eau, mais il en reste tout de même quelque chose. D'une part, des morceaux alternatifs et remaniés, qui sortiront sur un album produit entièrement par Manu (là encore, on vous tiendra au courant de cette sortie). D'autre part, quelques textes que j'ai écrits, et qui vous rappelleront certainement quelque chose si vous avez lu L'Ombre de Doreckam.
J'ai décidé de publier ici ces textes, pour prolonger l'histoire et cheminer, un peu encore, aux côtés de Vik, Nolan, Mel, Inès et tous ces personnages qui m'ont hanté si longtemps.
Sans la musique, sans l'interprétation, évidemment, tout cela reste aride et terne. Mais ça a le mérite d'exister.
À voir également si vous avez lu le roman :
À voir également si vous avez lu le roman :
Les Eaux Mortes
Le lent baiser des horloges est cruel…
Nos pages ont jauni, se sont écornées.
Hier encore nous étions éternels,
Pourtant la vie n’a duré qu’un été.
L’eau a coulé le long de notre enfance,
Les rats ont fini par quitter Doreckam.
Les pâles regards qui naguère faisaient sens,
Peinent à raviver l’onirique flamme…
L’esprit et ses eaux mortes
Cachent bien trop de tabous
Le Temps et ses cohortes
Ont eu raison de nous
Les minutes et leurs faux
Bâtissent des nécropoles
Les secrets des Échaux
Perdus dans les rigoles
Quelles sont ces plaintes s’élevant des remparts ?
Cris mélodieux gorgés d’une encre bleue…
Le soleil s’effondre, il est déjà tard,
Au loin l’horizon prend subitement feu.
L’esprit et ses eaux mortes
Cachent bien trop de tabous
Le Temps et ses cohortes
Ont eu raison de nous
C’est une lente guerre
Qui se déroule dans l’ombre
Les secrets des Archères
Personne ne s’en encombre
L’esprit et ses eaux mortes
Cachent bien trop de tabous
Le Temps et ses cohortes
Ont eu raison de nous
Ci-dessous, une version perso travaillée à l'aide d'une IA.
Mécanique
Un crépuscule martial
Anoblit même la rouille
Les mains sont glaciales
Les images se brouillent
Munitions bricolées
Pour enfin en découdre
Le vacarme du passé
Fera parler la poudre
Je suis devenu mécanique
Au son du brouhaha
Le passé dans les veines
Souvenirs teinte sépia
Du whisky sur nos peines
Quand fondent les soldats
Je suis devenu mécanique
Au sein du magma
Une féline escorte
Accompagne mon assaut
Seul le devoir me porte
Je n’ai rien d’un héros
Je suis devenu mécanique
Au son du brouhaha
Je suis devenu mécanique
Au sein du magma…
Le Temps vaincra
Au pied des murs d’école, on nous voyait à peine.
Après les heures de colle, venait la liberté.
Avec nos cœurs d’enfant, on se sentait en veine,
L’éternel poids du temps semblait nous oublier.
Que reste-t-il ce jour, des élans de nos cœurs
Mangés par les vautours d’un avenir avide ?
Où restent enfin nos liesses, jeunes amours, nobles ardeurs,
Détruites d’une seule caresse par le pire des acides ?
Les muettes horloges font s’effondrer les murs,
Rien jamais ne déroge à cette loi inique.
Le Temps vaincra je crois, peu importe nos armures,
Tout s’écroule, des vieux bois aux empires galactiques.
On cherche dans le papier, une trace nostalgique,
Dans l’encre délavée, quelques fragments d’hier.
Au sein de la fiction, un passé chimérique,
Une forme d’abolition d’un présent délétère.
Mais le Temps est bourreau, son appétit funeste,
Il n’épargne ni salauds ni héros admirables.
Quand la Trotteuse approche, tout s’enfuit rien ne reste,
Nos belles vies s’effilochent, redeviennent négligeables.
Ouate Sombre
Ouate sombre
Plus de flash, de souvenirs
Dans une flaque de vide s’assoupir
Oublier le torrent du passé
Mettre sur toutes ces années
Un peu de…
Ouate sombre
Ouate sombre
Plus de bouches qui articulent
Ou de silhouettes qui déambulent
Tout s’arrête, tout se fige
Sur les coups et les vertiges
Un peu de…
Ouate sombre
Ouate sombre
Ni Cupidon ni Jupiter
Pas de paradis, plus d’enfer
S’extraire enfin des barbares
Recouvrir même la mémoire
D’un peu de…
Ouate sombre
Ouate sombre
Effacer le citron et le miel
Délaver jusqu’aux arcs-en-ciel
Se complaire dans un doux néant
N’être ni petit ni géant
Juste un peu de…
Ouate sombre
Ci-dessous, une version perso travaillée à l'aide d'une IA.
Une Ombre en nous
Ce soir le danger plane
Nos cœurs ne sont plus sûrs,
Renferment un mal obscur ;
Un peu de Klaalntehtlann…
Nolan ou Bartosz
Êtres en devenir
Le meilleur ou le pire
Choisis si tu l’oses
Des sommets aux égouts
Du panthéon au caniveau ;
Des scélérats, des héros
Un peu étrangers, un peu nous
Cette nuit les remparts pleurent,
Une chute tragique et involontaire.
Dans l’Olsberg et son enfer,
C’est l’innocence qui meurt.
Dans le regard de Mel
Le futur, des promesses,
La beauté et la liesse
Chemineras-tu avec elle ?
Demain, beaucoup seront tombés,
Nous délaisserons même leurs tombeaux.
Érodés par les trotteuses et du ciel les eaux,
Les plus grands sacrifices se feront oublier.
Ce soir le danger plane
Nos cœurs ne sont plus sûrs,
Renferment un mal obscur ;
Un peu de Klaalntehtlann…
Des sommets aux égouts
Du panthéon au caniveau ;
Des scélérats, des héros
Un peu étrangers, un peu nous
Ce soir le danger plane
Nos cœurs ne sont plus sûrs,
Renferment un mal obscur ;
Un peu de Klaalntehtlann…
À l’abri (Le rêve d'Inès)
Baisers anciens, goût années 80
Jeux de gamins, demain est encore loin
Entourée de tes bras, tiens-moi à l’abri
Pour juste une minute ou toute une vie
Deviens forteresse… mon rempart
Protège-moi du vent qui souffle tard
Rivages adultes, goût de l’occulte
Étrange culte, dérive vers le tumulte
À mon tour, je serai bouclier
Un mur contre les dangers
L’amour bien souvent sert à ça
Éviter les bleus, éloigner les scélérats
Parchemins et ridules, goût crépuscule
Nous sommes molécules, les horloges sans scrupules
Protège-moi du temps et du chaos
Éloigne les juges, les bandits, les fléaux
Rien que nous et l’infini des cieux
Enveloppée de ton aura, je tuerai les adieux
Entourée de tes bras, tiens-moi à l’abri
Pour juste une minute ou toute une vie
Deviens forteresse… mon rempart
Protège-moi du vent qui souffle tard
Tords la réalité, sois mon Homme
Dis-moi doucement que nous sommes
À l’abri…
À l’abri…
![]() |
Crédit photo : Tiffany Durr |
Publié le
12.6.23
Par
Virgul
On vous a déjà parlé à plusieurs reprises de l'excellent groupe Logical Tears, eh bien on en remet une couche avec la sortie du digipack d'un EP de reprises, de tout aussi bonne facture.
Le mieux, si vous ne les connaissez pas encore, c'est de courir écouter ce groupe, sur YouTube par exemple. Et si comme nous vous êtes fans, vous pouvez commander cet EP (en version physique) en MP sur la page facebook du groupe (également dispo sur l'ensemble des plateformes de téléchargement).
Quant au leader et bassiste de cette formation, Manu Bonnet, on aura l'occasion de vous en reparler bientôt puisqu'il sort un gros projet solo sous peu.
Miaw !!
Publié le
22.3.23
Par
Nolt
Il y a deux façons d'aborder Joey, la chanson de Concrete Blonde.
Ne vous inquiétez pas, on va voir les deux.
En 1990, l'album Bloodletting (Saignée) de Concrete Blonde fait un carton partout sur la planète. Enfin, partout où les gens sont civilisés et occupés à se bourrer le bide de donuts et les oreilles de pop rock. Partout ? Non, il existe quelques contrées qui ne sont pas versées dans le rock alternatif et sombre de la formation de Johnette Napolitano. Mais quand même, c'est dur de ne pas connaître au moins Joey, le gros hit du groupe.
La première fois qu'on l'entend, impossible de ne pas être marqué par la voix de la frontwoman. Elle passe d'un truc hyper bas, où elle en est presque à susurrer, à une envolée plus musclée mais totalement maîtrisée et lyrique. C'est propre, mélodiquement parfait, ça tape droit dans le bide.
Les paroles ?
Oh, rien d'extraordinaire, c'est une gonzesse qui écrit, donc c'est forcément nunuche. Elle a un chagrin d'amour, son mec lui manque, elle pleurniche pour qu'il revienne.
Ça, c'est la première façon d'aborder Joey. Et la plus superficielle.
Mais Johnette Napolitano, ce n'est pas la première radasse venue, qui montre son cul sur TikTok ou devient journaleuse à Libé. Elle est née en 1957, en Californie, dans une famille italo-américaine. Enfant, elle pouvait reproduire des mélodies au piano, comme ça, l'air de rien. Douée la gamine. Elle va faire partie de plusieurs groupes, elle va fonder Concrete Blonde, et elle va interpréter et écrire Joey, qui deviendra un tube mondial.
Ce titre est issu d'un album inspirée des écrits d'Anne Rice (beurk) mais que Nap's (je l'appelle comme ça, j'adore Johnette, mais ce prénom, c'est pas possible, donc à partir de maintenant, c'est Nap's) parvient à magnifier et s'approprier.
Et, dans cet album, qui compte par exemple un excellent et envoûtant Darkening of the Light (si vous ne connaissez pas ce titre, accordez ce plaisir à vos oreilles, au moins une fois), il y a aussi… Joey. Une "love song" de plus, a priori sans âme. Sauf que…
Dans cette chanson, Nap's fait référence à son ex-petit ami. Un gazier du nom de Marc Moreland, guitariste de Wall of Voodoo. Et accessoirement alcoolique.
Du coup, quand on relit les paroles de Joey, tout prend du sens et se pare de tragédie :
I just stand by and let you
Fight your secret war
Elle évoque ici une guerre intérieure, secrète, qui est en fait une guerre contre la bouteille.
Then I can give a little more
And if you're somewhere drunk and
Passed out on the floor
Là, Nap's crie qu'elle peut lui donner encore plus d'amour, elle a compris qu'il était malade et que, même à terre, même ivre, elle voulait, elle pouvait l'aimer.
Oh Joey, I'm not angry anymore
C'est la phrase clé de la chanson. Le premier refrain se termine par "if you're hurting so am I" (si tu es blessé, je le suis aussi) et les derniers par "je ne suis plus en colère".
Là, on comprend qu'il ne s'agit pas d'une chanson d'amour comme les autres, que c'est bien plus que ça. Nap's avoue, crie même, à Joey/Marc qu'elle est là, qu'il peut compter sur elle, où qu'il soit, qu'elle ne veut pas fermer la porte, qu'elle peut donner un peu plus… parce qu'elle n'est plus en colère. Et donc, par une litote évidente, parce qu'elle l'aime.
Marc Moreland a été rattrapé par ses démons en 2002.
Johnette Napolitano a, aujourd'hui, 65 ans.
Enfin, elle a 65 ans pour ses proches et les inconnus qui la croisent.
Les fans de Concrete Blonde et les amoureux de Nap's savent qu'elle aura à jamais la trentaine. Elle se trémousse dans une robe à fleurs, digne, vêtue d'un manteau noir, coiffée d'un chapeau de la même couleur. Et elle nous plante ses lyrics dans le cœur, de sa voix unique et magique. En essayant de sauver la vie de son ex… et, cerise sur la chanson, si l'on ne connaît pas l'histoire, impossible de se rendre compte qu'il s'agit d'une tragédie. Surtout avec le dernier "angry anymore", léger et serein, doux et rassurant. Ce faisant, en tant qu'auteur et interprète, Nap's s'inscrit au Panthéon des grands auteurs, en tout cas dans la lignée des auteurs respectables, qui savent exprimer beaucoup tout en ayant la décence de masquer et magnifier la réalité.
Reste un truc à éclaircir... j'ai déjà vu Nap's chanter cette chanson, en live, avec le sourire aux lèvres. Au début, je me suis dit "merde", elle débloque, mais en fait... non. Une œuvre reste rarement statique. Et, quand Nap's interprète aujourd'hui ce titre, elle doit aussi faire avec les fans, l'engouement, l'incompréhension, la nostalgie, etc. Alors, oui, elle sourit, et ça me dérange, parce que je sais ce que les paroles cachent, mais en même temps, c'est son histoire, son parcours, sa manière de faire.
Tout comme elle était la seule, à une époque, à comprendre le poids de certains mots, elle est la seule à juger de leur interprétation. Et quand bien même elle se tromperait, il reste tout de même ces notes, ce moment hors du temps, ce trouble, qui inscrit cette chanson dans notre mémoire, si ce n'est dans l'inconscient collectif.
Publié le
24.8.21
Par
Nolt
Retour sur un titre tournant en dérision le colonialisme mais perçu encore aujourd'hui comme "raciste" par certains ahuris.
En 1977 sort le single Le Temps des Colonies, de Michel Sardou. Titre lui-même issu d'un album riche en chansons polémiques, sorti l'année précédente.
Avec des titres comme Je suis pour, J'accuse, voire Les Ricains ou Les Villes de Solitude, issus d'albums précédents, le chanteur cristallise la haine et l'intolérance de certains extrémistes qui ne supportent pas d'entendre un avis différent du leur [1]. Cela va très loin, des manifestations sont organisées lors de ses concerts, pire encore, une bombe est retrouvée dans la salle de Forest National, en Belgique.
Prêts à tout pour jeter de l'huile sur le feu et empocher un peu de pognon au passage, deux obscurs béotiens vont même pondre un pamphlet intitulé "Faut-il brûler Sardou". Amis du bon goût...
C'est dans cette ambiance tendue et sordide que sort Le Temps des Colonies, titre qui devrait permettre à Sardou de "souffler" un peu, étant donné qu'il s'agit d'une chanson très second degré, se moquant des habitudes et réactions de certains colons.
Mais c'est bien entendu compter sans les professionnels de l'indignation qui, déjà à l'époque, avaient très peu de neurones et beaucoup de temps libre. Mais voyons donc en détail ces paroles censées véhiculer une idéologie pro-coloniale et une nostalgie coupable.
Moi monsieur j'ai fait la colo,
Dakar, Conakry, Bamako.
Moi monsieur, j'ai eu la belle vie,
Au temps béni des colonies.
Les guerriers m'appelaient Grand Chef
Au temps glorieux de l'A.O.F. [2]
J'avais des ficelles au képi,
Au temps béni des colonies.
Passons rapidement sur ce premier couplet qui plante le décor et installe le personnage. L'on comprend que le narrateur (et pas le chanteur) est un ancien colon qui regrette sa vie passée. Pour le moment, ça pourrait effectivement passer pour du premier degré, mais le "moi monsieur", pédant et répété, annonce pourtant déjà la couleur.
On pense encore à toi, oh Bwana. [3]
Dis-nous ce que t'as pas, on en a.
Y a pas d'café, pas de coton, pas d'essence
En France, mais des idées, ça on en a...
Nous, on pense !
On pense encore à toi, oh Bwana.
Dis-nous ce que t'as pas, on en a.
Dès le refrain, le doute n'est plus permis, il s'agit bien d'un titre humoristique, qui égratigne même l'ancienne politique coloniale au passage. Impossible de ne pas déceler la critique dans l'énumération des produits que la Métropole va chercher en Afrique et en Asie, ou encore la moquerie dans l'évocation des "penseurs" français.
Pour moi monsieur, rien n'égalait
Les tirailleurs Sénégalais
Qui mouraient tous pour la patrie,
Au temps béni des colonies.
Autrefois à Colomb-Béchar, [4]
J'avais plein de serviteurs noirs
Et quatre filles dans mon lit,
Au temps béni des colonies.
Le deuxième couplet s'offre le luxe de rappeler le tribut payé par les Africains lors notamment de la Première Guerre mondiale. Sardou ici rappelle un fait historique mais se moque en plus du colon qui, lui, trouve ça "normal" et éprouve une forme d'admiration pour ces gens servant de chair à canon et qui, au fond, ne comptent guère à ses yeux.
En prime, les paroles soulignent la possible débauche de certains, loin du jugement de leurs pairs et de la "bonne société".
Moi monsieur j'ai tué des panthères,
À Tombouctou sur le Niger,
Et des hyppos dans l'Oubangui,
Au temps béni des colonies.
Entre le gin et le tennis,
Les réceptions et le pastis,
On se serait cru au paradis,
Au temps béni des colonies.
Là encore avec ce dernier couplet, pas de soutien au colonialisme mais au contraire une nouvelle moquerie, visant cette fois ce que l'on appelait "l'œuf colonial" [5]. On bouffe, on picole, on bute une pauvre bestiole de temps en temps, et l'on s'encroûte.
Au final, il faut être d'une grande mauvaise foi pour lire (ou écouter) ce texte et en déduire qu'il soutient un quelconque colonialisme. En réalité, il s'en moque. Et il s'en moque en plus assez intelligemment puisqu'il se base sur des faits historiques tragiques et des habitudes peu glorieuses. Si un ancien colon entendait cette chanson, il ne se sentirait nullement flatté mais très probablement insulté tant le portrait qui est délivré ici est acide et à charge.
Eh bien, ça n'empêche pas pourtant certains journalistes d'encore considérer qu'il s'agit là d'un texte carrément "raciste", comme l'écrit en 2018 Alice Dutray dans Ouest-France (cf. l'image ci-dessous).
Ben alors Alice ? Trois conneries dans un paragraphe aussi court ? On en est où au niveau de la déontologie, de la nécessité de faire des recherches, du devoir d'objectivité, tout ça ?
Déjà, non, ce n'est pas la chanson la plus controversée de Sardou. La chanson la plus controversée, c'est Je suis pour. Ça a même failli très mal se terminer.
Ensuite, non, Sardou ne décrit pas une France coloniale "idéalisée", tu as vu ça où Alice ? Au contraire, il se moque de la France coloniale, d'une manière très évidente (mais encore faut-il prendre le temps de lire le texte de la chanson... ou avoir les capacités cognitives permettant de le comprendre). Et non, ce texte n'est pas "profondément raciste", c'est hallucinant ! À quel moment il le serait ? Quand il est précisé que le colon avait des serviteurs noirs ? Mais... c'est un fait ça, déjà. Et, si le colon regrette cette époque, Sardou, lui, se moque justement du colon et de ses habitudes.
Ensuite, non, Sardou ne décrit pas une France coloniale "idéalisée", tu as vu ça où Alice ? Au contraire, il se moque de la France coloniale, d'une manière très évidente (mais encore faut-il prendre le temps de lire le texte de la chanson... ou avoir les capacités cognitives permettant de le comprendre). Et non, ce texte n'est pas "profondément raciste", c'est hallucinant ! À quel moment il le serait ? Quand il est précisé que le colon avait des serviteurs noirs ? Mais... c'est un fait ça, déjà. Et, si le colon regrette cette époque, Sardou, lui, se moque justement du colon et de ses habitudes.
J'ignore qui s'occupe du recrutement chez Ouest France, mais visiblement, ça a l'air d'être plus proche des "portes ouvertes" que de la sélection minutieuse... car même si la conclusion de l'article est plus nuancée (sans doute pour des raisons judiciaires), le procédé est malhonnête et les affirmations fausses.
L'on peut ou non apprécier Sardou et ses prises de position (changeantes d'ailleurs, car à l'évidence, un individu peut changer d'opinion au cours de sa vie), il s'agit là d'inclination personnelle. Mais pour lui faire des reproches et l'accuser de xénophobie, il faut des faits, des arguments. Et pour que ces arguments soient recevables, encore faut-il comprendre ce qu'on lit (ou ce que l'on entend).
Le Temps des Colonies est une chanson amusante et caustique, qui ne fait nullement l'apologie de cette époque mais en souligne avec férocité les dérives. Le narrateur [6] est une sorte de tire-au-flanc embourgeoisé qui regrette son oisiveté passée et son statut social. L'on peut penser que le trait est trop appuyé, pas assez, que ce n'est pas si drôle que ça, ou au contraire que c'est hilarant, mais les mots, eux, ont un sens précis, qui s'étudie dans un contexte lui aussi précis. Et une chanson qui se moque aussi ouvertement des travers de certains colons et du système en place à l'époque ne peut aucunement être soupçonnée d'en faire l'apologie.
Allez, pour terminer, on va se l'écouter, quand même ! Ah, c'est sûr, c'est pas du Motörhead, mais on devrait revenir à du bon vieux metal d'ici peu de temps. Et puis, le côté rock, c'est pas juste dans les notes, parfois, c'est avoir les couilles de chanter à contre-courant. Et à ce niveau-là, Sardou n'a probablement rien à envier à personne.
[1] Guy Bedos ira jusqu'à dire que lui aussi était "pour... pour la peine de mort pour Michel Sardou". Une déclaration d'une stupidité et d'une violence stupéfiantes, qui reflète bien la fameuse logique des "grands humanistes tolérants", prêts à tout pardonner aux pires criminels (rappelons que la chanson parle d'un père dont on a assassiné l'enfant), mais n'hésitant pas à souhaiter la mort d'innocents qui ont l'audace de ne pas être sur la même ligne de pensée qu'eux.
[2] Afrique Occidentale Française ; gouvernement général regroupant, de 1895 à 1958, la Mauritanie, le Sénégal, une partie du Soudan, la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Niger, la Haute-Volta, le Togo et le Dahomey.
[3] Terme swahili signifiant "chef", "patron".
[4] Commune algérienne, aujourd'hui renommée Béchar.
[5] En référence à l'aspect ventripotent de nombreux colons qui, entourés de serviteurs et n'ayant bien souvent qu'une activité physique modérée en regard de leur solide appétit, avaient tendance à emmagasiner les kilos.
[6] Il s'agit donc d'un personnage, que Sardou interprète. De la même manière, lorsqu'il chante "ne m'appelez plus jamais France" (dans Le France), l'on peut légitimement penser que Michel Sardou n'est pas un paquebot. Il se contente de le personnifier le temps d'une chanson. Oui, je sais que ça a l'air con à expliquer comme ça, mais c'est au cas où Alice passerait par là.
Publié le
3.8.21
Par
Vance
Belle accroche, forcément exagérée, et qui attirera immanquablement le badaud. Mais qu'en est-il exactement ?
Qu'on aime (ou pas) le rock, qu'on aime (ou pas) l'Amérique, ce journal de bord en forme de road-trip est vraiment passionnant, notamment grâce aux réactions à chaud, au témoignage en temps réel d’un pur rocker anglais au pays où tout prend des proportions inimaginables. Ensuite, car il constitue également le remarquable (et très vivant) portrait d’un groupe refusant de suivre la mode tout en décrivant de l’intérieur, avec une fascinante causticité objective, un mode de vie américain idéalisé et survendu. Enfin car il se présente aussi, peut-être même avant tout, comme une réflexion désespérée sur les contraintes et les à-côtés méconnus du show business.
Nous voici donc à parcourir, sous la plume de Ian Hunter, un ouvrage aux centres d’intérêt multiples. Son style, franc, parfois cynique, fait alterner les souvenirs cocasses, les situations sordides, les lendemains douloureux et les dialogues parfois surréalistes : c’est que la faune que fréquentent les Mott est celle des roadies empressés et des groupies allumées, mais aussi des managers plus ou moins honnêtes ainsi que, bien entendu, des artistes de la scène rock dans son extension la plus large.
Avec les monstres sacrés, Ian se montre d'ailleurs plutôt respectueux, jamais outrancier alors qu’il dispose d’une mine d’anecdotes qui pourraient leur nuire. Mais non, il parle avec une touchante humilité de ces dieux vivants qu’il estime avoir eu l’insigne honneur de côtoyer (Bowie, bien sûr, qui a remis le groupe sur les rails en produisant All the Young dudes et les expédiant en tournée, Dylan ou encore les Stones – il faut absolument lire la manière dont Ian a réussi à entrer chez Elvis Presley au nez et à la barbe des gardiens !) mais aussi et surtout de ses pairs, tous ces chanteurs et musicos dont la carrière et la trajectoire croisent la sienne, de Keith Moon à Bryan Ferry en passant par les membres de Fleetwood Mac ou Jethro Tull. Jamais condescendant ou bêtement jaloux, il loue leurs qualités, d’abord musicales et parfois humaines, même quand il se fait battre froid, préférant à la rancœur pourtant légitime vanter la voix exceptionnelle de celui-ci ou le slide de celui-là.
Son ton en revanche se fait nettement plus âpre lorsqu’il s’agit de ceux qui vivent à leur dépens : ces organisateurs malhonnêtes qui ne proposent pas le minimum nécessaire pour répéter dans de bonnes conditions (et faire la sacro-sainte balance) et sont incapables de déterminer par avance l’ordre de passage des groupes, ces fans éméchés qui viennent systématiquement au mauvais moment et ne cherchent qu’à vivre un peu dans l’aura de leurs idoles.
C’est que, grâce à Hunter, on se retrouve carrément en plein dans ce monde enténébré, fait de paillettes et de gloire éphémère mais aussi de fêtes arrosées et de rencontres psychédéliques. Le rythme de vie d’un rocker en tournée nous éclate en pleine tronche, et le revers de la médaille est souvent amer, voire pénible – mais s’efface lorsque le concert a été une réussite totale. Hunter et ses potes (dont le guitariste Mick Ralphs, qui trouvera la renommée avec Bad Company) passent leur temps dans les boutiques de prêteurs sur gages, à rechercher "la" bonne affaire, une guitare Gibson ou Fender en bon état, voire une Martin (quelle déception lorsque, après une visite de la fabrique de ces guitares mythiques, on ne leur en propose aucune !). Ils ingurgitent régulièrement des calmants pour pouvoir dormir dans les transports (les lignes intérieures sont rarement confortables, et il leur arrive de voyager dans les Greyhounds, ces autocars argentés sillonnant les États-Unis), boivent et fument trop - mais sont conscients de leurs excès, commencent chaque jour un nouveau régime éphémère, connaissent tous les trucs pour se débarrasser en douceur de groupies trop entreprenantes (c’est que, voyez-vous, ils sont maqués et cherchent à éviter les tentations quotidiennes) mais surtout ne vivent et respirent que pour le Rock. Davantage que le nombre de spectateurs ou l’argent récolté, c’est la qualité de leur prestation scénique (et, surtout, de leur son) qui les intéresse : un concert foiré, voire annulé, va les miner plusieurs jours et leur faire appréhender le prochain ; un show triomphal ne les fera redescendre sur terre que de très longues heures après, leur laissant des souvenirs inoubliables.
Tout au long de ce périple de cinq semaines éprouvantes (la météo hivernale déroutera leur avion plus d’une fois), l’auteur nous trace un portrait inhabituel des States, fustigeant par exemple les hôteliers anglais pour leurs prestations au regard de ce que propose le plus petit établissement américain, s’émerveillant du décorum lié aux services culinaires comme de l’immensité des paysages survolés, pestant contre l’attitude de ces bourgeoises trop fardées pour être honnêtes et s’indignant sur la condition des Noirs et des Indiens. On voit à quel point ce Britannique pur jus (qui a épousé... une New-Yorkaise) aime l’Amérique, tout en détestant les Américains. Et combien il aime la musique.
Un livre jubilatoire, ludique et enrichissant.
Édité en France en 2011 par les éditions Rue Fromentin avec une traduction de Frédéric Collay & Anne-Laure Paulmont, une préface de Philippe Manœuvre ainsi qu'une postface de Philippe Garnier.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
Publié le
20.7.21
Par
Virgul
Après un premier single (accompagné d'un fort joli clip) dévoilé récemment, Iron Maiden vient d'annoncer la sortie de leur 17e album studio pour la rentrée.
01. Senjutsu (Smith/Harris) 8:20
02. Stratego (Gers/Harris) 4:59
03. The Writing On The Wall (Smith/Dickinson) 6:13
04. Lost In A Lost World (Harris) 9:31
05. Days Of Future Past (Smith/Dickinson) 4:03
06. The Time Machine (Gers/Harris) 7:09
07. Darkest Hour (Smith/Dickinson) 7:20
08. Death Of The Celts (Harris) 10:20
09. The Parchment (Harris) 12:39
10. Hell On Earth (Harris) 11:19
Les pré-commandes seront possibles dès demain, dans de nombreux formats (standard 2 CD Digipak ; Deluxe 2 CD Book Format ; Deluxe heavyweight 180G Triple Black Vinyl ; Special Edition Triple Silver & Black Marble Vinyl ; Super Deluxe Boxset featuring CD, Blu-Ray and Exclusive Memorabilia...).
Inutile de préciser que certains, à la rédac, sont un peu impatients.
Publié le
17.7.21
Par
Nolt
Les amis, on vous avait préparé le terrain avec m'sieur Lemmy, cette fois, on passe carrément à un album mythique, fondamental, iconique et légendaire... LE Back in Black d'AC/DC !
Si vous n'êtes pas fan d'AC/DC, mieux, si vous avez l'impression de ne rien savoir du groupe des frères Young, en fait, vous connaissez au moins quatre titres de cette formation musicale. Et ces quatre titres sont tous issus du même album, qui a pour nom... Back in Black. On croirait presque un énième retour de Parker à son costume noir, mais non, il s'agit bien d'un album de rock, à l'influence énorme.
Ce sixième album du groupe AC/DC (des initiales qui signifient courant alternatif/courant continu) sort en 1980. C'est cependant une première pour le chanteur, Brian Johnson, qui remplace alors Bon Scott, décédé de manière très... rock n'rollèsque (après une petite session musicale avec le groupe Trust, Bon picole au point de tomber dans un coma éthylique et mourra dans une R5, dans laquelle il est abandonné par un abruti, sur Overhill Road, à Dulwich).
L'album va devenir non seulement une référence pour la scène metal, mais aussi pour le monde de la musique en général, puisqu'il est le deuxième album le plus vendu au monde (plus de 50 millions d'exemplaires) après Thriller, de Michael Jackson.
Des riffs puissants et sourds de Hells Bells à la mélodie survitaminée de Shoot to Thrill, en passant par le très démonstratif et imposant Back in Black, jusqu'au mythique You shook me all night long, impossible de ne pas avoir déjà entendu au moins une fois ces briques fondatrices du rock dans son acceptation la plus large et la plus lourde. Car, bien entendu, même si les membres du groupe revendiquent un son "simplement" rock, leur musique va clairement défricher une terre encore vierge et montrer la voie à bien des légendes actuelles.
Et ce succès est malgré tout un peu... paradoxal. La même année sort le premier album du groupe fondé par Steve Harris : Iron Maiden. Difficile, de nos jours, de minimiser cet apport à ce qui deviendra la New Wave of British Heavy Metal, et pourtant, à part les fans, qui peut fredonner Running Free, Charlotte the Harlot ou Phantom of the Opera ?
Voilà sans doute la différence fondamentale entre un AC/DC déjà mature en 1980, et qui se concentre sur les stéréotypes véhiculés par le rock (sexe, drogues et... rock), et un Maiden balbutiant, qui va par la suite explorer des thématiques riches et variées, mises en valeur par des compositions musicales plus complexes.
Mais le metal, comme toute construction que l'on souhaite voir durer sur le très long terme, a aussi besoin de fondations solides et basiques, avant de se lancer dans quelque chose de plus subtil. Car, bien avant de devenir des clichés, certains thèmes, même simplistes en apparence, doivent être suffisamment traités et explorés.
Nous ne sommes, après tout, qu'au tout début des années 80, qui n'ont encore aucun parfum propre. On sent encore l'influence, quelque peu psychédélique, des Eagles, du Creedence Clearwater Revival, des Velvet Underground ou encore du Jefferson Airplane. Pour passer le cap du rock expérimental ou progressif et prendre ce virage radical vers le "hard", il faut de nouvelles inspirations, une nouvelle manière de penser la musique, un nouvel élan.
Ce virage essentiel, d'autres groupes vont bien entendu aider à le négocier, de Deep Purple à Blue Öyster Cult en passant par Judas Priest ou Motörhead, mais aucun ne pourra s'enorgueillir d'un impact aussi durable et massif que celui atteint par le Back in Black d'AC/DC, qui gravera ses notes dans le subconscient de toute une populace, bien au-delà des simples fans de rock.
Plus récemment, c'est d'ailleurs AC/DC et ses titres les plus mythiques qui donneront leur identité musicale aux films Iron Man, avec Robert Downey Junior (apparemment fan du groupe et amateur de metal en général). Et si Marvel fait confiance aux titres du légendaire AC/DC pour la bande originale de ses films, c'est sans doute que, plus de 40 ans après, ils sont toujours aussi efficaces et incontournables. En tout cas, si vous avez ne serait-ce qu'une légère sensibilité rock, impossible de ne pas ressentir ce frisson particulier lorsque les premières notes se font entendre et que, imperceptiblement, l'horizon au loin semble plus vaste, plus lumineux, tandis que vous vous sentez plus grand, plus fort, porté par une adrénaline électrique et habité par un lyrisme conquérant, comme seul ce genre de musique, débridée, entière, massive et couillue, peut en produire...
Nous sommes un groupe de rock. Nous sommes bruyants, sensationnels et étranges.
Angus Young