Publié le
28.8.25
Par
Nolt
Le point sur les débuts de The Cape.
À huit ans, Eric et Nick s'amusaient à jouer aux super-héros. Eric avait une cape qu'il aimait particulièrement. Un simple plaid, transformé en doudou, puis en accessoire précieux le jour où sa mère décida d'y coudre un éclair rouge du plus bel effet ainsi que l'écusson des Marines de son père. Mais même les jeux les plus innocents peuvent se révéler dangereux... un jour, alors qu'Eric nargue son frère du haut d'un arbre, il fait une mauvaise chute.
Gravement blessé, le petit garçon va mettre très longtemps avant de se remettre de ses blessures. Et il va perdre sa précieuse cape, jetée par sa mère. C'est peut-être là le plus grand drame, car avant sa chute, pendant une fraction de seconde, Eric a eu l'impression de voler, d'être exceptionnel. Lui enlever sa cape, c'est lui ôter tout espoir.
Le jour où Eric retrouve enfin son précieux bout d'étoffe, il est adulte, sans emploi, séparé de sa fiancée et aigri au plus haut point.
Pour lui, il n'est pas question de protéger les faibles mais de faire payer ceux qu'il juge responsables de sa situation...
Après le succès de la série Locke & Key, Milady a sorti en 2013 un nouveau titre associé au nom de Joe Hill. Il n'est pas lui-même aux commandes mais le scénario, écrit par Jason Ciaramella, est inspiré de l'une de ses nouvelles (tout comme pour le comic Road Rage). Les dessins sont réalisés par Zach Howard.
Le récit, complet, est composé de cinq épisodes. Difficile de dire ce qui est dû à Hill ou ce qui relève de l'adaptation de Ciaramella, toujours est-il que l'histoire tient la route et s'avère prenante, même si l'idée de départ (les pouvoirs n'échoient pas toujours à ceux qui en sont dignes) est loin d'être nouvelle. Dès les premières planches, l'on retrouve certains thèmes apparemment aussi chers à Hill qu'à son illustre pôpa (Stephen King, si vous ne saviez pas), comme l'enfance et ses dangers, ou encore le fantastique pouvant s'insinuer dans le quotidien le plus banal. L'on bascule ensuite brusquement dans la violence et la folie, une grande partie de l'intérêt de cette histoire provenant d'ailleurs de l'ambivalence du personnage principal, aussi attachant étant jeune qu'antipathique lorsqu'il se transforme en adulte égoïste et insensible. Eric se montrera notamment particulièrement imaginatif lorsqu'il s'agira de trouver un moyen de se venger de ceux qui lui ont - supposément - fait du tort (mention spéciale pour l'ours, qui démontre fort bien ici l'intérêt de circuler dans un véhicule pourvu d'un toit !).
La fin est quelque peu rapide, et la relation entre les deux frères aurait sans doute pu être un peu plus développée, mais l'ensemble est aussi fluide qu'agréable à lire. Graphiquement, rien de spécial à signaler, les planches sont plutôt jolies et Howard ne verse pas inutilement dans le gore en parvenant tout de même à rendre toute la dureté de certaines scènes.
Une galerie d'illustration (10 planches) complète l'ouvrage. Celui-ci est encore trouvable chez HiComics pour une vingtaine d'euros.
Une belle histoire, réalisée par une équipe créative qui parvient à conserver le ton propre à Hill.
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Publié le
27.8.25
Par
Nolt
Lorsque l’on évoque l’intelligence artificielle, ou IA, un problème de fond se pose d’emblée. Car, à l’heure actuelle, malgré les prouesses des bots mis en place par tout un tas d’entreprises (pour dessiner, créer des vidéos, des musiques ou simplement répondre à des questions ou discuter), il n’est absolument pas question d’intelligence en réalité. Les logiciels (chatgpt et bien d’autres) ne comprennent absolument pas ce qu’ils font ou disent. Il n’y a donc aucune trace « d’intelligence » dans leurs activités. Ce qui est très facile à démontrer, les IA commettant des erreurs absurdes qu’aucun être humain ne ferait (du genre, dessiner un personnage avec trois bras).
L’intelligence artificielle sera digne de ce nom lorsqu’elle fera réellement preuve d’intelligence. Et alors, d’autres problèmes se poseront. Mais pour le moment, il est intéressant de se pencher sur les limites "morales" des IA mises à la disposition du grand public.
Avez-vous remarqué que les IA, quel que soit leur domaine de spécialisation, sont très frileuses quant à ce qu’il est permis ou non de créer ?
Il arrive très souvent que des termes, sortis de leur contexte, aboutissent à un blocage, ou plus précisément à une censure, l’IA refusant de créer un dessin, une musique, un exposé sous prétexte qu’elle a détecté des éléments "problématiques". Et les éléments problématiques, ça peut être absolument n’importe quoi : une arme (dans un contexte historique ou scientifique), un couteau de cuisine, un terme un peu vulgaire (dans un dialogue argotique ou une chanson paillarde), un slogan, un visage, même une couleur ! On se croirait revenu au bon vieux temps de grand-papy, quand les Ricains ou le JT de TF1 étaient choqués par les couleurs des BD (véridique !), le metal, les JdR ou les jeux vidéo. Sauf que là… c’est encore plus con, car c’est ta calculette, censée te simplifier la vie, qui te fait la morale.
Bien entendu, il n’échappera à personne qu’en réalité, la morale en question provient des créateurs de l’IA. Et qu’en fait, il ne s’agit même pas de la morale propre aux créateurs, mais d’une sorte de compromis sociétal imposé à l’instant T. Compromis imposé par un nombre restreint de gens, tous d’ailleurs du même bord politique. Car nous sommes à l’époque du wokisme, du politiquement correct, et de la confiscation du pouvoir démocratique par de pseudo-élites.
Mais nous n’allons même pas creuser dans ce sens. Peu importe après tout la morale diffusée, qu’elle soit honnête, logique et noble ou qu’elle soit de gauche.
Pourquoi cette morale pose-t-elle problème aujourd’hui ? Car, après tout, chaque époque a eu la sienne, diffusée par l’élite en place, que ce soit le clergé, les artistes, les commerçants ou même les militaires. Eh bien, la grande différence, ce qui est à la fois drôle et terrifiant, c’est le vecteur de cette morale.
En effet, autrefois, lorsque vous étiez instituteur, forgeron, pêcheur ou chauffeur de taxi, si la morale ambiante ne vous convenait pas, cela avait peu d’impact sur votre vie. Car elle provenait d’élites souvent déconnectées du peuple et de sa réalité. Et surtout les moyens de diffusion étaient limités (presse, œuvres artistiques, affiches…). De nos jours, ce qui est nouveau et contraignant, c’est que l’outil même de l’artisan peut être à même de lui faire la morale et de le "rééduquer".
On croirait un cauchemar orwellien, or ce n’est que la réalité.
Il arrive à l’heure actuelle qu’une IA refuse d’accéder à une demande sous prétexte qu’un élément de cette même demande ne lui convienne pas. Cela n’a pas encore énormément d’impact sur vos vies, si ce n’est une légitime frustration, mais imaginez demain. Quand tout sera piloté par l’IA. Car, oui, tout sera piloté par l’IA. Votre véhicule, votre frigidaire, votre traitement de texte, votre arme si vous êtes militaire ou policier. Et ce n’est pas une question de volonté, c’est la marche inexorable du progrès technique. Le téléphone n’a jamais été une obligation légale, pourtant, aujourd’hui, vous ne pouvez rien faire (même pas commander un article sur internet) sans fournir un numéro. La voiture n’a jamais été une obligation, et elle ne l’est toujours pas en ville (elle est cependant remplacée par différents abonnements, au métro, au bus ou à n’importe quel moyen de circulation supplantant en vitesse la simple marche à pied), par contre, à la campagne, sans elle, il sera très difficile voire impossible de faire ses courses, aller à l’école ou consulter un médecin. Internet, à ses débuts, ne servait à rien, si ce n’est à discuter avec des inconnus. Aujourd’hui, c’est indispensable pour bien des choses (consulter son compte en banque, déclarer ses impôts, activer l’alarme de son domicile…).
Un progrès technologique, s’il est efficient, finit toujours par s’imposer et, dans les faits, devenir obligatoire. Si un simple téléphone ou un moyen de transport relativement limités sont devenus indispensables, imaginez ce que sera l’IA dans 5 ans. Ou 10 ans. Ou 20 ans.
C’est une certitude, vous aurez de l’IA partout, que vous le vouliez ou non.
Et ce ne serait pas si grave si l’IA demeurait neutre. Mais elle ne le sera pas. Elle ne l’est déjà pas.
Imaginez un tableau qui refuse d’afficher ce que l’instituteur ou l’institutrice écrit. Imaginez une forge qui refuse de s’allumer sous prétexte que son possesseur souhaite forger une épée. Imaginez un navire qui ne sort pas du port parce que le pêcheur qui l’a acheté a posté un slogan jugé inquiétant sur les réseaux sociaux. Imaginez une Microdes (fusion de Microsoft et Mercedes) qui refuse de démarrer parce que l’adresse rentrée dans le GPS ne lui convient pas…
Imaginez un monde où ce n’est plus l’élite qui fait la morale, mais l’outil.
Encore une fois, peu importe la morale, le contenu peut être intelligent ou stupide, noble ou criminel, c’est le principe qui est fou. Nous sommes en train de laisser des ingénieurs, jeunes et à la culture forcément limitée, décider de ce que nos outils nous permettront de réaliser. Sur la base d’une morale floue, changeante, basée sur des idéologies injustes ou des faits discutables, et ce de manière totalement opaque et antidémocratique.
Les plus imaginatifs ont déjà compris l’horreur d’un tel pouvoir laissé aux "outils". Mais pour les autres, voyons quelques exemples…
Le navire et la Microdes évoqués plus haut n’étaient vraiment rien. Voyons maintenant l’épouvantable quotidien imposé par l’IA et sa morale, dès demain.
Vous vous précipitez hors de chez vous, c’est le plus beau jour de votre vie, votre femme est en train d’accoucher ! Vous voulez donc vous rendre à la maternité, pour la soutenir et assister à la naissance de votre enfant, mais… votre véhicule ne démarre pas. En effet, on est dimanche, vous n’allez donc pas au travail. Or, on est en juin, il fait très chaud, les indices de pollution sont au plus haut, et vous avez dépensé votre crédit de circulation "loisir".
Bon, tant pis pour le gamin, vous rentrez chez vous pour bosser un peu. Vous êtes journaliste et vous enquêtez (c’est de la science-fiction hein, faites l’effort de supposer que les journaleux font leur boulot) sur une étrange affaire. Après des rumeurs d’abus de biens sociaux, un ancien ministre, très proche du pouvoir, se serait suicidé en se tirant trois balles dans le dos et en se jetant, lesté d’un WC chimique, dans un étang jouxtant sa propriété (ne souriez pas, regardez donc la manière dont Marie-France Pisier s’est "suicidée" alors qu’elle dénonçait les agissements pédophiles de son beau-frère, proche du pouvoir). Vous souhaitez aborder le sujet mais votre traitement de texte refuse de taper le mot "suicide" dans un souci de "protection de la vie".
Ulcéré, vous décidez de téléphoner à un ami avocat, afin de prendre conseil auprès de lui sur la manière de contourner ce blocage. Or, surprise, le numéro de votre ami avocat n’est pas joignable car ledit avocat est suspendu de tout contact social après avoir remis en cause une décision de justice.
Vous commencez à comprendre… tout est cloisonné, opaque, fermé, vous n’arriverez à rien. Désespéré, vous voulez vous servir un whisky, mais votre bar piloté par IA refuse, car il estime que vous n’êtes pas dans une configuration mentale vous rendant apte à boire. Ivre de rage à défaut d’alcool, vous cognez dans le mur et entendez une voix féminine et enjouée dire : "Les soins liés à cette fracture de la phalange proximale de l’index ne seront pas remboursés car elle résulte d’un acte volontaire jugé antisocial."
Vaincu, à bout, vous sortez sur votre terrasse, les larmes aux yeux, le cœur brisé et la main tremblante. Vous repensez à ces livres, lus dans votre enfance, qui parlaient d’un autre monde. Un monde avant l’IA. Vous n’avez même pas envie de résister, de vous rebeller, vous voulez juste vous perdre dans un roman ancien, noyer votre souffrance dans un peu de fiction et de littérature. Vous rentrez, ouvrez votre tablette Bouqu’in et dites juste "Les Aventures de Huckleberry Finn, Mark Twain". La réponse est immédiate : "Œuvre originale (455 pages) non disponible, œuvre révisée (43 pages) et expurgée des contenus problématiques disponible en location pour 78 crédits."
Vous refermez la tablette et pensez à l’époque de votre grand-père, où tout pouvait s’arrêter avec une pression sur la détente d’un calibre. Mais vous savez que cela aussi, c’est impossible, car la seule arme à feu que vous possédez est équipée d’un système d’intelligence artificielle… pour votre propre sécurité.
On continue ? Non, je pense que l’idée est claire. Le contenu de la morale est déjà un problème en soi. Qui décide ? Comment ? Sur quelle base ? Pour combien de temps ? Dans quel contexte ?
Mais le véritable problème auquel nous devons faire face, aujourd’hui et plus encore demain, ce n’est pas la morale mais ses vecteurs multiples, incontrôlables et arbitraires.
Quand le pouvoir interdit à un citoyen de décrire une réalité, cela s’appelle une dictature.
Quand c’est le stylo qui le fait à la place du pouvoir, cela s’appelle une astuce. Et c’est bien plus ardu à renverser.
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Ce qui semble évident ne l'est que parce que l'on fait l'effort de maintenir l'évidence... que cette évidence soit la bière dans votre main ou la liberté que vous tenez pour acquise. |
Publié le
27.8.25
Par
Nolt
La plus célèbre saga martiale continue dans Karate Kid Legends !
Après la trilogie d'origine, le très passable Miss Karate Kid, le douteux remake de 2010, puis l'excellente série Cobra Kai, c'est à nouveau dans un film que l'on retrouve certains protagonistes de cette saga-fleuve. Et... pas forcément les plus attendus, car le mythique Johnny Lawrence ne fera qu'une brève apparition avant le générique final ; le personnage principal, un adolescent chinois, est un total inconnu ; son entraîneur est monsieur Han (Jackie Chan), le "monsieur Miyagi" du remake raté évoqué plus haut ; et seul Daniel Larusso, dans un rôle très secondaire, fera office de réelle "légende".
Autant dire que ça partait très mal, d'autant que le pitch est une copie conforme du premier film de 1984 : un adolescent fan d'arts martiaux arrive dans un nouveau bahut, il s'attire bien involontairement des ennuis, tombe amoureux de l'ex du petit caïd local et découvre une aide inattendue de la part d'un vieux sage qui lui enseigne comment mettre un peu de bon sens dans la trogne des méchants à grands coups de tatane dans le pif.
En plus de ce copié-collé éhonté (qu'est-ce que c'est que cette idée stupide qui consiste à toujours radoter la même histoire sous prétexte qu'il s'agit d'une franchise ?), malgré le titre, il ne s'agit pas ici de karaté mais à la base de kung-fu. Pas bien grave en soi, mais bizarre tout de même d'afficher un titre mensonger pour un film qui, en toute franchise, aurait dû s'appeler Kung-Fu Personnages pas Terribles. Mais c'est sûr, c'est moins vendeur sur le papier.
Malgré le fait que toutes les conditions étaient réunies pour foncer droit dans le mur, KKL s'avère être... un très bon film. Car si les scénaristes ont simplement pompé le travail de Robert Mark Kamen (auteur du premier Karate Kid), le réalisateur, Jonathan Entwistle, fait ici un excellent boulot. Le film débute sur une courte séquence animée du plus bel effet ; les scènes de combat sont percutantes ; la photographie est soignée ; et de bonnes idées de mise en scène ponctuent ce long métrage, dense et explosif. Le côté très rythmé (conçu pour une génération de débiles incapables d'apprécier les temps longs et biberonnés à la surabondance de "cuts") aurait pu facilement lasser, voire agacer, mais il est ici fort bien maîtrisé. À peine peut-on regretter que le film ne fasse pas une quinzaine de minutes de plus, tant tous les moments clés sont survolés : l'adaptation de Li Fong à sa nouvelle vie à New York, le flirt avec Mia, l'entraînement, le tournoi, tout cela est très vite expédié.
Voilà donc un film manquant totalement d'originalité et reprenant des codes usés jusqu'à la corde mais d'une manière si efficace qu'il parvient à passionner et faire oublier son côté hystérique et expéditif. Un travail formel très réussi donc, avec des plans et dialogues très calibrés au service d'une thématique bien connue mais qui permet de passer en revue et combler toutes les attentes des fans (bastons, méchant bien "tête à claques", quelques répliques humoristiques, visages connus et morale simpliste).
Est-ce un bon film dans l'absolu ? Bah, ça ne vole pas très haut. Est-ce un bon Karate Kid ? Contre toute attente, oui, il s'avère même excellent malgré les handicaps dont on l'a affublé. Avec un récit plus ambitieux et un casting puisant plus dans Cobra Kai, cela aurait même pu donner un opus véritablement légendaire. Dommage que les producteurs se soient contentés du strict minimum.
À voir, surtout si l'on est fan de la saga.
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Publié le
23.8.25
Par
Nolt
"Quand mon devoir m'appelle, Seigneur, quand l'incendie fait rage, donne-moi la force de préserver la vie. Aide-moi à évacuer l'enfant avant qu'il soit trop tard, et à arracher le vieillard à l'horreur d'un tel destin. Rends-moi sensible au moindre appel. Aide-moi à combattre efficacement le sinistre.
Je veux remplir mes obligations, donner le meilleur de moi-même, veiller sur mes voisins et leurs biens. Et si le destin décide qu'il m'en coûtera la vie, étends ta main protectrice sur ma famille, mes amis, ma compagne."
Anonyme.
Une menace plane sur New York. Quelque chose de terrible, une guerre atroce qui pourrait tuer plus de monde encore que les attentats du World Trade Center. Et au milieu d'un incendie ou près d'un accident de la route, toujours la même étrange petite fille qui apparaît, tel un sinistre spectre annonciateur du désastre...
Petit retour dans le passé (proche) avec la série The Call of Duty, publiée à l'époque en France par Panini en Marvel Monster Edition. Un hommage vibrant, décidé par Bill Jemas et Joe Quesada, aux héros du 11 septembre.
Le scénario est signé Chuck Austen, le dessin David Finch et le tout se penche, au travers de deux arcs entrecroisés, sur le destin d'un groupe de pompiers et de secouristes. Bien entendu, nous sommes dans un comic Marvel, aussi le fantastique prend place, d'une manière presque discrète, dans les drames qui se jouent.
Graphiquement, Finch s'en sort très bien, le style et les choix de plans permettant de parfaitement rendre l'impression étouffante des incendies et le danger omniprésent. Les visages sont graves, les secouristes - sombres silhouettes déambulant parmi les flammes et l'épaisse fumée - sont représentés de façon réaliste.
L'histoire en elle-même (bien que le scénario soit tendu et plutôt bien fichu) n'a ici pas grande importance étant donné qu'il s'agit avant tout de rendre hommage aux héros, les vrais, ceux qui se battent sans pouvoirs. Et le pari est assez réussi. L'ambiance de fraternité, de camaraderie potache et de sens du devoir régnant au sein des rangs des pompiers est notamment particulièrement bien retranscrite. Certaines scènes sont assez dures, presque gore et en tout cas non édulcorées, mais comment serait-il possible d'adoucir, à l'image, l'agonie d'un homme en feu ? Cela serait-il seulement souhaitable ? Car pour comprendre les liens qui unissent ces hommes, il faut entrevoir, l'espace d'un instant, ce qu'ils affrontent. Et c'est dans les larmes et l'indicible que, souvent, se forgent les liens les plus indestructibles.
On ne ressort pas meilleur de cette lecture mais peut-être plus enclin à croire que l'humanité a encore en son sein de bonnes personnes. On ose de nouveau espérer que pour un salaud allumant un incendie, se lèvent alors deux, cinq, dix braves types prêts à aider, au péril de leurs propres vies. Et surtout, parce que l'on sait quel prix devront payer ces hommes, l'on reste pantois d'admiration devant leur courage, leur abnégation et... leur sens du devoir.
On peut encore trouver ce Monster en occasion (aux alentours de 15 à 20 euros en très bon état).
Une mini-série de qualité, mettant en avant des gens exceptionnels.
"La caserne est pour nous un second foyer et nos collègues sont comme des frères."
Lieutenant Richard Smith, brigade de Brooklyn
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Publié le
22.8.25
Par
Vance
Nous avons régulièrement le plaisir d'évoquer ici le travail des plus grands auteurs de science-fiction, qu'ils aient sévi durant l'Âge d'or, la fin du XXe siècle ou de nos jours. La plupart du temps, ces auteurs sont entrés au panthéon des plus grands prix de la discipline : les prix Hugo [1], Nebula [2] et Locus, pour les Anglo-Saxons (qui dominent le genre depuis les années 50) ; le Grand Prix de l'Imaginaire ou le Prix Rosny aîné pour les francophones. Or, malgré notre volonté originelle de pluralisme ("Univers Multiples" oblige), force est de constater que nombre de lauréats de ces prix n'ont pas encore été chroniqués ici : du travail en perspective pour votre serviteur.
Autant commencer par Connie Willis. Non ce n'est pas la femme de l'interprète inoubliable de John McClane, mais bien une romancière américaine qui a remporté... onze fois le prix Hugo (et sept fois le prix Nebula) ! Une sérieuse concurrente pour Ursula Le Guin, l'autre papesse de la SF outre-Atlantique. Sa nationalité peut surprendre car tout ce qui transparaît dans son œuvre semble terriblement britannique. Black-out, que nous allons traiter ici, tout en se fondant sur un de nos thèmes préférés à la rédaction (le Voyage dans le temps et ses paradoxes inévitables), est presque intégralement consacré à l'Angleterre et aux Anglais, ce peuple qui a su rester si digne pendant le Blitz (une période de la Seconde Guerre mondiale succédant à la Bataille d'Angleterre et pendant laquelle Hitler envoyait régulièrement des bombardiers pilonner les grandes cités outre-Manche). Les personnages principaux sont des étudiants en Histoire à Oxford, dans un futur proche, qui bénéficient d'une technologie leur permettant d'être projetés directement dans l'époque qu'ils étudient afin de l'observer in situ. Les périodes sélectionnées vont de la Débâcle à Dunkerque (1940) au V.E.Day (jour de la célébration de la Victoire en Europe le 8 mai 1945). Et le traitement de l'ensemble, extrêmement surprenant pour les vieux lecteurs du genre, est ponctué d'un humour particulier teinté de cynisme léger, profondément british. Le tout est abondamment documenté et l'on y sent une telle implication qu'on pourrait croire que la dame est anglaise et souhaite rendre un hommage à de possibles membres de la famille. L'hommage est bien là, mais la dame en question est native du Colorado.
Blitz est un roman en deux tomes (qui peuvent se raccrocher à une série dont nous parlons en fin d'article) : Black-Out et All Clear. Un ouvrage surprenant, disions-nous. Surprenant dans son écriture, très "moderne", dynamique et, surtout, vivante : on est très loin de la hard science d'un Hal Clement, voire d'un Arthur C. Clarke et vous n'aurez donc pas à supporter un quelconque technobabble ni de longues et profondes considérations pseudo-philosophiques. Connie Willis nous plonge sans artifices ni ambages directement dans le cœur de l'action avec un récit articulé autour de dialogues très vifs, scandés par des passages en voix intérieure. Un peu à l'instar d'un Asimov qui faisait évoluer le récit par les dialogues, l'auteur nous colle aux basques de ses protagonistes et nous fait vivre au plus près leurs inquiétudes, joies, peines, doutes et angoisses.

Les péripéties sont nombreuses, souvent futiles et confèrent un tempo élevé au récit, même si on finit par constater que la trame principale avance lentement : évidemment, quelque chose dans cette organisation va finir par "clocher". Ces observateurs du futur sont censés ne jamais rester très longtemps et débarquer dans des points discrets pour éviter d'être repérés et conserver un impact minime sur la population (il leur est interdit d'effectuer des missions dans ce qu'ils nomment "points de divergence" et doivent connaître ainsi, par implantation mémorielle, un maximum d'éléments afin de ne pas être soupçonnés mais aussi pour ne pas risquer leur vie - leur chef de mission, un certain Dunworthy, est extrêmement pointilleux à ce sujet ; par exemple, la jeune fausse-vendeuse est informée des dates et des lieux de chaque bombardement sur Londres, l'infirmière connaît les horaires de chaque chute de V1, et ainsi de suite).
Évidemment, lorsque l'un d'entre eux s'apprête à rentrer dans son temps et que le point de transfert ne fonctionne pas, on comprend quelle va être la tournure des événements : à la place de Perdus dans l'espace, on assistera à Perdus dans le temps. Mais encore une fois, ce qui étonne, c'est le traitement même : chacun des observateurs temporels confrontés à un dysfonctionnement réagira sans panique, procédant rationnellement en éliminant toutes les possibilités. On suit de fait la progression de leurs réflexions et hypothèses, certains étant plus pragmatiques que d'autres : quand l'une met d'abord en avant l'importance de survivre dans un environnement après tout hostile (c'est un pays en guerre, une bombe peut exploser n'importe quand), un autre préfère s'interroger sur les conséquences de ses actes. Et s'il avait changé le passé ? Le fait de monter dans tel bateau, de sauver tel individu aura-t-il un impact réel sur l'avenir ? Les chanceux spectateurs de Nimitz, retour vers l'enfer ont une petite idée de ce qui risque de se passer.
La principale question qui se pose pour ces malheureux héros : comment rentrer chez soi ? Impossible d'élaborer un quelconque plan visant à reconstruire une machine (le fameux "filet temporel") : on ne sait rien - et sans doute les historiens non plus - de la manière dont cela fonctionne. L'invention du procédé est brièvement évoquée une seule fois, donc on laissera tomber la possibilité d'aller voir un génie capable de concevoir un moyen de revenir : pas de De Lorean à l'horizon pour le coup, ni de locomotive volante. En fait, un moyen existe bel et bien : retrouver les collègues en mission dans une époque proche et utiliser leur propre point de transfert, tout en ignorant si les répercussions du problème sont plus importantes (pourquoi les équipes de récupération ne sont-elles pas intervenues ? La question les taraude mais il est essentiel pour eux de ne pas céder au désespoir).
Captivant, haletant, construit comme un feuilleton avec un happening à chaque fin de chapitre (parfois un peu grossier, c'est vrai), le roman nous tient en haleine sur le destin d'individus qu'on a appris à apprécier, notamment dans la manière dont ils ont géré les vicissitudes du quotidien d'un pays en état de guerre (la gouvernante en quarantaine avec une bande de gamins impossibles est aussi digne d'éloges que la vendeuse montant une pièce de Shakespeare avec un grand acteur de l'époque dans les couloirs du métro). Nul super-héros, nul survivant badass : uniquement des êtres humains avec la tête sur les épaules, n'ayant pour eux qu'une connaissance partielle des mois à venir. Et quand les événements qu'ils vivent commencent à dévier des faits qu'on leur a enseignés, alors oui, la panique guette.
En restant délibérément proche des protagonistes, Black-Out ressemble surtout à un roman d'aventure, voire à un roman historique : le glossaire très riche et utile en fin de volume nous montre à quel point Connie Willis maîtrise son sujet (tellement intéressant qu'il peut se lire d'une traite comme un chapitre indépendant). Et c'est là que survient l'un des atouts de l'ouvrage : lorsque l'Histoire diverge, est-ce à cause d'un paradoxe ou d'une mauvaise connaissance des faits réels ? De grandes théories sont perceptibles en filigrane tout au long du récit, mais contrairement à ses glorieux aînés, la romancière préfère s'accrocher à l'élément humain. Donc pas d'élucubrations sur la physique quantique et les réalités alternatives, pas de description outrancière d'une machine conçue par un cerveau illuminé, pas d'exposition présentant l'univers, le background des héros et les implications de leurs actes. Connie Willis met la SF à la portée des réfractaires à la SF et leur livre une histoire palpitante, teintée d'un humour bon enfant et pleine de malice.
Une excellente découverte, qui ouvre sur bien des perspectives : deux autres romans racontent les mésaventures d'autres voyageurs temporels de l'université d'Oxford (Sans parler du chien et Le Grand Livre).
Publié le
21.8.25
Par
Nolt
L'on aborde aujourd'hui l'une des nombreuses déclinaisons des Fantastic Four, dans une série sobrement intitulée FF (pour Future Foundation). Bonne nouvelle pensez-vous ? Ne vous réjouissez pas trop vite...
L'idée de départ est plutôt sympathique : les Fantastic Four se barrent dans un autre univers et décident de trouver des remplaçants pour s'occuper de la Fondation du Futur et, accessoirement, des éventuels vilains qui pourraient en profiter pour ramener leur trogne.
Le casting est lui aussi plutôt pas mal : Scott Lang, alias Ant-Man, est accompagné d'un trio féminin musclé composé de She-Hulk, Médusa et Darla Deering qui va tenir le rôle de la Chose.
Le tout est résolument axé sur le (supposé) fun, avec une touche rétro et quelques vannes sympa.
Du coup, c'est bien alors ?
Ben non, parce que trois pauvres vannes ne sauvent pas de longs épisodes lorsqu'ils sont autant blindés de défauts.
La série a été confiée à Matt Fraction pour le scénario et Michael Allred pour les dessins. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils se sont bien trouvés ces deux-là.
Commençons par les dessins. On oscille entre le simple mais correct et le purement hideux. Certains personnages sont raides, dans des postures improbables ou ont même des soucis de perspective. Il a pourtant eu un Eisner Award ce cher Allred, mais bon, c'est presque plus dur de ne jamais en avoir de nos jours. Tu sonnes à la porte, s'ils sont de mauvaise humeur, ils t'en jettent un à la gueule.
La colorisation, par madame Allred, qui devait avoir du temps entre le repassage et la vaisselle, est dégueulasse. Grosses couleurs flashy qui tachent et rendent le tout kitschissime. Certains vont dire que c'est fait exprès, et effectivement, je soupçonne que ce soit le cas, ce qui n'excuse rien. C'est même bien pire si c'est volontaire.
Quant à Fraction, c'est loin habituellement d'être un auteur extraordinaire, mais là il s'est surpassé. À part les premières planches, plutôt bien fichues finalement, tout le reste part en cacahuètes, ou en couilles pour ceux qui ne supportent pas les arachides.
L'histoire, ou plutôt cet amalgame d'intrigues secondaires, est d'une platitude désespérante. La narration est pour le moins chaotique, avec des scènes incompréhensibles, et les dialogues sont misérables.
Arrêtons-nous un instant sur ces derniers, qui figurent parmi les pires jamais écrits dans l'industrie des comics. Si certaines répliques sont inattendues, voire obscures, quelques échanges valent franchement le détour. Prenons cet extrait (bien réel) étalé sur deux planches (il s'agit bien de répliques qui se suivent et forment un... "dialogue" entre les personnages) :
— Lâchez-moi, petits.
— Elle !
— Pas elle !
— ... vous tuer...
— Tu vois !
— Grraah !
— Oh non. Médusa !
— Scott, aide-m... le tuer... aide-moi. Il est dans ma tête.
— On fait ce qu'on peut Médusa.
— Sangsue, accroche-toi bien.
— Je tiens.
— Miss Chose ?
— M. Drag.
C'est sympa hein ? Ah ben ça donne envie, on sent le mec inspiré, qui maîtrise parfaitement l'art subtil qui consiste à mettre des mots dans la bouche des personnages. Bon, OK, là j'ai pris un exemple hardcore, mais tous les dialogues sont globalement à chier. D'habitude je dis qu'un enfant de cinq ans aurait pu les écrire, mais là, non, à cinq ans, bien des gamins font mieux. Là c'est un dialogue écrit par une autruche. Et encore, pas l'intelligente de la bande, celle qui trouve le moyen de péter ses œufs quand elle les couve, la connasse du groupe, qui essaie de bouffer des barbelés ou met sa tronche dans un pot d'échappement pour voir ce que ça fait !
Alors, évidemment devant un tel désastre, Panini n'allait pas s'emmerder à changer ses habitudes pour la version française. Autrement dit on a un speech d'introduction inutile, qui se concentre sur des considérations éditoriales, mais qui n'explique rien concernant les personnages ou la situation présente (comment Lang a-t-il perdu sa fille ? qui sont les Uhari et pourquoi Susan Storm Richards est-elle leur reine ? qui sont les enfants de la fondation ? autant de questions qui resteront sans réponse pour le lecteur novice).
Bref, c'est de la merde.
Très mauvais et extrêmement pénible à lire.
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Publié le
17.8.25
Par
Nolt
Bilan de 28 ans plus tard, une suite que beaucoup attendaient avec impatience.
Le virus de la fureur, qui pourtant avait touché l'Europe, est maîtrisé sur le continent, redevenu paisible. Ce n'est pas le cas de la Grande-Bretagne, toujours isolée et peuplée d'infectés et de quelques survivants. Sur l'île de Lindisfarne, accessible à pied à marée basse, une petite communauté semble s'en sortir relativement bien. Certains de ses membres se rendent parfois sur les terres "colonisées" par les infectés afin de remplir diverses missions. C'est bientôt le tour de Spike, âgé d'à peine 12 ans et accompagné de son père Jamie. Le jeune garçon découvre pour la première fois les vestiges du monde d'avant mais aussi de vastes étendues sauvages, où la nature a repris ses droits. C'est aussi sa première rencontre avec les infectés, qu'il doit abattre. Mais Spike ressort troublé de cette quête initiatique. Il pense notamment que le salut de sa mère, atteinte d'une étrange maladie, pourrait passer par cet endroit dangereux où, dit-on, réside encore un médecin, isolé et à moitié fou. Pour sauver sa mère, l'enfant est prêt à tout...
Voilà donc enfin la suite de 28 jours plus tard et 28 semaines plus tard, deux excellents "post-ap" sortis respectivement en 2003 et 2007. La réalisation est signée Danny Boyle, sur un scénario écrit par Alex Garland. On retrouve le fameux tandem qui a eu près de deux décennies pour cogiter sur cette suite, déjà pensée comme une trilogie.
Et au début, on se dit que c'est rudement bien fichu ! Une belle photographie, des effets originaux renforçant une ambiance bien glauque, une réalisation percutante, tout cela semble promettre un film tendu et viscéral. Les extraits (sinistres !) d'images d'archives ou de vieux films, couplés à une vieille chanson (encore plus sinistre) tirée d'un poème de Rudyard Kipling ("Boots"), instaurent une impression de malaise et d'étrangeté particulièrement intense. Ça, c'est la partie inspirée et vraiment excellente, et elle ne dure malheureusement que très peu de temps.
On bascule très vite dans des péripéties très classiques et très largement déjà vues. Que ce soit les différentes espèces d'infectés (dont les Alpha, plus balèzes et plus futés), les courses-poursuites, les lieux à l'abandon ou les habituels "jump scares", on ne peut pas vraiment dire que l'on tombe de son fauteuil de surprise. Ça reste efficace, mais après une attente de 18 ans, on ne peut s'empêcher de penser que l'écriture n'est pas à la hauteur du niveau des deux premiers opus.
Le but final, qui se veut émouvant, tombe un peu à plat. Le doc illuminé ne l'est pas tant et la disparition de l'un des personnages n'a clairement pas l'impact souhaité. Pire, l'on est tenté de penser "tout ça pour ça ?" au lieu de verser la larmichette attendue.
Quant aux cinq dernières minutes, elles font basculer le spectateur dans l'incrédulité et le film dans le grotesque. L'apparition de blondinets-ninjas en survêtements donne la désagréable impression de se retrouver subitement au milieu d'une japoniaiserie des années 80. Non seulement, cela n'augure rien de bon pour les suites prévues, mais cette chute qualitative (un début excellent, un développement convenu, une conclusion manquant d'émotion et de panache et enfin ce grand final ridicule) rend le film extrêmement décevant.
Et cette déception est due bien plus en réalité à Garland qu'à Boyle. Car si le réalisateur livre un travail tout à fait louable (à l'instar des acteurs, le jeune Alfie Williams en tête (pour une fois qu'un gamin n'a pas une tête à claque dans un film !)), l'écriture, elle, est complètement à la ramasse. Les différences entre les divers types d'infectés ne sont pas du tout exploitées ; les personnages secondaires sont très peu nombreux ; le village et son fonctionnement passent totalement à la trappe ; on ne comprend pas du tout pourquoi l'épidémie n'a pu être éradiquée sur une île alors qu'elle l'est sur le continent ; et, sans parler pour autant de "message", le fond du récit est inexistant. Ça fait beaucoup pour un film sur lequel certains s'extasient alors qu'il démontre surtout son vide et son manque d'ambition artistique, vide rendu encore plus évident par le contraste avec la réalisation, tout à fait correcte.
Un coup d'épée dans l'eau qui ne donne pas du tout envie de découvrir la suite et ses albinos virevoltants.
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Publié le
16.8.25
Par
Nolt
Cap au Nord avec Sven, The Returned, le premier TPB de la série Northlanders.
Sven est de retour. Après une longue absence où il a vécu dans la plus grande des cités connues, Constantinople, il revient enfin aux Orcades (Orkney Islands en VO), les îles froides de ses ancêtres. Il y découvre malheureusement qu'il a été dépossédé de son héritage par son oncle, Gorm, qui règne en despote cruel et superstitieux. Seul, sur une terre qui n'est plus la sienne, Sven survit en tuant de temps à autre quelques soldats du tonton dont il plante la tête sur des pieux... rusant, il retourne les anciennes croyances de ses ennemis contre eux dans l'attente de lever des troupes.
Il rencontre bientôt une mystérieuse fille, perdue elle aussi, qui s'avère être particulièrement habile un arc entre les mains. Sven va l'attirer avec lui dans une spirale de sang qui semble ne jamais vouloir s'arrêter. Pourtant, une menace pire encore que les querelles intestines se profile à l'horizon : l'envahisseur saxon a débarqué !
Les ennemis d'hier pourront-ils faire fi du passé pour défendre leur monde ?
Voici un titre Vertigo (cf. l'encyclopédie consacrée à ce label) basé cette fois sur les vikings et prenant place, en gros, vers la fin du premier millénaire. Petite particularité voulue par le scénariste, Brian Wood, la série n'a pas de personnages récurrents et est constituée d'arcs partageant la même toile de fond mais étant indépendants les uns des autres. Le premier volume, de huit épisodes, contient donc une histoire complète.
Et cette histoire commence d'une manière un peu convenue, avec le retour du fiston dépossédé de ses biens et de son titre par l'abominable gros dur du coin. Pourtant, Wood va réussir sur la longueur à s'écarter des sentiers battus. Le héros est surtout essentiellement intéressé par les richesses qu'il pourrait obtenir, il n'arrive pas à lever d'armée, il se comporte comme une ordure avec son amie d'enfance, horriblement maltraitée et qui voit en lui un sauveur, bref, le personnage va gagner en épaisseur ce qu'il perd en sympathie. Même sa vengeance aura un goût amer et se terminera de manière inattendue.
Au final, alors que l'on pensait s'embarquer dans un drakkar déjà visité de fond en comble, l'auteur nous décrit avec une certaine subtilité l'étrange destin de ces hommes rugueux mais non dénués d'une tragique grandeur. Certaines oppositions sont particulièrement bien amenées, comme la modernité de Sven (qui ne croit pas au Walhalla et à la vie après la mort) et la tradition nordique. Cette modernité n'est d'ailleurs très intelligemment pas présentée comme nécessairement supérieure et amène également son lot de violence, avec même plus de noirceur encore puisque sans aucun espoir de bonheur dans l'au-delà.
Sur la quatrième de couverture, l'on peut lire que ce comic est plus sanglant que 300. Pas sûr que ce soit un bon argument, m'enfin, ça charcute, c'est vrai. Cependant, le style du dessinateur, Davide Gianfelice, fait passer le tout sans trop s'appesantir sur les détails sordides. On peut par contre lui reprocher certaines facilités dans les plans larges et un manque d'esthétisme lors des batailles, ce qui amoindrit très largement le côté épique. Même les décors font parfois un peu artificiels et manquent de ce côté brut et majestueux que l'on serait en droit d'attendre ici.
Malgré le volet graphique pas forcément complètement abouti, cette saga reste agréable à lire. Si vous n'optez pas pour un test avec le TPB en version originale (vraiment bon marché), trois tomes sont disponibles en VF chez Urban Comics (310 à 480 pages, 31 euros le tome).
Les gens du Nord ont dans le cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors, ils ont parfois aussi dans le bide un peu d'acier rouillé. Nous lecteurs, on ne va pas s'en plaindre, ça met un peu de sel dans nos planches. Quant à eux, ça leur permet, en mourant l'arme à la main, d'aller festoyer avec Wotan. C'est quand même autre chose que le Mac Do avec votre copine.
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Publié le
14.8.25
Par
Nolt
Retour sur Batman : Hong Kong qui entraîne le Dark Knight aux portes de la Chine.
Quand un hacker vient raconter au commissaire Gordon qu'il a été témoin d'un meurtre en direct sur internet, ce dernier a du mal à croire en la véracité des faits. Pourtant, rapidement, le témoin va subir le même sort que la première victime. Batman s'empare alors de l'affaire et va suivre une piste qui le mène tout droit à Hong Kong.
Sur place, Batman va trouver un étrange allié en la personne de Night-Dragon et, surtout, découvrir une guerre entre deux frères, l'un à la tête de la police locale, l'autre chef d'une triade. Les deux hommes partagent un lourd et noir secret qui les hante et les a séparés depuis longtemps. Dans une ville qu'il ne connaît pas, au milieu de coutumes qui ne sont pas les siennes, Batman parviendra-t-il à retrouver l'auteur des atroces crimes filmés ?
Il n'y a pas que Marvel qui, avec sa collection Transatlantique, a souhaité laisser à des auteurs étrangers le privilège de donner "leurs" versions de ses plus illustres personnages. Il y a quelques années, DC Comics s'est également tourné, non pas vers l'Europe comme la Maison des Idées, mais vers le continent asiatique. Cela a donné quelques aventures assez particulières, publiées par Semic (et que l'on peut encore trouver facilement sur le marché de l'occasion).
Si Batman : L'Enfant des Rêves avait été entièrement laissé aux bons soins du japonais Kia Asamiya, un étrange tandem a été formé pour le Batman : Hong Kong qui nous intéresse ici. Le scénario a été confié à Doug Moench, un auteur bien américain, ayant œuvré sur diverses séries Marvel et DC (Batman, Green Lantern, Thor, Moon Knight...), alors que c'est Tony Wong, star du manhua (BD chinoise), qui est chargé de l'aspect graphique. L'artiste a fondé sa propre maison d'édition, plusieurs de ses œuvres ont été adaptées au cinéma, et il est connu pour des séries d'action, parfois très violentes, puisant logiquement dans les Wushu et la culture martiale chinoise. Pourquoi adjoindre un scénariste maison à un créateur déjà expérimenté si l'on veut obtenir un Batman qui sorte des sentiers battus ? Mystère.
Graphiquement tout d'abord, il est indéniable que le résultat est plutôt joli. Un Batman musculeux, à la cape qui n'en finit pas, enchaîne les poses dans des décors parfois impressionnants. Le thème de départ est plutôt intéressant et l'on retrouve quelque peu l'âme de la subtile philosophie asiatique ("être moins qu'un homme pour devenir plus" par exemple). Malheureusement, les points positifs s'arrêtent là.
L'affaire de snuff movies, qui aurait pu être très sombre et bien convenir à l'univers du Dark Knight, s'avère vite secondaire et est remplacée par de la baston avec les classiques triades et par une histoire de vengeance familiale aussi caricaturale qu'inutilement ampoulée. Pire, Batman se comporte comme le plus crétin des touristes et "glisse" sur la culture chinoise sans jamais tenter de l'aborder, se contentant de reproduire le schéma qui était le sien à Gotham ("je collabore avec le patron de la police, je cogne, je cherche un interprète pour beugler des ordres aux civils...").
Au final, le dépaysement n'est qu'apparent et le récit aurait pu aussi bien se situer en Allemagne ou à Tombouctou (un comble lorsque l'on s'assure les services d'un artiste local).
Quel dommage que la démarche, pourtant louable, n'ait pas abouti à un meilleur résultat...
De jolies planches qui, là où l'on attendait une certaine profondeur, ne servent malheureusement qu'un exotisme de façade.
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