Rewind : Back in Black
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Les amis, on vous avait préparé le terrain avec m'sieur Lemmy, cette fois, on passe carrément à un album mythique, fondamental, iconique et légendaire... LE Back in Black d'AC/DC !

Si vous n'êtes pas fan d'AC/DC, mieux, si vous avez l'impression de ne rien savoir du groupe des frères Young, en fait, vous connaissez au moins quatre titres de cette formation musicale. Et ces quatre titres sont tous issus du même album, qui a pour nom... Back in Black. On croirait presque un énième retour de Parker à son costume noir, mais non, il s'agit bien d'un album de rock, à l'influence énorme. 

Ce sixième album du groupe AC/DC (des initiales qui signifient courant alternatif/courant continu) sort en 1980. C'est cependant une première pour le chanteur, Brian Johnson, qui remplace alors Bon Scott, décédé de manière très... rock n'rollèsque (après une petite session musicale avec le groupe Trust, Bon picole au point de tomber dans un coma éthylique et mourra dans une R5, dans laquelle il est abandonné par un abruti, sur Overhill Road, à Dulwich). 

L'album va devenir non seulement une référence pour la scène metal, mais aussi pour le monde de la musique en général, puisqu'il est le deuxième album le plus vendu au monde (plus de 50 millions d'exemplaires) après Thriller, de Michael Jackson.
Des riffs puissants et sourds de Hells Bells à la mélodie survitaminée de Shoot to Thrill, en passant par le très démonstratif et imposant Back in Black, jusqu'au mythique You shook me all night long, impossible de ne pas avoir déjà entendu au moins une fois ces briques fondatrices du rock dans son acceptation la plus large et la plus lourde. Car, bien entendu, même si les membres du groupe revendiquent un son "simplement" rock, leur musique va clairement défricher une terre encore vierge et montrer la voie à bien des légendes actuelles. 

Et ce succès est malgré tout un peu... paradoxal. La même année sort le premier album du groupe fondé par Steve Harris : Iron Maiden. Difficile, de nos jours, de minimiser cet apport à ce qui deviendra la New Wave of British Heavy Metal, et pourtant, à part les fans, qui peut fredonner Running Free, Charlotte the Harlot ou Phantom of the Opera
Voilà sans doute la différence fondamentale entre un AC/DC déjà mature en 1980, et qui se concentre sur les stéréotypes véhiculés par le rock (sexe, drogues et... rock), et un Maiden balbutiant, qui va par la suite explorer des thématiques riches et variées, mises en valeur par des compositions musicales plus complexes. 

Mais le metal, comme toute construction que l'on souhaite voir durer sur le très long terme, a aussi besoin de fondations solides et basiques, avant de se lancer dans quelque chose de plus subtil. Car, bien avant de devenir des clichés, certains thèmes, même simplistes en apparence, doivent être suffisamment traités et explorés. 
Nous ne sommes, après tout, qu'au tout début des années 80, qui n'ont encore aucun parfum propre. On sent encore l'influence, quelque peu psychédélique, des Eagles, du Creedence Clearwater Revival, des Velvet Underground ou encore du Jefferson Airplane. Pour passer le cap du rock expérimental ou progressif et prendre ce virage radical vers le "hard", il faut de nouvelles inspirations, une nouvelle manière de penser la musique, un nouvel élan. 

Ce virage essentiel, d'autres groupes vont bien entendu aider à le négocier, de Deep Purple à Blue Öyster Cult en passant par Judas Priest ou Motörhead, mais aucun ne pourra s'enorgueillir d'un impact aussi durable et massif que celui atteint par le Back in Black d'AC/DC, qui gravera ses notes dans le subconscient de toute une populace, bien au-delà des simples fans de rock.
Plus récemment, c'est d'ailleurs AC/DC et ses titres les plus mythiques qui donneront leur identité musicale aux films Iron Man, avec Robert Downey Junior (apparemment fan du groupe et amateur de metal en général). Et si Marvel fait confiance aux titres du légendaire AC/DC pour la bande originale de ses films, c'est sans doute que, plus de 40 ans après, ils sont toujours aussi efficaces et incontournables. En tout cas, si vous avez ne serait-ce qu'une légère sensibilité rock, impossible de ne pas ressentir ce frisson particulier lorsque les premières notes se font entendre et que, imperceptiblement, l'horizon au loin semble plus vaste, plus lumineux, tandis que vous vous sentez plus grand, plus fort, porté par une adrénaline électrique et habité par un lyrisme conquérant, comme seul ce genre de musique, débridée, entière, massive et couillue, peut en produire...

Nous sommes un groupe de rock. Nous sommes bruyants, sensationnels et étranges.
Angus Young