Old Man Logan
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Le futur d'un Wolverine usé et cabossé par la vie, voilà ce qui est proposé dans la saga Old Man Logan.

Logan est aujourd'hui un vieil homme. Le héros qu'il était n'est plus. Il ne reste qu'un type ordinaire qui a appris à encaisser et à baisser les yeux. Seule sa famille compte désormais dans un monde où les criminels ont pris le dessus sur les Masques.
Et sa famille est en danger. Logan n'a pas assez d'argent pour payer le loyer de la petite ferme où il vit, avec sa femme et ses deux enfants. S'il ne paie pas, la sanction sera fatale. Car c'est le gang de Hulk qui relève les loyers. Et ce gang ne peut montrer aucune faiblesse et doit rendre des comptes aux grands propriétaires terriens comme Fatalis ou le Caïd.
Le seul moyen de s'en sortir est d'accepter de servir de copilote à Hawkeye qui doit livrer un colis sur la côte Est. Les ex-héros ont quelques souvenirs à ressasser et tout un pays à traverser. Ce n'est plus un travail mais la virée de leur vie...

Il y avait toutes les raisons du monde pour se méfier de ce Old Man Logan. Tout d'abord une légère saturation de griffu, très souvent mis à toutes les sauces par la Maison des Idées. Ensuite un énième futur de l'univers Marvel, du déjà-vu donc qui a, en plus, encore moins d'impact sur la continuité que les histoires classiques. Enfin, un Millar capable du meilleur certes, mais souvent du pire.
Et pourtant, ces craintes vont se révéler bien superficielles.

Très rapidement, un premier plan large donne le ton. Une terre aride, une maison isolée, de vieux tracteurs bons pour la casse et, au milieu de tout cela, un homme à cheval. Il a des cheveux gris et de profondes rides creusent son visage buriné, il est vêtu d'un long trench-coat sans âge. C'est Logan. Aussi classe et terriblement charismatique qu'un Eastwood. Là, il faut souligner bien sûr le travail de Steve McNiven aux dessins. À part quelques cases un peu vides où les paysages sont rattrapés par la colorisation, tout le reste est fort beau, ou plutôt fort sale, poussiéreux et vraiment bien fichu. Le traitement des personnages est particulièrement soigné, qu'il s'agisse d'un tyrannosaure "venomèsque" ou d'un Fatalis à la fois effrayant et majestueux.


Mark Millar semble avoir été particulièrement inspiré également, le récit tenant à la fois du western et du "road-comic", un cocktail finalement peu courant dans les visions futuristes, habituellement plutôt high-tech, du marvelverse. Certaines idées sont vraiment très bien amenées, comme le gang de Hulk. Il s'agit en fait des petits-enfants de Bruce Banner, une bande de ploucs dégénérés et violents plutôt costauds, un peu comme si les rednecks de Deliverance avaient été shootés aux rayons gamma ! On a même peur que l'un d'entre eux se mette à brailler "Fais le cochon !".

Autre élément plutôt sympa, Hawkeye (qui lui aussi a un look démentiel) utilise comme bagnole... l'ancienne spider-mobile que lui et l'une de ses ex-femmes ont customisée. Vous pouvez jeter un œil à la scène #8 de notre Bêtisier Marvel si vous ne voyez pas à quoi ressemblait l'originale. La nouvelle version est tout de même plus esthétique. Enfin, nous avons également droit à une carte des États-Unis présentant les nouveaux territoires dont le royaume du Caïd ou le Hulkland. Bref, un vrai univers, travaillé et convaincant.

Tous les personnages sont habilement recyclés dans ce futur alternatif, les scènes d'action sont efficaces et ne polluent pas inutilement le récit, l'enchaînement des évènements permet de découvrir peu à peu ce monde quasi post-apocalyptique et, enfin, de nombreuses trouvailles plutôt sympathiques sont disséminées ici et là. Les Chutes de Pym, par exemple, qui apportent à la géographie des lieux une dimension surréaliste tout en faisant office de joli clin d'œil à l'intention des fans.
OML se révèle être à la fois un thriller musclé et plein de suspense autant qu'un vrai récit de science-fiction. Ajoutons à cela quelques scènes humoristiques et des tonnes de références bien trouvées, et l'on a probablement l'un des meilleurs boulots de Millar.

Cette histoire a été publiée dans la revue Wolverine (en 2009, à partir du numéro #183) avant d'être rééditée en Marvel Deluxe (en 2011). Même pour les lecteurs qui ne seraient pas de grands fans de Wolvie, cet Old Man Logan est à conseiller tant il s'avère excellent et très accessible.
Spectaculaire et inspiré.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un Logan percutant et émouvant.
  • Les personnages classiques, parfaitement revisités.
  • L'univers dépeint.
  • Le côté western apocalyptique.
  • Les superbes planches de McNiven.
  • Les nombreux clins d'œil et références.

  • RAS.