Scalped
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Avec Scalped, l'on pénètre dans une réserve indienne de manière très... brutale !

Dashiell Bad Horse revient à Prairie Rose, réserve indienne du South Dakota, après l'avoir quittée quinze ans plus tôt.
L'homme a bourlingué et s'est endurci, des tournois de boxe illégaux du Nevada jusqu'aux opérations militaires du Kosovo, il a pris des coups et en a rendus. Après quelques rixes, il devient bientôt officier de la police tribale, une force de sécurité sous la coupe de Red Crow, un ancien activiste également président du conseil Oglala et PDG d'un casino flambant neuf.
Dash va bientôt constater que rien n'a changé.
L'endroit est toujours aussi rude, pauvre, corrompu par la criminalité, l'alcoolisme et les trafics en tout genre. Il aurait souhaité ne jamais revenir dans ce trou mais un homme a les moyens de l'y obliger.
Un homme qui connait son passé et qui a une vengeance à accomplir.

Alors Scalped, qu'est-ce que c'est ? Eh bien il s'agit d'un polar, âpre, parsemé de personnages cassés et en souffrance. Si l'on devait faire une comparaison, flatteuse, avec une série, ce serait un peu The Shield pour le côté brut et tendu.
Scalped, c'est aussi un lieu - le Dakota du Sud - que l'on a peu l'habitude de côtoyer dans les comics, d'autant qu'ici le récit a pour toile de fond les amérindiens, que ce soit au travers de leur culture ou de leurs conditions de vie, souvent peu enviables.
Le scénario est signé Jason Aaron (Wolverine, Black Panther), les dessins sont de R.M. Guéra. Graphiquement, les planches sont à l'image de l'ambiance générale : contrastées et sulfureuses. On sent le poids de la vie "peser" sur certaines tronches et la température monter lors des scènes un peu chaudes où la violence reste omniprésente.


On met un peu de temps avant de réellement rentrer dans l'histoire, peut-être parce qu'il est difficile de s'attacher immédiatement au personnage principal, sorte de brute renfermée peu amène et quasi suicidaire. Pourtant, au fil des épisodes, une intrigue complexe se met en place et le passé des protagonistes est peu à peu dévoilé, rendant le tout finalement crédible et angoissant, jusqu'au dénouement final. Si l'on ajoute à cela des dialogues percutants et une narration dynamique, l'on peut affirmer sans trop de risques que l'on est devant une œuvre réussie, maîtrisée et qui mérite de rencontrer un large public.

Attention cependant, ce titre est réservé à un lectorat clairement adulte, à l'estomac bien accroché. L'atmosphère est moite, glauque, les personnages se débattent dans un monde ultra-violent, et les auteurs n'ont rien fait pour aseptiser tout cela durant les 60 épisodes de la série : insultes, torture, sexe, drogue, le cocktail s'avère corsé, bien que tout à fait adapté au propos.
Il faut souligner l'intelligence de l'écriture d'Aaron, qui ne donne absolument pas dans le trash gratuit mais parvient à bâtir un récit mature, profond et passionnant à partir d'une matière première explosive.

D'abord publiée par Panini à partir de 2010, la série a été rééditée par Urban Comics dans une belle Intégrale (collection Vertigo Essentiels, 28 euros par tome).

Une série coup de poing, sans concession, à réserver à un public averti.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un récit qui dépasse largement le cadre du polar et se transforme en drame humain.
  • Tendu et addictif.
  • Des personnages abjects mais crédibles et fascinants.
  • Une violence non édulcorée, qui apporte un réel plus à l'atmosphère étouffante.
  • Un style graphique léché, adapté au ton de la série.

  • Sombre. Vraiment très sombre.