Collector #12 : Figurines Marvel Legends
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Voilà un moment que l'on explore les gammes de figurines, que ce soit la série "rétro" Hasbro Spider-Man, les Jada Toys ou les Super Hero Squad, pour ne citer que quelques exemples. Cette fois, on se lance dans une vaste collection consacrée exclusivement aux personnages de la Maison des Idées, avec les Marvel Legends.

Alors attention, autant vous prévenir directement, ce truc est un véritable gouffre à pognon tant il existe de modèles différents, même pour un personnage identique. Et on devient vite accro...
Mais commençons par quelques considérations techniques. Les figurines font en général 6 pouces, soit environ une quinzaine de centimètres. Elles sont articulées et présentées dans une belle boîte illustrée, qui contient souvent divers accessoires : armes, visages et mains supplémentaires, voire une partie d'une figurine tierce (à assembler en collectionnant les boîtes d'une gamme spécifique).
La finition est en général très bonne, même au niveau des visages, sauf rares exceptions. 

En ce qui concerne les personnages, on a l'embarras du choix : Fantastic FourAvengers, X-MenSpider-Family, équipes moins connues (comme les Runaways) ou seconds couteaux, tous sont présents. Dans des déclinaisons d'ailleurs variées, issues des comics, des films ou séries, mais aussi des jeux vidéo, ce qui donne un large choix de tenues. L'on va ainsi retrouver le Spider-Man à six bras (ça ne nous rajeunit pas ! cf. Amazing Spider-Man #100 à #102, par Stan Lee et Gil Kane, en 1971) ou un Wolverine version X-Force. Inutile de vous dire qu'il existe un paquet d'armures d'Iron Man également (cf. notre - gros - dossier sur le sujet). Dans les modèles mythiques, l'on peut citer un magnifique et imposant Thanos (version comics), avec notamment le fameux Gant de l'Infini, ou encore un classique mais fort réussi Thor, dans la gamme anniversaire 80 Years.

Il existe également des packs contenant plusieurs figurines (en général deux ou trois) ou une figurine seule avec un maximum d'accessoires (et en général un moyen de locomotion). Citons par exemple le pack Punisher qui comprend, en plus de la figurine de base : un visage alternatif, trois flingues, un casque, une machette, une batte de baseball et une moto !
Ça a quand même de la gueule (cf. illustrations de l'article) !

De nouveaux modèles sortent régulièrement. Dernièrement, l'on a pu voir des déclinaisons House of X de MagnetoCyclope ou Wolverine par exemple (le Magneto dans son costume blanc est franchement superbe). Et l'on peut d'ores et déjà précommander les versions Wanda Vision (la série TV) de Vision et la Sorcière Rouge (sortie prévue début juillet). Toujours dans les précommandes, l'on peut réserver un Iron Man version "intelligence artificielle" (une armure télécommandée, avec juste un hologramme de Tony Stark, à voir également ci-dessous). Une version old school réussie, mais qui n'arrivera pas chez vous avant octobre.

Niveau prix, les amis, tout cela se situe entre "bon, ça va" et "oh putain, je vais devoir vendre un rein et une couille !!". En vrai pognon, disons que, normalement, une figurine de base coûte environ entre 27 et 30 euros. Si l'on peut en trouver parfois à moins de 20 euros en neuf (c'est très rare), certaines flirtent allègrement avec les 50 balles, voire plus.
Et bien entendu, comme toujours, certains vendeurs sans scrupules proposent leurs saloperies à des prix totalement absurdes (les prix peuvent tripler, voire atteindre plus de 150 euros !). Il ne faut évidemment pas soutenir le procédé (frisant la filsdeputerie, avouons-le) qui incite certains revendeurs à précommander en masse pour ensuite faire grimper les prix en se faisant une marge de la taille du cul de la Chose, version Humberto Ramos. 

Reste à aborder LE sujet polémique, celui qui peut vous gâcher même un repas de Noël, et qui a déjà fait des millions de victimes à travers le monde (le Honduras et le Salvador ont failli repartir en guerre à cause de ça), à savoir : on déballe ou pas ? 
Et oui, c'est bien beau d'accumuler les jolis bonhommes (ou demoiselles) en tenues bariolées, mais faut-il jouer avec en les libérant de leur bel emballage ou bien les conserver, intacts et purs, dans leur écrin de lumière ? (ouais, j'en fais un peu des caisses quand même là...)
Pour ma part, même si c'est loin d'être systématique, cette collection fait partie de celles dont je garde les dignes représentants "in box". Pour différentes raisons que je me propose d'énumérer, ce qui ne veut pas dire que ce qui suit est forcément le "meilleur" choix, juste le mien.
1. De toute façon, je ne vais pas jouer avec. Même si je serais sans doute content de les avoir en main cinq minutes, qu'en faire ensuite ?
2. Comme je l'ai signalé, il y a pas mal d'accessoires et de petits machins qui ne peuvent pas tous être placés sur les figurines (mains et visages en plus, armes...), donc tout ça finirait au fond d'une boîte. Là, c'est exposé avec le reste.
3. Les figurines articulées de ce genre sont chiantes à "bien" exposer une fois déballées. Leur équilibre est souvent précaire, d'autant plus si l'on tente des poses un peu originales (si elles sont toutes dans la même position raide et identique, ça n'a pas grand intérêt).
4. Sans un décor approprié, l'effet produit par ces figurines dans une vitrine n'est pas extraordinaire non plus (ça en jette franchement plus dans les boîtes).
5. Les boîtes sont joliment illustrées et comportent même un (très bref) topo sur le perso.
À cela, il convient encore d'ajouter (même si ce ne sont pas les éléments qui ont le plus influé sur ma décision) :
6. C'est bien plus facile à nettoyer comme ça. Faire la poussière sur un truc lisse et plat, c'est quand même plus cool. Évidemment, si vous avez une copine, le problème ne se pose pas, haha (ouais, c'est une vanne sexiste, mais ça reste une vanne hein, si t'es fragile au point qu'une blague te file la chiasse, faut pas rester là, tu vas saigner du pif malheureux !).
7. Ça conserve sa "valeur". C'est la raison la plus douteuse, vu que je ne compte pas les revendre, m'enfin, c'est à signaler quand même. 

Bon, le mieux, c'est encore de jeter un œil à la sélection ci-dessous, présentant des personnages variés et plutôt bien fichus. 
Pour le reste, eh bien, à vous de voir ! 

Spider-Man à son époque "hé, j'ai pas six bras hein ! Heu... oui, si, en fait, j'ai six bras mais... tiens, et si je tentais un costume noir et vert ?"

La "sous-gamme" Gamer-Verse permet d'avoir un vaste choix d'armures.
Ouais, ben attention, il n'y aura pas toujours des vannes dans les légendes, parfois c'est juste de vraies infos.

À droite, la Tony Stark AI (IA en français... ouais, je touche un peu ma bille en trad, t'as vu ?). En précommande.

Les fameuses figurines issues de la série TV. Alors, c'est pas beau, ça ? Hmm ?

Les récentes versions House of X, avec un Magneto "de toute beauté" !! Ah, c'est con, j'arrive pas à le faire comme Éric Judor à l'écrit.

Bon, si j'étais un super-vilain emblématique, je ne suis pas certain que je me fringuerais comme ça, mais il faut dire qu'ils ont la classe
 quand même. Ah si ! C'est bien simple, depuis que je connais Fatalis, j'ai envie d'aller opprimer un peuple en Europe de l'Est. Ou même,
tu sais, au Luxembourg, pas besoin d'aller se perdre trop loin quand on peut opprimer localement. En plus, au Luxembourg ils sont quoi ? 125 ?
L'armée, ça doit être 5 petzouilles à tout casser, bon, même à mon âge, je les prends facile. Tain, si c'était pas le couvre-feu, j'irais dès ce soir !

Alors ? Sexy ou pas ? Hmm ? Ouais, carrément sexy ! Mais c'est normal, je suis sûr qu'il fait de la muscu Sentry...
 (vanne librement inspirée de Dumb & Dumber, les vrais auront reconnu).

Captain Britain, parce que son costume est classe, et Songbird, parce que visuellement, son pouvoir est cool aussi.
Alors, eux, ils n'ont pas d'accessoires, les machins bizarres en plus, ce sont des parties d'une figurine à assembler (signalée par la présence du logo
"Build a Figure", en haut à gauche, qui indique également le nom du perso à obtenir).

Un exemple de pack avec Havok et Polaris.

Le Punisher et tout son bordel, prêt à aller dépecer du trou du cul et du partisan de l'écriture inclusive
(pour info, j'ai hésité ce soir entre ce sujet sur les figurines et un article sur pourquoi l'écriture dite inclusive, c'est de la merde de demeurés incultes...
j'ai choisi les figurines, parce que l'autre sujet me faisait finalement trop chier la bite).

Le boss, la légende, le vieux briscard des familles, alias Thanos !
Regarde-moi ce petit sourire taquin !





+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un tas de personnages et de versions alternatives !
  • En général, de nombreux accessoires accompagnent la figurine.
  • Un packaging de qualité.


  • Certains personnages introuvables à prix raisonnable.
Une introduction captivante à une nouvelle ère Star Wars !
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Le premier roman de la nouvelle saga littéraire Star Wars est prometteur : nouveaux personnages, lieux et situations intergalactiques inédites, introduisant une longue histoire à venir, étalée entre romans et bandes dessinées interconnectés. Si l'ouvrage n'est pas sans défauts (on y reviendra), aucun doute que le fan de la saga étoilée sera conquis par La lumière des Jedi, porte d'entrée pensée également pour les nouveaux venus dans l'univers étendu et canonique de Star Wars. Critique du livre en vente depuis le 25 mars dernier [1].


C'est un âge d'or pour la galaxie (qui se déroule un peu plus de 200 ans avant La Menace Fantôme). La paix règne entre les planètes, le Sénat agit de concert avec les Jedi, puissants et sages Chevaliers au service d'une République bienveillante qui étend ses frontières. La gigantesques station orbitale le Fambeau Stellaire est sur le point d'être inaugurée, quartier des Jedi, relai de communication… c'est un satellite important et primordial pour la galaxie. Mais un mystérieux évènement, "la grande catastrophe" est en train de se dérouler [2] ; une menace, naturelle ou humaine, aux contours volontairement flous. Un gigantesque vaisseau est-il en train de se crasher ? Est-ce un attentat contre un astre ?

Dans l'ombre, une seconde menace prend de l'ampleur : les Nihil. Des mercenaires masqués, sans pouvoirs, "unis par un désir commun de prendre, de tuer et de dévorer". Un peu cliché sur le papier mais (heureusement) mieux exploité au fil des chapitres. Ces pilleurs sont (étonnement) des ennemis à ne pas sous-estimer, plus malins que prévus. Les Nihil sont organisés en hiérarchie bien précise : trois factions de mercenaires (Foudre, Nuage, Orage) sous l'égide d'un Maître-Tempête (il en existe trois) et tous obéissant à leur chef, L'Œil, alias Marchion Ro.

 
Face à ces dangers, les Jedi s'organisent et offrent de beaux moments de communion et de sauvetages héroïques. On en suit plusieurs tour à tour, le livre est d'ailleurs une alternance successive de points de vue de tous les personnages en plus des Jedi (comme les nobles, les ennemis ou les personnages plus neutres) à des endroits différents (rappelant par exemple la formule de Game of Thrones), le tout se déroulant sur une courte période (il s'écoule quelques jours tout au plus entre le début et la fin du roman, particulièrement bien rythmé).

On apprécie le duo de Jedi Loden Greatstorm et son Padawan Bell Zettifar (rejoints plus tard par un troisième Jedi charismatique, Porter Engle). Le maître et l'apprenti sont plus attachants que les autres Jedi, grâce à des caractéristiques propres à leur personnalité (Greatstorm a un côté taquin, Zettifar est un peu plus fragile) et de belles séquences d'action où l'on craint pour leur vie après les avoir découverts dans des scènes plus intimes. Malheureusement, le traitement des protagonistes souffre un peu d'inégalité, à part ceux mentionnés et Avar Criss (sur la couverture), difficile de réellement s'inquiéter pour les autres ou de se prendre d'affection. Faute à un manque, parfois, de description pour se les imaginer plus aisément ou les approfondir. On observe, de temps à autre, une sorte de distance entre le lecteur et eux, une certaine froideur cassant une éventuelle empathie. Quand un figurant ou un héros trépasse, on est surpris et choqué à défaut d'être ému ou attristé. Toutefois, l'on perçoit (enfin) la noblesse des Jedi en action et leur grand sens du devoir, l'appellation de Chevaliers et leur grandeur d'antan n'aura jamais été aussi précise qu'ici.

Le Maître Jedi Avar Kriss entendait le chant de la Force issu du chœur que formait le Système Hetzal dans son ensemble, la vie et la mort dans un mouvement de contrepoint permanent. C'était un air qu'elle connaissait bien pour le percevoir constamment, où qu'elle aille. Ici, la mélodie de la Force se muait en mélange dissonant de peur et de confusion. Des gens mouraient ou éprouvaient l'effroi associé à l'imminence du trépas. Et au milieu de cette mélodie, les notes des Jedi et du courageux personnel de la République, ainsi que des héroïques habitants de Hetzal, exploitant les ressources à leur disposition pour tenter de sauver les peuples de ces mondes... 

        Charles Soule, traduit par Sandy Julien et Lucile Galliot

Le fan de Star Wars connaissant un peu le fameux lore ne sera pas trop perdu. Le lecteur néophyte pourra, en revanche, essuyer quelques déconvenues quant au vocabulaire employé et à la richesse de l'univers. Si le simple spectateur des films peut retrouver quelques mots familiers (Yoda est mentionné à plusieurs reprises mais pas avant 150 pages, la planète Coruscant aussi, ainsi que Kashyyyk et ses célèbres Wookies par exemple, ou le clan San Tekka, découvert dans la postlogie), il peut aussi devoir effectuer quelques recherche pour comprendre, au hasard, ce qu'est un Weequay, une Twi'lek, le cristal kyber issu de la planète Ilum [3], etc. Rien de très grave mais la lecture, limpide dans son style, peut s'avérer compliquée tant elle mentionne énormément d'éléments. Une approche à la fois exigeante mais douée d'une écriture paradoxalement accessible. C'est dense mais agréable. Les dernières pages sont stimulantes, on ressent davantage la gravité de la situation, à grande échelle.

Qui dit nouvelle ère, dit (forcément) nouveautés. Dans La lumière des Jedi, nous sommes servis, entre les vaisseaux (les Vectors, utilisés par les Jedi, le Third Horizon, le Legacy Run, le Gaze Electric, l'Aurora III…), les lieux (le système Hetzal notamment, la Lune Fruit, le Flambeau Stellaire…), les pouvoirs de Jedi (le chant de Force : Avar Kriss perçoit la Force presque comme une composition musicale (!), cf. vidéo ci-dessous ; la "chute freinée"…) et bien sûr les ennemis avec les fameux Nihil (les Sith ne sont évoqués qu'une fois, lors d'un rappel à La Grande Guerre des Sith, événement pourtant issu de l'ancien univers canonique, devenu légende, qu'on peut donc inclure à nouveau dans l'officiel ?). Toutes ces nouveautés sont séduisantes et permettent d'apporter évidemment de l'inédit tout en restant dans un monde familier (il n'y a pas besoin de présenter grand-chose, on imagine à peu près tout correctement).


Néanmoins, c'est le revers de la médaille, à force de multiplier les lieux et protagonistes, on s'y perd parfois un peu… On aurait aimé une ou plusieurs cartes en amont du récit afin de mieux visualiser ce qui se déroule à l'échelle planétaire et la distance entre tous ces astres. De la même manière, on prend des notes (ou on retourne parcourir quelques pages déjà lues plus tôt) pour se rappeler "qui est qui" dans tous ces Jedi et mercenaires Nihil. Un index pour s'y retrouver (à défaut des concept arts) aurait été le bienvenu. On peine aussi à comprendre tout ce qui se passe de temps en temps, naviguant entre les nouveaux concepts (les Sentiers, sortes de voies secrètes pour se rendre d'un lieu à l'autre, les émergences, la Tempête, etc.) et la pluralité de points de vue qui s'enchaîne à un rythme affolant.

Ce rythme, comme déjà souligné, est redoutablement efficace dans la première des trois parties : l'énigmatique "impact" est ainsi minuté en sous-titre de chaque chapitres (3 heures avant l'impact, 60 minutes avant l'impact, 4 minutes avant l'impact…). On est proche d'un page turner (une volonté de Soule), récit haletant où l'on a guère envie de faire des pauses mais surtout de découvrir la suite après chaque fin de chapitre. Charles Soule (voir encadré) réussit sans problème son tour de Force consistant à emmener le lecteur dans sa grande aventure. Un aspect très intéressant est qu'il arrive à remettre en question par petites touches les préceptes Jedi (qui n'ont, on le rappelle, pas le droit d'être amoureux ou en couple, qui peuvent aussi contrôler mentalement des esprits, etc.). Une approche qu'on espère voir se développer dans les futures œuvres de La Haute République.

Elle le soupçonnait toutefois d'envisager d'utiliser la Force à cet instant — ce que la plupart des Jedi appelaient contact mental et que lui-même qualifiait de « manipulation » mentale. Selon lui, la formule décrivait plus honnêtement le phénomène.

[...]

Il ne souhaitait pas la mort de ces ravisseurs. Il ne voulait la mort de personne — jamais ; mais parfois, avait-il réalisé, les gens déterminaient par eux-mêmes leur fin, et il n'y avait rien, semblait-il, que lui ou même la Force puisse faire pour l'éviter. Bah, il ne fallait pas être si fataliste. Il ferait tout son possible pour sauver chaque vie à bord de ce vaisseau. Mais les innocents auraient la priorité, et la ligne entre l'innocence et la culpabilité avait été clairement franchie lorsque les Nihil avaient choisi de jeter un enfant dans le vide.

        Charles Soule, traduit par Sandy Julien et Lucile Galliot

La plume de Soule, sans être extrêmement originale (ce n'est pas un défaut, ce n'est pas ce qu'on lui demande), brille par quelques éclats de poésie de temps à autre (et avec la compréhension de son titre qui prend son sens durant la conclusion, là aussi avec une certaine élégance) et permet de se projeter aisément dans son univers. Le roman aurait gagné à être épuré de quelques pages dans la deuxième partie, un peu moins passionnante, pour se concentrer sur quelques personnages secondaires qui méritaient d'être un peu plus exploités. Après tout, nous sommes tous la République comme le martèlent les héros.

Dans tous les cas, le lecteur n'aura pas trop de mal à s'imaginer la plupart des scènes (la première partie du livre bénéficie d'un aspect très cinématographique : "J'ai essayé de faire un roman assez proche d'un possible film Star Wars" expliquait l'auteur),  d'autres seront probablement un peu plus confuses, faute à ce qu'on évoquait : énormément de noms et concepts à retenir (voire comprendre). Un côté exigeant donc, mais passionnant. Saluons le travail titanesque des traducteurs français, Sandy Julien et Lucile Galliot, signant un sans-faute côté texte (aucune coquille ou erreurs de français n'ont été repérées) !


Charles Soule est un auteur bien installé sur la licence Star Wars depuis plusieurs années. Il a notamment écrit l'excellente série de comics Dark Vador - Le Seigneur Noir des Sith (complète en 4 tomes), mais aussi Poe Dameron (6 volumes) et la sobrement intitulée Star Wars, entamée en 2020 (disponible en France en magazine pour l'instant, avant le traditionnel format librairie).
On lui doit aussi les trois comics one-shot : Obi-Wan & Anakin, Lando - Le Casse du Siècle et L'Ascension de Kylo Ren (habile extension, bien qu'un peu "surcotée", de la dernière trilogie qui dévoile une partie du passé de Ben Solo).
 
Outre Star Wars, Charles Soule a signé d'autres comics, il est passé chez DC et Marvel avec des titres assez inégaux (Swamp Thing, Green Lantern, Wolverine…), a créé sa propre série de science-fiction plutôt sympathique, Letter 44, et a écrit deux romans (inédits en France) : The Oracle Year et Anyone.
 
Il est l'un des cinq architectes de La Haute République avec Claudia Gray, Justina Ireland, Daniel José Older et Cavan Scott, tous embarqués et orchestrés depuis 2015 par Michael Siglain, directeur créatif de Lucasfilm Publishing.

En synthèse, La lumière des Jedi reste une excellente introduction à un univers encore plus vaste qu'on ne demande qu'à découvrir. Mais en résulte donc une certaine frustration, le livre se suffit certes à lui-même mais aurait peu d'intérêt indépendamment de ses futures suites, il faut donc accepter de se dire qu'il s'agit là d'une sorte de "tome 0". Sont d'ailleurs mentionnés d'autres héros en fin d'ouvrage, comme le Padawan Reath Silas, absent car embarqué dans une aventure avec deux autres Jedi (à découvrir dans En pleines ténèbres, second roman de La Haute République en vente depuis le 22 avril), mais aussi le retour de la Jedi Vernestra Roh et du Padawan Imri Cantaros (pour savoir où ils étaient, il faut se tourner vers le titre jeunesse Une épreuve de courage, lui aussi déjà disponible en rayon depuis quelque temps, ces deux livres seront prochainement chroniqués sur UMAC.) « C'est cette petite histoire [La Lumière des Jedi] qui va alors rejoindre la grande histoire de la saga » stipulait Charles Soule. Il a entièrement raison, espérons que cette nouvelle ère fera date, tant elle s'annonce excitante !

On rappelle que tous nos articles sur Star Wars - La Haute République sont compilés dans cet index.


[1] Disponible chez Pocket pour 9,50€ (au format poche donc) ou sur Kindle pour 9,99€ (on doit donc débourser davantage pour la version dématérialisée que la physique !).

[2] La première partie, La Grande Catastrophe, s'étale sur près de 150 pages et 18 chapitres et relate les événements avant "l'impact". Suit un interlude, Les Nihil, centré sur la menace du titre, puis la deuxième partie : Les Sentiers. Celle-ci propose 17 autres chapitres (230 pages environ) avant un autre interlude : Le Conseil. La Tempête est le titre de la troisième et dernière partie, proposant les chapitres 36 à 44 (100 pages) avant l'épilogue L'Ennemi, soit 500 pages environ au total.

[3] Les gamers la connaissent peut-être grâce à l'excellent jeu Star Wars - Jedi Fallen Order, où Ilum est une planète à explorer. Pour l'anecdote, le jeu vidéo est discrètement connecté au film Le Réveil de la Force puisque la base Starkiller est le résultat de la transformation d'Ilum en cette gigantesque arme destructrice. Un secret que l'on découvre uniquement si on retourne sur la planète une fois celle-ci visitée et qui permet d'expliquer pourquoi durant plusieurs décennies personne n'avait découvert la construction de Starkiller.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une longue et prometteuse "introduction" d'une nouvelle saga stimulante
  • Un excellent rythme (surtout dans la première partie)
  • Un bel équilibre pour séduire les fans de longue date et les nouveaux venus
  • Fidèle à l'univers Star Wars
  • D'intelligentes remises en cause des préceptes Jedi
  • Une foule de nouveaux protagonistes…


  • … tellement de personnages qu'on s'y perd un peu ; il manque un index pour s'y retrouver
  • Des cartes auraient été les bienvenues aussi
  • Parfois inutilement complexe
À la découverte des personnages de Star Wars - La Haute République
Par


MàJ février 2022 : un galerie illustrée de tous les personnages est désormais incluse dans les nouveaux romans et les réimpressions des précédents. Elle permet évidemment de mieux s'y retrouver et rejoint donc cet article (ci-dessus) pour ceux qui découvrent ces protagonistes a posteriori. 


 
 
Avant de rentrer dans le vif du sujet, quelques actualités récentes sur Star Wars - La Haute République, l'événement littéraire que nous vous avions présenté dans les grandes lignes dans cet article.

Les romans La Lumière des Jedi de Charles Soule (Pocket) ainsi que Une épreuve de courage (chez Hachette Jeunesse/La bibliothèque verte) sont en vente depuis quelques semaines (la critique du premier arrive demain sur UMAC). En pleines ténèbres est aussi disponible depuis quelques jours. Panini Comics a confirmé publier les bandes dessinées liées à La Haute République ; on en parlait dans cette annonce et depuis l'éditeur a communiqué que le format de publication (trois comics de deux chapitres) sera proposé dans un autre plus classique dans un second temps (probablement fin 2021), à savoir la compilation des six chapitres du comic book en un seul volume complet.


Aujourd'hui, nous vous présentons les concept-arts et descriptifs officiels des personnages qui gravitent autour de cette nouvelle saga. Si vous êtes en train de lire La Lumière des Jedi, ce guide peut vous être utile pour s'y retrouver entre les nombreux protagonistes (parfois moyennement imagés), dans leur ordre d'apparition.

Pour rappel tous les articles sur Star Wars - La Haute République sont référencés dans cet index dans la section Dossiers du site.

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Avar Kriss est la première Jedi à apparaître dans le roman La Lumière des Jedi (fin du chapitre trois) Elle est aussi au premier plan sur la couverture du livre.

Avar Kriss est le meilleur exemple d'un Jedi brillant et noble. Elle essaie toujours de voir le positif en chaque personne et dans chaque situation, et ne se met jamais en avant. Elle est revigorée par la vie à la frontière de la galaxie et les défis que cela amène, et c'est une inspiration pour tous ceux qui travaillent avec elle. Elle est compatissante et toujours prête à se sacrifier pour les autres. Avar Kriss est la meilleure des meilleurs.

Loden Greatstorm est mentionné (toujours dans le même roman, il est tout à droite sur la couverture) peu après Avar Kriss. Ce maître Jedi est accompagné de son Padawan Bell Zettifar.

Loden Greatstorm est un Maître Jedi Twi'lek, estimé comme l'un des meilleurs professeurs de l'Ordre Jedi. Puissant et sage, doté d'un bon sens de l'humour, Loden considère chaque instant comme une expérience enrichissante, essayant toujours de s'améliorer et de faire progresser ceux qui l'entourent, particulièrement ses Padawans.

 
Comme évoqué, Bell Zettifar débarque au même moment que son Maître Loden.

Bell Zettifar est l'apprenti du légendaire Loden Greatstorm. […] Bien que les conditions soient rudes, Bell passe la majeure partie de son temps à s'entraîner. Le futur Jedi est accompagné de son animal, Ember, un « carbocanin » (si cette bête est bien présente dans le livre, elle n'appartient pas (encore ?) à Bell, peut-être que le concept a évolué entre-temps).

Le Jedi Stellan Gios est lui aussi mentionné dans le roman dans la foulée des trois précédents protagonistes. Attention, ce n'est pas lui qui est à côté d'Avar Kriss sur la couverture (il s'agit d'un autre Jedi humain : Elzar Mann, qui intervient peu après).

Stellan Gios est un Maître Jedi optimiste et très respecté. Il est arrivé au sein de l'Ordre avec Avar Kriss et bien qu'ils soient souvent assignés à des missions différentes pour les Jedi et la République, lorsqu'ils travaillent ensemble, ils forment une équipe puissante de deux nobles héros.

D'autres Jedi, plus secondaires, sont de la partie (Nib Assek, Te'Ami, Mikkel Sutmani…) mais n'ont pas bénéficié de concept arts officiels. En revanche, le Padawan de Nib Assek y a droit : Burryaga Agaburry.

Burryaga est l'un des rares Wookies qui ait quitté les forêts luxuriantes de Kashyyyk pour étudier dans les majestueux halls du Temple Jedi de Coruscant. Bien qu'il soit doué avec son sabre laser à deux mains, c'est sa capacité naturelle à aisément ressentir les émotions des autres qui fait que Burryaga est à part des autres membres de l'Ordre. Burryaga a pour Maître le Jedi Nib Assek, qui a appris le Shyriiwook (langue natale des Wookies) afin de pouvoir enseigner correctement à son apprenti les voies de la Force.

 

Sskeer apparaît dans Les lumières des Jedi mais sera nettement plus présent dans les comics La Haute République.

C'est un  maître Jedi Trandoshan grognon et opiniâtre qui est en service depuis très longtemps. Il est loyal, honnête et va toujours dire ce qu'il a l'esprit… mais il cache un secret qui le déchire de l'intérieur.

 

Lina Soh est la grande Chancelière de la République et est accompagnée de ses deux félins Matari et Voru. Elle a de vastes projets pour la République et est, entre autres, à l'origine de la création du Flambeau Stellaire.

 


Les Nihil et leur chef « L'Œil », alias Marchian Ro. Des mercenaires sans foi ni loi qui sont plus organisés et malins qu'il n'y paraît. Il s'agit des nouveaux adversaires des héros, une menace sérieuse à ne pas prendre à la légère… Organisés en factions, ils sont au cœur du roman La lumière des Jedi.

 



Le Flambeau Stellaire est une immense station spatiale, à la fois QG des Jedi, lieu de rendez-vous diplomatiques et symbole qui illustre la volonté de la République de relier les systèmes entre eux.

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Les personnages ci-après seront au centre des autres œuvres littéraires liées à La Haute République. Certains sont mentionnés très rapidement à la fin de La lumière des Jedi et leurs aventures sont à découvrir, entre autres, dans les livres Une épreuve de courage et En pleines ténèbres, ainsi que le comic du même titre prévu en mai 2021 en France.

 

Le Padawan Reah Silas est timoré, il préfère se plonger dans les livres que l'aventure mais lui et son maître Jora Malli ont une mission à accomplir sur le Flambeau Stellaire (à découvrir dans En pleines ténèbres).



 
Orla Jareny est une Jedi qui manie un sabre laser à double lame ! Elle croise la route de Reah Silas. C'est une Wayseeker, un nouveau statut créé pour La Haute République, qui permet à Orla d'agir en marge du Conseil Jedi…



Leox Gyasi est un humain, pilote de vaisseau. Selon sa créatrice Claudia Gray, il n'est pas inspiré de Han Solo mais de l'acteur… Matthew McConaughey.



Vern Rwoh est une Mirilan, nouvelle Chevalier Jedi, ancienne Padawan de Stellan Gios. Elle travaille dur et est dévouée à l'Ordre Jedi, plus que la plupart des personnes de son âge (seize ans !). Elle est au cœur d'Une épreuve de courage avec Imri Cantaros. 

 
 
Keeve Trennis débarque aussi dans Une épreuve de courage mais est surtout au centre des comics La Haute République, accompagnée notamment de Sskeer.

Keeve Trennis est une jeune Jedi, dont on dit qu'elle a un grand futur devant elle, encore faudrait-il qu'elle y croit. Vive d'esprit et plus impulsive qu'elle ne devrait l'être, Keeve est une Chevalier Jedi depuis quelques semaines seulement et se retrouve un peu éblouie par Avar, sachant toutes les grandes choses que celle-ci a accomplies par le passé. Elle est déterminée à faire ses preuves auprès d'Avar et des autres Jedi légendaires stationnés à bord du Flambeau Stellaire, mais elle doit tout d'abord apprendre à se faire confiance autant qu'elle a confiance en la Force.

Lula Talisola apparaît dans les bandes dessinées jeunesse The High Republic Adventures, prévue en automne 2021 en France. C'est une Padawan très douée qui a hâte de devenir Chevalier Jedi et qui connaît tout de l'Ordre Jedi.

Lily Tora-Asi est l'héroïne du manga The Edge of Balance (on ignore à ce jour s'il va être traduit et proposé à la vente en France). Stellan Gios sera aussi de la partie dans son histoire, la montrant vivre dans un avant-poste Jedi.
 
 

Autres nouveaux ennemis : les Drengir, êtres informes et inquiétants, remplis de tentacules et de dents.
 
Alors que les Jedi luttent pour faire face aux conséquences de la Grande Catastrophe, une nouvelle terreur larvée surgit du sol. Les Drengir sont des êtres végétaux intelligents qui cherchent à récolter une terrible moisson à travers les frontières de la galaxie.




Pour terminer, l'indémodable Yoda, seule figure familière de La Haute République, un brin plus jeune que dans la prélogie ! Cette dernière se déroule plus de 200 ans après les événements de La lumière des Jedi : rendez-vous demain pour la critique de ce roman !

Jinty : The Land of Tears & The Human Zoo
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Rien que d’imaginer une bande dessinée destinée aux filles, sourires au coin et clichés se bousculent : de la romance, des animaux adorables, des histoires naïves, des rebondissements plan-plan.... en résumé, un a priori négatif. En voilà une grave erreur ! Oui, il existe des romances bien troussées, des histoires mignonnes palpitantes ; tout est une question d’écriture. Mais la bande dessinée destinée aux adolescentes peut aussi s’écarter de ces balises pour proposer autre chose. Avec Jinty, les lectrices britanniques des années 70 ont eu le plaisir de se divertir devant des BD pleines d’action, d’aventure, dans des univers de science-fiction, fantastiques, et sans une pointe de romance ! L’amitié, la force, le courage et d’autres valeurs sont mis en avant. Leur point commun : les héroïnes en bavent pour survivre au milieu d’extrêmes difficultés. Et les événements sont parfois cruels.

Jinty fait partie de cette famille de magazines de BD britanniques créées dans les années 70, comme l’horrifique Misty. Il s’agit d’un hebdomadaire comprenant plusieurs histoires à suivre et quelques récits complets, brassant scénaristes et dessinateurs, au milieu d’un rédactionnel plus traditionnel (courrier des lectrices...). Imprimées sur du papier journal, les planches étaient majoritairement en noir et blanc, avec quelques exceptionnelles bichromies. Robots, magie, occultisme, extraterrestres, changement climatique et bien d’autres thèmes classiques de la SFFF font tout le sel des aventures. Néanmoins les histoires se concluaient à peu près bien.
Ce recueil de 112 pages Jinty : The Land of Tears & The Human Zoo, en langue anglaise, publiée par Rebellion compile l’intégralité de deux fictions dont la première est écrite par l’increvable Pat Mills et dessinée par Guy Peeter. Quant à la seconde, Malcom Shaw se charge du script, toujours sous les traits de Guy Peteers. Deux scénaristes que l’on retrouve aussi chez Misty.

Le contenu de ce recueil ne critique en rien la vie des adolescentes de cette époque. Comme les auteurs ne s’attardent pas dessus, puisque l’aventure démarre vite, ça reste anecdotique et assez vague pour que quiconque puisse s’en emparer et s’y projeter. Par contre, ils emploient le prisme de la science-fiction pour faire passer des messages ouvrant les lectrices à la discussion sur des sujets qui ne les auraient peut-être pas intéressées de prime abord : classer les humains selon des critères de qualité ou les traiter comme du bétail, le fanatisme... il y a matière à réflexion et à une bonne frayeur pour le public ciblé.

The Land of Tears

Une adolescente, Cassy Shaw va voir son monde basculer sur la table d’opération ! Ses parents ont trouvé le moyen de la soigner. Mais elle refuse de perdre son statut d’être à part : elle qui boite depuis sa naissance et souffre des quolibets de ces camarades, tire parti du handicap pour jouer des tours et se faire plaindre.
La voilà catapultée dans le futur, où elle découvre avec effroi que les êtres sont classés par catégories : les Alphas, des humains parfaits (forts, intelligents et refusant de montrer la moindre émotion) et les Gammas, des êtres de seconde zone, qui ont des tares. Cela va du port de lunettes, aux dents de travers, en passant par des difformités plus graves. Cassy sera la tête de Turc de Perfecta, une frigide Alpha. Au cœur de la "ruche", un pensionnat où en tant que Gamma, elle est traitée comme une esclave, elle doit faire le ménage, manger les restes des Alphas, partager un dortoir misérable à plusieurs. Chaque ruche est chapeautée par une mère "parfaite", qui n’est pas la génitrice des enfants. Ce sont des femmes sévères, dures et froides. Incorporée dans cette nouvelle société malgré elle, notre héroïne va s’armer de courage pour montrer que les Gammas ne valent pas moins que les Alphas lors d’une compétition sportive. Sa ténacité sera son atout.

Pat Mills réussit à construire un personnage, Cassy, qui apparaît gâtée et manipulatrice au début de l’histoire avant d’évoluer et de susciter la sympathie des lecteurs devant la montagne d’épreuves qu’elle endure. Son écriture rend compte du caractère adolescent avec la maturité qui accompagne cet âge. Il offre aussi une version abrégée, édulcorée et rajeunie du Meilleur des Mondes, le classique SF d’Aldous Huxley. On y retrouve, entre autres, cette même humanité froide et compartimentée. Quelques scènes horrifiques ponctuent les péripéties, comme celle du bébé et de sa nurse robot.


The Human Zoo
 

Shona Lewis (cheveux longs) et sa sœur jumelle Jenny (cheveux courts) sont kidnappées lors de leur retour en bus scolaire par des extraterrestres humanoïdes télépathes. Ceux-ci récoltent des spécimens pour alimenter zoos, parcs, animaleries, chasses... Arrivées sur la planète aux deux soleils (elle n’aura jamais de nom), les jumelles, ainsi que tous les autres humains et mammifères terrestres, se voient poser un collier de servitude. Lorsqu’une action est considérée comme inadéquate par les autochtones, hop, une décharge électrique.
Les deux sœurs ont une vision différente du monde : le sort des animaux touche Shona, pas Jenny. Mais les deux jeunes filles seront séparées : la plus docile restera dans le zoo, l’autre sera emmenée afin de servir d’animal de compagnie pour une enfant télépathe, Tamsha, avec laquelle elle tentera de nouer des liens. Il lui sera difficile de se faire comprendre alors qu’elle est considérée comme une créature "inférieure" et stupide.
Les idées pullulent et toutes ne sont pas exploitées à leur juste valeur. Pêle-mêle : l’expérimentation animale, les militants des droits des animaux, la moralité des zoos, devenir par inadvertance un dieu pour les terriens qui ont échappé à la captivité... Après cette surenchère de péripétie, la fin s’avère abrupte et facile. Dommage.

Malcom Shaw présente une race humanoïde qui a tout misé sur l’évolution technologique, puisqu’elle voyage dans l’espace, dispose de véhicules aéroportés et divers appareils étonnants. Cependant, ces représentants assimilent les sentiments à un comportement primal. Quant au respect des autres créatures vivantes, ça semble être le cadet de leurs soucis ; s’il n’y avait pas des manifestants qui alertent sur le traitement que subissent les bêtes, cela ne leur ferait ni chaud, ni froid. Mais le récit, trop court, ne permet pas de développer en profondeur cette civilisation : impossible de savoir s’il existe des lois liées aux animaux, ou depuis quand ils voyagent dans l’espace, etc. Le plus délirant sera de découvrir la différence de traitements, vers la fin, entre les humains et les animaux récupérés sur la Terre. Beaucoup d’autres détails indiquent qu’en voulant en mettre trop, sans jamais creuser (découpage en épisodes oblige), des maladresses scénaristiques demeurent : les extraterrestres emploient des bêtes de somme et des mineurs...

L’édition de Rebellion, grand format 21 x 27,5 cm, tout en noir et blanc, propose un fac-similé des planches parues dans les magazines, la faute à des originaux qui n’ont pas été conservés. Le trait de Guy Peteers apparait parfois bouché et baveux. Quant à la couverture souple, elle s’avère très fragile. La reliure collée et le papier à l’intérieur sont par contre corrects.
Guy Peteers s’est impliqué sur les deux histoires, gardant une unité graphique au recueil. Personnages et décors sont dessinés de manières semi-réalistes. Chaque élément est fonctionnel, reconnaissable, et ne s’embarrasse pas de fioritures.

L’emboîtement en puzzle des cases crée des planches qui semblent tout à fait bordéliques, mais qui s’avèrent lisibles ; elles sont denses, déstructurées, tordues comme les récits.
Les dialogues, pensées et légendes sont habilement disposés et empiètent peu sur les détails cruciaux et signifiants. Un nombre important d’informations occupent les pages ; tout va à l’essentiel. Découpées en courts épisodes, les histoires exploitent une surenchère d’événements incroyables et dramatiques, sans aucun temps mort. Les héroïnes sont peu bavardes, mais elles pensent énormément, expliquant et émettant des hypothèses sur ce qu’elles vivent. La science-fiction employée est rudimentaire et ne va pas exposer des concepts compliqués ni se perdre en élucubrations. The Land of Tears et The Human Zoo se rapprochent plus d’un conte ou d’une fable.

Avec son charme désuet, ce recueil Jinty s’avère passionnant à lire, loin des histoires déjà vues dont on abreuve les filles. Ce pendant SF de Misty permet de découvrir les vastes possibilités d’une bande dessinée britannique trop vite disparue.
Une tentative honorable de rendre abordable des concepts issus de la SF pour un public adolescent. Si le contenu de ce recueil était destiné en priorité aux jeunes filles, il peut être apprécié par n’importe qui.

Disponible sur le site de l'éditeur.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Des récits foisonnant de péripéties.
  • Des personnages débrouillards malgré les difficultés.
  • Un graphisme qui dégage un certain charme.
  • Une curiosité britannique.


  • Couverture "cheap".
  • Disponible uniquement en anglais.
  • Des concepts parfois un peu trop survolés.
  • Des fins trop.... gentilles.