Publié le
30.9.20
Par
Nolt
Nouvel article dédié au vaste monde des figurines Saint Seiya. Après la gamme Anime Heroes, nous nous intéressons cette fois à une collection un peu plus ancienne : les D.D. Panoramation.
Alors, tout d'abord, présentons un peu les spécificités de cette gamme, dont les premiers modèles sont sortis en 2016. Il s'agit de figurines d'une dizaine de centimètres, accompagnées d'accessoires et d'éléments de décor. Les armures sont fixes (sauf certains éléments, comme les casques), il n'y a donc pas de possibilité d'avoir une version totémique de l'ensemble. Par contre, visuellement, ces figurines sont franchement magnifiques : bonne finition au niveau des visages ou des vêtements (avec même parfois un côté plus réaliste que les Myth Cloth, notamment grâce à la présence de "plis" sur les vêtements), belles armures certes en plastique mais avec un effet métallique très convaincant, et de bonnes possibilités de poses, les figurines possédant 15 points d'articulations.
Autant l'avouer, personnellement, c'est la collection Saint Seiya que je préfère, pour différentes raisons. Tout d'abord, la taille (qui sera sans doute un frein pour certains) me semble idéale (notamment si l'on souhaite constituer un diorama sans pour autant condamner la moitié d'une pièce). Le fait que l'armure soit fixe est aussi, selon moi, un réel avantage (je n'apprécie pas vraiment le côté "montage", encore moins quand des pièces se cassent la gueule sans cesse). Mais, évidemment, ces deux aspects peuvent aussi constituer des défauts si vous recherchez au contraire le côté "grande taille" et "armure amovible".
Par contre, dans les points positifs qui devraient mettre tout le monde d'accord, citons la qualité de réalisation des figurines (en gros, ce sont de mini Myth Cloth), les accessoires et les décors. Voyons plus en détail ces deux derniers points.
Pour les accessoires, outre les habituels visages et mains alternatifs, l'on va retrouver divers éléments, comme des épées, des effets visuels pour reconstituer les attaques ou même de petits personnages supplémentaires (le vieux maître, Saori bébé...).
En ce qui concerne les décors, ceux-ci sont inspirés des différentes Maisons des chevaliers d'or et peuvent se connecter entre eux (pour permettre de reconstituer le sanctuaire, carrément !). Bon, contrairement aux figurines, les décors sont cheap et font très "plastoc", mais il n'est pas interdit de les customiser (une fois repeints, ils sont franchement superbes, et si ça demande sans doute un peu de talent, ça reste plus aisément modifiable qu'une figurine et ses petits détails).
Le but de la gamme étant clairement de reconstituer des scènes classiques de l'anime, l'on peut donc ajouter des effets sur les décors, ou même maintenir la figurine grâce à un système de fixation pour les poses aériennes. Évidemment, les supports nécessaires pour ce genre d'acrobaties sont transparents mais pas invisibles, donc ils ne seront pas au goût de tout le monde, m'enfin, ils ont le mérite d'être présents (vous pouvez en voir quelques-uns dans les photos de cet article).
Enfin, il existe également une statue d'Athéna, vendue à part, et même la fameuse horloge du sanctuaire (dans la boîte Athéna, qui comprend également des gardes). Tout cela (bien) assemblé finit par faire son petit effet.
Abordons maintenant le gros point négatif de cette gamme... elle n'est pas complète ! Apparemment, la collection n'a pas rencontré un gros succès et Bandai l'a stoppée (enfin, elle est officiellement "en pause", mais on sait ce que cela veut dire en général). Du coup, non seulement on n'a pas de Marinas, de Guerriers Divins ou de Spectres, mais, pire encore, il manque des Gold et des Bronze (à l'heure actuelle, Hyoga, Aldébaran ou encore Mû sont aux abonnés absents). Snif...
Petite lueur d'espoir cependant, il semblerait (semi-info à prendre avec prudence) qu'une boîte tierce (dans le genre de celles qui font les versions pirates des Myth Cloth) bosse sur la suite, avec des figurines sans décor. Espérons que ce soit réellement le cas, même si le principe demeure gênant (en même temps, avec des prix absurdes, ou en ne terminant pas ses collections, Bandai n'aide pas les collectionneurs à rester sur le "droit chemin"). Après quelques recherches, je suis tombé sur une figurine de Camus vendue en Espagne, avec un totem et certaines pièces en métal (ce qui est déjà très différent de la gamme d'origine) le tout pour 60 euros, ce qui dépasse le prix plafond que je me suis fixé. Mais bon, à voir... Les seules figurines que j'ai pu trouver sur un site chinois étaient non seulement des modèles officiels déjà disponibles, mais en plus hors de prix.
Passons à la question épineuse du prix justement. Avec un peu de patience, ces figurines peuvent se trouver, d'occasion mais en excellent état, avec boîte et notice, pour environs 25 euros pièce, port compris. Plus souvent, celles-ci seront proposées entre 30 et 50 euros, ce qui reste encore envisageable. Et puis, il y a les tarés, qui proposent ça à des 80, 100 euros, voire beaucoup plus. À vous de voir, mais clairement il n'est pas souhaitable d'encourager de tels abus. N'oublions pas non plus qu'une figurine ne vaut pas nécessairement 1000 euros sous prétexte que quelqu'un la vend à un tel prix ou qu'elle est difficilement trouvable.
Bref, une collection vraiment intéressante mais incomplète, de superbes armures mais des décors manquant de textures, et des prix très variables font que ce qui est clairement un coup de cœur personnel pourra en rebuter certains.
Une alternative intéressante, en tout cas, aux Myth Cloth si onéreuses et encombrantes.
Comme toujours, faites-vous plaisir si possible sans enrichir de manière abusive les spéculateurs, c'est aussi comme ça que l'on maintient des prix abordables et que l'on permet à notre passion de ne pas nourrir la cupidité de certains profiteurs.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
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Publié le
28.9.20
Par
GriZZly
Vingt-cinq gamins ont toujours vécu enfermés en sous-sol.
Ils s'organisent en trois bandes rivales.
Au bout de 17 ans, ils sortent et découvrent un monde inconnu et apparemment désert.
Il va falloir survivre, créer une nouvelle société...
Ils s'organisent en trois bandes rivales.
Au bout de 17 ans, ils sortent et découvrent un monde inconnu et apparemment désert.
Il va falloir survivre, créer une nouvelle société...
Parfois, on reçoit une BD et on la sent bien... très bien. On regarde la couverture et on se dit : "Ah, le dessin est sympa, moderne, vaguement manga, vaguement comics, un trait qui me fait un peu penser à celui de Pierre-Mony Chan dans Cross Fire par exemple. Les couleurs sont belles et bien choisies, avec ce bleu froid sur fond blanc détourant une mâchoire monstrueuse, avec cette fille dont la blondeur crée une sorte d’œil chaud à l'ombre menaçante dessinée par le reste... Ouais, les éditions Soleil me parlent, là, c'est quoi, cet album ? "Enemy" ? Connais pas. Tome 1 ? Ah ben logique, alors. Ange et Savarese ? Ange à l'écriture avec de tels dessins ? "Oh, toi, BD, je vais te lire !". Oui, je m'en dis, des trucs, moi, face à une première de couv' !
Est-il besoin de vous parler d'Ange ? Ce nom d'auteur est un mot-valise constitué des premières lettres de deux prénoms : Anne et Gérard Guéro. Et Anne et Gégé, ils écrivent. Beaucoup. Énormément (sans déconner, regardez leur fiche Wiki...). Et souvent, c'est bon, voire très bon. Comment ça, c'est subjectif ? Ah oui... Je veux dire : j'aime bien. J'aime bien parce que c'est bon, voilà... Ben quoi ? Eh bien Ange a/ont écrit la BD de cette chronique.
Et qui dessine ? Ornella Savarese. Vous ne connaissez pas son trait ? Eh bien, elle a bossé sur le tome 4 de Animosity et le tome 29 de La Geste des Chevaliers-Dragons... mais cette fois, elle fait tout toute seule. Et les couleurs aussi, s'il vous plaît. Visuellement, Enemy, c'est son bébé. Et c'est un joli bébé, les amis.
Alors accueillons ce nouveau-né. Je suis très optimiste : les parents ont un patrimoine génétique on ne peut plus prometteur !
Pas de lenteurs à craindre avec cet album : dès le début, nous voyons des gosses collaborer pour sortir d'un espace confiné qu'ils ont longtemps cru être l'univers entier, où ils vivaient seuls avec des montres qu'ils appellent démons.
Au bout de quelques pages, les voilà devant la réalité : le dehors existe, l'univers est immense et l'abri qui les a vus grandir se situe au sein d'une grande ville ravagée par une guerre qui éclata dans leur plus jeune âge.
Les trois clans de jeunes gens (deux clans guerriers et un clan scientifique en sous-effectif) vont alors essayer de trouver comment réorganiser leur vie dans un monde immense et potentiellement hostile. Un monde dans lequel il est bien angoissant d'être seuls... mais où l'on redoute plus encore de ne pas l'être !
Souvent, de brefs flash-backs permettent de situer les personnages ou d'amener des explications utiles (comme la façon dont ils acquirent leur langage et leurs connaissances via des "roboéducs").
C'est rythmé, dynamique, intéressant, les personnages sont bien caractérisés. Parlant des personnages, on a une leader née, un scientifique athée très pragmatique et un guerrier fanatique en guise de protagonistes principaux.
Oui, un guerrier fanatique. Car les enfants se sont créés une religion, au sein de leur abri. Et l'un des clans, plus bigot que les autres, a bien du mal à adapter ses croyances à leur nouvelle vie et aux enjeux que cela augure.
D'ailleurs, le credo de l'abri, celui qui rythme leurs prières, est régulièrement scandé tout le long de la BD, aidant à se mettre dans l'ambiance doctrinaire du petit groupe de jeunes et permettant aussi de rythmer le récit. De ce fait, les réactions des plus croyants peuvent nous sembler moins absurdes, tant on comprend la place que la religiosité tenait dans leur vie.
On n'a pas là un récit de hard SF, à mon sens, c'est plutôt un récit d'aventure initiatique dans un contexte de science-fiction. Ça peut expliquer la légèreté avec laquelle certaines questions techniques sont traitées mais ça ne nuit en rien à la qualité du tout ni à notre immersion.
Je sens du potentiel dans cette série qui, comme vous le prouvera la dernière page, ne craint pas de chambouler son lectorat. C'est facile à lire mais pas futile. C'est amusant mais pas léger. Et j'espère ne pas me tromper mais je vois poindre une possible lecture allégorique qui, si elle est confirmée, me poussera plus tard à vous la recommander plus chaudement encore.
C'est du tout bon Soleil. Et c'est à mon sens une entrée en fanfare d'Ornella Savarese dans la famille des auteurs talentueux de cette maison d'édition ayant déjà eu l'opportunité d'illustrer les fruits de l'imagination d'Anne et Gérard Guéro. Encouragez cette nouvelle série, achetez ce tome. Je veux connaître la suite, je veux comprendre ce monde et ses mystères. Je veux voir ce qu'Ange réserve à ces gosses et je veux voir le trait de cette dessinatrice s'épanouir dans cet univers propice à tant de surprises !
Publié le
26.9.20
Par
GriZZly
Salut, bande de pieds-tendres. Ce n'est pas la première fois que je vous parle ici du travail du Label 619, dont les ouvrages sont édités par Ankama. On a déjà abordé certains volumes de DoggyBags, leur collection de recueils de récits que je qualifierais de "hard pulp", si toutefois ça veut dire quelque chose.
Avec Horseback 1861 - Unleashed States of America, pour la première fois à ma connaissance, ils sortent un album avec une couverture rigide et ce sont Hasteda et Nikho qui s'y collent.
Ces derniers développent un western uchronique dans lequel les négociations de New Echota de 1836 auraient tellement mal tourné qu'elles auraient provoqué la révolte des tribus peaux-rouges et la création d'une nation indienne. Oui, vous l'aurez compris : ça ne se passe pas vraiment dans notre univers... uchronie, on vous dit !
Ces derniers développent un western uchronique dans lequel les négociations de New Echota de 1836 auraient tellement mal tourné qu'elles auraient provoqué la révolte des tribus peaux-rouges et la création d'une nation indienne. Oui, vous l'aurez compris : ça ne se passe pas vraiment dans notre univers... uchronie, on vous dit !
Le scénario se déroule quelque temps après l'assassinat d'Abraham Lincoln. Le chasseur de primes de légende Redford J. Randall a depuis peu raccroché son tablier (j'aurais pu écrire "raccroché son holster" mais c'est loin d'être le cas... alors disons "raccroché son tablier", même si le bonhomme n'est pas du genre à cuire des pâtisseries).
Enrichi grâce à ses talents de bounty hunter, Randall a décidé d'investir dans sa propre société de convoyage ultra sécurisée : la Randall Delivery (parce que ça pète plus que FedEx et que Tom Hanks n'était pas disponible).
Enrichi grâce à ses talents de bounty hunter, Randall a décidé d'investir dans sa propre société de convoyage ultra sécurisée : la Randall Delivery (parce que ça pète plus que FedEx et que Tom Hanks n'était pas disponible).
On découvre vite l'équipe de convoyeurs qu'il assemble (car "savoir s'entourer, c'est la clé"). Imaginez une sorte d'A-Team version western uchronique au casting dirigé par Tarantino et vous serez dans le vrai.
- Redford J. Randall lui-même est bien entendu le chef de cette fine équipe. L'homme est encore habile avec un six coups mais est rongé par une tuberculose à un stade assez avancé.
- Marathon, surnommé Mara, est un esclave noir en fuite faussement affranchi accompagné d'une hyène plus ou moins domestiquée et étrangement baptisée Bain-Marie.
- Daniel "Riff" Lockwood a choisi une vie d'aventures le jour où, jeune apprenti cowboy, il sauva un indien accusé à tort d'une mort certaine.
- Isiban est cet indien sauvé du lynchage par Lockwood. Lockwood et lui sont des fugitifs depuis ce jour. L'énigmatique colosse amène à l'aventure un brin de mysticisme et d'ésotérisme.
- Marathon, surnommé Mara, est un esclave noir en fuite faussement affranchi accompagné d'une hyène plus ou moins domestiquée et étrangement baptisée Bain-Marie.
- Daniel "Riff" Lockwood a choisi une vie d'aventures le jour où, jeune apprenti cowboy, il sauva un indien accusé à tort d'une mort certaine.
- Isiban est cet indien sauvé du lynchage par Lockwood. Lockwood et lui sont des fugitifs depuis ce jour. L'énigmatique colosse amène à l'aventure un brin de mysticisme et d'ésotérisme.
- Jackie Randall, quant à elle, est le fils manqué de Redford. Rouquine au caractère bien trempé, elle travaille pour son père et nourrit avec lui une complicité évidente.
Pour la mission que l'on suit, la Randall Delivery se voit chargée par un membre du gouvernement de livrer des caisses d'engrais jusqu'en Californie. Mais dès le début, Isiban a de très mauvais pressentiments et fait part de son manque d'enthousiasme à l'idée de livrer "du mauvais engrais".
La mission est acceptée malgré tout mais force est de constater que l'indien avait on ne peut plus raison : entre péripéties et complications, traquenards et complots, bagarres et fusillades, le trajet sera des plus périlleux.
La mission est acceptée malgré tout mais force est de constater que l'indien avait on ne peut plus raison : entre péripéties et complications, traquenards et complots, bagarres et fusillades, le trajet sera des plus périlleux.
Le scénario de cette BD au final assez cinématographique est signé Hasteda, qui est un habitué des collaborations avec le label... On lui doit déjà de courtes histoires dans les DoggyBags 7, 9 et 11 mais aussi, de façon plus marquante, le one shot Mapple Squares que je vous recommande si vous avez envie de voir ce que deviendrait X-Files si le scénario et la réalisation étaient confiés à une équipe de gars talentueux mais accro aux films gores et aux ambiances malsaines.
Au final, il nous livre ici un road movie western uchronique testostéroné qui, malgré cette classification plutôt exotique, s'avère assez classique.
Au dessin, on trouve Nikho qui a visiblement, sur la toile (oui, je continue à lire les critiques de collègues de-ci de-là avant de rédiger mes chroniques) un paquet de fans enthousiastes. Le gars est un illustrateur à la patte très personnelle. Il s'est fait connaître en gagnant le concours Jeune Talent de la ComicCon de Paris en 2017. Après avoir participé à la réalisation de courts métrages d'animation et travaillé sur des jeux vidéo, le voilà qui signe sa première bande dessinée complète avec un nombre de planches assez conséquent.
Alors oui, il a une patte bien à lui. Il joue beaucoup sur l'épaisseur de son trait, sur des plans rappelant les westerns spaghetti et un mélange de figuratif et de suggestif. Oui, ça colle à la perfection au Label 619. Mais oui, c'est malgré tout une première BD et, par moment, ça se fait sentir. Il y a chez lui une certaine irrégularité dans le dessin, tantôt fouillé, tantôt minimaliste, tantôt précis, tantôt violant les règles les plus basiques des proportions... Mais l'ensemble est agréable si l'on accroche à son style.
La mise en couleurs tantôt criarde, tantôt quasi monochrome n'est aucunement réaliste mais est davantage à considérer comme participant du dessin. Il est fréquent, par exemple, que l'avant-plan soit entièrement bleu pour laisser le second plan, en couleurs plus chaudes, se détacher de la case. C'est amusant de voir reparaître dans un western aussi moderne cette technique que j'ai rencontrée pour la première fois, enfant, dans les premiers albums de Lucky Luke...
Au dessin, on trouve Nikho qui a visiblement, sur la toile (oui, je continue à lire les critiques de collègues de-ci de-là avant de rédiger mes chroniques) un paquet de fans enthousiastes. Le gars est un illustrateur à la patte très personnelle. Il s'est fait connaître en gagnant le concours Jeune Talent de la ComicCon de Paris en 2017. Après avoir participé à la réalisation de courts métrages d'animation et travaillé sur des jeux vidéo, le voilà qui signe sa première bande dessinée complète avec un nombre de planches assez conséquent.
Alors oui, il a une patte bien à lui. Il joue beaucoup sur l'épaisseur de son trait, sur des plans rappelant les westerns spaghetti et un mélange de figuratif et de suggestif. Oui, ça colle à la perfection au Label 619. Mais oui, c'est malgré tout une première BD et, par moment, ça se fait sentir. Il y a chez lui une certaine irrégularité dans le dessin, tantôt fouillé, tantôt minimaliste, tantôt précis, tantôt violant les règles les plus basiques des proportions... Mais l'ensemble est agréable si l'on accroche à son style.
La mise en couleurs tantôt criarde, tantôt quasi monochrome n'est aucunement réaliste mais est davantage à considérer comme participant du dessin. Il est fréquent, par exemple, que l'avant-plan soit entièrement bleu pour laisser le second plan, en couleurs plus chaudes, se détacher de la case. C'est amusant de voir reparaître dans un western aussi moderne cette technique que j'ai rencontrée pour la première fois, enfant, dans les premiers albums de Lucky Luke...
J'étais impatient de lire cet album. Le début, étrangement, m'a refroidi. Mais plus j'avançais dans le récit et plus je me suis pris d'intérêt pour l'histoire jusqu'à ce moment étrange où la BD laisse place à une nouvelle (ah ça, chez 619, on aime ça aussi, les nouvelles !) dévoilant les origin stories des personnages centraux de façon très intelligente. C'est culotté et bien vu : on ne s’appesantit pas sur le passé, on résume ça en quatre pages écrites par Staw A. qui, en plus, habillent élégamment une ellipse temporelle dans la trame principale. Et, sans que je sache pourquoi, cette pause plus littéraire raviva apparemment mon intérêt et c'est avec un grand plaisir que je découvris la fin (ouverte, disons-le) de Horseback.
Comme souvent, avec 619, je vous conseillerais bien de vous faire un avis par vous-même tant leurs sorties sont typées. Ça peut ne pas plaire. Les gars ne font pas de concession. Mais ici, ce qui pourrait le plus vous bloquer étant sans doute l'aspect visuel assez particulier, il suffit en réalité d'aller chez votre libraire préféré et de le feuilleter. Ou de vous référer aux images ici-même. Mais non, feuilletez-le. C'est un joli objet, quand même. Ça joue aussi !
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
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Publié le
23.9.20
Par
Virgul
Aujourd'hui, nous allons aborder une fiction que vous connaissez certainement mais... sans vraiment la connaître.
Et clairement, vous n'êtes pas prêts pour ce choc culturel. Parce qu'on va s'intéresser à la véritable première Buffy. Et ce n'est pas triste...
Miaw !
Bichette contre les Vampires
Vous connaissez évidemment Buffy contre les vampires, cette série pour enfants sages où une nunuche blondasse tabasse des dentus dénués de charisme. Paraît même que des gens en sont fans. Eh bien, en réalité, tout a commencé par un film, sorti en 1992. Soit cinq ans avant que Sarah Michelle Gellar vous occasionne vos premiers fantasmes d'ados pré-pubères télévores.
Et franchement, c'est un miracle que quelqu'un ait décidé de produire une série après avoir vu ce nanar grotesque.
Mais commençons par le début. Sur un scénario du très surestimé Joss Whedon (mais dans ce cas précis, on suppose que ce qu'il a écrit a été très largement remanié quand même, donc difficile de lui mettre sur le dos toutes les maladresses du binz), Fran Rubel Kuzui (je ne vous insulte pas en albanais, c'est le nom de la réalisatrice) va mettre en scène ce qui restera l'une de ses seules (et ô combien mythiques) contributions directes au septième art (avec Tokyo Pop, un obscur film sentimentalo-musical américano-japonais, qui fait autant envie qu'un steak de pangolin en train de servir d'aéroport à mouches sur un marché de Wuhan).
Bon. On a posé le cadre. Niveau intrigue, c'est plutôt assez proche de la série : une pom-pom girl (ou cheerleader comme on dit maintenant) de Los Angeles apprend qu'elle est la Terreur (une sorte de Tueuse, quoi), une élue dont le destin est de dérouiller du vampire par grappes de huit. Elle doit bientôt affronter Lothos, un vampire lui-même tueur de Tueuses... oups, Terreurs de vampires. Ah, c'est bien foutu hein ?
Quelques combats insipides et scènes ridicules plus tard, elle l'emporte. Ouf, on a eu peur.
Pour une fois, on vous conseille de regarder ce film en français, parce que les choix de traduction valent le coup. Buffy est appelée Bichette, et ses potes Benny et Pike sont renommés respectivement Benoît et... Marcel. Des choix très inspirés. Tout le reste est à l'avenant : les dialogues sont d'une médiocrité cradingue, le scénario est indigent, les effets spéciaux sont affreux (même pour l'époque), la réalisation ferait passer Squeezie pour un génie de la mise en scène et, globalement, tout est désastreux. Pourtant, quelques noms connus figurent au casting (il faut bien mettre de la choucroute dans la gamelle), notamment Donald Sutherland et Rutger Hauer pour ceux qui avaient déjà une carrière et ont abouti là par dépit, ou encore David "je me tape Monica" Arquette et Luke "rebelle canada dry" Perry, pour ceux qui seront plus tard connus pour de plus ou moins bonnes raisons. Signe tout de même que tout ne partait pas sous les meilleurs auspices : la présence de Paul Reubens (pas Rubens le peintre hein, Reubens, le Pee Wee... argh), qui aurait dû filer la chiasse à n'importe quel producteur digne de ce nom.
Pour être honnête, la réalisatrice (qui n'a plus jamais rien fait après, il y a une justice ! D'ailleurs, son mari l'a quittée, ses enfants l'ont reniée, son suricate de compagnie s'est défenestré, et elle a été interdite dans tous les Walmart) fait exprès de partir dans un trip parodique et très second degré. Pourquoi pas. Seulement, la parodie, ce n'est pas "la foire du slip", genre je fais n'importe quoi, on s'en fout, c'est pour rire. Ça demande un travail aussi minutieux que pour un film dramatique, sinon, ça ne fonctionne tout simplement pas, ce qui arrive dans ce long-métrage où l'on a l'impression que Jean-Luc Azoulay est aux manettes.
Finalement, le seul intérêt de ce film, c'est qu'en comparaison, tous les autres boulots de Whedon auront l'air potables par la suite, la série développant Bichette et son univers y compris.
Oh, allez, si vous êtes vraiment fan de Buffy (la vraie), ne m'en voulez pas trop. C'est ma nature de grifouiller ce qui me passe sous les coussinets. Et puis, comme le dit mon andouille d'humain, "on n'a jamais tort d'aimer ce que l'on aime". Parce que les sentiments, au contraire d'un angle de caméra, de l'écriture d'une scène, de la réalisation d'un effet, d'une colorimétrie ou d'un rythme narratif, ce n'est pas issu d'un savoir-faire technique, ça ne se commande pas.
Peu importe ce que l'on peut dire sur les œuvres que vous appréciez, personne ne pourra vous enlever vos souvenirs et vos émotions. Et au final, c'est la seule chose qui compte.
— On n'aurait jamais dû jouer dans ce film. Je le sens pas, putain, Bichette ! — T'inquiète, ça va le faire. Je sens qu'on va avoir une grosse, grosse carrière. |
Publié le
19.9.20
Par
Nolt
Présentation de la nouvelle collection de Bandai concernant les mythiques personnages de Saint Seiya.
Il y a deux façons dans la vie d'avoir rapidement des problèmes financiers : tomber dans l'héroïne ou se mettre à collectionner les figurines des Chevaliers du Zodiaque. Il faut dire que ces dernières sont en général plutôt onéreuses, ce qui est la manière polie d'avouer qu'elles coûtent en fait chacune une demi-couille, notamment les sublimes Myth Cloth EX (qui ont succédé aux Myth Cloth classiques, elles-mêmes, sur le principe, héritières des fameuses figurines vintage des années 80, toutes excessivement chères).
Eh bien, sans doute attendri par les passionnés désargentés – aux yeux rougis par le désespoir et à la langue pendante – souhaitant rejoindre le fabuleux monde de l'achat impulsif et du ramasse-poussière, Bandai a lancé en début d'année une nouvelle collection, à prix raisonnable, dont la suite arrive en octobre.
Voyons cela en détail (bien sûr, pour Bandai attendri, c'était une blague, ils feraient n'importe quoi pour te vendre une énième version d'un personnage que tu as déjà 17 fois).
Cette nouvelle gamme s'appelle Anime Heroes et, comme son nom l'indique, elle va s'intéresser à d'autres univers que celui de Saint Seiya (Naruto et My Hero Academia notamment). Trois figurines ont ouvert le bal il y a quelques mois : Seiya (Chevalier de Bronze de Pégase), Aiolos (Chevalier d'Or du Sagittaire) et Saga (Chevalier d'Or des Gémeaux).
Les figurines bénéficient de 16 points d'articulations, elles font environ 17 cm de haut et sont commercialisées aux alentours de 25 euros pièce. Autrement dit, voilà une collection qui se rapproche, en termes de prix, qualité et packaging, des Dragon Ball de la gamme Dragon Stars par exemple, voire même à un moindre niveau des Marvel Legends.
Les figurines disposent aussi de quelques accessoires. Là encore, rien à voir évidemment avec les blisters bien fournis des Myth Cloth, ici, on aura essentiellement un ou deux jeux de mains supplémentaires. Pour Saga, il y a bien le casque des Gémeaux "à part", mais on peut difficilement le comptabiliser comme un accessoire supplémentaire, puisqu'il fait partie intégrante de l'armure. D'ailleurs, cela aurait été sympa d'avoir un second visage de Saga, portant le casque (impossible de lui mettre celui présent dans la boite à cause de sa tignasse). Du coup, Bandai ne s'est (pour l'instant en tout cas) pas foulé sur les petits plus (les figurines Hasbro Spider-Man, pour un prix équivalent, voire moindre, sont bien plus généreuses dans ce domaine, cf. cet article).
Autre défaut quelque peu gênant, notamment en ce qui concerne les Gold Saints : l'aspect terne de leurs armures. Clairement, il manque un petit vernis pour avoir un joli effet métallique. Bizarrement, cet aspect brillant est bien plus réussi sur l'armure de Pégase.
Par contre, en ce qui concerne les points positifs, l'on peut noter une finition tout à fait correcte au niveau des visages (cf. image ci-contre). L'on peut remarquer également, si vous souhaitez conserver ces figurines "in box", un packaging permettant de bien voir la figurine et doté d'une belle illustration. Enfin, fini les problèmes de "bouts" d'armure qui se cassent la gueule dès qu'on la bouge un peu (c'est crispant ça, hein ?) puisque, ici, tout est fixe. Ou presque.
En ce qui concerne la suite, on est un peu dans le flou ([1] voir nouvelle illustration en fin d'article). Shaka (Chevalier d'Or de la Vierge) est annoncé pour début octobre, et... c'est tout. Un peu léger du coup, car si Bandai sort une figurine tous les 6 mois, on n'est pas près d'avoir ne serait-ce que les Gold au complet (pas le groupe des années 80 hein, eux ils ont fusionné avec Images).
Voilà donc une gamme orientée plus "jouet" que "sublime diorama", mais qui n'est pas dégueulasse pour autant et a l'avantage d'être abordable.
À découvrir.
À côté d'une Myth Cloth, les Anime Heroes ne font pas le poids. Mais difficile de jouer les étonnés vu la différence de prix. |
[1] Suite de la collection (disponible à ce jour) avec Mu du Bélier et Ikki du Phénix. |
Publié le
14.9.20
Par
Virgul
Une série avec comme point de départ une sorte de métaphore zombièsque sur la noblesse opprimant le peuple, sur le coup, ça ne fait pas trop envie. Quand en plus on sait que c'est une série française... on a carrément peur.
Et puis, finalement, on voit la bande annonce, et... on est carrément impatients !!
Ça s'appelle La Révolution, ce sera disponible le 16 octobre sur Netflix, et ça a l'air carrément bien foutu et bigrement efficace si l'on en croit les quelques images dévoilées par la bande annonce ci-dessous. Une photographie et une bande-son soignées, des scènes choc, des décors superbes, des costumes et effets qui ont dû coûter un peu de pognon quand même... tout cela pour une uchronie qui suit les aventures de Joseph Guillotin (le fameux inventeur du machin qui sert à faire taire définitivement les béotiens et autres indésirables), qui vient de découvrir l'existence d'un virus qui se propage au sein de l'aristocratie.
Un thriller fantastico-historique français, joliment filmé, et qui semble à la hauteur de ses ambitions, ça n'arrive pas tous les jours, et on ne demande qu'à en voir plus.
8 épisodes de 50 mn sont prévus.
Rendez-vous le mois prochain, en 1787 !
Publié le
12.9.20
Par
Nolt
Sorti en France sous le titre peu inspiré Sans Retour, ce cinquième long-métrage de Walter Hill est un survival moite et tendu, au casting plutôt sympathique : en vrac, l'on peut citer Keith Carradine, Powers Boothe ou encore Fred Ward.
Dans un premier temps, voyons un peu de quoi il est question.
Neuf types, faisant partie de la Garde Nationale de Louisiane (en gros, des réservistes qui sont mobilisés en général lors d'événements graves tels que des catastrophes naturelles ou des émeutes de grande ampleur) participent à un exercice dans les bayous (les bayous, toujours en gros, c'est une sorte de forêt inondée, infestée de moustiques et de saloperies, perso, j'y enverrais même pas un animateur télé). Les gars en ont un peu marre et, pour rejoindre plus rapidement leur point de ralliement, ils "empruntent" des barques (une barque, en gros, c'est... ouais, mais merde, on va pas tout expliquer hein, si vous ne connaissez rien à rien, faites une télé-réalité ou devenez porte-parole du gouvernement !).
Bref, c'est quand les mecs ont leurs culs dans leurs barques que les Cadiens (Cadien, c'est la manière non péjorative de désigner un Cajun, et si tu ne sais pas ce que "Cajun" veut dire, va écrire des chansons pour Patrick Bruel et fous-nous la paix !!) du coin rappliquent.
Les Cadiens, forcément, ne sont pas jouasses de voir que des malpolis en treillis viennent de faire main basse sur leurs embarcations. Et là, le génie de la bande (des gardes nationaux) a une idée : il fait semblant de leur tirer dessus. Avec bien entendu des balles à blanc, sauf que, les Cadiens, eux, ils n'en savent foutrement rien que ce sont des balles à blanc. Et il n'y a rien qui ressemble plus à un type qui essaie de te descendre qu'un type qui fait semblant d'essayer de te descendre. Du coup, les Cadiens ripostent et là, tout se complique...
Alors, évacuons déjà un mythe : ce film n'est pas, contrairement à ce qu'on peut souvent lire, une allégorie sur la guerre du Vietnam. Hill lui-même a réfuté cette thèse idiote qui ne reposait d'ailleurs sur rien. Tout ne concerne pas le Vietnam dès que l'on met en scène trois ricains qui crapahutent dans un bourbier avec des M-16, bordel ! On dirait le personnage de Walter dans The Big Lebowski !
Je ne suis même pas certain que Southern Comfort véhicule un message quelconque. C'est juste un bon défouloir, plutôt efficace, qui oppose un groupe de connards (la plupart des gardes sont quand même de sacrés demeurés) à un groupe de pécores qui sentent bon la consanguinité. Et si on ajoute des flingues au milieu de tout ça, il y a de grandes chances pour que ça se passe plutôt mal.
On peut voir par contre un cousinage avec le mythique Deliverance de John Boorman, sorti pratiquement 10 ans plus tôt, même si Southern Comfort se déroule dans un cadre naturel bien plus inquiétant et désolé que les rapides de Caroline du Nord. Autre différence qui a son importance, les indigènes (ça ne désigne pas des sauvages, mais les habitants natifs du lieu dont il est question, par opposition à allogènes) ne sont pas ici responsables de la confrontation.
Du coup, s'il n'y a pas de sous-texte et si les types pris en chasse sont en majorité des trous du cul antipathiques, c'est quoi l'intérêt alors ? Eh bien, tout repose en grande partie sur un personnage : Charles Hardin. Dès le départ, il dénote clairement dans la section d'excités et de mous du cervelet où il aboutit. C'est un élément extérieur, raisonnable, sensé, subissant les actions d'un groupe qu'il ne cautionne pas et tentant de ramener à la raison des hommes terrifiés et prenant mauvaise décision sur mauvaise décision. Seul Spencer, autre personnage raisonnable et doté de neurones en état de fonctionnement, fera office d'allié dans ces circonstances où Hardin doit se battre contre tout (son environnement, ses compagnons et les types à leurs trousses).
Il faut avouer que le côté "merdier épouvantable" est très bien rendu. La scène finale, d'ailleurs, dans le village cadien, est particulièrement bien réalisée et stressante. Le tout sur de la musique du cru, avec notamment le classique Parlez-nous à boire. Tiens, on va vous le mettre juste en-dessous, histoire de vous plonger dans l'ambiance. Bien que la chanson soit en français, les paroles ne sont pas évidentes à comprendre, aussi, bam, on vous les balance aussi. UMAC, premier sur les trads français/français !
Southern Comfort est un de ces films à l'ancienne, efficace et décomplexé, qui propose de l'action frénétique emballée dans un décor flippant, avec en prime quelques personnages certes caricaturaux mais au final bien caricaturés.
Vivement conseillé.
Et arrête avec le Vietnam, Walter !!
Refrain
Oh parlez-nous à boire,
Non pas du mariage !
Toujours en regrettant
Nos jolis temps passés !
Couplets
Si que tu te maries
Avec une jolie fille,
T'es dans les grands dangers
Ça va te la voler !
Si que tu te maries
Avec une vilaine fille,
T'es dans les grands dangers
Faudra tu fais ta vie avec !
Si que tu te maries
Avec une fille bien pauvre,
T'es dans les grands dangers
Faudra travailler toute la vie !
Si que tu te maries
Avec une fille qu'a d'quoi,
T'es dans les grands dangers
Tu vas attraper des grands reproches !
Fameux, toi grand vaurien,
Qu'a tout gaspillé mon bien !
Fameux, toi grand vaurien,
Qu'a tout gaspillé mon bien !
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Publié le
12.9.20
Par
Nolt
Bon, après du reggae, de la variété bien frenchy et même les Bronski Beat, il fallait bien en venir enfin à un titre metal. Et là, pas question de choisir un truc trop moelleux à la Scorpions (j'aime beaucoup Scorpions hein, ce n'est pas la question, mais il existe des styles un peu plus... rugueux) ! Non, on va taper dans le lourd, avec Motörhead !
Ouais, rien que le nom, ça sent la sueur, l'huile de moteur, la crasse de redneck qui prend une douche par an... mais en fait, non, rien de tout ça, les gars sont des britanniques pur sucre, originaires de Londres. Vous me direz, on peut être londonien et n'avoir qu'une vague notion de l'hygiène, m'enfin, ce n'est pas le propos.
Motörhead fait partie de la New Wave of British Heavy Metal, un courant musical qui va accoucher, en vrac, de groupes tels que Iron Maiden, Def Leppard, Judas Priest ou les moins connus mais tout aussi efficaces Tank. À sa tête, le mythique Ian Fraser "Lemmy" Kilmister, fondateur, bassiste et chanteur du groupe.
Attention, Lemmy, ce n'est pas le genre propre sur lui et gendre idéal. Il vient d'une famille pauvre, il aime les jeux de hasard et les psychotropes, légaux ou non, et il a une fâcheuse tendance à inventer des riffs agressifs et à chanter fort. Et quand tu vois sa gueule, bah, tu te doutes que son passe-temps favori, ça ne doit pas être les mots-croisés. Le genre de pote que t'appelle pour passer une bonne soirée (du genre dont tu ne te rappelles rien... du genre dont tu ne veux surtout rien te rappeler !). Par contre, si c'est ta fille qui le ramène, en te disant "j'ai trouvé l'homme de ma vie", là tu te dis "bon, tant pis, je vais le tuer, le jury comprendra..."
Trêve de (semi) plaisanteries, intéressons-nous au titre du jour !
Je sais bien que certains vont me dire que c'est une chanson caricaturale, un brin trop lourdingue dans ses paroles et même sa rythmique, que le metal c'est bien plus que cela (et, je l'admets, c'est tout à fait vrai), mais bon, ça ne s'appelle pas "heavy" metal pour rien. Et même si Lemmy lui-même était saoulé par ce titre emblématique, toujours vivement apprécié des fans, et ce des décennies après sa sortie (en 1980), il figure néanmoins parmi les morceaux mythiques du rock, dans son acception la plus large mais aussi la plus qualitative.
Ace of Spades (littéralement, l'as de pique), c'est une boule de rage et d’agressivité, grasse, saturée, une sorte de métaphore à interprétations multiples, éructée d'une manière aussi charismatique que puissante, par un Lemmy fascinant, levant son visage vers son micro comme un loup hurle à la Lune.
Bon, ça parle de jeu, forcément, il y a donc quelques expressions faisant référence à cette thématique (par exemple the dead's man hand, ou la "main de l'homme mort", une combinaison de cartes jugée "maudite", et qui fut celle obtenue par Wild Bill Hickok avant d'être abattu à Deadwood) mais tout cela peut aussi s’interpréter de diverses manières, plus ou moins évidentes. Le pari, le fait de se foutre de gagner ou perdre, de tout miser, de brûler l'instant dans un flash d'adrénaline, peut aussi faire référence à une philosophie de vie certes infantile mais bien réelle, voire à un mal de vivre déjà plus complexe.
Le titre a un succès énorme en Angleterre. Il se classe 19 semaines dans les charts et atteint la douzième place. Bon, les chiffres diffèrent un peu suivant les sources, mais le succès est là. En 1980 !! Pour un titre aussi "dur", wow ! À la même époque, en France, ce qui cartonne, c'est Une Femme amoureuse, de Mireille Mathieu, et Elle est d'ailleurs, de Pierre Bachelet. Je ne déconne pas. Ah ben, le côté sombre, rebelle et arrosé au whisky, ce n'était pas encore le genre le plus populaire de ce côté-ci de la Manche...
Forcément, ce Ace of Spades, ce n'est pas du easy listening, c'est clair, ça ne s'écoute pas n'importe quand, n'importe où. Faut être dans l'ambiance, se concentrer un peu. Mais quand ça vient, putain, c'est des frissons partout, comme si votre porn-star préférée vous léchait les couilles alors que vous sirotez un milk-shake à la vanille !
Ce n'est pas une comparaison très classe, j'avoue (après tout, votre arôme préféré n'est pas forcément la vanille), et j'aurais hésité si le sujet avait été Frédéric François, mais si vous êtes fans de Motörhead, a priori, ça devrait passer sans trop de grimaces.
Place à Lemmy ! Puisse-t-il passer une agréable éternité au Valhalla...
Oh, pour l'anecdote, "Lemmy" viendrait de "lend me a fiver" (passe-moi un billet de cinq), condensé dans la forme argotique "lemme a fiver", puis devenu Lemmy.
Publié le
5.9.20
Par
Nolt
Une sélection UMAC certes comme toujours subjective, avec ces 3 albums de Tintin, mais que nous allons tout de même tenter d'expliquer.
Tout d'abord, si le sujet vous intéresse, n'hésitez pas à consulter notre grand Dossier Tintin, comprenant une sélection d'ouvrages recommandés (ou à éviter), un aperçu de la tintinophilie "alternative", avec différents pastiches ou albums pirates, une étude de cases ou encore un petit hommage à ce brave Haddock. Vous pouvez également jeter un œil à ce comparatif illustré des différentes versions des albums de Tintin.
Ensuite, une précision importante : choisir seulement 3 albums n'a pas été aisé, tant l'oeuvre d'Hergé comporte de moments exceptionnels, que ce soit les diptyques, tous vivement conseillés, qu'ils concernent la Licorne et son trésor, le voyage sur la Lune ou l'épopée vers le temple du Soleil, ou certains albums non présents ici, comme L'Affaire Tournesol ou Tintin et les Picaros.
M'enfin, il fallait bien faire un choix, voilà le moment de vous le présenter en détail. Les trois albums évoqués ci-dessous se suivent, ce qui n'est peut-être pas tant que ça un hasard, puisque l'on peut imaginer que Georges Remi est, à cette époque, à l'apogée de son art et à un moment où il peut techniquement (et a envie) de tenter de nouvelles choses.
Tintin au Tibet - L'héroïsme du Capitaine Haddock
Bien que nous soyons ici dans l'Aventure pure et avec un grand "A", cet album se démarque des autres de bien des manières. Tout d'abord dans son fantastique décor (les montagnes tibétaines), d'une blancheur immaculée, symbolisant une pureté sur laquelle nous reviendrons.
Ensuite, dans le déroulement de l'action et l'absence d'ennemis ou "méchants". Ici, ce qu'il faut vaincre, ce sont les éléments, l'incrédulité, la nature et les préjugés (Tintin souhaitant secourir son ami Tchang, victime d'un accident d'avion).
Enfin, dans le rôle, extraordinaire, tenu par un Haddock qui atteint ici son apogée en tant que personnage.
En effet, si les intentions de Tintin sont pures (sur un simple pressentiment, il s'en va porter secours à un ami croisé des années auparavant), le Capitaine, lui, va faire preuve d'un héroïsme et d'une abnégation exceptionnels.
Rappelons que Haddock est souvent un faire-valoir pour Tintin. C'est un élément comique, voire même celui qui relance l'action en les mettant en danger (dans On a marché sur la Lune par exemple). Ici, le personnage, toujours bourru et colérique mais très humain, va plusieurs fois tenter de raisonner son jeune ami en l'avertissant par rapport aux dangers qu'il va affronter. Ce qui ne l'empêchera pas non seulement de l'accompagner, mais de lui apporter une aide essentielle à plusieurs reprises. Haddock, grandiose, tentera même de se sacrifier à un moment critique pour sauver son ami. Et même si l'on avait vu l'humanité du Capitaine à plusieurs reprises auparavant (dans Les 7 Boules de Cristal par exemple), sa noblesse et sa grandeur d'âme n'auront jamais été aussi tangibles que dans cette aventure, dont il est, à bien des égards, le pilier central.
Ce n'est pas tout, Hergé, dans son utilisation du mythe du Yéti, évite habilement les clichés et livre une vision non manichéenne et très touchante de cet animal, présenté non comme un monstre mais comme une créature sauvage certes effrayante mais sensible et complexe.
Enfin, il faut souligner l'important travail de documentation d'Hergé et de son équipe, à une époque où tout n'était évidemment pas à portée de souris.
Tintin au Tibet reste de la grande aventure, mais sans armes et sans antagonistes humains. Même si les personnages y sont présentés comme non monolithiques (du Yéti à Haddock), avec leurs failles et leurs bons côtés, le cadre et le moteur de l'action restent, eux, d'une simplicité et d'une efficacité exemplaires.
Les Bijoux de la Castasfiore - Le pied de nez d'Hergé
Si Tintin au Tibet représentait l'aventure dans son acception la plus épurée et pourtant la plus forte humainement, l'album suivant, Les Bijoux de la Castafiore, est son exacte antithèse, avec une intrigue en trompe-l’œil et une roublardise évidente de l'auteur, très content de se jouer de ses propres codes.
Que se passe-t-il en réalité dans cet album ? Eh bien... rien, ou plutôt, rien de ce que l'on imagine. Pourtant, il y a bien un élément déclencheur (un vol), l'on suit des pistes qui semblent évidentes, l'on s'interroge sur les agissements suspects de bien des personnages, mais l'on finit par se prendre dans la toile habilement tissée par un Hergé revenu de tout et qui commence, ici, à repousser les murs de son art, à inventer de nouvelles manières d'utiliser un medium qu'il souhaite sublimer en dépassant ses clichés.
L'album n'est pas qu'une fantaisie étrange de son auteur, il installe une ambiance parfois inquiétante et est souvent très drôle, notamment grâce au Capitaine Haddock, redevenu ici un pourvoyeur de gags (efficaces) après ses exploits tibétains. Mais, il ne faut pas s'y tromper, ce n'est pas parce que c'est léger, amusant et agréable à lire que c'est facile. Il faut une vie de labeur, d'essais, de réflexion, d'apprentissage technique pour réaliser Les Bijoux de la Castafiore.
Là encore, même si de "blanc" et de neiges himalayennes il n'est plus question, une certaine volonté d'économie, de travail épuré, se fait sentir, notamment avec le (presque) respect de la règle des 3 unités du théâtre classique : unité de lieu (Moulinsart), unité d'action (le fameux vol), et unité de temps (non pas un seul jour, mais disons le séjour de Bianca).
Outre la maîtrise narrative d'Hergé, l'album est exceptionnel car il montre longuement, pour une fois, les personnages principaux dans leur vie quotidienne et leur environnement habituel. Cet aspect intimiste, plus calme également, est pour beaucoup dans le charme indéniable qui se dégage des planches (malgré certains éléments "modernes" très datés de nos jours, comme la télévision en couleurs).
Voilà un album atypique qui laisse entrevoir ce qu'aurait pu être Un jour dans un aéroport, un projet d'Hergé consistant à écrire une histoire "sans fin" pouvant, en outre, se commencer à n'importe quelle page de la BD.
Et voilà sans doute à quoi l'on reconnaît les génies qui maîtrisent parfaitement leur art : sans pour autant les ignorer, ils contournent les règles et en inventent même de nouvelles.
Vol 714 pour Sydney - Un soupçon d'amertume
Si Tintin au Tibet et Les Bijoux de la Castafiore semblent évidents, pourquoi faire figurer cet album dans un top 3 ?
Eh bien, parce qu'il est, selon moi, probablement l'un des albums franco-belges classiques approchant le plus la perfection sur bien des plans.
Prenons le temps de les passer en revue :
– On a ici une grande aventure classique et exotique, dans le sens où il y a un dépaysement certain, des méchants, des menaces multiples (venant du lieu comme des protagonistes) et des scènes d'action palpitantes.
– On a un peu d'humour... très peu, certes, mais, par exemple, la bataille navale engagée par le Capitaine et Carreidas permet de faire enrager ce pauvre Haddock tout en exposant bien la roublardise du milliardaire. Chaque scène, dans Vol 714, a d'ailleurs son importance, parfois même des rôles multiples.
– On a de l'émotion (notamment quand l'on pense que Milou a été exécuté).
– Hergé se moque de ses méchants les plus emblématiques (Rastapopoulos et Allan ne sont franchement pas épargnés dans cet album où ils embrassent plusieurs registres, du plus menaçant au plus grotesque).
– Hergé n'est plus, depuis longtemps, dans le manichéisme de ses débuts, il dresse notamment un portrait peu flatteur d'un Laszlo Carreidas inspiré de... Marcel Dassault. Il ne condamne plus ici seulement le voyou, le malfaiteur, mais aussi les hommes qui, bien que respectant la loi, ne se comportent pas "bien".
– Hergé, fait rarissime, introduit un aspect SF dans cet album. Aspect permettant une conclusion aussi déroutante qu'incroyablement bonne.
Arrêtons-nous un peu sur ce dernier point.
Dans ce récit, Tintin, Haddock et les autres personnages sont confrontés à un élément ésotérique se rapprochant de la théorie des anciens astronautes. Mais surtout, à la fin de l'aventure, leurs mémoires sont effacées. Et ça, ça a un impact important que l'on se doit d'évoquer.
Étant gamin, quand j'ai lu Tintin au Tibet ou Les Bijoux de la Castafiore, je n'ai pas remarqué qu'il s'agissait d'albums exceptionnels. Mais, quand je suis arrivé au final de Vol 714 pour Sydney, j'ai immédiatement senti que quelque chose d'inhabituel et d'important venait d'arriver. Et même si j'étais incapable de comprendre pourquoi, ce final me rendait... triste. Agréablement triste. C'était bizarre, mais je sentais qu'il y avait du lourd derrière tout ça.
De nos jours, après avoir lu des milliers de BD et romans, et étant devenu auteur moi-même, je comprends mieux évidemment ce sentiment étrange qui m'avait saisi alors.
Pour la première fois, Hergé place le lecteur dans une position aussi désagréable que géniale : il en sait plus que Tintin. Il n'est plus seulement le témoin des exploits du reporter et du marin barbu, il devient seul détenteur d'un savoir unique, comprenant les dérives d'un milliardaire, les agissements de criminels redoutables, la bravoure de certains, et même la présence, sur Terre, d'une intelligence extraterrestre !
Pour la première (et seule fois) également, Tintin ne sort pas totalement vainqueur de son aventure. Bien sûr, il a déjoué les plans des méchants, mais il n'a pas tout découvert, ou du moins, il n'en gardera pas souvenir, et il n'a pas tout maîtrisé.
Si Tintin au Tibet était le moment d'héroïsme d'un Haddock dépassant son rôle initial, Vol 714 pour Sydney signe la fin du Tintin surpuissant et parfait. Confronté enfin à quelque chose qui le dépasse, il devient humain. Faillible. Fragile. Et donc, plus grand encore.
Tintin a fait face à bien des menaces dans sa carrière. Il a été sur la Lune, il a exploré le fond des océans, il a combattu des trafiquants et des salopards, il a été mêlé à des vols, des complots, des intrigues politiques... et il s'en était toujours sorti parfaitement, en héros absolu.
Dans Vol 714, il se fait manipuler et devient victime, mais il ignorera ce fait à tout jamais. C'est sans doute cela qui m'avait rendu triste quand j'étais gamin. Une forme d'injustice. Et c'est sans doute cela qui me fait placer cet album dans ce top 3 aujourd'hui. Une amertume osée mais parfaitement dosée.
Certains pourront objecter que l'amertume est présente également dans Tintin et les Picaros, avec un final montrant que, malgré toute l'énergie dépensée, malgré les péripéties, malgré l'intervention de Tintin, malgré le changement de régime, malgré les bonnes intentions, rien ne change vraiment pour le peuple et les plus pauvres. Oui, c'est vrai, mais l'amertume concerne dans ce cas le monde en général, pas le héros. Dans Les Picaros, Tintin fait son job et il le fait bien. Hergé montre simplement que le système est par nature nocif et que la bienveillance et le courage ne suffisent pas toujours à le contrer. Ce qui est violent, mais ne remet jamais en cause le rôle de Tintin.
Dans Vol 714, Tintin ne peut protéger ni ses amis ni lui-même. Il doit son salut à une intervention extérieure. Pire, il a été dupé mais ne se souviendra même pas de la duperie. C'est la fin du héros dans son acception classique, la fin de la période dorée et insouciante de Tintin, le début de ce qui aurait pu devenir une seconde époque, plus riche, plus trouble (comme l'a montré Les Picaros), plus enivrante. Malheureusement, Hergé n'aura pas eu le temps de développer ce nouveau pan de son art...
Ami lecteur, peut-être ne seras-tu pas d'accord avec cette sélection. Rien de grave, l'oeuvre d'Hergé est suffisamment vaste et riche pour que l'on trouve des tonnes de raisons de revenir sur tel ou tel album.
Cette sélection ne vise nullement à restreindre Tintin à ces trois aventures, ce sont des portes d'entrée, de doux souvenirs, que l'on tente d'expliquer en exposant leurs qualités.
Mais si l'on a aimé Tintin, si l'on a exploré avec lui, tremblé pour lui, alors nul doute que chacune de ses aventures regorge d'émotions et de raisons de lui accorder un regard particulier.
Je ne suis pas "tintinophile", j'ai toujours gerbé ce terme qui rendait "nobles" certains fans de BD alors que ceux qui l'employaient continuaient, dans leur large majorité, à mépriser la BD dans son ensemble.
Mais j'aime Tintin. J'aime Haddock. Et j'aime Hergé.
Et ce n'est pas cet article ou le dossier cité plus haut qui pourront égaler ce qu'ils m'ont apporté.
Mais bon, ce n'est pas très grave. Ces dettes-là sont positives, elles ne poussent jamais au désespoir, au contraire, elles permettent de se développer.