Publié le
31.10.24
Par
Vance
Nous avons évoqué ici même le succès considérable du Problème à trois corps, roman de science-fiction qui a récolté de nombreuses récompenses, propulsé son auteur au rang de figure majeure du genre et engendré dans le monde l'envie irrépressible de lire davantage de textes de Liu Cixin et de ses pairs. Grâce à lui, la SF chinoise sort du placard, les adaptations en films et en série TV (sur Netflix) permettant de toucher une part plus importante du public international (ce qui n'est pas pour déplaire aux dirigeants, ravis de l'aubaine d'un soft power à moindres frais). Ne restait plus qu'à s'engager sur les deux autres vecteurs majeurs de la culture populaire : le jeu vidéo... et la bande dessinée.
Et voilà-t'y pas que Delcourt accepte d'éditer l'adaptation des nouvelles de Liu Cixin, à commencer par La Terre vagabonde, qui sera le premier volume d'une série intitulée "les Futurs de Liu Cixin". Volume initial pour lequel on donne les clefs à Christophe Bec & Stefano Raffaele : le premier, scénariste à succès (Sanctuaire, le Temps des loups, Carême) s'est déjà frotté à ce genre d'adaptations (rappelez-vous sa version de Conan le Barbare dans le plutôt réussi Xuthal la crépusculaire) retrouve ainsi son collaborateur de Pandemonium et Sarah, et du plus récent Tarzan au centre de la Terre. Et puis, il s'y connaît en grande SF, puisque auteur également de la série Crusaders dont on vous a dit le plus grand bien.
Le projet consiste donc à mettre en images une nouvelle, ce qui peut s'avérer bien compliqué. Toutefois, la narration très didactique de l'écrivain chinois, fortement inspirée par Asimov, permet sans doute d'asseoir le délicat équilibre entre explications et péripéties nécessaire pour garder l'intérêt du lecteur. Bec a juste à suivre le récit dans ce qu'il propose, à savoir le survol d'une mission devant durer... une centaine de générations. Ce qui aurait pu n'être qu'une sorte d'album souvenir en accéléré présentant un voyage long de 2500 ans se voit dépeint avec quelques détails cruciaux liés au vécu du personnage principal. Qui entreprend de nous raconter sa vie, depuis sa naissance, le Jour du Grand Crépuscule. En effet, l'humanité, se fiant à des relevés de plus en plus précis sur l'activité solaire, avait déterminé que l'astre allait entrer dans sa phase de géante rouge plus tôt que prévu, vaporisant les planètes les plus proches. La Terre était condamnée et, ainsi, l'espèce humaine. Au pied du mur, les nations finissent enfin par mettre leurs querelles de côté pour entreprendre leur plus grand projet : permettre aux hommes de quitter le Système solaire, qui deviendrait inhabitable, afin de trouver refuge dans celui de Proxima du Centaure, l'étoile la moins éloignée.
Une entreprise évoquée depuis des décennies dans les pages des innombrables écrits de SF évoquant le futur. Sauf que, la plupart du temps, on parle de vaisseaux géants, des arches stellaires sillonnant le cosmos sur plusieurs générations (par exemple Croisière sans escale de Brian Aldiss), quand ce n'est pas un dispositif extraterrestre permettant de transiter presque instantanément vers des points éloignés de la galaxie (la Grande Porte de Frederik Pohl) ou une technologie permettant de dépasser la vitesse de la lumière comme les moteurs à distorsion de Star Trek ou le "saut" hyperspatial chez Isaac Asimov. Là, il ne s'agit pas de faire voyager une poignée d'individus sélectionnés pour leurs capacités ou leur potentiel, mais toute l'humanité. Des milliards d'individus. Il faudrait des centaines de milliers de vaisseaux... projet soutenu par certains, mais auquel est finalement préféré un autre, encore plus ambitieux : déplacer la Terre elle-même, en faire un vaisseau spatial gigantesque.
Si James Blish évoquait quelque chose d'approchant, mais en plus modeste (avec des engins antigravitationnels surnommés spindizzies, l'on pourrait faire décoller des cités terrestres et les faire voyager dans l'espace - cf. la série des "Villes nomades"), si la série Cosmos 1999 avait fait de la Lune un astre errant avec les survivants de la Base Alpha comme passagers malgré eux, l'entreprise a tout de même de quoi donner le vertige. C'est sans doute pourquoi, dans un bienveillant souci de clarté, Liu Cixin entreprenait de nous faire comprendre les tenants et aboutissants du projet à travers les yeux du jeune garçon, né donc le jour où des titanesques réacteurs à plasma stoppèrent la rotation de la Terre avant de la faire progressivement sortir de son orbite, puis accélérer jusqu'à atteindre la vitesse nécessaire pour quitter l'attraction solaire avant que ne survienne le flash d'hélium destructeur. L'histoire commence d'ailleurs à l'école avec sa maîtresse expliquant les fondements du projet.
Le lecteur suit donc cet enfant grandissant dans un contexte singulier, avec une humanité se serrant les coudes et s'apprêtant à vivre les jours les plus terrifiants de son existence. Tous les efforts humains sont concentrés sur la réussite de ce projet apocalyptique, au point que les relations sociales se voient particulièrement modifiées : le futile disparaît au profit de l'essentiel, les arts, l'esthétique et les sentiments sont délaissés, le genre humain entrant en mode survie. Il découvre les nuits sans fin ponctuées de cataclysmes vertigineux, les océans qui gèlent ou s'assèchent, les vagues géantes qui submergent les continents tandis que les montagnes sont petit à petit arasées afin de fournir aux réacteurs géants le carburant essentiel à leur fonctionnement. Une terraformation à l'envers, qui contraint la population à vivre recluse, loin sous la Terre dans des cités où les sciences deviennent le point focal des préoccupations, où les récits des derniers habitants nés à l'ère solaire se parent d'un voile mythique désobligeant et où l'on tente quand même, par moments, de succomber à quelques plaisirs et célébrations.
Mais le projet lui-même, conçu pour durer plus de vingt siècles, finit forcément par trouver des réfractaires. D'abord quelques illuminés défendant d'autres théories, puis des nostalgiques avant l'ère des rebelles : et si le Soleil ne mourait pas ? On aurait fait tous ces sacrifices pour rien ? Ainsi, la sœur du narrateur choisira une autre voie, puis sa future femme tandis que son père lutte vaillamment dans les forces spatiales pour détruire ou repousser les astéroïdes qui risqueraient de percuter notre planète durant son périple aux frontières de l'infini...
Les visions dantesques proposées dans ce récit se voient ainsi magnifiées par des planches spectaculaires, certaines s'étendant sur quatre pages qu'on pourra déplier pour en profiter pleinement. On sera plus réservé sur les cases plus intimes où l'on aura bien du mal à reconnaître les protagonistes, avec des visages grossièrement définis et des dialogues souvent instructifs qui viennent prendre le pas sur l'action. Les vertigineuses perspectives d'un tel voyage dans les étoiles permettent à Raffaele de nous en mettre plein la vue, dans ce qui constitue le point fort de ce travail d'adaptation, qui permettra aux lecteurs peu endurants de se frotter à la littérature d'un grand auteur du XXIe siècle, qui signe une petite préface criant son amour du genre.
Certaines des images illustrant cet article proviennent du long-métrage chinois ayant également adapté le texte de Liu Cixin. Il serait intéressant d'aller y voir de plus près...
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28.10.24
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Virgul
Gros plan sur Une histoire illustrée des Fantômes et Une histoire illustrée des OVNI, des ouvrages qui pourraient bien vous faire frissonner à l'occasion de la Rommelbootzennaat !
Voilà des livres ludiques et didactiques, abordant (sans moqueries ou excès de scientisme) des sujets controversés pour ne pas dire sulfureux. Le tour d'horizon est assez complet et permet de survoler le domaine ou de trouver des pistes à approfondir. La présentation est claire et agréable, le texte va à l'essentiel mais demeure pertinent.
Le livre consacré aux fantômes décrit par exemple les éléments constitutifs d'une hantise, il aborde différentes légendes, des lieux plus ou moins célèbres (comme la maison Winchester et sa folle architecture). L'on trouve également une description de la "boîte à outils" des enquêteurs du paranormal, une présentation des débuts du spiritisme ou encore un passage en revue des revenants dans la fiction.
Le volume sur les OVNI est d'une qualité égale. Il aborde les cas célèbres de "contactés" et les sujets connexes (hommes en noir, zone 51...). L'auteur décrit également les différents types d'extraterrestres, il revient sur la représentation des OVNI au cinéma ou encore les (nombreuses) sectes basées sur l'existence de visiteurs d'un autre monde. L'on trouve également une description des différents types de rencontres ou encore les explications les plus courantes lorsqu'un objet volant est finalement identifié.
Tout cela est vraiment bien fait, plutôt destiné aux enfants mais intéressant également pour des adultes qui découvrent ces thèmes.
Dispo chez La Martinière. 128 pages chacun.
Publié le
27.10.24
Par
Nolt
On l'avait découvert en 1981 dans Les Visiteurs du Mercredi, il revient en force chez Kana, c'est le grand retour du Capitaine Flam !
Voilà encore un personnage mythique des années 80 qui fait son retour en BD sous la plume et le crayon d'une équipe française. Tout d'abord, il faut savoir que ce brave Capitaine Flam, avant d'être le héros d'un dessin animé japonais bien connu, est inspiré d'une série de romans intitulée Capitaine Futur et écrite dans les années 40 par Edmond Hamilton (VF dispo aux éditions Le Belial'). La précision est importante car, contrairement à ce que l'on a pu constater avec Goldorak ou Saint Seiya, il ne s'agit pas ici d'une création originale mais bien d'une nouvelle adaptation de la première histoire de l'auteur américain, à savoir L'Empereur de l'Espace, renommée pour l'occasion L'Empereur Éternel.
Après une brève présentation des origines de Flam (de son vrai nom Curtis Newton) et de son futur équipage (le professeur Simon, un cerveau sous cloche volante ; Crag, un robot de deux mètres de haut et pesant une tonne ; et Mala, un androïde métamorphe), l'on entre directement dans l'action. Le gouvernement intersidéral a de bien mauvaises nouvelles de la planète Dénef. Une épidémie d'horribles et brutales mutations serait en cours, ce qui est confirmé par le retour d'un agent envoyé sur place, qui a le bon goût de se transformer en monstre sanguinaire dès son arrivée. Il est alors décidé de faire appel au Captaine Flam, une sorte de savant-aventurier très populaire et opérant en freelance. À toutes fins utiles, les autorités décident de lui adjoindre Johann Landor, une jeune femme faisant partie de la police des planètes et qui voit d'un mauvais œil l'intervention du capitaine qu'elle prend pour un bellâtre égocentré.
Toute la petite équipe embarque donc à bord du cyberlab, destination Dénef. L'arrivée est quelque peu mouvementée et Flam ne va pas tarder à découvrir un adversaire redoutable, à l'origine des fameuses mutations...
Voyons maintenant comment tout cela se présente. Nous sommes sur du 159 planches, tout de même, avec un découpage très "comics" (donc avec des cases moins nombreuses mais plus grandes que celles d'une BD franco-belge classique). Les dessins d'Alexis Tallone sont proprement superbes. Les personnages sont parfaits, les décors et vaisseaux souvent impressionnants, et la colorisation d'Annelise Sauvêtre et du studio Arancia vient magnifier tout ça. Visuellement donc, c'est propre et efficace.
En ce qui concerne le scénario... c'est un peu plus compliqué. C'est Sylvain Runberg qui est crédité ici, mais on l'a vu, il ne s'agit pas d'un nouveau récit mais bien d'une adaptation d'une histoire déjà existante. Celle-ci est d'ailleurs plutôt bonne, avec un univers qui tient la route et un mélange d'aventure, d'action et de scènes plus "intimistes", dédiées au développement des personnages. Ces derniers demeurent assez basiques, avec le héros au cœur pur, la jolie fille amoureuse dudit héros, les deux acolytes qui se chamaillent et se balancent des vannes, etc. Mais tout cela est somme toute bien fichu.
Reste donc le véritable travail du scénariste (puisque l'histoire n'est pas de lui), à savoir les dialogues. Et là, malheureusement, on ne peut pas dire que ce soit à la hauteur. Malgré le fait que le texte soit très simple, il présente des erreurs et des maladresses assez effarantes. D'autant que l'auteur n'est pas un jeunot et qu'il a déjà quelques BD à son actif. Par exemple, on trouve à plusieurs reprises le désastreux "il est un". Or, on peut dire "c'est un pilote" ou "il est pilote" mais certainement pas "il est un pilote". C'est du langage courant et parfaitement banal, qui, à la question "que fait ton pote dans la vie ?", répondrait "il est un boulanger" ? C'est ridicule. Et pourtant on retrouve cette formulation un peu partout : "il était un ami de mes parents" (page 27) ; "il est un homme qui respecte les règles" (page 27) ; "il est un excellent apprenti mécano" (page 56). Et lorsqu'il n'y a pas de faute de grammaire au sens strict, l'on trouve des formulations maladroites, du genre "nous savons qui il est" (page 142), alors que l'on parle d'un vaisseau. Il aurait fallu dire, par exemple, "nous savons à qui il appartient" ou juste "nous savons qu'il s'agit du cyberlab". On peut relever aussi "son plan de reconquête de la planète contre les humains" (page 150). Encore une phrase mal foutue. Il manque quelque chose avant "contre les humains" pour que ce soit correct, comme "et de guerre" par exemple. Et il faut ajouter à tout cela les inévitables coquilles, comme dans "il est temps pour nous rentrer sur Terre" (page 163).
Si même l'Académie rappelle la règle évoquée plus haut, je ne pensais pas qu'il serait nécessaire un jour de l'expliquer à un auteur, qui est quand même censé maîtriser au moins le français courant (ce qui n'est pas suffisant pour écrire de bonnes histoires, on parle ici d'un simple niveau de français scolaire et non littéraire, c'est vraiment l'hygiène de base, comme le fait d'avoir des ustensiles propres en cuisine, on n'a pas encore attaqué la recette proprement dite). Certains auteurs de BD (c'est pour l'instant moins le cas dans le secteur des romans) ont un niveau inférieur à celui du cancre de ma classe en primaire il y a plus de 40 ans. La chute est vertigineuse. J'ai l'air sans doute, pour certains, d'ergoter, mais il ne s'agit tout de même pas d'un détail. Non seulement le scénariste n'est pas capable d'écrire correctement une phrase simple, mais personne (relecteur, superviseur éditorial) ne le corrige. Et le problème, c'est qu'en publiant de telles âneries, elles vont s'insinuer dans l'esprit des jeunes lecteurs et des futurs auteurs. Car tous s'abreuvent à la même et unique source littéraire : les livres publiés.
Bon, après cette longue mais nécessaire parenthèse, revenons à notre Flam. Voilà un album présentant une histoire certes déjà connue mais bien écrite et qui bénéficie de graphismes léchés et fort jolis. On a droit aussi à deux planches de dessins "bonus", qui font référence à la résolution de l'intrigue. Tout cela est donc bien présenté et agréable à lire, dommage que le texte ne soit pas exempt d'erreurs trop énormes pour ne pas nuire à l'ambiance globale et à l'immersion.
Un album tout de même vivement conseillé et qui devrait convenir autant aux nostalgiques qu'à ceux qui découvriront le personnage.
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24.10.24
Par
Vance
C'était couru d'avance. Après l'intéressant Sherlock Holmes & le Dossier Dracula, il était certain qu'un jour ou l'autre nous traiterions des trois romans de James Lovegrove parus en France dans la même collection chez Bragelonne, qui soigne toujours autant ses éditions afin de caresser le lecteur amateur de policier et de fantasy dans le sens du poil. Imaginez donc : le plus grand détective aux prises avec les créatures du mythe de Cthulhu ! Le télescopage des univers de Conan Doyle et de Lovecraft, que les amateurs de jeux de rôles avaient déjà pu goûter avec de délicieux frissons grâce à l'extension Cthulhu by Gaslight pour l'Appel de Cthulhu.
Très vite, l'on comprend que l'auteur a choisi la déférence, le sérieux et l'application comme principes de rédaction. Il connaît manifestement son sujet, au point de chercher à demeurer constamment dans les limites qu'il s'est fixées. Il faut le prendre comme une tentative d'enrichir davantage l'aura de Sherlock en lui adjoignant simplement une expérience oubliée dans les textes qui nous sont parvenus. Ainsi, Lovegrove choisit-il de suivre la voie empruntée par Conan Doyle en se mettant dans la position du prête-nom : ce que nous nous apprêtons à lire n'est que le contenu de textes dont il a été mystérieusement dépositaire, texte rédigés par nul autre que le Docteur Watson, lequel cherchait à travers eux à révéler une vérité qu'il s'était efforcé de taire tout au long de sa vie. Procédé vieux comme le monde, en somme, et souvent utilisé dans la littérature de l'Imaginaire (Philip José Farmer en a largement usé pour écrire les mémoires de Tarzan, de Phileas Fogg et même pour publier un roman sous le pseudo d'un auteur créé par un autre auteur ! Et on peut rajouter l'inénarrable Rêve de fer où Norman Spinrad se fait le porte-plume d'Adolf Hitler...).
Embrigadé un peu malgré lui, Watson va donc être le témoin privilégié de l'extraordinaire capacité de son nouvel ami à tirer des déductions de faits inexplicables et finira par comprendre que le monde est sous la menace permanente d'entités surnaturelles connues de quelques mystiques, ésotéristes ou illuminés, d'artistes déments ou de fanatiques. L'on pourra éventuellement regretter un style qui demeure farouchement fidèle à l'écriture de l'époque, volontairement disert et usant d'un lexique très recherché, nuisant au rythme plutôt enfiévré des aventures de nos deux héros, lesquels n'auront quasiment pas une minute de repos. En outre, la partie purement policière (recherche d'indices, réflexion et déductions) se trouve souvent réduite à la portion congrue - toutefois on aura droit à de larges chapitres consacrés aux recherches dans la salle des Incunables du British Museum, qui donneront des frissons aux lecteurs de Lovecraft et rôlistes de la première heure lorsque la mention des Unaussprechlichen Kulten ou du terrible Necronomicon surgira des ténèbres.
Les autres amateurs, ceux qui connaissent par cœur le canon holmesien, souriront régulièrement devant les innombrables références aux aventures du détective et la manière dont elles sont contournées ou réarrangées. De Lestrade à Mycroft, l'entourage connu de Sherlock viendra faire un petit tour jusqu'à ce que l'affaire prenne une tournure dramatique, que l'ennemi de nos héros et que ses plans funestes se dévoilent et qu'il leur faille, outre sauver la vie de leurs proches, littéralement sauver le monde.
De ce fait, Lovegrove s'applique à dépeindre un Holmes encore jeune, parfois impulsif et cédant à des émotions qu'il parviendra par la suite à canaliser, exceptionnellement doué pour la bagarre et conservant systématiquement (et littéralement) un atout dans la manche qui lui permet de se tirer de situations désespérées. Certes, cela manque d'énigmes tordues à résoudre, et notre détective s'y montre davantage Indiana Jones qu'Hercule Poirot, mais la construction du roman tout en crescendo permet de s'achever en un point d'orgue aussi classique que jouissif.
Un bel ouvrage, à la présentation soignée (la tranche des pages dorées, les titres de chapitres ornés de fioritures), quasiment dénué de coquilles, qui frustrera sans doute les lecteurs de Conan Doyle et décevra par sa structure trop systématique (il semble construit comme un scénario de jeu de rôles), mais qui s'avère suffisamment riche en péripéties et références lovecraftiennes pour entretenir l'intérêt jusqu'à sa résolution. Et il y en a deux autres à venir...
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17.10.24
Par
Virgul
Toi non plus tu n'as pas réussi à obtenir un billet hors de prix pour le concert intime de The Cure le 31 octobre à Londres ???
Ne sois pas triste, sèche tes larmes, relève la tête et file prendre une douche !!!
Tu as encore la possibilité de te rattraper en allant voir Logical Tears 2.0 au Saint Pierre à Metz le 24 octobre ! C'est gratuit, ils jouent presque aussi bien que The Cure et en plus, ils sont beaucoup plus beaux ! Alors pourquoi hésiter ? Viens prendre une bière et écouter de la coldwave sympathique ce jeudi soir à Metz...
Et si tu as l'idée saugrenue de ne pas vivre en Moselle, Logical Tears 2.0 sera en concert le samedi 26 octobre au Cafard Naum à Saint-Étienne-Lès-Remiremont en compagnie du groupe post punk Electric Press Kit.
Bon ça va, c'est les Vosges, ça reste un département sympathique. Faut juste faire attention à la Bête. Qui pourrait très bien venir te dévorer si tu ne mets pas assez d'ambiance !
Tu es encore là ? Va préparer tes affaires, si tu habites trop loin, quitte ton emploi et ton conjoint s'il le faut, on t'attend pour te faire vivre des orgasmes auditifs !
Publié le
17.10.24
Par
Nolt
Gros plan sur une excellente série de romans : Lockwood & co.
Voilà maintenant de nombreuses années que les autorités ont reconnu l'existence du Problème, terme employé pour désigner une véritable épidémie d'apparitions fantomatiques à Londres et dans tout le pays. Les morts reviennent hanter les vivants, et leurs visites ne sont pas sans danger. En effet, le "toucher spectral" peut aller jusqu'à entraîner la mort. Rapidement, il a donc fallu s'organiser et se protéger contre les spectres. Heureusement les lampadaires antifantômes, l'argent, le fer, le sel, le feu grégeois et l'eau vive (ainsi que la lavande et la lumière du jour) offrent une protection efficace. Mais pour se débarrasser définitivement d'un "visiteur", le brave citoyen fait appel aux différentes agences spécialisées dans l'éradication de revenants. Les enfants étant les seuls à pouvoir sentir ou voir les fantômes, les équipes sont donc constituées d'adolescents intervenant sous la supervision d'un adulte, en général un ancien agent ayant perdu son don. Il existe cependant des exceptions, comme la jeune agence Lockwood, constituée du flegmatique George, de la talentueuse Lucy et du sympathique et énergique Lockwood en personne ! Eux travaillent seuls, sans filet et se mettent parfois dans des situations aussi dangereuses qu'embarrassantes...
Voilà pour le pitch général de ces très bons romans (cinq à ce jour) écrits par Jonathan Stroud et publiés en français chez Albin Michel. Il s'agit d'une série jeunesse (conseillée dès 12 ans apparemment) qui a la rare particularité d'être tout à fait lisible par des adultes. En effet, non seulement Stroud construit des récits intéressants mais il parvient à un excellent équilibre entre surnaturel angoissant, humour et relations intimes entre les protagonistes. Ajoutons à cela que la traduction, malgré de rares coquilles, est elle aussi de grande qualité. Temps au passé, descriptions riches, style agréable, on est loin du dépouillement désastreux de certains ouvrages pour enfant ou "young adult".
L'histoire est racontée à la première personne par Lucy Carlyle, une sensible qui était promise à un brillant avenir mais qui a eu le malheur de déplaire à un superviseur arrogant et lâche. La voilà donc à Londres, débarquant dans une agence inconnue et ayant de lourdes difficultés financières.
Stroud plonge immédiatement le lecteur dans l'action et dépeint peu à peu les particularités de son univers (une Angleterre à l'époque incertaine, en tout cas située avant l'apparition des ordinateurs et après celle de l'automobile). Entre les méthodes pour contenir les spectres (l'utilisation de rapières apporte notamment une touche anachronique et un brin de classe), les différents types de fantômes, les agences et les changements économiques ou sociétaux dus au Problème, le monde décrit s'avère à la fois familier mais baigné d'étrange et de dangers.
Là où Stroud s'avère excellent, c'est dans l'interaction entre les différents protagonistes, tous parfaitement caractérisés. Les échanges, notamment entre Lucy et George, sont savoureux. Quant aux personnages secondaires, là aussi, ils sont parfaitement campés, en quelques lignes (les têtes à claques, notamment Quill Kipps, sont par exemple parfaitement irritantes et antipathiques).
L'humour des dialogues vient agréablement entrecouper les scènes plus tendues, et l'on s'attache très vite au trio principal. Au final, le mélange s'avère quasiment parfait entre enquêtes, petites frayeurs et relations personnelles.
Notons qu'un glossaire, nullement indispensable mais qui clarifie tout de même certains points, est présent à la fin de chaque ouvrage. Enfin, signalons qu'il existe une adaptation Netflix. Visiblement, ils ont pour une fois évité de tomber dans un délire wokiste, avec fantômes gay, une Lucy lesbienne, un George asiatique et un Lockwood noir, mais bon, même si la série TV est fidèle, le style de Stroud est si bon que ce serait dommage de passer à côté des romans et des particularités qui ne seront pas transposables à l'écran.
Du surnaturel au charme certain, bénéficiant du savoir-faire d'un auteur efficace et d'une traduction à la hauteur.
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Publié le
14.10.24
Par
Nolt
On se retrouve aujourd'hui pour la présentation d'une nouvelle arme : le fusil à pompe Winchester SXP Defender en calibre 12/76.
Nous avions déjà abordé, dans cette rubrique, les armes de défense sublétales, les armes de loisir, les répliques Nerf ou airsoft, et même certaines idées reçues et la représentation des armes dans la fiction. Cette fois, on va aborder une arme et une marque mythiques.
Mythique parce que tout le monde connaît, au moins grâce au cinéma, le doux bruit de la pompe du fusil du même nom. Et tout comme même les non-motards connaissent Harley-Davidson, tout le monde (ou presque) connaît la marque Winchester.
Première chose, ce modèle est en catégorie C. C'est-à-dire qu'il faut une licence FFT ou un permis de chasse pour l'acquérir. Cela veut dire aussi qu'il est plus "limité" que certains fusils à pompe de la catégorie B. Il s'agit donc forcément d'un canon rayé et son approvisionnement est limité à 4 + 1 (quatre cartouches dans le tube magasin, plus une dans la chambre). Attention, petite subtilité à ce sujet : le modèle est livré de base en version "chasse", donc en 2 + 1 (vous n'avez pas le droit à plus de capacité pour la chasse). Pour le transformer en version "tireur sportif", il faut enlever une tige présente dans le tube. Petit conseil en passant : ne balancez pas cette tige pour autant, quand vous démontez et remontez votre arme, il est bien plus facile de rentrer le ressort du tube et de le comprimer à l'aide de cette tige, puis de l'enlever en bloquant le ressort manuellement avant de placer l'embout et de le verrouiller.
Nous avons ici une version "tan" (ou plus ou moins beige on va dire) appelée "dark earth". Question de goût, mais perso, je trouve cette couleur particulièrement jolie. Notons qu'il existe également un modèle légèrement différent (Xtrem) et plus "tactique", avec rails picatinny et poignée pistolet, mais la version épurée me semble bien plus élégante. Là encore, question de préférence personnelle.
Ce fusil, d'une longueur totale de 113 cm (canon de 61 cm) et d'un poids de 3 kg, est donc chambré en calibre 12, et plus précisément en 12/76. Cela lui confère une grande polyvalence. Comme tous les calibres 12, il peut bien entendu tirer des slugs (projectile unique), de la chevrotine, du gomm-cogne, mais on peut également, en plus des cartouches 12/76, lui donner "à manger" du 12/70 ou encore du 12/67.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'entretien est très facile. Le canon se démonte en dévissant simplement l'embout du tube magasin, et le bloc détente s'enlève en enlevant une goupille.
Pour ce qui concerne le système de visée, le fusil dispose d'un grain d'orge au bout du canon mais aussi d'un guidon à fibre optique amovible. Il faut un peu "forcer" pour l'installer et l'aligner, mais une fois en place, il s'avère bien pratique, comme toujours avec la fibre optique. Quant à la notice, c'est habituel chez Winchester, elle s'avère complète et dispo en français.
Pour ce qui concerne le système de visée, le fusil dispose d'un grain d'orge au bout du canon mais aussi d'un guidon à fibre optique amovible. Il faut un peu "forcer" pour l'installer et l'aligner, mais une fois en place, il s'avère bien pratique, comme toujours avec la fibre optique. Quant à la notice, c'est habituel chez Winchester, elle s'avère complète et dispo en français.
Déjà, d'un point de vue purement "loisir", c'est tout de même assez fun. Si vous voulez avoir des sensations, vous serez servi (assurez-vous tout de même que votre club accepte le tir au fusil à pompe, il peut arriver apparemment que ce ne soit pas le cas). Ça tape très fort, surtout avec la Winchester Super X 12/76. Protections d'oreilles obligatoires, évidemment.
D'un point de vue pratique, eh bien ça fait partie du kit conseillé en cas de rupture de la normalité (cf. cet article plus complet). Un fusil de ce calibre (calibre que l'on trouve facilement), multitâche, robuste, facile d'entretien et très dissuasif devrait être votre second achat après une bonne vieille 22 LR (très utile et pratique également, avec en plus des munitions vraiment à bas coût). Par contre, attention, n'utilisez pas ça chez vous pour faire face à une tentative d'intrusion ou de cambriolage : la surpénétration est trop importante. La slug évoquée plus haut va traverser totalement votre maison (le BA13 n'arrête pas grand-chose de toute façon) et... même votre mur extérieur (à moins qu'il soit en pierre de taille, mais si vous avez de la brique alvéolée ou du parpaing, ce n'est pas suffisant pour stopper ce genre de munition).
Et puis, ma foi, Winchester, c'est comme Colt ou Dan Wesson, c'est une marque qui ne laisse pas indifférent le collectionneur passionné. Et c'est aussi un gage de qualité.
Par contre, on ne le répétera jamais assez, les règles de sécurité (ci-dessous) sont à respecter scrupuleusement.
Par contre, on ne le répétera jamais assez, les règles de sécurité (ci-dessous) sont à respecter scrupuleusement.
⚠ Les Règles de Sécurité
- Une arme est toujours considérée chargée. Même si elle ne l'est pas. Ça a l'air bizarre, mais c'est très compréhensible. Si vous commencez à développer deux types de comportement, l'un avec des armes considérées chargées, l'autre avec des armes considérées non-chargées, vous allez, un jour, vous tromper. C'est juste une question de temps. Et les erreurs, avec les armes, ne pardonnent pas. Alors, même si vous êtes certains que votre flingue est déchargé, en fait, non, il est chargé. Toujours.
- On ne pointe pas une arme en direction de quelque chose que l'on ne veut pas détruire. Si votre canon se retrouve en face de votre télévision ou, pire, de l'un de vos proches, ou de votre foutu pied, alors vous ne savez pas manipuler votre arme. Même dans le stress des combats, les soldats apprennent par exemple à effectuer leurs déplacements sans pour autant "viser" leurs collègues. Se retrouver avec une arme (considérée chargée) pointant vers quelqu'un dans un stand de tir devrait aboutir à une sanction immédiate et définitive.
- On ne se balade pas avec le doigt sur la queue de détente. L'index reste hors du pontet tant que la décision de tir n'est pas prise.
- Lorsque la décision de tir est prise, il faut être certain de sa cible et de son environnement immédiat. Il ne suffit pas de simplement viser un carton, il faut être certain que rien ne se trouve derrière, que la balle sera stoppée, que personne n'est en train de faire l'imbécile à côté (ou pas très loin), etc. Vous êtes responsable de tout ce qui se passe entre la décision de tir et l'impact.
- Outre ses 4 règles de sécurité basiques, l'on peut ajouter également le port de lunettes de protection, même avec des répliques airsoft.