Publié le
29.2.16
Par
Nolt
The Gutter, une parodie sur les personnages de comics dont vous pouvez découvrir quelques planches ici, est maintenant disponible dans toutes les librairies.
76 pages - 15 euros - grand format - Nats Editions
Amis libraires, si vous n'avez pas encore l'ouvrage en rayon, sachez que celui-ci figure sur Electre et Dilicom. Vous pouvez également le commander directement auprès de l'éditeur.
Amis lecteurs, vous pouvez bien entendu acquérir l'ouvrage dans votre boutique habituelle ou aller directement sur l'un des sites dont le lien figure ci-dessous.
Liens directs - version papier
Publié le
24.2.16
Par
Nolt
Chronique du dernier roman de Stephen King : Revival.
Alors qu'il n'est qu'un enfant, Jamie rencontre pour la première fois le pasteur Charles Jacobs qui vient d'arriver dans la petite ville de Harlow. Une relation amicale se noue entre l'enfant et l'homme, passionné par l'électricité et les gadgets qu'il met au service de ses prêches.
Un jour, un drame survient. Le pasteur perd la foi et assène un terrible sermon à son auditoire habituel, ce qui lui coûte sa place.
Les années passent. Le jeune Jamie est devenu guitariste. Il court le cachet et, surtout, court après sa dose d'héroïne. C'est alors qu'il n'est plus qu'une épave qu'il rencontre de nouveau Jacobs. Celui-ci est devenu un habile bonimenteur dans une foire. Mais il n'a pas abandonné sa passion première : la fée électricité et ses prouesses.
Jacobs va sauver la vie de Jamie. Et de bien d'autres personnes. Mais très vite, des effets secondaires touchent certains bénéficiaires des bienfaits de l'ancien pasteur. Celui-ci joue avec des forces qui le dépassent. Pire encore, il a besoin de Jamie pour réaliser son ultime projet. Un projet fou et insensé...
Ce nouveau King ne brille pas forcément par son originalité. En fait, par bien des plans, il peut être rapproché d'anciens romans de l'auteur : les Tommyknockers pour l'énergie aussi magique que dangereuse, Docteur Sleep pour le personnage victime d'une addiction sévère, Joyland pour la foire et même un peu de Simetierre vers la fin, voire même du 22/11/63 pour le côté nostalgique, le tout dans une intrigue rendant hommage au panthéon lovecraftien. Un peu dommage d'ailleurs que cet aspect ne survienne vraiment que dans la toute dernière partie de l'ouvrage.
L'on a presque envie de dire que ça ronronne un peu et que ce n'est certes pas le meilleur King. Et pourtant, comme il n'y a pas de mauvais King non plus, ça fonctionne.
La fluidité de la narration est d'une virtuosité implacable, les personnages sont, comme d'habitude, parfaitement écrits et l'émotion est présente tout au long du récit. Ce nouveau voyage en compagnie du maître ne surprend certes pas, mais il reste agréable et doux, comme une bonne couette au plus froid de l'hiver.
L'adaptation française est de bonne qualité, Albin Michel ayant vraiment fait des efforts qualitatifs depuis le désastreux Dôme.
Et puis surtout, contrairement à ce que proclament certains journalistes qui ne lisent pas King, il n'est pas tant maître de l'horreur que de ces petites choses du quotidien, ces descriptions presque banales dont il sait retirer l'essentiel. Ce diable d'homme est un magicien. Un magicien dont l'art mystique est rôdé depuis bien des années.
Shakespeare a écrit, dans Hamlet ; "J'ai en moi ce qui ne peut se feindre. Tout le reste n'est que le harnais et le vêtement de la douleur." Dans un audacieux parallèle, il serait juste de dire que la plume de King touche à ce qui ne peut être falsifié. Elle évite habilement les atours de l'invraisemblable et les haillons du ridicule pour revêtir les personnages d'une exceptionnelle aura de vérité.
C'est le cœur serré que l'on assiste à une succession de scènes poignantes, du souvenir d'un premier baiser aux retrouvailles familiales.
Ce qui fonctionne vraiment dans King ne tient finalement que très peu au fantastique ou aux moments horrifiques. Ce qui fonctionne - si bien que cela remue en nous des choses profondément enfouies - ce sont ces personnages qui nous ressemblent tant et sont confrontés aux véritables monstres que nous combattons tous : la douleur, la violence, la folie et cette salope de Temps qui s'écoule et nous échappe en ravageant nos vies.
Revival ne sera certainement pas classé parmi les classiques, comme It, il n'explore pas avec autant d'intensité que d'autres œuvres la thématique de l'enfance, chère à l'écrivain (cf. cet article), mais c'est un honnête récit. L'on en ressort ému, conquis et toujours confiant dans les sorts efficaces de ce vieux sorcier du Maine.
Conseillé, évidemment.
Alors qu'il n'est qu'un enfant, Jamie rencontre pour la première fois le pasteur Charles Jacobs qui vient d'arriver dans la petite ville de Harlow. Une relation amicale se noue entre l'enfant et l'homme, passionné par l'électricité et les gadgets qu'il met au service de ses prêches.
Un jour, un drame survient. Le pasteur perd la foi et assène un terrible sermon à son auditoire habituel, ce qui lui coûte sa place.
Les années passent. Le jeune Jamie est devenu guitariste. Il court le cachet et, surtout, court après sa dose d'héroïne. C'est alors qu'il n'est plus qu'une épave qu'il rencontre de nouveau Jacobs. Celui-ci est devenu un habile bonimenteur dans une foire. Mais il n'a pas abandonné sa passion première : la fée électricité et ses prouesses.
Jacobs va sauver la vie de Jamie. Et de bien d'autres personnes. Mais très vite, des effets secondaires touchent certains bénéficiaires des bienfaits de l'ancien pasteur. Celui-ci joue avec des forces qui le dépassent. Pire encore, il a besoin de Jamie pour réaliser son ultime projet. Un projet fou et insensé...
Ce nouveau King ne brille pas forcément par son originalité. En fait, par bien des plans, il peut être rapproché d'anciens romans de l'auteur : les Tommyknockers pour l'énergie aussi magique que dangereuse, Docteur Sleep pour le personnage victime d'une addiction sévère, Joyland pour la foire et même un peu de Simetierre vers la fin, voire même du 22/11/63 pour le côté nostalgique, le tout dans une intrigue rendant hommage au panthéon lovecraftien. Un peu dommage d'ailleurs que cet aspect ne survienne vraiment que dans la toute dernière partie de l'ouvrage.
L'on a presque envie de dire que ça ronronne un peu et que ce n'est certes pas le meilleur King. Et pourtant, comme il n'y a pas de mauvais King non plus, ça fonctionne.
La fluidité de la narration est d'une virtuosité implacable, les personnages sont, comme d'habitude, parfaitement écrits et l'émotion est présente tout au long du récit. Ce nouveau voyage en compagnie du maître ne surprend certes pas, mais il reste agréable et doux, comme une bonne couette au plus froid de l'hiver.
L'adaptation française est de bonne qualité, Albin Michel ayant vraiment fait des efforts qualitatifs depuis le désastreux Dôme.
Et puis surtout, contrairement à ce que proclament certains journalistes qui ne lisent pas King, il n'est pas tant maître de l'horreur que de ces petites choses du quotidien, ces descriptions presque banales dont il sait retirer l'essentiel. Ce diable d'homme est un magicien. Un magicien dont l'art mystique est rôdé depuis bien des années.
Shakespeare a écrit, dans Hamlet ; "J'ai en moi ce qui ne peut se feindre. Tout le reste n'est que le harnais et le vêtement de la douleur." Dans un audacieux parallèle, il serait juste de dire que la plume de King touche à ce qui ne peut être falsifié. Elle évite habilement les atours de l'invraisemblable et les haillons du ridicule pour revêtir les personnages d'une exceptionnelle aura de vérité.
C'est le cœur serré que l'on assiste à une succession de scènes poignantes, du souvenir d'un premier baiser aux retrouvailles familiales.
Ce qui fonctionne vraiment dans King ne tient finalement que très peu au fantastique ou aux moments horrifiques. Ce qui fonctionne - si bien que cela remue en nous des choses profondément enfouies - ce sont ces personnages qui nous ressemblent tant et sont confrontés aux véritables monstres que nous combattons tous : la douleur, la violence, la folie et cette salope de Temps qui s'écoule et nous échappe en ravageant nos vies.
Revival ne sera certainement pas classé parmi les classiques, comme It, il n'explore pas avec autant d'intensité que d'autres œuvres la thématique de l'enfance, chère à l'écrivain (cf. cet article), mais c'est un honnête récit. L'on en ressort ému, conquis et toujours confiant dans les sorts efficaces de ce vieux sorcier du Maine.
Conseillé, évidemment.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|
Publié le
17.2.16
Par
Nolt
Lancement aujourd'hui d'une nouvelle collection Eaglemoss consacrée cette fois aux Super-Héros des films Marvel.
Contrairement à la précédente série de personnages Marvel, les héros sont issus des adaptations cinéma. La tenue sera donc celle des films et les visages ceux des acteurs.
Le premier numéro est consacré à Iron Man. La figurine, peinte à la main, est assez grande (14 cm, échelle 1/16) et est disposée sur un socle rond. Elle est accompagnée d'un certificat d'authenticité et d'un magazine.Le magazine est divisée en quatre parties : présentation du personnage, acteur, les coulisses et un volet baptisé "heure de gloire". Le tout illustré par des photos du film.
Le premier numéro ne coûte que 3,99 €, le deuxième 7,99, les autres numéros passant ensuite à 15,99.
L'abonnement permet d'obtenir quelques cadeaux, dont le troisième numéro gratuit, une boîte de rangement ou encore une figurine Rocket Raccoon.
A noter qu'une offre premium permet également de recevoir cinq armures d'Iron Man supplémentaires.
Parmi les figurines suivantes, l'on retrouvera Loki, Hulk, Captain America, Thor et Black Widow.
Publié le
11.2.16
Par
Nolt
— Je peux te poser une
question sur Game of Thrones ?
— Oui, mais si c’est encore
pour me demander qui est parent avec qui…
— Non, non, c’est pas ça. Dans
la dernière saison, étant donné que Tommen a tous les pouvoirs, qu’il semble
sensé, sincèrement amoureux de sa femme, pourquoi n’intervient-il pas quand sa
propre épouse, puis sa mère, sont incarcérées par la Foi ?
— Heu… il… est jeune.
— Trop jeune pour comprendre
qu’il peut bousiller qui il veut sur un seul ordre ? A un moment donné, on
lui dit « sire, un mot et on les découpe en tranches », ou un truc
dans le genre. Pourquoi il ne réagit pas ?
— Ben… j’en sais rien. Parce
qu’il est… gentil ?
— Gentil au point de laisser
sa femme aller en taule ? Et sa mère, ils la font se balader à poil un peu
partout dans la ville quand même. C’est à vous dégoûter de faire des gosses !
Un petit coup de main du fiston, ça serait trop demander ?
— Mais enfin ! Est-ce que je te commente tout dans Plus Belle la Vie moi ? Non ! Et pourtant c'est bourré de conneries du début à la fin. Là il y a une ineptie et tu es obligée de bloquer dessus ? Alors, oui, Tommen est complètement con, c'est parce que c'est un bâtard consanguin, là, ça te va ?
— En tout cas, ils ont de drôles de mœurs dans cette famille...
Résolution #008 – ne pas
regarder de bonnes séries avec des gens qui chipotent sur tout : failed
Publié le
11.2.16
Par
Tacgnol
Suite au décès de son grand-père, Cheyenne Valentine quitte la maison de son enfance pour retrouver un mystérieux chef d’escadron, Zorin le rouge. Cet ancien militaire se trouve être l’assassin de ses parents. Désormais orpheline, sans attache, son unique raison de vivre devient celle de rencontrer cet homme, sans savoir si elle souhaite lui régler son compte ou non. Rompue aux techniques de combat, elle parcourt un monde qui mélange allégrement le Japon féodal et le Far West. En chemin, elle croise Apache, un mercenaire qui décide de la rejoindre dans sa quête. Ce guerrier borgne est en quête de vengeance car son groupe, les Maroboshi, fut décimé par ordre de l’empereur.
De plus, Cheyenne lui rappelle sa jeunesse…
Sans en dévoiler plus, les héros s’opposeront à de singuliers adversaires dans des affrontements sanglants, traverseront des paysages variés… et la relation tendue du début entre les deux protagonistes fera place à des sentiments amoureux réciproques.
Les deux premiers opus sont sortis en 2014 chez Nats Éditions et le dernier volet arrivera cette année. Scénarisée par Abacabu Rônin et dessinée par Linja, cette « romance d’aventure » - comme l’indique la quatrième de couverture - ne cache pas son influence plus que flagrante pour l’œuvre de Samura Hiroaki, L’habitant de l’infini [1] tant au niveau du graphisme que de l’histoire.
Ballad With A Solitary Blade utilise des ingrédients classiques : une héroïne désirable, mais pleine de ressources, un héros ténébreux et redoutable, une flopée d’adversaires affreux, des combats sanglants, de l’aventure, de l’action et de la romance avec parfois pas mal de dialogues pour expliciter certains points scénaristiques.
Dans le premier volume qui plante le décor, l’ensemble est très irrégulier tant au niveau du contenu que du dessin. Le travail de Linja est desservi par son absence d’identité graphique forte, trop marquée de son inspiration première avec laquelle on ne peut que comparer. Son trait pêche par les perspectives de certains objets et bâtiments, ainsi que des proportions corporelles mal gérées. Certains arrières-plans manquent de finitions et laissent un sentiment de vide et d’inachevé. Une amélioration est visible sur le second volume, mais mériterait d’être plus poussée.
Le découpage des planches est inégal. Quelques scènes sont plutôt réussies, par exemple lorsque la jeune femme quitte la maison de son enfance ou durant la parade célébrant l’empereur Teiki, et par moment, il est très dur de suivre l'action. Il faut ajouter à cela des emplacements de bulles parfois mal disposées et la lecture devient plus laborieuse.
Le choix des polices de caractères n’est pas des plus judicieux, et le lettrage peu agréable à parcourir (les textes touchent les bords…). Il n’y a quasiment pas de différence entre un texte parlé, pensé ou narré. Le lettrage semble réalisé sous Photoshop et non avec un logiciel dédié tel qu’ In design. La numérotation des pages est absente [2].
L’avertissement concernant le sens de lecture inversé n’est pas très gracieux dans sa mise en page ; il en va de même pour les couvertures.
L’univers brossé est assez flou : est-ce le Japon ? Un pays imaginaire ? Un empereur qui gouverne, mais qui se dissimule sous un Kagemusha [3], des kimonos, des armes blanches, des patronymes, des surnoms et des mots japonais jalonnent le récit sans que le lecteur en sache plus. Mais, et c'est un bon point, l’histoire est assez dense. Entre une jeune femme qui souhaite renouer
avec son passé pour se construire un avenir, un homme qui cherche une
forme de rédemption et un monde singulier, pas le temps de s’ennuyer.
Quelques touches d’humour présentes jouent sans surprise sur le physique de l’héroïne ou d’une tierce jeune femme dont les seins seront dénudés.
Certains choix laissent perplexe : le sens de lecture japonais pour une œuvre d’origine francophone, un titre en anglais dont la traduction en français est plus poétique !…
Le terme de « manga » est mis en avant par l’éditeur… Un manga est une bande dessinée native du Japon. Ils sont publiés majoritairement en noir et blanc et généralement dans de petits formats. Ici, on peut deviner que la dénomination « manga » désigne l’ensemble petit format + noir et blanc et une pagination plus importante que la BD franco-belge traditionnelle (46 pages couleur…). C’est oublier que depuis des décennies - et bien avant la déferlante manga - tout un pan de la production BD européenne parait dans des formats poche, en noir et blanc et avec une pagination fournie. On retourne cela notamment dans l’underground, les romans graphiques, mais aussi, avec des récits plus grand public et variés, les fumetti, ces bandes dessinées italiennes tels que Le grand Diabolik ou Dampyr voire Tex. Il aurait été plus judicieux d’utiliser le terme de "global manga" ou le néologisme "manfra" qui permet de marquer la distance nécessaire avec l’influence nippone.
Le terme de « manga » est mis en avant par l’éditeur… Un manga est une bande dessinée native du Japon. Ils sont publiés majoritairement en noir et blanc et généralement dans de petits formats. Ici, on peut deviner que la dénomination « manga » désigne l’ensemble petit format + noir et blanc et une pagination plus importante que la BD franco-belge traditionnelle (46 pages couleur…). C’est oublier que depuis des décennies - et bien avant la déferlante manga - tout un pan de la production BD européenne parait dans des formats poche, en noir et blanc et avec une pagination fournie. On retourne cela notamment dans l’underground, les romans graphiques, mais aussi, avec des récits plus grand public et variés, les fumetti, ces bandes dessinées italiennes tels que Le grand Diabolik ou Dampyr voire Tex. Il aurait été plus judicieux d’utiliser le terme de "global manga" ou le néologisme "manfra" qui permet de marquer la distance nécessaire avec l’influence nippone.
Ballad with a solitary blade est une œuvre qui aurait gagné à être peaufinée sur tous les plans : proposer des choix artistiques plus forts sans rogner sur l’inspiration et l’hommage à la culture japonaise tout en étant publiée dans le sens de lecture occidental. Disponible en version papier au format A5, cette bande dessinée qui emprunte des codes du manga est aussi accessible sur support numérique.
Une curiosité.
Le blog de Linja, la dessinatrice : http://watashi-no-e.over-blog.com/
Celui de Abacabu Rônin le scénariste : http://www.sayonara-cyber-banzai.fr/
Le site de l’éditeur Nats Editions : http://www.nats-editions.com/
[1] Blade of the immortal / Mugen no Junin, 30 volumes, histoire complète chez Casterman. Ce manga est un must have du chambara. Son auteur a aussi œuvré dans le western, avec Emerald (inédit en français).
[2] Dans les crédits du livre, on apprend que le scénariste a lettré lui-même sa BD...
[3] Kagemusha qui signifie "l'ombre du guerrier", désigne une doublure qui occupe la place d'un personnage haut placé... que l'on retrouve dans le film éponyme d'Akira Kurosawa, sorti en 1980.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|
Publié le
10.2.16
Par
Vance
Ah ben il m'en aura fallu du temps pour me lancer dans l'aventure d'X-Men : la Fin ! Tout d'abord, il fallait se les procurer et la collection Deluxe de chez Panini comics n'est pas à proprement parler une collection à bas prix. Qu'importe car, encore une fois (je me répète), ça en jette dans une bibliothèque.
Donc, une fois acquis, je ne les ai pas lus. Classique. Je pourrais avancer de nombreuses raisons, aux premiers rangs desquelles figureraient la quantité à lire (deux gros volumes tout de même, ce qui n'est pas fréquent dans le monde des comics) et l'envie, cette dernière étant régulièrement dégoupillée par les critiques assassines lues çà et là. X-Men la Fin est arrivé en fanfare mais s'est vite fait oublier.
Puis arriva le moment où je devais déterminer si sa place dans mes rayons était justifiée (oui, j'en ai largement terminé avec la volonté de tout conserver : la place n'est pas extensible à l'infini et je n'hésite plus à me séparer de ce que je ne relirai plus). Un passage chez le médecin et l'occasion de la salle d'attente fit le larron.
J'ai lu. Donc.
OK, je ne vais pas le conserver. Cependant, ce n'est pas le désastre annoncé. Quoique, si, en fait.
Chris Claremont annonce la couleur assez tôt : il y aura des morts, beaucoup, des larmes, des actes héroïques et désespérés, des individus qui vont sauver le monde tout en étant encore et toujours incompris voire rejetés par la majeure partie de l'espèce humaine. La réapparition, aux confins de la galaxie, du Phénix entraîne aussitôt des actes terroristes meurtriers sur Terre à l'encontre de la communauté mutante, fomentés par Sinistre qui semble avoir partie liée avec deux coalitions tentant de reprendre le pouvoir sur l'empire Shi'ar. Rien de nouveau, les ingrédients sont connus. Sauf que, puisque c'est une apothéose, il verse dans l'apocalyptique : tout est emphatique. Ceux qui connaissent le gars redoutent déjà ses travers : le bonhomme ne s'est guère amélioré en prenant de l'âge et l'équilibre miraculeux qu'on lui connaissait à l'époque des mythiques arcs Proteus et Dark Phoenix cédait progressivement le pas à des intrigues multiples s'enchaînant tant bien que mal et ponctuées par des dialogues sentencieux de plus en plus lourdingues. Ici, non seulement c'est le cas, mais si le montage parallèle entre le massacre des élèves de l'Institut Xavier, l'enquête menée par un commando d'X-Men, la campagne électorale de Kitty Pryde pour le poste de maire, le groupe cherchant à protéger le Phénix encore convalescent à bord du Starjammer, offre d'énormes possibilités scénaristiques, on se retrouve régulièrement interloqué par un découpage parfois abrupt, comme si des cases manquaient, nuisant en cela au bon déroulement de l'ensemble. Certaines interventions ressemblent furieusement au cheveu dans la soupe teinté de deus ex machina et le liant nécessaire à l'intelligibilité du script, pourtant un des points forts de Claremont, fait cruellement défaut.
C'est Sean Chen qui lui est associé. Je ne voudrais pas encore une fois faire mon vieux con en me remémorant les planches de Byrne, mais ce dessinateur échoue souvent dans la simple représentation des personnages, avec des visages un peu trop uniformes et un manque général d'expressivité. Les explosions sont explosives, les bastons bastonnantes mais le style apparaît grossier et traduit mal les actions des groupes (n'est pas George Pérez qui veut). Il faut parfois revenir en arrière pour comprendre pourquoi tel personnage est blessé (et, encore une fois, ce n'est pas toujours évident) ou pourquoi un autre a disparu.
Reste l'intrigue en elle-même. Il est clair qu'il y a la volonté pour Claremont de faire son Crisis, sauf qu'il peut en outre se permettre d'éliminer les héros les plus significatifs - vu que c'est censé se situer à la fin de l'épopée mutante. Les piliers de la communauté X tombent comme des mouches - et parfois vraiment, mais vraiment bêtement. Scott et Xavier passent leur temps à faire le compte, le nombre de décès dépassant bien vite celui des survivants capables d'agir encore. En outre, il y a des traîtres (bizarrement, toujours les mêmes) et des revenants. Des jeunes encore plein d'illusions, des vieux un peu désenchantés. Des couples improbables, ou trop évidents. On passe de surprise en surprise : certains n'ont pas changé, d'autres complètement. Le triangle amoureux de Scott Summers vire au quatuor, Wolverine est plus souvent alité que sur le terrain, Bobby Drake se met à philosopher et Emma joue les mères poules. Dans quelle mesure ces choix constituent-ils la trame de ce que Claremont avait décidé en son temps pour les équipes X, je ne saurais le dire. Certains sont évidents aux yeux des anciens lecteurs, d'autres interloquent.
Toujours est-il que tout cela nous amène à une confrontation cosmique entre ce qui reste des mutants et la fine fleur de la Garde impériale Shi'ar. Ce n'est pas la première fois. Et, là aussi, on est bien loin de leur premier face à face (à l'époque de l'empereur D'Ken et du Cristal de M'Kraan, lorsque Jean a littéralement sauvé l'univers) ou même de l'intensité poignante de leur second, sur la Lune (lorsque Lilandra avait décidé de la mort de Jean/Phénix). Il n'y a ni ampleur ni élégance, juste de la dévastation et quelques actes isolés. L'intérêt semble ailleurs, dans ce qui se déroule derrière ces conflits, là où se cache le véritable ennemi. Claremont s'est débrouillé pour nous embrouiller, tissant sa toile avec une multitude de cibles potentielles (à part Apocalypse et le Roi d'Ombre, on verra entrer la plupart des pires adversaires des X-Men) pour mieux nous duper à la fin. Sur ce plan, c'est assez réussi, même s'il a dû recourir à bon nombre de situations retorses et artificielles. Lorsque les héros tombent, du coup, on est davantage en colère que véritablement triste : l'amertume et la déception remplacent ce qui aurait dû être grandiose et émouvant. Ce ne sont pas les belles paroles qui sauveront l'entreprise qui ne parvient presque jamais à convaincre.
Quant à Wolverine : la Fin qui vient se rajouter au second volume, c'est nébuleux, moche et raté. A mille lieues d'un Old Man Logan.
Donc, une fois acquis, je ne les ai pas lus. Classique. Je pourrais avancer de nombreuses raisons, aux premiers rangs desquelles figureraient la quantité à lire (deux gros volumes tout de même, ce qui n'est pas fréquent dans le monde des comics) et l'envie, cette dernière étant régulièrement dégoupillée par les critiques assassines lues çà et là. X-Men la Fin est arrivé en fanfare mais s'est vite fait oublier.
Puis arriva le moment où je devais déterminer si sa place dans mes rayons était justifiée (oui, j'en ai largement terminé avec la volonté de tout conserver : la place n'est pas extensible à l'infini et je n'hésite plus à me séparer de ce que je ne relirai plus). Un passage chez le médecin et l'occasion de la salle d'attente fit le larron.
J'ai lu. Donc.
OK, je ne vais pas le conserver. Cependant, ce n'est pas le désastre annoncé. Quoique, si, en fait.
Chris Claremont annonce la couleur assez tôt : il y aura des morts, beaucoup, des larmes, des actes héroïques et désespérés, des individus qui vont sauver le monde tout en étant encore et toujours incompris voire rejetés par la majeure partie de l'espèce humaine. La réapparition, aux confins de la galaxie, du Phénix entraîne aussitôt des actes terroristes meurtriers sur Terre à l'encontre de la communauté mutante, fomentés par Sinistre qui semble avoir partie liée avec deux coalitions tentant de reprendre le pouvoir sur l'empire Shi'ar. Rien de nouveau, les ingrédients sont connus. Sauf que, puisque c'est une apothéose, il verse dans l'apocalyptique : tout est emphatique. Ceux qui connaissent le gars redoutent déjà ses travers : le bonhomme ne s'est guère amélioré en prenant de l'âge et l'équilibre miraculeux qu'on lui connaissait à l'époque des mythiques arcs Proteus et Dark Phoenix cédait progressivement le pas à des intrigues multiples s'enchaînant tant bien que mal et ponctuées par des dialogues sentencieux de plus en plus lourdingues. Ici, non seulement c'est le cas, mais si le montage parallèle entre le massacre des élèves de l'Institut Xavier, l'enquête menée par un commando d'X-Men, la campagne électorale de Kitty Pryde pour le poste de maire, le groupe cherchant à protéger le Phénix encore convalescent à bord du Starjammer, offre d'énormes possibilités scénaristiques, on se retrouve régulièrement interloqué par un découpage parfois abrupt, comme si des cases manquaient, nuisant en cela au bon déroulement de l'ensemble. Certaines interventions ressemblent furieusement au cheveu dans la soupe teinté de deus ex machina et le liant nécessaire à l'intelligibilité du script, pourtant un des points forts de Claremont, fait cruellement défaut.
C'est Sean Chen qui lui est associé. Je ne voudrais pas encore une fois faire mon vieux con en me remémorant les planches de Byrne, mais ce dessinateur échoue souvent dans la simple représentation des personnages, avec des visages un peu trop uniformes et un manque général d'expressivité. Les explosions sont explosives, les bastons bastonnantes mais le style apparaît grossier et traduit mal les actions des groupes (n'est pas George Pérez qui veut). Il faut parfois revenir en arrière pour comprendre pourquoi tel personnage est blessé (et, encore une fois, ce n'est pas toujours évident) ou pourquoi un autre a disparu.
Reste l'intrigue en elle-même. Il est clair qu'il y a la volonté pour Claremont de faire son Crisis, sauf qu'il peut en outre se permettre d'éliminer les héros les plus significatifs - vu que c'est censé se situer à la fin de l'épopée mutante. Les piliers de la communauté X tombent comme des mouches - et parfois vraiment, mais vraiment bêtement. Scott et Xavier passent leur temps à faire le compte, le nombre de décès dépassant bien vite celui des survivants capables d'agir encore. En outre, il y a des traîtres (bizarrement, toujours les mêmes) et des revenants. Des jeunes encore plein d'illusions, des vieux un peu désenchantés. Des couples improbables, ou trop évidents. On passe de surprise en surprise : certains n'ont pas changé, d'autres complètement. Le triangle amoureux de Scott Summers vire au quatuor, Wolverine est plus souvent alité que sur le terrain, Bobby Drake se met à philosopher et Emma joue les mères poules. Dans quelle mesure ces choix constituent-ils la trame de ce que Claremont avait décidé en son temps pour les équipes X, je ne saurais le dire. Certains sont évidents aux yeux des anciens lecteurs, d'autres interloquent.
Toujours est-il que tout cela nous amène à une confrontation cosmique entre ce qui reste des mutants et la fine fleur de la Garde impériale Shi'ar. Ce n'est pas la première fois. Et, là aussi, on est bien loin de leur premier face à face (à l'époque de l'empereur D'Ken et du Cristal de M'Kraan, lorsque Jean a littéralement sauvé l'univers) ou même de l'intensité poignante de leur second, sur la Lune (lorsque Lilandra avait décidé de la mort de Jean/Phénix). Il n'y a ni ampleur ni élégance, juste de la dévastation et quelques actes isolés. L'intérêt semble ailleurs, dans ce qui se déroule derrière ces conflits, là où se cache le véritable ennemi. Claremont s'est débrouillé pour nous embrouiller, tissant sa toile avec une multitude de cibles potentielles (à part Apocalypse et le Roi d'Ombre, on verra entrer la plupart des pires adversaires des X-Men) pour mieux nous duper à la fin. Sur ce plan, c'est assez réussi, même s'il a dû recourir à bon nombre de situations retorses et artificielles. Lorsque les héros tombent, du coup, on est davantage en colère que véritablement triste : l'amertume et la déception remplacent ce qui aurait dû être grandiose et émouvant. Ce ne sont pas les belles paroles qui sauveront l'entreprise qui ne parvient presque jamais à convaincre.
Quant à Wolverine : la Fin qui vient se rajouter au second volume, c'est nébuleux, moche et raté. A mille lieues d'un Old Man Logan.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|
Publié le
7.2.16
Par
Nolt
Gros plan aujourd'hui sur In Bloom, une bande dessinée tendre et poétique qui aborde un sujet douloureux.
Jérémy est un adolescent comme tant d'autres. Il doit notamment composer avec les abrutis de son quartier qui tentent de le malmener régulièrement. Mais surtout, Jérémy a perdu sa mère. Il vit maintenant seul avec son père. Ivre de tristesse, ce dernier est comme un fantôme. Il ne vit plus que par automatisme.
Alors que le père et le fils auraient dû se rapprocher pour faire face au drame qui les frappe, ils s'éloignent. L'enfant parvient alors à pallier le manque de communication en s'adressant à... une fleur. Une fleur qu'il prend pour sa mère, lui délivrant des messages de l'au-delà.
Écrite et dessinée par Wanch, voilà une œuvre pour le moins originale et intimiste qui vaut le détour. Attention cependant, pas sûr que vous puissiez vous plonger dans ce récit en gardant les yeux secs jusqu'au bout. Car, bien qu'il n'y ait ici ni combats, ni encapés, ni crimes, l'auteur cogne dans le bide, là où ça fait mal.
In Bloom est paru en octobre dernier, chez Nats Editions. Nous l'avions évoqué rapidement dans l'UMAC's Digest #9, mais cette histoire mérite que l'on s'attarde plus longuement sur son contenu.
Le sujet n'est certes pas facile (parler du décès d'un proche, on a déjà vu plus fun) mais il est ici traité avec suffisamment de talent et de savoir-faire pour éviter de sombrer dans le larmoyant. Au contraire, c'est avec une grande sensibilité mais aussi beaucoup de retenue que l'auteur dévoile peu à peu son univers, simple et élégant.
Le traitement graphique est fort habile et permet de souligner l'état d'esprit des personnages. Ainsi, le présent, terne et triste, n'est entrecoupé que par quelques flashbacks colorés, comme si le monde entier souffrait de l'absence de cette femme, tant aimée, et en perdait ses teintes réelles.
Le côté enfantin de Jérémy est très bien rendu, notamment par ses représentations très caricaturales des personnes qui gravitent autour de lui. Il voit ainsi la petite frappe de son école comme un vampire, ou sa voisine trop curieuse comme une espionne.
Son besoin de se raccrocher à quelque chose, un symbole, un espoir, est aussi déchirant que réaliste. L'être humain est ainsi fait qu'il invente des rites, des voix, des routines pour apaiser sa peine et se détourner des larmes. C'est sur ce terrain particulier que Wanch nous entraîne, dans une ambiance onirique douce-amère.
In Bloom (qui signifie "en fleur", "épanoui") se révèle joli, intelligent et poignant. Un "perfect" ? Presque. L'on aurait en effet aimé que certains aspects soient un peu plus creusés, comme les relations de l'enfant avec les brutes qui le harcèlent ou encore cette balade en forêt qui se transforme en quasi quête initiatique (le héros affrontant alors un environnement qu'il perçoit comme clairement hostile, il s'agit clairement d'un "seuil" à franchir, cf. les concepts chers à Vogler dans la partie II de ce dossier).
Au final, voilà une lecture qui ne laissera pas indemne. Nombreuses sont les BD qui divertissent. Quelques-unes peuvent instruire à l'occasion. Mais rares et précieuses sont celles qui permettent de soulager ses tourments. Un peu comme un baume sur une vilaine blessure, In Bloom commence par réveiller la douleur avant de finalement l'apaiser. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'espoir, la reconstruction et, un jour, les couleurs qui reviennent...
Brillant.
Jérémy est un adolescent comme tant d'autres. Il doit notamment composer avec les abrutis de son quartier qui tentent de le malmener régulièrement. Mais surtout, Jérémy a perdu sa mère. Il vit maintenant seul avec son père. Ivre de tristesse, ce dernier est comme un fantôme. Il ne vit plus que par automatisme.
Alors que le père et le fils auraient dû se rapprocher pour faire face au drame qui les frappe, ils s'éloignent. L'enfant parvient alors à pallier le manque de communication en s'adressant à... une fleur. Une fleur qu'il prend pour sa mère, lui délivrant des messages de l'au-delà.
Écrite et dessinée par Wanch, voilà une œuvre pour le moins originale et intimiste qui vaut le détour. Attention cependant, pas sûr que vous puissiez vous plonger dans ce récit en gardant les yeux secs jusqu'au bout. Car, bien qu'il n'y ait ici ni combats, ni encapés, ni crimes, l'auteur cogne dans le bide, là où ça fait mal.
In Bloom est paru en octobre dernier, chez Nats Editions. Nous l'avions évoqué rapidement dans l'UMAC's Digest #9, mais cette histoire mérite que l'on s'attarde plus longuement sur son contenu.
Le sujet n'est certes pas facile (parler du décès d'un proche, on a déjà vu plus fun) mais il est ici traité avec suffisamment de talent et de savoir-faire pour éviter de sombrer dans le larmoyant. Au contraire, c'est avec une grande sensibilité mais aussi beaucoup de retenue que l'auteur dévoile peu à peu son univers, simple et élégant.
Le traitement graphique est fort habile et permet de souligner l'état d'esprit des personnages. Ainsi, le présent, terne et triste, n'est entrecoupé que par quelques flashbacks colorés, comme si le monde entier souffrait de l'absence de cette femme, tant aimée, et en perdait ses teintes réelles.
Le côté enfantin de Jérémy est très bien rendu, notamment par ses représentations très caricaturales des personnes qui gravitent autour de lui. Il voit ainsi la petite frappe de son école comme un vampire, ou sa voisine trop curieuse comme une espionne.
Son besoin de se raccrocher à quelque chose, un symbole, un espoir, est aussi déchirant que réaliste. L'être humain est ainsi fait qu'il invente des rites, des voix, des routines pour apaiser sa peine et se détourner des larmes. C'est sur ce terrain particulier que Wanch nous entraîne, dans une ambiance onirique douce-amère.
In Bloom (qui signifie "en fleur", "épanoui") se révèle joli, intelligent et poignant. Un "perfect" ? Presque. L'on aurait en effet aimé que certains aspects soient un peu plus creusés, comme les relations de l'enfant avec les brutes qui le harcèlent ou encore cette balade en forêt qui se transforme en quasi quête initiatique (le héros affrontant alors un environnement qu'il perçoit comme clairement hostile, il s'agit clairement d'un "seuil" à franchir, cf. les concepts chers à Vogler dans la partie II de ce dossier).
Au final, voilà une lecture qui ne laissera pas indemne. Nombreuses sont les BD qui divertissent. Quelques-unes peuvent instruire à l'occasion. Mais rares et précieuses sont celles qui permettent de soulager ses tourments. Un peu comme un baume sur une vilaine blessure, In Bloom commence par réveiller la douleur avant de finalement l'apaiser. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'espoir, la reconstruction et, un jour, les couleurs qui reviennent...
Brillant.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|
Publié le
6.2.16
Par
Vance
Le choix d'abandonner définitivement dans leur version kiosque la lecture des comics Marvel n'a pas été aisé à prendre, pour des raisons avant tout sentimentales. Mais la déception consécutive aux faux events, la médiocrité généralisée dans les scripts, l'accent mis sur le spectaculaire plutôt que le passionnant, le recours trop systématique à des ficelles bien trop usées pour être efficaces et surtout la multiplication des titres avaient sonné le glas de ma relation intime avec l'éditeur de mes idoles de jeunesse. Néanmoins, je me rassurais alors à l'époque de cette rupture sur le fait que les arcs narratifs les plus intéressants étaient régulièrement repris en albums. Du coup, cela me permettrait, de loin en loin, de suivre l'évolution de l'univers de mes super-héros préférés (et puis, ça fait plus joli dans une bibliothèque que des petits fascicules).
Le seul hic avec cette décision, c'est la disparition de la continuité. Le fait de lire chaque mois la majorité des titres édités évitait le piège de s'embrouiller avec les noms et les lieux, la constitution des équipes et l'évolution de la situation familiale des protagonistes. Cela créait une complicité qui a sans aucun doute constitué l'atout principal de Marvel face à ses concurrents. Ainsi, et jusque lors, je pouvais m'appuyer sur mon expérience de lecteur au long cours pour mettre un nom, voire une histoire, sur chacun des personnages apparaissant dans les films. Il m'était même assez facile de le replacer dans son contexte et même de déterminer les raisons de sa présence dans le script.
Avec Avengers, la Rage d'Ultron, je me retrouve soudain pris au piège dans lequel tombe le lecteur occasionnel. Cette perte de repères est, ma foi, fort désagréable.
Mais tout d'abord, répondons à la question : pourquoi ce titre ?
Comme souvent, chez moi, ce sont les noms des artistes qui me font franchir le Rubicon (les Avengers m'ont toujours paru moins flamboyants et attirants que les équipes mutantes, même si je reconnais la qualité de certains grands arcs qui m'ont bien fait vibrer) : l'association Rick Remender et Jerome Opeña avait de quoi me ravir. Leur travail proprement remarquable sur Uncanny X-Force (The Apocalypse Solution est l'un des rares événements réellement enthousiasmants de la dernière décennie Marvel) m'incitait à croire que je pourrais retrouver dans ce récit vraisemblablement commandé pour coller à l'actualité filmique l'énergie, l'inventivité et le brio qui me manquaient [édité chez Marvel en mars 2015, en France chez Panini en novembre de la même année].
Or, déjà, le sujet n'est pas évident. Ultron a laissé des traces indélébiles dans la psyché du lecteur assidu : Némésis régulière des plus grands super-héros de la Terre, il a été à l'origine de sagas parfois enlevées et fédératrices (voir par exemple Ultron Unlimited disponible à bas prix désormais), mais souvent brouillonnes et prétentieuses. Se réincarnant et évoluant à chaque fois, c'est le genre d'ennemi qui ne meurt jamais véritablement et complique à chaque fois la tâche des héros qui l'affrontent. Heureusement que, comme pour Thanos et sa fameuse propension à échouer alors même qu'il avait toutes les cartes en mains (faiblesse expliquée assez élégamment dans la conclusion d'Infinity Gauntlet), Ultron, malgré son armure indestructible et sa capacité à diriger les machines, se fait inéluctablement trahir par les pions qu'il a mis en place dans sa stratégie de destruction/domination - et se retrouve confronté à son créateur, ce père qu'il hait au-delà de tout : Hank Pym.
La Rage d'Ultron est ainsi construite sur ce dernier point, qui sert à la fois de pivot et de pierre d'achoppement, préparant le terrain pour un finale forcément grandiose et terrible - mais qu'on a l'impression d'avoir vécu mille fois. Vous l'aurez compris, je n'ai pas été emballé par ce produit, un peu trop artificiel d'autant que Jerome Opeña et son compère encreur Dean White ne s'occupent que d'une partie de l'album que Remender a construit en deux temps, sur deux époques (le passé, le présent, donc) afin de mettre en évidence certains faits et surtout les rapports conflictuels entre Pym, Ultron, des avatars exutoires comme Vision et les autres Avengers.
Le ton est donné dès le premier chapitre : ce sera à la fois bavard et échevelé, péremptoire et violent, tour à tour plombé et rehaussé par des sentences assénées sur un ton docte presque caricatural (nos héros, en plein combat, philosophent à qui mieux mieux tandis que les méchants soliloquent). Ce n'est qu'en de très rares occasion que pointe cet humour particulier, très noir, dont Remender fleurissait les planches de ses précédents exercices (j'ai en mémoire le très décousu mais réjouissant Franken-Castle mais plus récemment Nolt nous avait parlé du très bon Deadly Class). L'ambiance est plutôt à une forme de solennité un peu impersonnelle, avec des intervenants trop nombreux pour être véritablement présentés - et tant pis pour les néophytes qui n'auront droit qu'à une galerie de personnages, dont les Avengers d'hier et d'aujourd'hui (ces derniers étant déjà des étrangers pour moi), l'introduction n'étant là que pour raconter Ultron à travers les âges.
Un intermède donnera en outre l'occasion de rencontrer les Descendants, des individus très peu connus que Remender avait insérés dans un volume de Secret Avengers. Tout ce beau monde s'ébat dans des décors peu fouillés (seules les premières pages inscrivent les combats dans un milieu urbain et habité) permettant de mieux distinguer les êtres qui s'affrontent, au premier rang desquels on retrouve immanquablement Pym, toujours aussi tourmenté et instable, vrai génie méconnu et pathétique raté, qui ne parvient à se transcender qu'en présence de sa création, son fils en somme - lequel, lorsqu'il est acculé par les trouvailles de son père, joue mécaniquement la carte de l'œdipe, la Vision intervenant comme troisième larron. Dans tout ce dispositif assez lourd (les affrontements physiques, quoique titanesques, ne servant qu'à ralentir le robot tueur) j'ai eu l'agréable surprise de trouver un revenant, Starfox de Titan, qui m'a rappelé les grandes et belles heures de l'épopée de Captain Marvel et de la saga du Cube cosmique.
C'est un certain Pepe Larraz qui vient remplacer Opeña en cours de volume, avec un graphisme plus souple, une mise en page plus statique quoique élégante, des silhouettes similaires mais des visages moins distincts.
Les pertes seront lourdes, les conséquences dramatiques. Néanmoins, la nature même de l'œuvre fait qu'on en ressent peu les effets : ça manque d'émotion, de vie, de réelle surprise. D'ailleurs, cela semble s'inscrire très timidement dans la continuité, avec une sorte de réticence. La Rage d'Ultron désappointera les puristes et désarçonnera les nouveaux venus.
Toutefois, ça vaut le coup d'œil.
Le seul hic avec cette décision, c'est la disparition de la continuité. Le fait de lire chaque mois la majorité des titres édités évitait le piège de s'embrouiller avec les noms et les lieux, la constitution des équipes et l'évolution de la situation familiale des protagonistes. Cela créait une complicité qui a sans aucun doute constitué l'atout principal de Marvel face à ses concurrents. Ainsi, et jusque lors, je pouvais m'appuyer sur mon expérience de lecteur au long cours pour mettre un nom, voire une histoire, sur chacun des personnages apparaissant dans les films. Il m'était même assez facile de le replacer dans son contexte et même de déterminer les raisons de sa présence dans le script.
Mais tout d'abord, répondons à la question : pourquoi ce titre ?
Comme souvent, chez moi, ce sont les noms des artistes qui me font franchir le Rubicon (les Avengers m'ont toujours paru moins flamboyants et attirants que les équipes mutantes, même si je reconnais la qualité de certains grands arcs qui m'ont bien fait vibrer) : l'association Rick Remender et Jerome Opeña avait de quoi me ravir. Leur travail proprement remarquable sur Uncanny X-Force (The Apocalypse Solution est l'un des rares événements réellement enthousiasmants de la dernière décennie Marvel) m'incitait à croire que je pourrais retrouver dans ce récit vraisemblablement commandé pour coller à l'actualité filmique l'énergie, l'inventivité et le brio qui me manquaient [édité chez Marvel en mars 2015, en France chez Panini en novembre de la même année].
Or, déjà, le sujet n'est pas évident. Ultron a laissé des traces indélébiles dans la psyché du lecteur assidu : Némésis régulière des plus grands super-héros de la Terre, il a été à l'origine de sagas parfois enlevées et fédératrices (voir par exemple Ultron Unlimited disponible à bas prix désormais), mais souvent brouillonnes et prétentieuses. Se réincarnant et évoluant à chaque fois, c'est le genre d'ennemi qui ne meurt jamais véritablement et complique à chaque fois la tâche des héros qui l'affrontent. Heureusement que, comme pour Thanos et sa fameuse propension à échouer alors même qu'il avait toutes les cartes en mains (faiblesse expliquée assez élégamment dans la conclusion d'Infinity Gauntlet), Ultron, malgré son armure indestructible et sa capacité à diriger les machines, se fait inéluctablement trahir par les pions qu'il a mis en place dans sa stratégie de destruction/domination - et se retrouve confronté à son créateur, ce père qu'il hait au-delà de tout : Hank Pym.
La Rage d'Ultron est ainsi construite sur ce dernier point, qui sert à la fois de pivot et de pierre d'achoppement, préparant le terrain pour un finale forcément grandiose et terrible - mais qu'on a l'impression d'avoir vécu mille fois. Vous l'aurez compris, je n'ai pas été emballé par ce produit, un peu trop artificiel d'autant que Jerome Opeña et son compère encreur Dean White ne s'occupent que d'une partie de l'album que Remender a construit en deux temps, sur deux époques (le passé, le présent, donc) afin de mettre en évidence certains faits et surtout les rapports conflictuels entre Pym, Ultron, des avatars exutoires comme Vision et les autres Avengers.
Le ton est donné dès le premier chapitre : ce sera à la fois bavard et échevelé, péremptoire et violent, tour à tour plombé et rehaussé par des sentences assénées sur un ton docte presque caricatural (nos héros, en plein combat, philosophent à qui mieux mieux tandis que les méchants soliloquent). Ce n'est qu'en de très rares occasion que pointe cet humour particulier, très noir, dont Remender fleurissait les planches de ses précédents exercices (j'ai en mémoire le très décousu mais réjouissant Franken-Castle mais plus récemment Nolt nous avait parlé du très bon Deadly Class). L'ambiance est plutôt à une forme de solennité un peu impersonnelle, avec des intervenants trop nombreux pour être véritablement présentés - et tant pis pour les néophytes qui n'auront droit qu'à une galerie de personnages, dont les Avengers d'hier et d'aujourd'hui (ces derniers étant déjà des étrangers pour moi), l'introduction n'étant là que pour raconter Ultron à travers les âges.
Un intermède donnera en outre l'occasion de rencontrer les Descendants, des individus très peu connus que Remender avait insérés dans un volume de Secret Avengers. Tout ce beau monde s'ébat dans des décors peu fouillés (seules les premières pages inscrivent les combats dans un milieu urbain et habité) permettant de mieux distinguer les êtres qui s'affrontent, au premier rang desquels on retrouve immanquablement Pym, toujours aussi tourmenté et instable, vrai génie méconnu et pathétique raté, qui ne parvient à se transcender qu'en présence de sa création, son fils en somme - lequel, lorsqu'il est acculé par les trouvailles de son père, joue mécaniquement la carte de l'œdipe, la Vision intervenant comme troisième larron. Dans tout ce dispositif assez lourd (les affrontements physiques, quoique titanesques, ne servant qu'à ralentir le robot tueur) j'ai eu l'agréable surprise de trouver un revenant, Starfox de Titan, qui m'a rappelé les grandes et belles heures de l'épopée de Captain Marvel et de la saga du Cube cosmique.
C'est un certain Pepe Larraz qui vient remplacer Opeña en cours de volume, avec un graphisme plus souple, une mise en page plus statique quoique élégante, des silhouettes similaires mais des visages moins distincts.
Les pertes seront lourdes, les conséquences dramatiques. Néanmoins, la nature même de l'œuvre fait qu'on en ressent peu les effets : ça manque d'émotion, de vie, de réelle surprise. D'ailleurs, cela semble s'inscrire très timidement dans la continuité, avec une sorte de réticence. La Rage d'Ultron désappointera les puristes et désarçonnera les nouveaux venus.
Toutefois, ça vaut le coup d'œil.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|