Aurora #1 : Phénomènes
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"Ils sont nés le jour de l'aurore.
Ils sont 222 000.
Ils sont la fin des temps."

Cette citation nous servant ici de chapeau barre le dos de l'album qui nous concerne. Sa couverture est reproduite ci-contre. 
À la lecture de ces quelques mots, à la vue de cette illustration d'un adolescent aux poings ensanglantés entouré de sortes de zombies aux yeux rouges sous un ciel assombri par un vol de corbeaux... une idée vous viendrait sans doute immanquablement en tête, non ? Quelque chose comme : "Oh bah tiens, ça semble avoir la subtilité d'une phrase écrite en caractères gothiques couverte de Stabilo, ce machin"... et vous auriez raison !
Nous tenons effectivement entre les mains une bande dessinée qui a cherché un contexte prétexte à des tueries, des massacres et du gore façon "du sang, des boyaux, de la rate et du cerveau ; je mets ça sur mes tartines, ça fait des vitamines".
C'est volontairement bourrin et défoulant. Ça le hurle à la face du Monde. Ça pose sur la table devant vous, en un geste de défi, une collection d'yeux fraîchement arrachés de leurs orbites en vous enjoignant à ne débuter la lecture qu'à condition d'être friands de récits apocalyptiques sans concession et baignant dans une violence sans retenue.
L'omniprésence du rouge sur sa couverture au vernis sélectif de bon aloi, son éditeur, (Soleil) que l'on ne peut pas soupçonner d'être frileux en termes d'exposition de violence, la présence de Bec (Bob MoraneTarzan #1Tarzan #2Le sanctuaire des hérétiques #1Le sanctuaire des hérétiques #2, CrusadersWest Legends #2 ou Prométhée et Olympus Mons pour lesquels il avait déjà confié le dessin à Stefano Raffaële) au scénario dont on connaît le goût pour les thrillers fantastiques grandiloquents... j'imagine que tout cela vous renseigne amplement sur la présence de violence dans cet ouvrage, non ?
Oui. L'album nous prévient depuis le début qu'il est ultra référencé, qu'il est le premier tome d'une série, qu'il va envoyer du lourd et qu'il est poisseux de sang comme le nourrisson ci-dessous. Mais... a-t-il autre chose à offrir ?



Il y a vingt ans de cela, une aurore boréale écarlate a traversé les cieux de la planète entière. Cet évènement géomagnétique sans précédent fut si marquant que tous les enfants nés ce jour-là furent surnommés "les enfants de l'Aurore" ; essentiellement parce que "les gosses du jour du ciel tout rouge", c'était moins vendeur.
En nous posant ces bases, l'album tient bien à nous préciser que, "au Moyen Âge, les aurores polaires prenant des teintes rougeâtres étaient associées au sang et à la guerre" par le biais d'un commentaire journalistique... c'est gentil, on ne l'avait pas deviné ; ce n'est pas comme si, durant dix planches précédant celle de cette révélation, nous avions eu des massacres perpétrés en ce futur proche qu'est l'année 2046 par des gens semblant tous avoir vingt ans et affichant ostensiblement une insensibilité elle aussi annoncée dès la couverture.
Vous nous voyez venir : cet album n'est pas un modèle de finesse scénaristique. Mais là où certains pourraient s'en offusquer, nous choisissons de ne pas lui en tenir grief tant il semble assumer le fait qu'il soit la énième mais assez réjouissante relecture de ce mythe moderne de la "génération d'élus", "génération atypique"... Ça peut même rappeler Le village des damnés généralisé à la planète entière, par certains aspects, mais peu importe : ces filiations sont assumées et c'est dans le reste que cette bande dessinée compte bien se faire remarquer... par sa façon différente d'aborder ce poncif du fantastique et de la science-fiction.
Mais retour à notre époque : les enfants de l’aurore sont tous assez renfermés sur eux-mêmes et souvent nettement plus intelligents que la moyenne mais tous sont en pleine santé. Depuis leur naissance, le monde a continué de tourner : crises diverses, apparitions de nouveaux virus, résurgences d’anciennes maladies, fusillades... la came routinière des journaux télévisés. Le récit nous en fait rencontrer plusieurs à leur naissance et lors de leur enfance. Manipulateurs, psychopathes, insensibles et colériques dès leur plus jeune âge, ils semblent attendre une connexion qui leur serait promise pour que, tous, de par le monde, se coordonnent en vue de la réalisation d'un objectif global.
Niveau dessin, le découpage est précis, la mise en page est très évocatrice et confère à l'ensemble, par son horizontalité quasi généralisée, une filiation quasi immédiate avec le cinéma.
Le trait réaliste est efficace même si très classique.
La mise en couleurs de Stéphane Paitreau est fonctionnelle... mais irréprochable dans son efficacité.

Nous avons donc là, certes, un album parfois ultra-violent qui aurait pu se satisfaire d'être bas du front mais la mise en place des personnages et de l'univers à laquelle il s'astreint est plus intéressante que ce que l'on aurait pu craindre.
C'est un tome 1 qui remplit parfaitement et de façon musclée son rôle de tome d’introduction. Évidemment, la majeure partie des explications sont à découvrir dans les tomes suivants, si toutefois l'auteur compte nous en accorder ; comme souvent avec ce genre de série, le dévoilement de l'intrigue et de ses enjeux est progressif et aide à tenir en haleine tout au long de l'album autant qu'à pousser à l'achat du suivant... c'est néanmoins de bonne guerre quand c'est bien fait.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une intrigante relecture du thème bien connu des enfants interconnectés et flippants.
  • Une prometteuse généralisation du phénomène à la surface entière du globe.
  • Une violence qui ne s'encombre pas de fausse pudeur.
  • Un dessin efficace et approprié au découpage cinématographique. 

  • Une scénario dont les originalités ne sont jusqu'à présent que dans les détails.
  • Un dessin réaliste finalement très générique à notre époque.
Marée stellaire, de David Brin
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Sorti en France en 1983, ce roman de l'ancien astrophysicien David Brin a immédiatement propulsé l'auteur au rang des futurs grands écrivains de SF du XXIe siècle, trustant les prix les plus prestigieux dans la profession (prix Hugo et Nebula en tête), confirmant tout le bien qu'on pouvait penser de lui avec Jusqu'au cœur du Soleil, qui pourrait se voir comme une sorte d'introduction à Marée stellaire et s'impose d'ailleurs comme premier volet de la saga en devenir Élévation
Celle-ci constitue le nœud gordien du livre, et une sorte de fil rouge de la série se déroulant dans un futur pas si lointain où l'Homme a été propulsé au rang des races galactiques qui ont toutes bénéficié de ce procédé par lequel une espèce, parvenue à un haut degré de responsabilité et d'évolution, se voit parrainée par une autre, doyenne, qui la fera accéder à un savoir incommensurable et au voyage intersidéral (en échange d'une forme de servitude plus ou moins longue et contraignante). Mais contrairement à Star Trek par exemple, où les Terriens ont dû attendre le "Premier Contact" pour s'émanciper véritablement, ici l'Humanité constitue une forme d'exception car personne ne parvient à expliquer comment (et surtout par qui) ils sont parvenus à la maturité spatiale. Ce qui fait de ces humains des "Enfants-loups", craints, honnis ou jalousés par la plupart des races dominantes. Et les Terriens de ne continuer à en faire qu'à leur tête puisqu'ils ont par la suite procédé à l'Élévation des espèces les plus évoluées sur leur planète-mère (dauphins et chimpanzés en tête) - mais sans pour autant leur demander cette contrepartie normalement exigée des races-clientes. Ainsi, des représentants delphiniens et simiesques siègent à l'Assemblée des Nations Unies terrestres, histoire de se serrer les coudes face à la voracité des extraterrestres.


Ce qui fait que dans cet avenir trouble, les Hommes et leurs acolytes néo-dauphins ou néo-singes marchent sur des œufs, sachant qu'ils sont attendus au tournant à la moindre erreur - et qu'ils n'ont pas les moyens de résister à l'assaut de certaines des races les plus belliqueuses.
Malgré ce contexte à la fois politique, stratégique et scientifique, Marée stellaire s'avère, de fait, et étonnamment, particulièrement enthousiasmant. 

S'il n'est pas le premier volume de la saga Élévation, il parvient à se lire plutôt aisément de manière indépendante : construit en dix chapitres subdivisés en paragraphes multipliant les points de vue - ce qui déroute au départ, mais finit par se justifier et apporter un réel confort de lecture - le récit nous plonge immédiatement dans les affres d'un équipage terrien qui s'est réfugié en catastrophe sur une planète océanique, le temps de réparer son vaisseau pris à partie lors d'un guet-apens tendu par des armadas entières de Galactiques (nom donné aux races ayant accédé au voyage spatial par le procédé de l'Élévation). Cachés dans les fonds sous-marins, conscients qu'il leur faudra un miracle pour échapper aux forces militaires lancées à leurs trousses (tout ça pour avoir déniché dans un secteur spatial désert quelque chose de si ancien qu'il pourrait faire vaciller les principes sur lesquels repose le fragile équilibre entre les civilisations doyennes), ils mettent au point un stratagème incroyablement risqué et couillu tout en essayant de survivre autant que possible dans cet environnement hostile, aux eaux chargées de métal et à la géologie totalement incompréhensible. 


Humains comme néo-dauphins (en plus d'un néo-chimp' scientifique) tentent de s'adapter d'abord, de travailler de concert ensuite et d'utiliser au mieux leurs compétences respectives malgré les secrets qui hantent certains membres (ceux qui dissimulent un cadavre antédiluvien ou une machine pensante extraterrestre, ceux qui ont mené des expériences génétiques interdites dont les conséquences engendreront inévitablement le chaos, ceux qui fomentent une mutinerie ou simplement ceux qui sont ouvertement amoureux d'un de leur collègue) tandis que, là-haut, en orbite, la guerre fait rage entre les destroyers et croiseurs intersidéraux qui se disputent l'insigne honneur de mettre la main sur ces "Enfants-loups". Et pour rajouter encore à la pression des officiers, d'étranges découvertes vont être faites sur la planète refuge : des falaises de métal, des arbres foreurs, des algues carnivores mais également une race d'êtres précognitifs qu'il faudra absolument préserver de la voracité des Galactiques, toujours prêts à s'adjoindre une civilisation qui leur sera entièrement dévolue pendant des millénaires, en contrepartie de l'accès au savoir universel et au voyage cosmique.


Sur un ton crescendo, le récit nous promène entre les nombreux protagonistes de cette histoire dantesque, pleine de suspense et de rebondissements, rappelant par moments l'ambiance d'Abyss et la tension d'Hypérion, mais sans jamais se départir d'un certain sense of wonder privilégiant les péripéties, les rapports étranges et l'aventure épique à la hard science. Le roman s'achève d'une manière échevelée, avec des hauts-faits, des sacrifices, des coups bas, des coups de génie, des coups durs et une ouverture magistrale vers d'autres niveaux : outre le sort de ces Terriens, pour la majorité desquels le lecteur prend immédiatement parti, se profile une intrigue plus lourde de conséquences, plus insidieuse mais aux répercussions qui pourraient être cataclysmiques. Tous les ingrédients d'un bon space-opera sont rassemblés, mêlant harmonieusement l'imagination débordante des grands classiques (entre Edmond Hamilton et Jack Vance) et la rigueur logique des écrivains des dernières décennies, tels Peter F. Hamilton


Le travail de David Brin sur le langage pratiqué par l'équipage (de l'anglique au ternaire delphinien) apporte parfois une touche de poésie savante qui n'est pas sans rappeler les visions d'Arthur C. Clarke (on n'est jamais très loin des Enfants d'Icare). Et malgré de solides bases scientifiques, ce livre s'appuie essentiellement sur ses personnages, tous choyés et dépeints avec beaucoup de tendresse, et dans un style agréable, parfaitement équilibré entre réflexions, dialogues pleins d'allant et descriptions non dénuées d'humour et de lyrisme (la manière dont sont présentées certaines créatures extraterrestres puise dans le charme désuet des couvertures des pulps de l'Âge d'or tout en insérant une bonne dose de vice).

Une réussite qui mérite largement sa farandole de prix littéraires.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un récit marquant dans l'histoire de la SF.
  • Un space-opera enlevé, imaginatif, foisonnant et solidement construit.
  • Une galerie de personnages disparates décrits par le menu.
  • Un décor aussi hostile que superbe.
  • La multiplication des points de vue, d'abord déroutante, s'avère parfaitement assimilable pour les habitués d'une narration cinématographique.
  • Une traduction méritoire.


  • Certains éléments liés au contexte cosmopolitique sont introduits petit à petit et peuvent déstabiliser le lecteur, surtout s'il n'a pas lu le premier volume.
Batman Chronicles 1988 volume 1
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On se penche aujourd'hui sur le nouveau tome de la collection Batman Chronicles !

Cette collection, publiée par Urban Comics, est en fait une intégrale regroupant, par année, toutes les séries consacrées au Dark Knight. Deux tomes avaient déjà couvert l'année 1987, et le premier tome dédié à l'année 1988 vient tout juste de sortir.
Il s'agit d'un album bien épais regroupant : Batman #415 à #429, Batman Annual #12, Batgirl Special #1, Suicide Squad #10 ainsi que le graphic novel Batman : The Killing Joke. Soit en tout 576 pages. 

Niveau auteurs, on retrouve ici des scénarios de Jim Starlin, John Ostrander, Mike Baron, Robert Greenberger, Barbara Kesel et Alan Moore. La partie graphique est assurée par Jim Aparo, Luke McDonnell, Dick Giordano, Mark Bright, Ross Andru, Pablo Marcos, Norm Breyfogle, Dave Cockrum, Barry Kitson et Brian Bolland.
Signalons enfin, avant de passer aux récits, que chaque tome est enrichi d'un contenu rédactionnel. Certains articles viennent recontextualiser les épisodes et sont complétés par du matériel d'époque (commentaires des éditeurs ou encore courriers des lecteurs).




Il faut bien admettre que 1988 a été une bonne année pour le héros de Gotham et que ce tome contient quelques classiques, à commencer par le superbe The Killing Joke, clairement la pièce maîtresse de cet ouvrage, avec un excellent Moore à la manœuvre. C'est bien entendu du Joker dont il est question ici, ce dernier ayant la joyeuse idée de kidnapper le commissaire Gordon pour lui infliger diverses tortures, notamment en s'en prenant à sa fille, Barbara. C'est sombre, percutant et parfaitement mis en valeur par le style torturé de Bolland et la colorisation, très efficace et appropriée (cf. ces planches), de John Higgins. 

Autre histoire (en 4 épisodes) présente ici et qui est devenue un classique : A Death in the Family. L'on y retrouve le Joker, décidément très actif et plein d'imagination, qui va s'en prendre cette fois à Robin, alias Jason Todd. Le personnage était devenu très impopulaire à l'époque et, petite curiosité, ce sont les lecteurs qui ont décidé de sa disparition, grâce à un sondage. Donc, la pire manière en général d'écrire une histoire... 
Ceci dit, ça aurait pu devenir une sorte de tragédie lyrique, mais sous la plume de Starlin, tout cela reste assez terne. Notamment le texte accompagnant la macabre découverte de Batman, d'une platitude étonnante. Ceci dit, certaines planches d'Aparo sont, elles, très marquantes. 

Les autres récits vont de l'anecdotique au très bon. Dans cette dernière catégorie, citons par exemple l'aventure de Batgirl, The Last Batgirl Story, écrite par Kesel. Un bel équilibre entre moments d'introspection et action, et surtout une thématique intéressante, en avance sur son temps et traitée sans les dérives wokistes actuelles. Mais bon, c'était une autre époque...
Niveau guests, l'on peut noter la présence de l'Épouvantail, KGBeast, mais aussi Nightwing ou encore ce bon vieux Superman. Visuellement, la colorisation de ces épisodes (excepté celui mis en couleurs par Higgins) est très... années 80, donc ça reste assez flashy. Heureusement, le papier mat choisi par l'éditeur s'accorde assez bien avec cette débauche de couleurs criardes. 

Au final, voilà un très bon tome, proposant un contenu dense et riche, accompagné d'un rédactionnel travaillé. 
Clairement indispensable pour les fans de Batman !




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • The Killing Joke : excellent et mythique.
  • Un très bon épisode de Batgirl.
  • Un contenu assez énorme.
  • Higgins, qui fait des miracles en matière de colorisation pour l'époque.
  • Un rédactionnel intéressant.


  • Quelques épisodes un peu plus anecdotiques ou datés.
Michel Vaillant Legendes : Dans l'enfer d'Indianapolis
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Il y a quelques mois sortait le premier tome de Michel Vaillant Légendes, une nouvelle collection dédiée au personnage de Jean Graton.

Refaisons rapidement un point sur le "Vaillant-verse". La série historique comporte à ce jour 70 tomes et est terminée. Une saison 2 (cf. cet article) a débuté, sur un ton plus dramatique, avec un fil rouge entre les albums, et comporte pour l'instant 11 tomes.
À cela s'ajoutent des histoires courtes, regroupées en album (comme dans la récente collection Hachette), le spin-off Julie Wood et, enfin, la collection Légendes. Cette dernière a pour but de raconter des histoires montrant des affrontements légendaires (et réels) lors de diverses compétitions automobiles. Bien évidemment en intégrant à celles-ci le clan Vaillant. Nous allons donc revenir sur le premier (et unique pour le moment) tome de cette collection : Dans l'enfer d'Indianapolis

Nous sommes en 1966, alors que Michel Vaillant et Steve Warson s'apprêtent à participer, de nouveau, aux 500 miles d'Indianapolis. La lutte s'annonce épique, de nombreux challengers pouvant prétendre à la victoire. Dans la réalité, ce grand prix est resté dans les mémoires à cause d'un immense carambolage dès le départ, et d'une victoire très contestée, les officiels s'étant trompés en comptant les tours accordés au vainqueur supposé. Ce qui a bien entendu légitimement éveillé des soupçons d'irrégularité.
C'est en tenant compte de tous ces faits que le scénariste, Denis Lapière, va développer une intrigue plus ou moins policière. 



Mais commençons par le point fort de l'album : l'aspect graphique. Le dessinateur, Vincent Dutreuil, avec l'aide de Tomas Moron Aranda pour les décors [1], s'en sort haut la main. Les véhicules sont détaillés, l'impression de vitesse très bien rendue, avec des cadrages bien choisis, appuyant le côté dynamique de l'ensemble. 
Les personnages sont globalement reconnaissables et réussis, si l'on excepte quelques cases un peu "en dessous". Bref, c'est agréable à regarder et certaines planches sont même fort belles. 

En ce qui concerne le récit, ce n'est pas tout à fait la même compote. Il convient tout d'abord de reconnaître que l'auteur doit se plier à un cahier des charges assez contraignant, puisqu'il s'agit de retracer une véritable course, avec des péripéties imposées. Il faut donc construire l'intrigue à partir d'un squelette précis, de passages obligés. Autour de ça, Lapière a choisi de bâtir une sous-intrigue à base de voyous et de jeune ingénue poursuivie par un bad boy... mais tout cela reste très prévisible, terne et sans grand intérêt. On ne vibre à aucun moment, et jamais l'on a peur pour Michel ou Steve. Un peu dommage, car il y avait sans doute quelque chose à faire avec tout ça. À faire mieux, en tout cas.
En ce qui concerne la course elle-même... ben... ce n'est pas beaucoup plus enthousiasmant. C'est très joliment représenté, mais on ne sent pas de souffle épique ou de réelle tension. On est bien loin des affrontements tendus et époustouflants de certains albums de la première saison (L'Honneur du Samouraï, par exemple). Les personnages sont lisses, impassibles, on ne ressent aucune inquiétude, aucune souffrance (à comparer avec le bien plus abouti Série Noire), que ce soit après une baston ou un abandon, rien ne semble atteindre des protagonistes vides, sans vie, sans failles ni caractère.

Du coup, si l'on passe tout de même un relatif bon moment, on ne peut s'empêcher de penser que cette aventure est un brin fade et peine à décoller vraiment. [2] 
À réserver aux fans les plus complétistes. 



[1] On ne sait pas vraiment dans quelle mesure, le second dessinateur n'est que brièvement cité sur une page intérieure. Ce qui est tout de même déjà mieux que le black out total qui était réservé à certains à l'époque du Studio Hergé par exemple.
[2] Ça semble être d'ailleurs une tendance très marquée en ce qui concerne les suites des grands classiques de la BD (Astérix, Les Tuniques Bleues...), seule justement la saison 2 de Michel Vaillant sort du lot et relève le difficile défi de faire aussi bien tout en faisant différemment.  


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Les décors réussis, et notamment l'impression de vitesse des véhicules.
  • Retour sur des événements bien réels, voire légendaires, du sport automobile.


  • Une écriture globalement assez fade et manquant d'ambition.
Grayson : Agents of Spyral
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Nous avons régulièrement évoqué ici les implications de l'événement New 52 engendrant en France DC Renaissance, bouleversant l'ordre établi et les habitudes de milliers de lecteurs encore fidèles, et se poursuivant ensuite par les événements DC Rebirth puis DC Infinite. Mine de rien, pas facile de s'y retrouver dans l'univers DC avec les reboots à répétition, points d'orgue de remises en question qui n'ont pas toujours, loin s'en faut, abouti de la manière prévue par les têtes pensantes de la Distinguée Concurrence. Depuis l'ambitieux et monumental Crisis on Infinite Earths, des héros sont morts, puis ont ressuscité, et certains sont même re-morts. Ceux qui suivaient les séries de loin en loin doivent difficilement avaler l'idée de ces itérations opportunistes et peinent sans doute à intégrer la chronologie chaotique : Flash n'est-il pas décédé ? À moins que ce n'en soit un autre ? Il y eut ainsi d'autres Crisis, et d'autres désillusions. Puis Flashpoint donc, et un nouveau renouveau.

Prenons le cas de Robin - en tous cas, de l'un d'entre eux, le premier et forcément le mieux ancré dans l'imaginaire : Dick Grayson. On l'a vu s'émanciper de son bat-mentor par le biais des Teen Titans, allant jusqu'à adopter un nouveau nom de code, Nightwing, avant de devoir endosser le costume de Batman en différentes occasions. New 52 fait ainsi table rase de ces derniers événements et reprend à partir de Nightwing. Dick se retrouve plongé dans la Cour des Hiboux avant de trouver la mort après avoir été kidnappé par le Syndicat du Crime puis forcé de dévoiler son identité secrète au monde entier (une tragédie à suivre dans l'arc Forever Evil de 2014), s'ajoutant à la liste des partenaires du Chevalier Noir ayant passé l'arme à gauche, tels Jason Todd (Un deuil dans la famille) ou Damian Wayne. Un martyr de plus pour la cause du Caped Crusader.
Sauf que les héros ne meurent jamais vraiment et, puisque Todd a fini par revivre, pourquoi pas Dick Grayson ?

Le premier volume de la série Grayson nous place donc à ce moment de bascule. L'épisode 1 nous propose une introduction habile à l'intrigue qui sera patiemment mise en place par le duo Tim Seeley et Tom King : s'il est pauvre en action, il a le mérite de pouvoir plonger immédiatement le lecteur un peu perdu dans les arcanes de ce personnage. On y voit la troublante Helena Bertinelli (nom de code : Matron) se présenter devant Mr Minos, le chef secret au visage indiscernable de l'agence non moins secrète Spyral, afin d'y recevoir sa nouvelle mission, qui implique d'intégrer ce fameux Grayson - dont ils ont retrouvé la trace après son prétendu décès. Quelles que soient les buts de cette agence occulte, on peut comprendre très vite qu'elle dispose de moyens considérables puisque rien ou presque du passé de l'ancien acrobate devenu sidekick de super-héros puis leader d'un groupe de justiciers masqués n'est ignoré. Et voilà donc Dick Grayson catapulté Agent 37, énième avatar, énième nom de code pour ce garçon qui voit ici l'occasion de se révéler davantage en tant qu'homme - chose qu'il n'avait qu'imparfaitement accomplie en endossant le costume de Nightwing.

La suite se révèlera au moins aussi enthousiasmante que le laissait entendre le préambule : l'agent 37 va œuvrer aux côtés de Matron dans le but de repérer des individus ayant eu accès à des artefacts recelant de grands pouvoirs. Cette fois, les dessins poussifs de Stephen Mooney laissent place à la dynamique d'un Mikel Janin très à son aise, qui dope l'action et met parfaitement en valeur les capacités virevoltantes de notre héros (son style était déjà évoqué ici lors de sa participation à Batman Rebirth). D'autant que l'on sent également la présence de plus en plus importante de Tom King au script (culminant avec un sixième épisode, narré à rebours, ahurissant de maîtrise) qui installe la série sur un tempo enlevé, empli de bons mots et de situations équivoques, d'alliances et de mésalliances, le tout mêlant avec une bonne humeur jouissive les codes des histoires d'espionnage (agents fidèles ou infiltrés, messages codés, rumeurs, trahisons et armes secrètes) et ceux des comics de super-héros : l'univers cryptique de l'agence Spyral, agissant dans l'ombre des méta-humains, leur mâchant parfois le travail, voire carrément les empêchant de le mener à terme, sert de fil rouge à une série au potentiel enthousiasmant. D'autant que, même s'il s'affirme désormais totalement comme un homme libre et déterminé, ce Grayson hâbleur, beau parleur, puncheur et rigolard, qui tombe les filles et s'admire lorsqu'il accomplit des prouesses semble ne jamais pouvoir s'émanciper de l'ombre paternelle du Batman. Il nous incarne une sorte de 007 aussi élégant que nonchalant, version musclée de Sean Connery ou Pierce Brosnan, dont on se doute qu'il cache un mobile, un dessein bien plus sérieux, et qu'il dissimule un conflit émotionnel lourd dont les ramifications risquent de lui nuire. Pour le compte de qui agit-il vraiment ? Qui est ce Mr Minos dont personne, pas même Batman, n'est capable de déceler la véritable identité ? Pourquoi Spyral s'intéresse-t-elle de si près aux supers ? Et pourquoi Batman en a-t-il si peur ? Autant d'énigmes que nous vous laissons le soin de résoudre en lisant plus avant. 


Incontestablement intéressant, l'album jouit de l'écriture fine et inspirée d'un Tom King parfaitement à l'aise dans l'univers DC (on le savait déjà grâce notamment à son superbe Supergirl). Le début peut dérouter, enchaînant les révélations comme si elles n'étaient pas l'atout essentiel de la série (les suspenses annoncés s'effacent très vite, et l'influence de Batman se concrétise en quelques pages). L'ambiance nous fait ainsi osciller entre Mission Impossible et Secret Avengers : c'est relativement déroutant mais totalement jouissif. Par la suite, le niveau se hausse d'un cran supplémentaire, le récit se densifie, les personnages gagnent en profondeur (l'apparition du Midnighter, annoncée ici, en étant un point d'orgue) et les derniers épisodes nous laissent totalement sous le charme : les mystères s'épaississent et les masques s'apprêtent à tomber. Pour sa quatrième incarnation héroïque, Grayson le mal-aimé, l'éternel second du Caped Crusader, incapable de tuer le père même lorsqu'il dirigeait avec fougue les Teen Titans, devient ici un espion libre, séduisant et séducteur, plein de panache et d'aplomb tout en affirmant bien haut ses principes et en renouvelant avec sensibilité sa reconnaissance éternelle envers Bruce Wayne.

À suivre, donc.  

NB. La série se situe donc avant Batman & Robin Eternal, et en constitue une introduction nécessaire.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une série réjouissante, menée tambour battant.
  • Un héros séduisant, conscient de ses forces comme de ses failles, jouant constamment avec le feu tout en essayant de demeurer fidèle à ses principes.
  • Une ambiance chargée de mystère avec des personnages énigmatiques.
  • Un humour parfaitement maîtrisé, allant du loufoque au second degré pernicieux.
  • Une écriture qui s'affine et gagne en densité.
  • Une introduction qui permet d'entrer aisément dans l'univers des personnages.


  • Un mélange des genres qui peut être considéré comme hésitant, trop cérébral ou trop orienté action suivant les préférences de chacun.
  • Des mystères qui tombent très vite.
  • Quelques frustrations possibles chez les anciens lecteurs en raison du bouleversement lié au New 52.
  • Un style graphique inégal qui nuit un peu à la continuité de la série. 

Tops et Flops 2022 - La cérémonie des Virgul d'Or
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Après quelques années où on a carrément zappé le binz pour cause de covid / je suis trop occupé / j'ai pas d'idées / j'ai mieux à foutre (barrez les mentions inutiles), on reprend l'attribution des Virgul d'Or pour cette année 2022.
Accrochez-vous, ça va être rapide. Et violent pour les le flop.


-- TOPS --

À l'Ouest, rien de nouveau
Dans la catégorie "film Netflix qu'on n'attendait pas et qui se révèle être à la fois une putain de bonne adaptation et un long-métrage poignant et bien fichu", le Virgul d'Or est attribué à Edwar Berger, pour son film À l'Ouest, rien de nouveau, à la fois crépusculaire, épique et profond (cf. cet article pour la critique complète). 
Le genre de film qui te réconcilie avec le cinéma et prouve que les merdes à la Marvel, trop calibrées, chiantes et fades, ne sont pas une fatalité (et oui, on peut comparer, ce n'est pas son sujet ou son genre qui font l'intérêt d'un film, c'est la qualité de son écriture et de sa mise en scène).





Les Mythes de Lovecraft
Il est rare que l'on s'attarde sur ce genre d'ouvrages (ou en tout cas, pas pour en dire du bien, cf. cet article), parce qu'en réalité, il est rare qu'ils soient vraiment dignes d'intérêt. Là, c'est tout le contraire, c'est à la fois complet, bien écrit, pertinent et joliment illustré (cf. cette news). Avec un vrai travail derrière. Pas juste un travail de passionnés, ça ne suffit pas, mais un travail de passionnés compétents.
Et puis, pouvoir voyager dans le métavers issu de la mythologie lovecraftienne, c'est quand même cool, merde !
Le Virgul d'Or de "l'ouvrage qui s'attaque à un mythe trop grand pour lui et réussit tout de même à bien le digérer" est attribué à l'équipe rédactionnelle des Mythes de Lovecraft.





Top Gun - Maverick
On l'attendait, on se demandait si ça allait tenir la route, on était même inquiets en fait, et au final, c'est extrêmement bien pensé, soigné, intelligent et agréablement nerveux (cf. cet article).
Bon, il y a le bonus nostalgique qui joue si vous avez l'âge d'avoir vu le premier en salle, mais clairement, c'est plus qu'une suite commerciale pondue n'importe comment pour surfer sur une mode et une licence. Ce n'est pas un chef-d'œuvre ni le film de la décennie, mais c'est un film qui respecte sa licence et, surtout, ses spectateurs. Et ça, c'est quand même bandant. 
Le Virgul d'Or de "la suite dont on se dit que ça va être forcément moins bien mais qui parvient à vous foutre des frissons et une petite larme à l'œil" est attribué à Joseph Kosinski. 





-- FLOPS --

Le Festival d'Angoulême
Pour une fois, vu le niveau de ce flop, on ne va attribuer qu'un seul Virgul d'Or "négatif".
Le Virgul d'Or des "blaireaux qui, en mettant à l'honneur un auteur d'œuvres pédopornographiques, ont réussi à démontrer que tous les trous du cul dégénérés n'étaient pas forcément parisiens" est attribué aux organisateurs du festival d'Angoulême. 
En général, les flops sont réservés à des gens qui se sont plantés. À des incapables. Ou à des projets qui se sont révélés difficiles à concrétiser. Donc, au final, rien de dramatique. Là, la nature de ce flop, ses relents nauséabonds, son illégalité, son viol de tout bon sens et de toute morale, font que nous n'avons pas voulu associer d'autres noms à cette ignominie (cf. cet article).
Annie Ernaux peut dire merci aux Charentais. Hmm ? Mais non, on n'a pas dit que c'était une handicapée de la plume ayant un QI de soupe à la tomate. Pour ça, il aurait fallu qu'on fasse plusieurs flops, et on vient de dire que ce n'était pas le cas, parce que les neuneus d'Angoulême ont mis la barre trop haut. Désolé Annie, dans d'autres circonstances, on aurait pu faire quelque chose, parce que tu mérites ta place dans ces flops, mais là... pas moyen. 

Pas sûr qu'un professionnel de santé suffise, mais tu peux déjà commencer par ça Bastien.
Allez, tu es à un numéro non surtaxé d'être déjà un peu moins une merde.


As Bestas
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Un film choc, viscéral, troublant mais pas sans défauts... on aborde aujourd'hui As Bestas !

Réalisé par Rodrigo Sorogoyen (on dirait le nom d'un fruit exotique... "mettez-moi deux papayes et quatre sorogoyens s'il vous plaît"), ce film hispano-français est à la fois un thriller étouffant et un drame réaliste, qui surprend par son atmosphère, dure et intimiste.
Mais commençons pas le début.
Antoine et Olga, deux Français, se sont installés dans un bled paumé de Galice, où ils tiennent une ferme tout en restaurant de vieilles bicoques. Tout devrait donc être pour le mieux dans la meilleure des campagnes, mais un conflit avec leurs plus proches voisins va lentement dégénérer jusqu'à aboutir à un drame.

Le sujet fait un peu penser à l'excellent film Les Chiens de Paille, voire même au moins connu et plus lumineux Prédateurs (un film hongrois datant de 2017 et intitulé Kojot en VO), mais le traitement va ici être bien plus radical encore. Car la force de ce long-métrage réside dans son ambiance, malsaine et pesante. Cette réussite est tout d'abord due à un très bon casting, notamment de la partie espagnole : Luis Zahera et Diego Anido incarnent deux pécores aussi détestables qu'inquiétants. Côté français, ça joue pas mal également, avec un Denis Ménochet impeccable dans son rôle de brave type pris dans la tourmente. Marina Foïs, même si elle ne s'en sort pas trop mal, est bien plus figée et éteinte dans son interprétation.
Toutefois, les acteurs ne font pas tout et c'est bien la mise en forme de ce drame qui va faire sa force. Et sa principale faiblesse.



Le réalisateur a tout misé sur la vraisemblance et les scènes longues et crispantes. Certains échanges, pourtant anodins sur le fond, finissent par ressembler à de véritables séances de torture mentale. La menace est latente, la malveillance constante, et entre deux sales coups, le spectateur comme les personnages demeurent anxieux, dans l'attente de la saloperie suivante.
Contrairement à la plupart des films d'épouvante, où l'angoisse naît souvent d'artifices et d'effets bien connus (musique, jump scares...), ici, l'on est au plus près de la vérité. On sent l'angoisse, la souffrance des personnages, le poids des regards et des présences. À ce niveau-là, c'est magistral. 

Par contre, ce parti pris engendre aussi certains effets négatifs. Le film s'avère très long (137 minutes) et aurait probablement gagné en efficacité en passant en dessous de la barre des deux heures. D'autant que quelques scènes ne sont guères utiles ou clairement trop délayées. Le dernier tiers s'avère également moins sulfureux, même si là encore, quelques moments tendus viennent maintenir la pression et le côté incroyablement pénible et dangereux des frangins qui ont décidé de s'en prendre "au Français".
Une précision s'impose d'ailleurs à ce sujet. Certaines critiques parlent d'un film "sur la peur et la haine de l'autre", comme si ce qui se passe ici était totalement gratuit et dû uniquement aux origines des protagonistes. Ce n'est évidemment pas de ça qu'il est question. Le conflit qui met le feu aux poudres a au contraire des origines très pragmatiques et financières. Faut arrêter les conneries, tout n'est pas toujours une question de "tolérance" imposée et de "bienveillance" ridicule. Ce qui oppose les parties qui s'affrontent dans cette histoire, ce sont des intérêts contraires et d'ailleurs parfaitement exposés. Et même si la manière d'agir des deux "locaux" est ignoble et inacceptable, leur envie d'échapper à une condition sinistre et misérable se comprend tout à fait. Ce ne sont pas des tueurs fous mais des gens qui souffrent, c'est cela qui est encore plus glaçant. 

Au final, As Bestas s'avère habile, original, mais il lui manque un brin de maîtrise narrative pour obtenir le statut de chef-d'œuvre que certains voudraient déjà lui discerner. Certes c'est bien au-dessus de la moyenne des films français (sans parler des blockbusters américains insipides), mais ça n'en reste pas moins qu'une curiosité qui tient la route. 
À voir tout de même une fois donc, ne serait-ce que pour cette ambiance crispante et réussie.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • L'atmosphère tendue et stressante.
  • Les acteurs, et notamment les deux comédiens espagnols principaux.
  • Le cadre.
  • Le côté réaliste.


  • Des longueurs inutiles (cette critique ne concerne évidemment pas les nombreuses scènes où ce temps "long" génère une vraie tension).
  • Foïs, composant un personnage aride et terne, que l'on peine à apprécier voire à comprendre parfois.
Les Cigares du Pharaon - Nouvelle Version
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Une nouveauté qui n'en est pas vraiment une : on débute l'année BD par un album de Tintin.

Faute de nouvelles aventures, Casterman et les éditions Moulinsart continuent de nous abreuver de versions modifiées des 22 (voire 24 si on inclut Au Pays des Soviets et le très embryonnaire L'Alph-Art) albums existants.
Il est question cette fois des Cigares du Pharaon, avec les dessins originaux publiés entre 1932 et 1934, mais bénéficiant d'une colorisation récente, respectant l'atmosphère de ce graphisme très particulier, bien plus "rond" que celui que l'on trouve dans l'édition moderne de l'album. Pour vous y retrouver dans toutes ces versions, nous vous conseillons de jeter un œil à notre comparatif illustré des différentes éditions des albums de Tintin

Pas grand-chose à dire donc sur cette nouvelle édition, si ce n'est que la mise en couleurs est réussie, les aplats s'avérant élégants et bien choisis. L'album lui-même est un bel objet de plus de 140 pages et contient un rédactionnel assez intéressant en guise d'introduction. Mais même si les collectionneurs devraient se réjouir de ce travail somme toute bien fait, difficile de ne pas grimacer devant l'attitude désastreuse des ayants droit qui, sous prétexte de protéger l'œuvre d'Hergé, ont réussi à faire de Tintin le seul classique de la BD franco-belge qui n'a jamais eu de suite et s'est peu à peu momifié et transformé en produit pour collectionneur argenté. 
Il est peut-être temps de penser à réenchanter la légende... certes, toutes les suites ne sont pas bonnes (cf. Astérix), mais certaines sont clairement au niveau (cf. Michel Vaillant saison 2). Et même si, sans Hergé, Tintin serait différent, et certainement soumis à de vives critiques, de nouvelles aventures ne porteraient pas ombrage aux premiers albums, au pire des cas, elles ne feraient que les mettre en valeur par un effet de contraste. Et dans le meilleur des cas, elles permettraient à une nouvelle génération de gamins de s'embarquer au pays de l'Imaginaire en compagnie du célèbre reporter.

Mais il ne faut pas rêver, tout cela ne semble pas d'actualité.
En attendant, vous pouvez toujours relire 100 fois la même chose, en noir & blanc, en couleurs, en version ancienne ou moderne, en petit format, en recueil hors de prix et même en sautant sur un pied.









+ Les points positifs - Les points négatifs
  • C'est joli.


  • Déjà lu.