Publié le
3.10.25
Par
Nolt
Sortie aujourd'hui de l'intégrale de la série originale Goldorak !
Isan Manga s'est attelé, depuis quelques années, à publier l'intégralité de la Saga des Robots du célèbre Go Nagai. Celle-ci était composée à l'origine de Mazinger Z (déjà publiée, 5 tomes), Great Mazinger (publication en janvier 2026, 1 tome) et UFO Robot Grendizer (sortie aujourd'hui, 1 tome), plus connue chez nous sous le nom de Goldorak. Séries auxquelles il faut ajouter Dynamic Heroes (déjà publiée, 4 tomes), Getter Robot (déjà publiée, 3 tomes) et Getter Robot G (déjà publiée, 2 tomes).
Ce qui fait... beaucoup de robots. D'autant que l'éditeur pourrait peut-être se décider à ajouter d'autres titres à la collection, comme Mazinkaizer ou God Mazinger. Parce que l'ami Go, il exploite le filon à fond. Et pas toujours de très bonne manière.
Les volumes proposés par Isan Manga sont plutôt soignés : hardcover, papier de qualité, grand format (24,5 x 18 pour Goldorak), quelques pages couleurs et bonus, bref, c'est joli. Le contenu est souvent moins bon. La série Dynamic Heroes, dont on a déjà parlé ici (cf. cet article), était notamment complètement nulle. Personnages transparents, combats brouillons et sans enjeux, narration poussive, le tout dans une ambiance à la fois très enfantine mais... sexy (?!), bref, une catastrophe.
Pour Goldorak, déjà chroniqué longuement ici, il s'agit cette fois des prépublications en magazine TV, une sorte de gros résumé de la série animée. C'est très vite lu, tout est incroyablement survolé, la narration – très maladroite – ne génère ni suspense ni émotion, pire, le récit contient même des incohérences (Actarus qui dit s'appeler ainsi lors de sa première rencontre avec Alcor, quand il arrive sur Terre, alors que par la suite, le professeur Procyon annonce que c'est lui qui lui a donné ce nom). Et, comme si ce n'était pas suffisant, la traduction et la relecture sont effectuées par des incapables ne parlant pas français (exemple : "il ne nous restera plus qu'à nous accaparer de Goldorak"). Autrement dit, c'est très mauvais.
Mazinger Z, bien que relativement onéreux (150 euros pour toute la série), est néanmoins à conseiller pour les lecteurs qui souhaiteraient découvrir les débuts d'Alcor (appelé ici Koji Kabuto) et la mise en place de l'univers mecha qui conduira, bien des années plus tard, de jeunes Gaulois à s'émerveiller devant un étrange robot venu d'Euphor et faisant sa première apparition dans la célèbre émission RécréA2 (dès 1978). La série alterne combats, moments humoristiques et SF old school, avec quelques scènes impressionnantes visuellement mais souvent plombées par un discours très naïf.
Alors, faut-il vraiment conseiller ces nombreuses séries, au format certes luxueux mais au contenu plutôt brouillon et pas toujours passionnant ? Autant le dire, ça va beaucoup dépendre de votre attachement à ce bon vieux Goldorak et de votre côté complétiste. Parce que Go Nagai, ce n'est clairement pas un bon auteur, tout ce qu'il écrit se révélant assez indigent (le pire restant Dynamic Heroes). Si l'éditeur en reste là (mais il semble bien parti pour traduire tout ce qu'a pu produire Nagai), ça fait déjà 16 tomes, soit près de 500 euros. Ah ben, ça a un coût, la nostalgie. Ça reste très cher pour des machins vieillots et en noir et blanc, imprimés à l'envers (une idée de merde, dont on a déjà expliqué la pertinence dans cet article).
Si l'on devait faire une sélection, on vous conseillerait plutôt l'ensemble Mazinger Z (qui contient tout de même quelques bonnes idées) et Goldorak (parce que c'est Goldorak !). Le reste, à moins de vouloir faire main basse sur l'ensemble de la vaste saga des robots, est déjà plus dispensable.
Publié le
27.9.25
Par
Virgul
Coup de projecteur sur la réédition de deux classiques de la littérature fantastique, avec Chroniques Martiennes et La Chose.
Les deux ouvrages sont édités par Area 51, un label issu de l'association entre L'Écran Fantastique (le magazine) et Why Not AI (une entreprise apparemment spécialisée dans l'animation et les "expériences interactives").
Il s'agit ici d'un pack permettant d'acquérir ces deux rééditions pour environ 30 euros, frais de port compris.
Première constatation, le site fantastiqueshop (une usine à gaz mal fichue), qui propose en exclusivité ces livres, n'en donne qu'une description très succincte. L'on est donc surpris de découvrir, au final, un format BD (24,5 x 32,8 cm) avec un texte posé sur les illustrations, comme dans un livre pour enfant (et non comme les habituelles rééditions illustrées de romans, cf. les réalisations des éditions Callidor par exemple). Tout cela ne serait pas très grave, d'autant que les illustrations sont souvent fort belles (mention spéciale pour celles signées Étienne Le Roux), si l'on ne découvrait pas d'autres surprises, moins bonnes.
Déjà, le contenu n'est pas toujours très lisible, notamment quand l'on se retrouve avec du texte blanc sur fond jaune pâle. Mais surtout, alors que l'on a l'impression d'acheter deux œuvres complètes, il s'agit en fait du premier tome seulement des Chroniques Martiennes, ce qui n'est jamais mentionné sur le site ou sur la couverture (on découvre ça sur la quatrième de couverture, avec un décevant "1/2", invisible sur le site). Autrement dit, on ne fait pas une si bonne affaire que ça, car si on veut que ce "pack" soit réellement complet, il faut commander la suite, et donc ajouter 29,90 euros, plus les frais de port. Pas très élégant comme méthode.
Et en plus, un des livres était abîmé. Ça commence à faire beaucoup.
Par contre, La Chose, de John W. Campbell, propose l'intégralité du roman, même si la formulation adoptée par l'éditeur peut prêter à confusion ("d'après le roman de" ; "texte original revisité"). On aurait aimé une mention "texte intégral", histoire d'être sûr de ce que l'on achète.
Par contre, La Chose, de John W. Campbell, propose l'intégralité du roman, même si la formulation adoptée par l'éditeur peut prêter à confusion ("d'après le roman de" ; "texte original revisité"). On aurait aimé une mention "texte intégral", histoire d'être sûr de ce que l'on achète.
Voilà en tout cas deux ouvrages plutôt jolis, mais plus pensés pour être des objets collector que pour offrir un véritable confort de lecture. Il faut espérer la venue d'un pack, plus logique, contenant les deux tomes des Chroniques Martiennes de Ray Bradbury.
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La Chose - illustration de Pierre Place |
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La Chose - illustration de Pierre Place |
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Chroniques Martiennes, tome 1 - illustration d'Étienne Le Roux |
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Chroniques Martiennes, tome 1 - illustration d'Étienne Le Roux |
Publié le
26.9.25
Par
Nolt
Une facette bien particulière de la Deuxième Guerre mondiale est à découvrir dans L'Escadron Perdu.
Mais le lecteur, lui, s'y retrouve-t-il ?
1942. La Wehrmacht est victorieuse dans toute l'Europe. Hitler, dont on connaît le caractère taquin, décide en plus de faire main basse sur différents artefacts censés donner également à ses armées la maîtrise totale dans le domaine occulte.
Pour faire échouer ce plan, une poignée de soldats américains - et un anglais - sont envoyés en territoire occupé. Ils ont pour mission de subtiliser aux allemands un sceau permettant d'invoquer l'un des cavaliers de l'apocalypse ou encore un outil permettant de voir l'avenir. La tâche est loin d'être facile car l'escadron va devoir affronter des démons, des mages et de bien étranges machines.
En plus du conflit conventionnel, une guerre paranormale vient de débuter. Ceux qui en sortiront vainqueurs risquent fort d'obtenir un avantage décisif...
Alors que le pitch de L'escadron Perdu semblait alléchant, l'on se retrouve devant une grosse déception. La quatrième de couverture présente cette série comme une sorte de rencontre entre Les Douze Salopards et X-Files. D'expérience, on sait qu'en général, quand on vous file des noms d'œuvres prestigieuses pour en vendre une autre, c'est mauvais signe.
Voyons déjà le côté "12 salopards". En fait de salopards, les soldats présentés ici sont plutôt gentillets. Aucun n'a commis de crime ou ne sort de prison. Ils sont tous assez stéréotypés : l'anglais flegmatique, le type qui se sacrifie pour sauver les autres ("tu remettras ça à ma mère..." et blablabla), la brute épaisse. On sent que Chris Kirby, le scénariste, a pioché des ingrédients à droite à gauche mais qu'il n'a pas su réellement les accommoder à sa sauce. Le côté "X-Files" est un peu plus original, avec notamment des tanks-araignées par exemple, mais guère plus crédible. La magie est présentée comme un fait admis, sans plus d'explications. On n'a pas plus de justifications sur les pouvoirs de certains personnages et le groupe se déplace, en Europe occidentale (et en uniformes américains) avec une facilité déconcertante (on est en 1942 quand même).
Bref, on a un peu l'impression que le brave Kirby s'est dit "avec un nom comme ça, pas la peine que je me casse le cul, je vais vendre, il n'y a qu'à virer mon prénom de la cover". Alors je blague mais en fait, c'est ce que les éditions Akileos ont fait pour l'édition française, les filous.
Pour ce qui est des dessins, ils sont signés Alan Robinson. Style assez simpliste, en noir & blanc. Relativement correct mais, contrairement à un Caliber (qui était décevant mais proposait un visuel sublime), ce n'est pas ça qui va sauver les meubles. Les covers, présentes dans ce livre, sont par contre assez jolies.
Niveau traduction, ce n'est pas franchement bon (ah, quand ça veut pas !). Quelques petites fautes de français, une ou deux coquilles et, en plus, une ou deux expressions pas spécialement incorrectes mais dont j'ai du mal à comprendre le sens. Comme "rapide comme l'enfer" par exemple. Un "train d'enfer", je veux bien, mais "rapide comme l'enfer", ça veut dire quoi ? Pourquoi il serait "rapide" l'enfer ? Il se déplace ? Vite en plus ? Et le paradis, il est "lent" ? Enfin, si quelqu'un a une explication, je suis preneur.
Au final, on a donc une histoire manquant de clarté et de profondeur. Les dialogues sont clichés, les scènes d'action ni très dynamiques ni très lisibles et, cerise sur le gâteau, la fin (et la mort de certains personnages) est expédiée dans une mini-histoire de huit planches sans que l'on ressente le moindre début d'émotion. Il faut dire que le choix narratif se révèle assez lourdingue, avec des pavés de texte remplaçant les séquences manquantes. On se demande l'intérêt de ces dernières pages bardées d'ellipses absurdes.
Du potentiel mais un résultat vraiment faiblard qui demanderait à être très largement repensé. Même les amateurs de guerre et de fantastique risquent d'être foutrement déçus.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
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Publié le
24.9.25
Par
Nolt
Dernier film de Stanley Kubrick, sorti en 1999 et inspiré de la nouvelle Traumnovelle d'Arthur Schnitzler, Eyes Wide Shut est une énigme de deux heures et quarante minutes, à la fois géniale, complexe et déroutante, et qui fait encore parler plus d'un quart de siècle après sa sortie.
Bien entendu, comme lors de l'analyse de Se7en, nous considérons que si vous lisez cet article, vous avez déjà vu le film.
Commençons par un résumé rapide du pitch de départ. Bill Harford, riche médecin new-yorkais, est marié à Alice, jolie jeune femme plus ou moins écervelée qui semble traverser la vie à travers une bouffée de divers psychotropes. Le couple fréquente un milieu mondain décadent où sexe et drogue se côtoient. Un beau jour, Alice révèle à son époux qu'elle a fantasmé naguère sur un marin rencontré durant des vacances en famille. Le séduisant et bien naïf Bill est tout retourné d'apprendre que sa dulcinée a une vie intérieure et, encore sous le choc d'une telle évidence, il va commencer une nuit d'errance en quête de sens et de vengeance inconsciente.
Avouons-le, c'est tordu et peu engageant de prime abord. Surtout, le sujet principal, s'il pouvait être sulfureux en 1926, date de publication de la nouvelle, l'est quand même beaucoup moins en 1999. Voire même [1] plus du tout. Ce qui nous permet d'aborder l'un des aspects centraux du film : son vide apparent. Car, si la forme est léchée et même empreinte d'une grande virtuosité, le fond semble bien vain. Tout commence parce qu'Alice avoue une tromperie qui n'a en réalité jamais eu lieu. Que Bill en soit si bouleversé paraît étonnant de nos jours. D'autant que la "confession" de sa femme est effectuée après que celle-ci ait fumé un joint. Difficile d'accorder un crédit total à ses propos. Mais, admettons, Bill tombe de son fauteuil bien rembourré et luxueux et découvre une vérité fondamentale : les gens pensent à des trucs.
Ce vide du fond va cependant imprégner tout le film. Car, durant sa nuit d'errance, Bill ne va en réalité jamais rien faire. Il rencontre une prostituée mais ne couche pas avec, il se fait draguer par une patiente mais demeure stoïque, il se rend dans une méga-partouze secrète mais ne couche avec personne, etc.
Même si l'on pouvait encore à notre époque considérer l'adultère comme une transgression lourde, aucun des personnages principaux n'en vient à franchir cette frontière plus vraiment si ultime. La réputation du film, en tant que "thriller érotique", en prend un léger coup dans l'aile. D'autant que le passage censé être le plus impressionnant, à savoir la découverte par Bill d'une société secrète aux pratiques érotiques étranges, est lui aussi totalement aseptisé et puritain.
En effet, Bill découvre, totalement par hasard, un lieu où une société mondaine se livre à des ébats ritualisés. C'est cela qui, dans le film, symbolise le désir derrière les apparences, les fantasmes cachés, les non-dits et, grosso modo, tout ce qui sort un tant soit peu de la stricte bienséance. Sauf que, là encore, ce n'est sulfureux qu'en apparence. Car Eyes Wide Shut est le film le moins érotique au monde (Basic Instinct, à côté, est cent fois plus "sexuel").
Voyons cela en détail. Déjà, dans ce fameux manoir où se déroulent les rencontres codées et secrètes, toutes les femmes se ressemblent. Elles ont absolument toutes le même physique, de la forme des fesses à la taille des seins, rien ne "dépasse" ou ne suggère humanité et individualisme. Ces femmes, presque des clones déjà par leur apparence identique, sont encore plus "désérotisées" par le port de masques qui en font des corps de mannequins (ceux des grandes surfaces), sans âme, sans rugosité, sans... sex-appeal. Des robots seraient plus engageants !
Voyons cela en détail. Déjà, dans ce fameux manoir où se déroulent les rencontres codées et secrètes, toutes les femmes se ressemblent. Elles ont absolument toutes le même physique, de la forme des fesses à la taille des seins, rien ne "dépasse" ou ne suggère humanité et individualisme. Ces femmes, presque des clones déjà par leur apparence identique, sont encore plus "désérotisées" par le port de masques qui en font des corps de mannequins (ceux des grandes surfaces), sans âme, sans rugosité, sans... sex-appeal. Des robots seraient plus engageants !
Même les scènes d'accouplement sont particulièrement ternes et symboliques. Tandis que Bill déambule dans les pièces de cette grande demeure, les couples d'un soir défilent et miment des rapports sexuels totalement froids et dénués de désirs. Les corps identiques, les masques, le décor feutré, les spectateurs immobiles, la mécanique purement fonctionnelle, tout suggère une escapade onirique et chaste plutôt que de réels rapports charnels.
À ce vide du fond et ce faux-semblant censé singer l'érotisme vient s'opposer une virtuosité formelle assez folle (à laquelle contribuent les choix de plans, la photographie, la musique évidemment, le montage, etc.), qui plonge le spectateur dans une atmosphère ouatée et changeante, dans laquelle Kubrick va distiller de la peur, du suspense, du doute, le tout enivrant suffisamment pour que l'on traverse tout le long-métrage... les yeux grand [2] fermés, en pensant regarder un film dérangeant alors qu'il est fondamentalement prude et conservateur. Car au final, EWS n'est pas un thriller érotique (même s'il est plus facile de le "vendre" ainsi) mais bien une réflexion sur notre perception du monde et de l'autre, sur notre manière de nous représenter le réel.
Et lorsque l'on a admis ce fait, le film prend alors une tout autre dimension. Et si, au lieu d'être un supposé "thriller érotique" qui ne tient pas la route, Eyes Wide Shut était une manière de nous interroger sur nos propres représentations mentales ? Tout aurait alors, subitement, un sens bien différent.
Reprenons certaines scènes en tentant de comprendre en quoi elles sont déroutantes. Au début du film, les époux se rendent à une réception. Ils sont jeunes, amoureux, il s'agit d'une soirée mondaine, l'on s'attend à ce qu'ils soient proches l'un de l'autre et conventionnels. Au lieu de ça, Alice prend un grand plaisir à se faire dragouiller lourdement par un vieux-beau hongrois, et Bill défile au bras de deux bimbos qui lui proposent un plan à trois. Ça ne colle pas. C'est "distordu", comme dans un rêve.
Quand Bill est appelé à l'étage pour une overdose, là encore, la scène est plus qu'étrange. Alors qu'on s'attend à ce qu'il utilise ses compétences de médecin pour sauver la pauvre fille (jolie mais elle aussi complètement désérotisée par la situation), il se contente de... lui demander si elle l'entend et de lui regarder le fond de l'œil. En réalité, à part lui prendre vaguement le pouls, ce que tout le monde pourrait faire, il n'a aucun geste médical.
Lors de sa rencontre avec une prostituée, là encore, tout ce que l'on sait sur les relations tarifées va être chamboulé. Bien qu'il monte dans l'appartement d'une dame qui vend ses charmes, Bill ne fait rien. Et Domino, la prostituée, se montre particulièrement tendre et gentille, ce qui ne correspond pas avec l'attitude attendue d'une fille qui racole dans la rue et vend son corps pour vivre.
Les deux passages chez le loueur de costumes (de rêves ?) sont aussi riches de sens et d'improbabilités. On y découvre un lieu sombre, fait de tentations et de fausses identités, où la plus innocente jeune fille peut se révéler objet de fantasmes et même de tractations. Que vient chercher Bill ici ? Une façade lui permettant de pénétrer un monde caché, mais peut-être aussi une manière de découvrir la réalité derrière l'apparence.
Lors de son passage au manoir, ce n'est pas tant Bill que le spectateur, là aussi, qui est dérouté par ce qu'il découvre. On l'a vu, le potentiel érotique des scènes est réduit au minimum, pas question donc de voyeurisme ou d'excitation facile. Au contraire, alors que, comme Bill, le spectateur pense avoir pénétré un monde caché grâce à une formule secrète (Fidelio, mot de passe pour le moins ironique), tout demeure mystérieux et opaque : les rituels, les signes discrets ou évidents, les robes et le rôle de chacun, les processions et sceptres, la musique... en réalité, Bill demeure à la surface des choses. Comme un enfant, il est témoin d'actes qu'il ne comprend pas réellement et ne peut véritablement prendre une part active aux événements.
Pire, au cours de la nuit, ce sur quoi il avait de l'emprise auparavant se réduit drastiquement.
En effet, la grande force de Bill, c'est son statut social. Il est médecin, dans une grande ville, et a réussi. C'est son statut qui lui permet d'être invité à des soirées huppées, c'est son statut qui lui vaut l'admiration de certaines femmes, c'est son statut qui lui confère une forme d'autorité, même en dehors de son domaine de compétence. Or, à plusieurs reprises, Bill utilise son statut (notamment en montrant sa carte professionnelle) de manière totalement maladroite. Il cherche à impressionner une serveuse, un réceptionniste, un commerçant, avec non pas son expérience dans un domaine qu'il maîtrise mais grâce à ce que les gens pensent du médecin, figure d'autorité respectée. Un peu comme si les gens lui faisaient confiance les yeux fermés à cause de l'image mentale qu'ils ont de sa fonction.
Peu à peu se dessine une piste non négligeable : celle de la difficulté, pour tout un chacun, de se représenter le réel derrière le masque, non plus vénitien mais social et éternel. Ce qui est en fait le thème récurrent du film : réalité de l'amour, ébréché par un simple fantasme ; réalité de la débauche, parfois plus codée et stricte encore que la supposée vertu ; réalité du supposé pouvoir conféré par l'argent et le statut social ; réalité de la relation intime avec l'être aimé que l'on ne connaît qu'imparfaitement ; réalité du désir, tour à tour ciment du couple ou menace ultime...
Ainsi, si l'on considère Eyes Wide Shut comme un thriller érotique, ce qu'il n'est foncièrement pas étant donné qu'il s'ingénie à désérotiser tout ce qui peut l'être, il est incomplet et bancal, car très abouti sur la forme mais décevant sur un fond dépassé et vain. Par contre, si l'on admet que le propos n'est pas lié au sexe mais bien à la représentation psychologique du monde, le film se pare alors d'un fond bien plus subtil et passionnant. Le sujet du film ne serait donc plus le cul, mais bien, au sens large, la perception, abordée par exemple dans les schèmes transcendantaux de Kant ou les scripts cognitifs de Neisser. Le message en est donc changé mais aussi autrement plus ambitieux puisqu'il permet de mettre en garde sur notre représentation du monde, des individus, de nous-mêmes. L'idée derrière tout cela n'est plus un type naïf qui s'étonne des fantasmes bien sages de sa femme, mais l'impossibilité structurelle pour l'être d'accéder à la vérité, à la connaissance profonde des choses. Nos yeux sont "grand fermés" car, bien qu'avides de connaissances, ils ne peuvent retranscrire l'essence même de ce qui est observé. Ce qui fait de Eyes Wide Shut non un film bancal et dépassé sur le fond, mais bien l'une des plus grandes contributions cinématographiques sur l'essence (et les sens) de l'être.
Est-ce vrai ? Est-ce accorder trop de crédit à cette œuvre ? En tout cas, si l'on trouve un sens entre les lignes, c'est bien qu'il est là, qu'il soit volontaire ou non. Ce serait aussi ce qui explique la fascination pour ce film, dont les deux "vedettes" sont finalement bien secondaires. Ce ne serait pas en tout cas la première fois que, sous des dehors cryptiques, Kubrick livre une analyse à la fois subtile et captivante.
Et même si vous n'y croyez pas totalement, n'oubliez pas que, vous aussi, vous avez les yeux grand fermés pendant que vous observez des masques... et uniquement des masques.
[1] "Voire même" est parfois déconseillé par certains "puristes", puristes de quoi, on se le demande. Si "voire même", qui apporte une gradation, une insistance, est parfois jugé fautif, c'est parce que certains dictionnaires définissent "voire" par "et même", ce qui reviendrait à dire "et même même". Sauf qu'en réalité, "et même" veut dire "et en plus" alors que "voire", dans son acception moderne, confortée par l'usage, signifie "et éventuellement". "Voire même" a donc un sens tout à fait correct, se rapprochant de "et éventuellement en plus".
[2] L'accord de "grand" dans cette locution pourtant figée fait encore débat de nos jours. Pour ma part, j'estime qu'il est absurde d'accorder étant donné que "grand" a ici une valeur adverbiale et ne désigne aucunement les yeux (qui peuvent bien être "petits" pour ce que l'on en sait). "Grand" désigne l'intensité de la fermeture ou de l'ouverture ("des yeux ouverts en grand"). La logique et la cohérence grammaticale imposent donc l'invariabilité, bien que l'usage (littéraire s'entend) soit fluctuant.
Publié le
21.9.25
Par
Nolt
Retour sur la série Rasl.
Tout comme pour son excellente série Bone, Jeff Smith signe ici scénario et dessin. Autres points communs, il s'agit également d'une œuvre auto-produite à l'origine et cette version est mise en couleurs par le même Steve Hamaker.
Malheureusement, les similitudes s'arrêtent là.
Mais voyons un peu l'histoire. Robert Johnson, alias "Rasl", un ancien scientifique, a découvert le moyen de voyager dans des mondes parallèles. Plutôt pratique, même s'il se sert de cette fantastique découverte pour dérober des objets de valeur.
Il va cependant bientôt être poursuivi par un étrange tueur à tête de lézard, ce dernier étant à la recherche de documents importants que Rasl détient.
Premier constat, on est très loin de l'univers de Bone. Ce n'est bien entendu pas un défaut en soi, par contre ce changement de registre est fort mal présenté. On nous parle notamment, sur la quatrième de couverture, d'univers plus "adulte". Bone - un chef-d'œuvre vivement conseillé ! - n'avait pourtant rien d'enfantin lorsque l'on creusait un peu, simplement, l'on passe d'une série heroic fantasy très cartoony à de la SF contemporaine, un peu plus réaliste dans l'aspect. Réaliste mais pas forcément passionnante, malgré de bonnes idées. Smith s'inspire notamment de citations de Nikola Tesla ou de la très hypothétique et fumeuse "expérience de Philadelphie" [1] mais malgré cela, l'intrigue peine à susciter un véritable intérêt.
En effet, le récit commence très, très lentement. On ne sait rien du personnage, on ne comprend pas toujours bien de quoi il est question, les scènes sans dialogues, à la langueur irritante, s'enchaînent au fil des planches...
Il faut attendre le dernier quart du premier album (édité en VF par Delcourt) pour commencer à avoir non forcément des éléments de réponse (il ne s'agit pas de dévoiler toute l'histoire d'un coup) mais quelque chose à quoi se raccrocher.
C'est là que l'on voit aussi les limites de l'auto-édition [2]. Difficile en effet de croire qu'un (bon) éditeur n'aurait pas fait quelques suggestions quant à la structure même de ces premiers chapitres.
Il est en effet très improbable d'avoir envie de continuer à suivre les aventures d'un personnage dont on ne sait rien, poursuivi par un second larron encore plus obscur, le tout baignant dans une sorte de fiction scientifique très simpliste qui ne tire absolument pas parti des concepts fascinants qu'elle aborde.
Reste la patte graphique de Smith, agréable mais qui convenait mieux à l'univers plus "rond" et enchanté de Bone. La représentation des bonds, d'univers en univers, est notamment particulièrement quelconque. Heureusement, Delcourt a choisi la version colorisée (à l'origine, Rasl est en noir & blanc pour de pures raisons logistiques et économiques, tout comme Bone [3]), ce qui permet d'éviter visuellement la grisaille et l'impression de dépouillement qui sont déjà bien présentes dans la narration.
Au final, eh bien... cette série (15 épisodes en tout, publiés de 2008 à 2012) est loin d'être réussie et s'avère même très décevante.
Où donc est cette fabuleuse capacité de Smith à faire exister en quelques cases même les plus extravagants personnages ? Que reste-t-il de son humour, de sa subtilité ? De son habileté narrative, de sa manière extraordinaire de faire naître l'émotion d'un petit rien ?
Changer d'univers est une bonne chose pour un auteur, mais cela ne suppose pas de faire passer à la trappe toutes ses qualités. C'est à se demander si une version française se justifiait, car à part le prestige lié à l'œuvre précédente, on ne voit pas trop sur quoi se base l'éditeur pour prendre le risque de cautionner un récit digne d'un fanzine.
Un auteur pourtant talentueux et une idée excitante pour un résultat médiocre et trop amateur.
[1] Une expérience censée avoir été menée par la Navy pendant la Seconde Guerre mondiale et qui devait permettre de rendre les navires indétectables par les radars ennemis, voire même invisibles. Cela donnera lieu à divers films dont celui de Stewart Raffill, en 1984 : The Philadelphia Experiment.
[2] Limites détaillées dans cet article sur l'édition en général.
[3] L'article consacré à la série contient, à la fin, des comparaisons qui permettent de constater à quel point les planches gagnent en charme (et même en éléments de décor) dans la version Hamaker.
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Publié le
17.9.25
Par
Nolt
Le point sur l'intégrale de la série Fear Agent, sortie en VF chez Akileos.
Heath Huston est un exterminateur d'extraterrestres, plutôt porté sur la bouteille et un brin malchanceux. Alors qu'il est engagé pour liquider quelques Zlasfons, une espèce à l'intellect peu développé, il cause involontairement la mise à sac de la cité du maire qui l'avait engagé.
Après un départ précipité et une bonne cuite, le voilà cette fois chargé d'inspecter une station de commerce et de ravitaillement qui a coupé toutes ses communications.
Une fois sur place, il constate la présence de Mangeurs, une espèce aussi vorace que nocive. De rencontres imprévues en mésaventures, Heath va découvrir l'existence d'un énorme complot visant la Terre.
Cela va l'amener à se fourrer dans de nouveaux ennuis mais aussi à se remémorer l'époque où il avait encore une famille, où la Terre a été envahie et où il est devenu un Fear Agent...
Fear Agent est écrit par Rick Remender (Low, Deadly Class, Punisher, Venom) et dessiné par Tony Moore et Jerome Opeña. La série est en fait un exercice de style assez singulier, s'attachant à ressusciter l'esprit des récits d'aventure, de guerre et de science-fiction de EC Comics. Tout commence avec de l'action bien bourrine, très second degré, et évolue peu à peu vers quelque chose de plus profond et moins cliché.
Les choix, même graphiques, faits par les auteurs sont toutefois particuliers. Les extraterrestres sont par exemple fort peu crédibles et très caricaturaux. L'une des espèces fait d'ailleurs penser à Kang et Kodos, des Simpsons, ce qui est tout à fait normal puisque eux aussi sont inspirés des comics EC. C'est donc volontaire, mais très enfantin comme représentation, ce qui ne poserait pas de problème si la série était basée sur l'humour uniquement, alors que là, il s'agit de tout autre chose, avec un aspect dramatique prononcé.
En réalité, l'on retrouve dans ces épisodes une manière de procéder un peu bancale qui fait penser à The End League, du même Remender. Dans ce titre également le scénariste nageait entre deux eaux en n'étant ni complètement sérieux ni totalement parodique.
Attention, dans l'absolu, il est tout à fait possible de mélanger humour et drame, mais il faut pour cela que le cadre construit par l'auteur permette une telle cohabitation, sans que le comique vienne parasiter ou déconstruire la tragédie, et inversement.
Il est également légitime de s'interroger sur l'intérêt de reprendre le ton de comics passés de mode et à la narration désuète. Tout comme en musique, une reprise est toujours possible, mais l'on s'arrange alors pour moderniser l'orchestration, ce qui est loin d'être le cas ici.
Il y a bien des gros mots et quelques scènes gore, mais qui n'augurent en rien d'un réel renouvellement de l'écriture. À ce sujet, la quatrième de couverture contient une affirmation assez stupéfiante qui prétend que les lecteurs qui ont apprécié Preacher ou The Walking Dead devraient se délecter avec Fear Agent. Très honnêtement, on ne voit pas du tout le rapport.
En réalité, si, il y a une scène (sur Terre, dans les toilettes d'un bar, avec le père de Huston) qui se rapproche du ton de Preacher. C'est quasiment la seule scène bien écrite du premier tome de l'intégrale, qui est tout de même un gros pavé. Un peu court pour trouver un cousinage...
Quant à l'aspect Walking Dead, j'imagine qu'il est supposé prendre racine dans la partie "survivaliste" du récit. Seulement l'on est à des lieues de la narration de Kirkman (en tout cas, celle qui était brillante, dans les premiers 60 épisodes de TWD, avant que cela se transforme en désastre, cf. cet article).
Remender survole tout, dans un déferlement d'action et d'explosions, sans prendre la peine de construire ses personnages, sans s'intéresser à une quelconque problématique plus de quelques cases.
Le résultat est évident : on se fout de ce qui peut bien arriver aux protagonistes, totalement artificiels. Il n'y a donc rien de plus à l'opposé d'un Walking Dead qui, justement, reposait (au moins au début) sur les relations entre les personnages bien avant d'être un récit de zombies. Et ce n'est pas tant des éléments de l'intrigue qui peuvent rapprocher deux séries que la manière de les mettre en scène.
Notons quelques coquilles en VF (présentes dès l'introduction), heureusement relativement rares au vu du nombre de planches.
Un truc pas très vieux mais vieillot quand même. Et mal fichu.
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Publié le
15.9.25
Par
Nolt
SF et voyages temporels sont au menu du jour avec Red Wing, paru chez Delcourt.
Dominic et Valin sont de futurs pilotes de IT-2, ou Intercepteur Temporel de deuxième génération. Comme les autres cadets, ils vont devoir maîtriser l'art du pilotage et du voyage dans le temps, notamment pour faire face aux Moissonneurs, un ennemi mystérieux, venant d'une époque et d'un lieu inconnus, qui tente de s'emparer des ressources du présent.
Voilà en gros le pitch de cette histoire, courte (seulement quatre épisodes) mais complète. Le scénario est de Jonathan Hickman (House of X, Secret Wars), les dessins de Nick Pitarra. Ce dernier s'en sort plutôt bien si l'on excepte quelques cases où les postures des personnages sont un peu raides et manquent de réalisme. Le reste est franchement réussi, que ce soit les vaisseaux ou les représentations de crashs temporels, hommes et machines se désagrégeant à la fois de manière instantanée et "découpée" dans le temps. Un concept difficile à décrire mais visuellement très efficace.
Penchons-nous maintenant sur l'intrigue. Hickman, que l'on avait vu à l'œuvre également sur Fantastic Four ou Ultimates, avait déjà eu l'occasion de travailler sur des sagas flirtant avec la métaphysique et notamment les univers alternatifs (cf. Marvel Icons #66), un sujet très proche de celui abordé dans Red Wing. L'auteur semble donc fasciné par ce thème (qui ne le serait pas ?) et livre ici un récit étrange, qui s'avère captivant mais qui laisse toutefois le lecteur sur sa faim.
Le format tout d'abord est très court, d'autant que les quatre chapitres sont parsemés d'effets qui laissent parfois trois ou quatre pages d'affilée totalement vides. Ou presque. Les personnages sont volontairement laissés de côté et peu creusés (mais c'est un défaut récurrent chez Hickman), pour privilégier l'ambiance, froide et mélancolique.
Et certaines ellipses n'arrangent rien pour faciliter la compréhension des évènements.
Au niveau des concepts, là encore rien d'extraordinaire. Celui du voyage dans le temps, tel que décrit ici, est plus que simpliste et déjà vu. Dommage car il était sans doute possible de faire mieux avec un sujet aussi passionnant. La morale mise en avant ("nous n'héritons pas la Terre de nos Pères mais l'empruntons à nos Fils"), sans être condamnable, est elle aussi éculée et très naïvement illustrée.
Il n'y a guère finalement que la fin, assez bizarre tout de même, qui parvient à faire naître un petit moment d'émotion et de poésie.
Entre ce qui est incompréhensible et ce que l'on comprend et qui apparait comme clairement pas terrible, l'on pourrait donc penser que l'on est devant un truc complètement nul, et pourtant... non.
La lecture n'est pas désagréable, on se laisse doucement bercer par les coups de théâtre prévisibles et les dialogues, censés nous éclairer alors qu'ils font "pschitt" ou nous plongent encore plus dans le noir. L'on finit, la dernière page tournée, par se demander si l'on s'est fait arnaquer ou si l'on est passé à côté de quelque chose de génial et plus profond qu'il n'y paraît.
C'est rare mais voilà un comic qui, si l'on prend isolément tout ce qui le compose, devrait être nul et soporifique alors qu'il est en réalité pas si mal. Mais l'art de l'écriture n'est pas basé sur des équations exactes, il fait même appel à la magie, ce qui permet d'obtenir parfois ce drôle de résultat.
Si l'on cherche à avoir des réponses précises, un récit solidement construit et des prouesses narratives, Red Wing sera probablement décevant. Si l'on accepte de lâcher prise, de ne pas pousser trop loin l'analyse, il se pourrait que la magie opère et que l'on soit lentement entraîné vers cet univers onirique qui, par nature presque, peut se permettre de ne pas suivre les règles les plus évidentes.
Déroutant.
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Publié le
14.9.25
Par
Virgul
Grosse mise à jour de notre article sur Le Désastre Panini, autrement dit, l'un des plus grands scandales de l'édition de ces vingt dernières années. Avec encore plus d'exemples sourcés, de photos de planches originales et de comparaisons V0/VF.
Ce serait sans doute très drôle si ce n'était pas un manque de respect total pour les œuvres dont Panini a la charge, leurs auteurs et le lectorat français. Pourquoi Marvel, ce géant de l'édition, tolère-t-il un tel saccage ? Mystère.
Quant aux arguments fallacieux avancés par Panini pour sa "défense", à savoir "bah...heu... les gens qui nous critiquent sont des méchants trolls" et "bouh, Geneviève Coulomb, elle est à la retraite depuis 15 ans", on s'en est occupé aussi. Vous verrez notamment à quel point quelqu'un qui n'est plus actif depuis des années peut au contraire être très présent dans les multiples rééditions publiées tous les mois par Panini.
Et pour ce qui est des "trolls", eh bien, si troller signifie maintenant dire la vérité en effectuant un long travail d'enquête et de synthèse et en dressant un bilan rigoureux et bardé d'exemples concrets, alors OK, nous sommes de gros méchants trolls.
Faut-il encore acheter sa production à un éditeur qui se fout à ce point du matériel qu'on lui confie (car bien entendu, les traductions demeurent dans l'ensemble d'une grande médiocrité, même si tout le monde n'atteint pas le niveau de Coulomb) ? À vous de voir.