La construction, presque artificielle, peut étonner a
posteriori : on commence par l’histoire de Tim qui échoue en Caroline du Sud lors d’un
voyage où il tentait de refaire sa vie. DuPray, morne bourgade, n’offre aucune
perspective en dehors de petits boulots éphémères, jusqu’à ce qu’on lui propose
le poste de veilleur de nuit, associé au bureau du shérif. Un destin farceur le
pousse à accepter, lui qui témoigne d'un passé douloureux dans les forces de l’ordre. On
fait alors connaissance avec une poignée d’individus amoureusement ciselés par
Stephen King, chacun, même le plus (apparemment) insignifiant, avec sa propre
histoire faite de petits riens, d’anecdotes peu glorieuses et de drames
familiaux en un lieu où rien ne se passe jamais, mais inscrit dans notre monde
grâce à quelques astucieux rappels culturels (on évoque Game of Thrones par
exemple). L’auteur s’étend avec aise entre ces rues désertes et décrit chaque
recoin, chaque non-événement, s’appesantissant sur des détails dont on se dit
qu’ils feront sens plus tard. Et, étrangement, on se surprend à goûter à cette
litanie de rituels indolents, s’émoustillant de chaque petit secret tout en se
demandant bien à quel moment apparaîtra l’Institut du titre.
Par quelques petites sentences bien ajustées : "Les
grands événements naissent de petits riens." ou surtout "Il
y réfléchissait encore quand l’enfer se déchaîna, un peu plus tard au cours de
l’été…", King nous fait habilement signe, nous demandant de patienter
tout en attisant notre curiosité. Le décor est planté, passons donc au vif du
sujet.
Et à la deuxième partie.
Et dans l’amertume d’un quotidien scandé par l’irruption de gardiens et des séances secrètes en laboratoire dont certains ne ressortent pas intacts, les enfants vont commencer à renforcer ce lien ténu mais précieux qui leur permet d’illuminer le monde qui les entoure, de les doter d’une carapace à l’épreuve des adultes : ils vont apprendre à compter sur eux-mêmes, développant une solidarité plus forte que leurs geôliers. Afin que, peut-être, comptant sur des ressources inespérées, profitant du moindre faux-pas de ces scientifiques illuminés ou de ces garde-chiourmes trop brutaux, l’un d’entre eux parvienne peut-être à s’enfuir, ou, du moins, à alerter l’opinion publique. Avant de disparaître dans l’oubli car, ils en sont de plus en plus certains, ils ne sortiront pas vivants de l’Institut.
En développant les rapports entre les enfants prisonniers, Stephen
King développe avec un grand savoir-faire un récit dense et lancinant, proche des
relations particulières décrites dans La Maison dans laquelle, ce magnifique roman de Mariam Petrosyan [cf. cet article]. Toutefois, l’auteur
préféré de Nolt [cf. cet article] conserve encore quelques tours dans sa manche et parvient,
sinon à surprendre, du moins à captiver en orientant petit à petit le récit vers
une forme d’épopée futuriste, lorgnant parfois vers Akira ou Minority Report,
alternant les moments de grandeur presque puérils qu’il affectionne avec des
passages puissants, nous faisant ressentir la souffrance et la détresse de ces
petits êtres exploités malgré eux, au nom d’un intérêt supérieur. Il y aura des
sacrifices providentiels et des morts inutiles, des actes de torture et des
exploits héroïques, des larmes et des confidences, des secrets révélés et d’autres
qui se terrent, attendant d’être à leur tour exhumés pour le plus grand malheur
des hommes. Et, au fond, comme dans la boîte de Pandore, un peu d’espoir (et
beaucoup d’amour).
Riche, intense, parfois poignant, exaltant, un très grand
roman appelé à être transposé à l'écran dans une série (si elle est du niveau de The Outsider sur Amazon Prime, je suis preneur).
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Hey les amis ! Voilà Halloween qui approche à grands pas, du coup, on a décidé de vous terroriser un peu. Enfin, on va essayer...
Tout d'abord avec The Wretched qui sort en Blu-Ray et DVD le 2 décembre 2020. Mais aussi avec une visite des... catacombes de Paris ! Ah, là niveau ambiance, difficile de faire mieux.
Nous nous sommes donc associés avec nos amis de Koba Films pour mettre sur pied un concours célébrant l'épouvante, les frissons et vos talents dans le domaine du déguisement.
Pour participer, rien de plus simple, il suffit de :
- Liker les pages Facebook de UMAC et Koba Films
- Partager la publication du concours de la page UMAC (en mode public) sur votre profil
- Nous envoyer une photo de vous dans votre plus beau déguisement d’Halloween !
Il est possible de poster votre photo dans les commentaires sur la publication Facebook ou de nous l’envoyer par mail. Vous pouvez également masquer votre visage (le flouter, le couper) si vous ne souhaitez pas apparaître sur notre album dédié au concours.
Vous pouvez participer et envoyer vos photos du 27 octobre au 7 novembre. La phase de vote se déroulera du 8 novembre au 14 novembre. Les participants ayant reçu le plus de likes sur leurs photos seront départagés par le staff UMAC.
Les lots seront envoyés à partir du 2 décembre (date de sortie de The Wretched) !
En ce qui concerne la visite des catacombes, la date sera fixée avec le gagnant en fonction de la situation sanitaire.
À vos costumes !
Virgul, lui, a déjà le sien. Rassurez-vous, il n'a pas le droit de participer. Déjà parce qu'il fait partie du staff, et puis bon, aussi un peu parce que c'est un chat, le concours étant honteusement réservé aux humains.
L'histoire
La série offre donc au lecteur, en trois tomes, des enquêtes mémorielles dans un récit lui-même construit comme une lente reconstitution de la mémoire du personnage central. Avouez que c'est élégant ! Cette sorte de mise en abyme n'est qu'une des multiples facettes du puzzle qu'est cette bande dessinée (même la couverture vous l'annonce).
Le dessin
Toutefois, comme il l'avoue lui-même : le premier tome date de 2005 et il a énormément progressé depuis. J'ai d'ailleurs trouvé très intéressant de voir, au fil du recueil, s'améliorer peu à peu le trait de celui qui dessinera ensuite un de mes Holmes préférés. Comme le premier tome est déjà très loin d'être indigne graphiquement, on éprouve simplement un plaisir croissant à la découverte des aventures de Simon... et plus le dessinateur affine son trait, plus il se décomplexe : on voit de plus en plus de trouvailles visuelles s'affirmer et l'on comprend vite que les ingéniosités de Dans la tête de Sherlock Holmes sont les enfants de celles qui apparaissent ici. C'est original, comme leitmotiv mais Benoît Dahan semble se spécialiser dans la représentation des mécanismes mentaux, pour notre plus grand plaisir.
Appréhensions initiales
Nulle crainte à avoir ici : Simon a parfois ce réflexe de s'imaginer omnipotent mais, lors de ses plongées dans les souvenirs des gens, la réalité ne tarde jamais à lui faire prendre conscience de l'incomplétude ou de la fausseté de son diagnostic initial.
Il arrive même que ces fausses pistes le poussent à commettre des erreurs assez graves et ça, ce n'est pas fait pour me déplaire : un héros faillible est à mon sens toujours bien plus intéressant.
Si vous êtes comme moi, rassurez-vous : les enquêtes mémorielles sont tellement particulières et originales que je ne m'y suis pas ennuyé, à ma grande surprise. C'est plaisant, inventif mais totalement inutile dans le contexte légal puisque Simon ne récolte pas de preuve matérielle lors de ses plongeons dans les souvenirs des témoins ou des accusés... il lui faut donc mener une enquête de terrain en parallèle mais toujours à sa façon un rien alambiquée. L'originalité de la démarche a botté le train de mon possible ennui plus d'une fois !
Impression globale
Et encore merci aux éditions Petit à petit pour le soin apporté à l'objet physique... je sais que je me répète mais prenez un de ces volumes en mains et vous comprendrez !
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Comment ça s'allume ce truc ? Je t'assure, sur la notice, ça avait l'air plus simple. |
Ah, on va être bien là, tranquilles pendant six semaines... |
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Hey les matous ! Ça ronronne dans les gouttières ?
Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous conseille le premier Chat dans le Culte. Et sinon, on passe tout de suite au sujet principal, avec une comédie mythique.
Miaw !
La Chèvre
Deuxième film de Francis Veber en tant que réalisateur (après Le Jouet), La Chèvre sort en 1981 et va devenir l'une des grandes comédies culte du cinéma français. Elle met en scène le personnage de François Perrin (Le grand blond avec une chaussure noire, On aura tout vu...), une variante de François Pignon (L'emmerdeur, Les compères, Les fugitifs, Le dîner de cons...). À noter que François Perrin/Pignon n'est pas un même protagoniste vivant différentes aventures, mais bien une sorte d'archétype de personnage lunaire, naïf, maladroit, voire parfois un peu benêt.
Ça raconte quoi ?
La fille du PDG d'une grande entreprise disparaît alors qu'elle est en vacances au Mexique. Son père a beau tout tenter pour retrouver sa trace, rien n'y fait. L'un de ses employés a alors l'idée de lui présenter François Perrin, un individu particulièrement malchanceux. Or, la jeune fille disparue a la particularité d'être elle aussi une incroyable poissarde. La théorie étant que deux malchanceux chroniques vont se prendre les mêmes portes dans la figure, trébucher sur les mêmes obstacles, et donc avoir un parcours similaire. Désespéré, le PDG accepte de tenter cette mission de la dernière chance. Il engage Perrin en lui faisant croire que, grâce à son bon sens et son flair, il est en charge de retrouver sa fille. En réalité, il doit servir d'appât, de "chèvre", et Campana, un véritable détective privé, expérimenté et bourru, se charge de l'accompagner pour vérifier les résultats de cette improbable expérience.
Ça fonctionne comment ?
L'on est ici sur du très classique, à savoir l'opposition de deux personnages foncièrement différents, obligés de coopérer et de se supporter. C'est ce que l'on peut retrouver déjà dans La Grande Vadrouille, avec le gentil et naïf Bourvil et le plus dirigiste et colérique De Funès. Mais, ce n'est pas tout. Ici, le duo ne fonctionne pas seulement sur sa disparité mais également sur sa relation asymétrique, l'un en sachant plus que l'autre. Principe que l'on retrouvera, bien plus tard, dans L'Opération Corned Beef, alors que Jean Reno est obligé de supporter le pontifiant Clavier qui ne comprend rien à la situation. Le fait que Campana sache réellement les raisons pour lesquelles Perrin a été engagé participe bien entendu aux ressorts comiques. Enfin, dernier point, Perrin est ici particulièrement sûr de lui. Loin du Pignon du Dîner de Cons, qui se rend compte qu'il gêne ou que l'on se moque de lui et est conscient de ses limites, de ses défauts, Perrin, dans La Chèvre, est suffisamment niais pour se prendre au sérieux, pérorer et même sermonner un Campana pourtant bien plus efficace que lui.
Pourquoi c'est encore bon aujourd'hui ?
Là encore, pas de surprises : casting béton, avec un Pierre Richard et un Gérard Depardieu excellents dans leur propre registre, et surtout une écriture (de Veber, qui signe le scénario également) à la hauteur, avec un nombre de gags (et de gags efficaces !) qui devrait faire rougir les scribouilleux poussifs qui écrivent la plupart des "comédies" françaises actuelles. Le film dure seulement 1h35, ce qui n'est pas énorme (La Grande Vadrouille ou L'Opération Corned Beef, cités plus haut, durent respectivement 2h12 et 1h45), pourtant, il est tellement dense que l'on n'a aucunement l'impression qu'il est si bref. Et, fait rare, les situations comiques perdurent jusqu'à la fin, sans forcément cet emballement qui vire au burlesque et que la plupart des auteurs ou réalisateurs se croient forcés d'employer pour donner un effet de crescendo qui, bien souvent, rend le récit absurde.
La petite anecdote en sus
À l'origine, c'était Lino Ventura et Jacques Villeret qui étaient pressentis pour incarner Campana et Perrin, mais Ventura n'aurait apparemment pas été d'accord sur le choix de son collègue. Quand Depardieu est arrivé sur le projet, il a émis le souhait d'interpréter... Perrin. Veber ayant refusé, l'acteur s'est montré particulièrement insupportable durant le tournage. Enfin, selon la légende, parce qu'en réalité, Depardieu, aussi talentueux qu'il soit, c'est le genre à être chiant tout le temps, de base. Un type qui te pète dessus et qui trouve ça drôle, ça donne plus envie de lui mettre un coup de pied au cul qu'un César entre les mains.
— Il m'a traité d'abruti, c'est une affaire entre lui et moi, je vous demande de ne pas intervenir. Vous m'avez traité d'abruti ?
— Oui.
— Je pratique les arts martiaux : judo, aïkido, karaté. La première chose qu'on nous apprend, c'est le contrôle. Un type me traite d'abruti, je ne cogne pas, je le regarde et je m'en vais.
— Et ben tire-toi alors.
— Hmf. Vous avez de la chance. Allez, prenez ce chariot et filez. Hmf... vous avez de la chance.
— Gros connard.
— Haha... vous avez de la chance...
— Pédé.
— Ffffiouuu. Je suis arrivé à un contrôle total, en route ! Pardonnez-moi cette démonstration de force, mais j'ai horreur qu'on me marche sur les pieds.
L'on rencontre alors Anahita, une jeune femme atteinte d'une maladie rare, qui se révèle être une Irin, métisse entre un humain et l'une de ces divinités venues d'ailleurs. Avec l'aide de Satan, un autre Irin âgé de plusieurs millénaires, elle va découvrir les secrets qui planent sur son origine et va devoir faire la lumière sur un ancien mystère afin de rétablir la vérité au sujet de son père et de sa lignée.
L'histoire qui commence dans un décor que l'on pourrait croire à la croisée des monde de Conan le Barbare et de Stargate provient de l'imagination de Rob McMillan, tandis que les dessins sont l’œuvre de Wouter Gort.
Sur le plan graphique la BD bénéficie de décors variés, de dessins très jolis, voire envoûtants, et de quelques planches à la mise en scène tout à fait réussie. Les premiers moments sont marqués par des scènes violentes qui hanteront les esprits les plus sensibles mais qui trouvent par la suite un contexte qui justifie pleinement les effusions de sang.
Ce récit se lit très bien si l'on met de côté le texte dense que l'on peut trouver hors bulles sur quelques écrans. La narration alterne entre passages prenant place dans le passé et le présent et se mêle avec aisance aux dialogues et aux souvenirs des personnages.
La thématique religieuse est naturellement très présente et se retrouve autant dans les dialogues que dans les illustrations, nous laissant nous demander si les créatures que nous rencontrons sont de vrais dieux ou de simples aliens extrêmement avancés sur le plan technologique. Les éléments de l'histoire sont évoqués sans lourdeur pour familiariser le lecteur avec un univers très riche que l'on peut découvrir avec plus de précisions dans les appendices présents sur le site officiel, où l'on peut bien sûr lire également le premier volume de cette saga.
Ajoutons que les personnages sont tous bien caractérisés et paraissent parfaitement vraisemblables malgré une héroïne principale qui aura sans doute besoin d'un second volume pour se développer et devenir aussi attachante que certains autres protagonistes.
Un web-comic qui témoigne du savoir-faire de ses auteurs au travers d'une histoire bien construite, dont on a envie de connaître le dénouement.
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Première histoire : ROTTEN HEART (de El Puerto et Tomeus)
Plus sérieusement... ça cause d'organisations paramilitaires, religieuses, politiques et/ou criminelles qui s'entretuent pour un butin aussi surprenant que déstabilisant et non, ce n'est pas mignonnet le moins du monde. Ce l'est d'autant moins que c'est crédible et passablement réaliste, malgré la dose de fantastique africain que l'on trouve dans le camp des seigneurs de guerre.
La conclusion de la nouvelle est astucieuse et dérangeante à souhait mais pas plus que l'article qui suit faisant état de certaines croyances entretenues au sein des milices d'Afrique de l'Ouest... Vous saviez que ces gars croyaient en l'existence d'un vaccin pare-balles ? Quand je pense que certains de mes concitoyens ont du mal à croire en l'efficacité de celui contre la poliomyélite...
Deuxième histoire : Tool (de Mud et Evin)
Troisième histoire : REAL SOCIOPATH (de Run et Ké Clero)
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