La Mythologie Viking de Gaiman en comics
Publié le
21.8.24
Par
Nolt
Une adaptation mal foutue de plus : La Mythologie Viking.
Nous vous avions déjà parlé de La Mythologie Viking, par Neil Gaiman. L'auteur s'était attaché à regrouper les récits nordiques classiques dans une version certes modernisée mais tout de même très aride, sans effets de mise en scène ou développement des nombreux personnages peuplant ces contes. Cela donnait quelque chose de rigoureux, intéressant, mais pas forcément très fun.
Et puis voilà que Dark Horse a l'idée d'adapter ça en comics en faisant appel à P. Craig Russell et quelques dessinateurs. Et qu'est-ce qu'il fait notre brave Russell ? Il n'est pas très inspiré, il n'en branle pas une, et ça se voit. Mais il est loin d'être le seul fautif, car les éditeurs américains comme français sont ici au bord de l'indigence.
Il y avait en gros deux manières d'appréhender ce travail d'adaptation. Soit Russell se lançait dans un véritable récit classique, en effectuant un énorme boulot au niveau de la narration et des protagonistes (pas évident, mais ça se fait de travailler un peu quand on est scénariste). Bon, il n'a pas choisi ça. La seconde option consistait à reprendre les histoires de Gaiman sans les modifier, mais du coup en les sublimant par un aspect visuel renversant. Manque de bol, ce n'est pas ça non plus que l'éditeur a mis en place. En effet, les dessins sont totalement quelconque, dans un style enfantin, très old school, qui ne génère absolument pas la grandeur, l'exotisme et le lyrisme que l'on était en droit d'attendre d'un tel projet.
Un lettrage pour le moins... chaotique. |
Un exemple ? Pour décrire les neuf mondes, Russell (qui signe les dessins de cette partie) ne s'embarrasse nullement d'une belle représentation, impressionnante et métaphysique (cf. illustration ci-dessous). Il se contente d'illustrer chaque monde par une pauvre case, sans inspiration ni style. Asgard est une vague ombre brunâtre floue, Midgard est représenté par deux pelés et trois moutons, le Vanaheim est une forme orangée qui aurait pu être dessinée par un enfant de cinq ans, le Niflheim est constitué d'une flaque sombre et de deux nuages, même Hel ne ressemble à rien et transpire le manque d'ambition et la facilité.
On a rarement vu plus pauvre et inintéressant en termes d'atmosphère. En fait, sur tout cet album, seul Mike Mignola va insuffler un peu d'âme dans ce qu'il dessine. Et ça ne dure que six pages.
Et ce n'est pas fini, l'éditeur de l'adaptation française, Au Diable Vauvert, va confier le boulot de lettrage à... une personne qui visiblement n'a aucune idée de la manière dont il faut s'y prendre. Les textes percutent le bord des bulles, ils n'ont aucune forme, il n'y a pas de blanc tournant homogène, bref, c'est une catastrophe (cf. ci-dessus). Bien entendu, cela arrive de faire une erreur, sauf que là, ce n'est pas une erreur, c'est clairement une absence de savoir-faire basique. Comment de telles planches peuvent-elles être validées par l'éditeur ? Mystère.
Bref, un premier tome qui n'est qu'un pâle résumé d'un ensemble de récits déjà austères, avec en prime une partie graphique qui rate complètement son but, à savoir enchanter ces légendes anciennes pour leur donner le lustre qu'elles méritent. Inutile de dire que l'on va éviter les tomes 2 et 3.
Nul.
La représentation des Neuf Mondes. On peut certainement faire pire et moins inspiré, mais ça ne sera pas facile. |
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