WhiteOut
Publié le
25.8.24
Par
Nolt
On s'embarque dans un polar ayant pour cadre le trou du cul du monde, autrement dit l'Antarctique, avec WhiteOut.
Carrie Stetko est un US Marshal qui fait régner l'ordre... sur la banquise ! L'endroit est hostile, immense. La température peut descendre jusqu'à - 90 degrés en hiver. Plus bas encore lorsque les vents violents sont de la partie. Ils charrient la poussière de neige, effacent la limite entre ciel et terre. C'est alors que survient le "whiteout". Un Grand Blanc. Un phénomène qui peut vous faire mourir de froid alors que vous êtes à trois mètres à peine d'un refuge.
C'est dans ce contexte difficile, et presque exclusivement masculin, que Carrie va mener une enquête sur un scientifique retrouvé mort, seul, abandonné là où il aurait dû y avoir un camp. Une fois le cadavre décongelé, l'autopsie va révéler qu'il s'agit d'un meurtre.
Entre un supérieur qui lui met la pression, une espionne anglaise dont elle ignore la raison de la présence et ses propres souvenirs douloureux, Carrie va se débattre dans ce qui ressemble à un cauchemar. Un long, froid et douloureux cauchemar blanc.
Akileos avait profité de la sortie de l'adaptation ciné pour rééditer ce "polar blanc" en 2009. Plutôt une bonne idée de la part de l'éditeur puisque la première version, qui datait de 2003, était difficilement trouvable ou à des prix absurdes (certains margoulins allant jusqu'à demander plus de 70 euros pour des exemplaires d'occasion).
Le scénario est écrit par Greg Rucka (Batwoman, Queen & Country, Gotham Central), les dessins sont de Steve Lieber. Graphiquement, l'artiste emploie un style réaliste plutôt agréable si l'on excepte une ou deux erreurs de proportion flagrantes (un détail en comparaison du nombre de planches). Pas de colorisation puisque l'on est face à du noir et blanc brut de décoffrage. Admettons que cela se justifie un peu vu le cadre, m'enfin, ça reste dommage. On connaît bien des œuvres qui ont très largement gagné à passer à la couleur (Bone, par exemple). Ici, forcément, ce n'est pas possible puisque le dessinateur utilise des aplats de noir ou des hachurages. C'est donc pensé pour demeurer ainsi, même si cela amène un côté austère et parfois un manque de lisibilité.
Niveau histoire, Rucka parvient à mettre en scène des personnages crédibles et fouillés. Le récit est également soutenu par de bons dialogues, autant d'éléments qui laissent à penser que le côté fade et lourdingue de son Elektra & Wolverine provenait bien essentiellement de l'épouvantable traduction (le fameux effet Coulomb, cf. cet article).
Tout n'est cependant pas totalement abouti. Le décor si particulier du pôle est finalement sous-employé et les tensions qui découlent d'un mode de vie aussi étrange et confiné ne sont guère mises en avant, ce qui est tout de même dommage. On peut noter également quelques facilités lors de la résolution de certaines scènes. Malgré tout, l'héroïne se révèle attachante et suffisamment ancrée dans la réalité (elle va notamment payer un assez lourd tribut physique pendant cette aventure) pour que l'on ait envie de s'intéresser à la suite (un autre tome étant sorti).
À lire chaudement habillé, avec un thé chaud ou un petit whisky à portée de main.
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