Spider-Man : Back in Black
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Retour sur la période Back in Black du Tisseur et un affrontement mythique.

À l'époque, J.M. Straczynski (cf. ce dossier) est toujours aux commandes de la série historique du Monte-en-l'air : Amazing Spider-Man.
La saga Civil War vient tout juste de se terminer, bouleversant par la même occasion la vie de Peter Parker. Ce dernier a en effet révélé publiquement qu'il était Spider-Man (rappelons que le superhuman registration act ne l'y obligeait nullement) puis, alors qu'il soutenait au départ Tony Stark (Iron Man) et les héros légalistes, il a changé de camp et est devenu hors-la-loi. Il mène donc une vie de fugitif en compagnie de son épouse, Mary Jane, et de sa tante May (cf. la Parenthèse de Virgul #24 pour ceux qui ne savent encore rien des frasques récentes de la Tata, plus en forme que jamais).

Alors qu'ils sont tous réunis dans un motel miteux, un tireur embusqué guette dans le but d'éliminer Peter. Celui-ci est alerté par son sixième sens d'araignée, il se jette sur MJ pour la protéger, et bam, c'est la tantine qui se mange du plomb dans le bide (voir l'ASM #538, dernière partie de l'arc The War at Home).
Débute alors Back in Black, un récit en cinq épisodes avec Ron Garney au dessin. 
Tandis que Peter se précipite pour amener sa tante aux urgences, l'on découvre que c'est Wilson Fisk, alias le Caïd, qui a tout manigancé depuis sa cellule...


Ce récit dévoile une toute autre facette de Spider-Man. On le découvre ici plus violent, prêt même à tuer. Un élément de plus à mettre au crédit de Straczynski qui, durant son long run sur la série, va énormément faire évoluer le personnage tout en préservant ses fondamentaux. Il introduira notamment le concept des pouvoirs d'origine totémique et de la Société de l'Araignée ; avec Morlun, il donnera au Tisseur l'un de ses plus terrifiants ennemis (cf. la scène #4 de notre Anthologie des Combats Marvel) ; il permettra enfin à la tante May de découvrir les activités super-héroïques de son neveu, explorant par la même occasion un nouveau genre de récits ; il va également s'attaquer au "retour" de Gwen Stacy, dans un arc très controversé ; il va doter le Tisseur de nouveaux pouvoirs (cf. la saga The Other) ; et c'est sous sa plume que Spidey va révéler publiquement son identité.
Ça fait quand même quelques changements notables.

Avec Back in Black, il poursuit son cheminement et dévoile un Parker, traqué par la police et les criminels, qui devient plus dur et menace de mort les super-vilains qui pourraient s'en prendre à ses proches. Spidey n'hésite pas, pour mener son enquête, à balancer un truand du haut d'un immeuble (même s'il va tout de même le rattraper) et prend ensuite la décision radicale de liquider le Caïd. C'est d'ailleurs cette confrontation (qui n'est pas sans rappeler celle entre Fisk et Daredevil, cf. scène #11 de notre Anthologie des Combats) qui est le point d'orgue de l'intrigue (bien que l'arc prenne fin dans l'ASM #543, elle se déroule dans l'ASM #542).

Le combat est plutôt impressionnant. Il a lieu dans la prison où Fisk est incarcéré, devant tous les détenus venus assister au spectacle (le Caïd ayant soudoyé les gardiens, il fait un peu ce qu'il veut dans le binz).
Bien entendu, le lecteur avisé ne croit pas un instant (pas plus que Fisk) au fait que Spider-Man puisse mettre ses menaces à exécution. Straczynski parvient cependant à donner un peu de poids à ses dires dans une habile scène où Spider-Man avoue qu'il n'est pas là pour tuer le Caïd... puis, il enlève son masque et, alors que le visage de Peter apparait, celui-ci annonce avec emphase : "Mais moi, oui." Même si l'on n'évite pas les pleurnicheries sur la tantine et les "c'est ma faute", il faut avouer qu'on n'a jamais vu un Parker aussi badass... Peter ayant même l'idée d'étouffer le mafieux en lui remplissant les poumons de toile.


Outre cet aspect bourrin et jouissif, il convient de noter que cet arc a son importance puisqu'il fait le lien entre Civil War et le terrible (à plus d'un titre) One More Day, qui signera un retour en arrière pour le Tisseur et la fin du phénoménal passage de Straczynski sur la série.
Signalons qu'en 2011, Panini a sorti un Marvel Deluxe intitulé Back in Black, mais qu'il ne s'agit pas des épisodes évoqués ici. Ce recueil contient les numéros #35 à #40 de Sensational Spider-Man ainsi que les numéros #17 à #23 de Friendly Neighborhood Spider-Man, les deux séries régulières parallèles de l'époque.
Un complément intéressant qui approfondit cette période arachnéenne quelque peu "dark", mais rien d'absolument indispensable.
L'éditeur avait également entrepris la réédition du run de Straczynski en Marvel Icons, mais après trois volumes publiés (en 2014 et 2015), il a apparemment abandonné le projet (à l'épisode #518, donc bien avant The Other, Civil War, Back in Black et One More Day).

Enfin, pour être complet, notons qu'il existe un What if qui revient sur ce moment aussi sanglant que crucial. Dans cette histoire alternative (publiée en VF en 2010 dans le Marvel Saga #5), c'est Mary Jane qui est abattue par le sniper (voir l'illustration ci-contre). Peter va alors se venger, échapper à Stark qui tente de le raisonner, et buter le Caïd. Ce qui lui vaudra un sermon de la part de sa tante qui ne veut plus entendre parler de lui... parce qu'elle ne l'a pas élevé comme ça, tuer les gens c'est pas bien, blabla. Ah, ça vaut le coup d'œil, vraiment. On a l'impression d'un gamin qui se fait engueuler parce qu'il a chapardé un bonbon (alors qu'on vient quand même de flinguer l'amour de sa vie, bravo pour la compassion de la tantine !). Mais bon, mis à part cette conclusion maladroitement moraliste, c'est assez sympa à lire. 

Une période charnière et mouvementée, offrant à Peter un rôle inhabituel de fugitif et de justicier impitoyable. Ou presque.
Et avant tout un récit soigné et parfaitement maîtrisé, mais rien de surprenant avec quelqu'un d'aussi fin et talentueux que Straczynski.
Vivement conseillé.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un Spider-Man plus sombre que d'habitude.
  • Une période riche en changements pour le Tisseur.
  • Un affrontement spectaculaire.
  • De jolies planches, bénéficiant d'une colorisation soignée.
  • TPB difficile à se procurer à prix raisonnable, même en VO.