Horseback 1861 - Unleashed States of America
Publié le
26.9.20
Par
GriZZly
Salut, bande de pieds-tendres. Ce n'est pas la première fois que je vous parle ici du travail du Label 619, dont les ouvrages sont édités par Ankama. On a déjà abordé certains volumes de DoggyBags, leur collection de recueils de récits que je qualifierais de "hard pulp", si toutefois ça veut dire quelque chose.
Avec Horseback 1861 - Unleashed States of America, pour la première fois à ma connaissance, ils sortent un album avec une couverture rigide et ce sont Hasteda et Nikho qui s'y collent.
Ces derniers développent un western uchronique dans lequel les négociations de New Echota de 1836 auraient tellement mal tourné qu'elles auraient provoqué la révolte des tribus peaux-rouges et la création d'une nation indienne. Oui, vous l'aurez compris : ça ne se passe pas vraiment dans notre univers... uchronie, on vous dit !
Ces derniers développent un western uchronique dans lequel les négociations de New Echota de 1836 auraient tellement mal tourné qu'elles auraient provoqué la révolte des tribus peaux-rouges et la création d'une nation indienne. Oui, vous l'aurez compris : ça ne se passe pas vraiment dans notre univers... uchronie, on vous dit !
Le scénario se déroule quelque temps après l'assassinat d'Abraham Lincoln. Le chasseur de primes de légende Redford J. Randall a depuis peu raccroché son tablier (j'aurais pu écrire "raccroché son holster" mais c'est loin d'être le cas... alors disons "raccroché son tablier", même si le bonhomme n'est pas du genre à cuire des pâtisseries).
Enrichi grâce à ses talents de bounty hunter, Randall a décidé d'investir dans sa propre société de convoyage ultra sécurisée : la Randall Delivery (parce que ça pète plus que FedEx et que Tom Hanks n'était pas disponible).
Enrichi grâce à ses talents de bounty hunter, Randall a décidé d'investir dans sa propre société de convoyage ultra sécurisée : la Randall Delivery (parce que ça pète plus que FedEx et que Tom Hanks n'était pas disponible).
On découvre vite l'équipe de convoyeurs qu'il assemble (car "savoir s'entourer, c'est la clé"). Imaginez une sorte d'A-Team version western uchronique au casting dirigé par Tarantino et vous serez dans le vrai.
- Redford J. Randall lui-même est bien entendu le chef de cette fine équipe. L'homme est encore habile avec un six coups mais est rongé par une tuberculose à un stade assez avancé.
- Marathon, surnommé Mara, est un esclave noir en fuite faussement affranchi accompagné d'une hyène plus ou moins domestiquée et étrangement baptisée Bain-Marie.
- Daniel "Riff" Lockwood a choisi une vie d'aventures le jour où, jeune apprenti cowboy, il sauva un indien accusé à tort d'une mort certaine.
- Isiban est cet indien sauvé du lynchage par Lockwood. Lockwood et lui sont des fugitifs depuis ce jour. L'énigmatique colosse amène à l'aventure un brin de mysticisme et d'ésotérisme.
- Marathon, surnommé Mara, est un esclave noir en fuite faussement affranchi accompagné d'une hyène plus ou moins domestiquée et étrangement baptisée Bain-Marie.
- Daniel "Riff" Lockwood a choisi une vie d'aventures le jour où, jeune apprenti cowboy, il sauva un indien accusé à tort d'une mort certaine.
- Isiban est cet indien sauvé du lynchage par Lockwood. Lockwood et lui sont des fugitifs depuis ce jour. L'énigmatique colosse amène à l'aventure un brin de mysticisme et d'ésotérisme.
- Jackie Randall, quant à elle, est le fils manqué de Redford. Rouquine au caractère bien trempé, elle travaille pour son père et nourrit avec lui une complicité évidente.
Pour la mission que l'on suit, la Randall Delivery se voit chargée par un membre du gouvernement de livrer des caisses d'engrais jusqu'en Californie. Mais dès le début, Isiban a de très mauvais pressentiments et fait part de son manque d'enthousiasme à l'idée de livrer "du mauvais engrais".
La mission est acceptée malgré tout mais force est de constater que l'indien avait on ne peut plus raison : entre péripéties et complications, traquenards et complots, bagarres et fusillades, le trajet sera des plus périlleux.
La mission est acceptée malgré tout mais force est de constater que l'indien avait on ne peut plus raison : entre péripéties et complications, traquenards et complots, bagarres et fusillades, le trajet sera des plus périlleux.
Le scénario de cette BD au final assez cinématographique est signé Hasteda, qui est un habitué des collaborations avec le label... On lui doit déjà de courtes histoires dans les DoggyBags 7, 9 et 11 mais aussi, de façon plus marquante, le one shot Mapple Squares que je vous recommande si vous avez envie de voir ce que deviendrait X-Files si le scénario et la réalisation étaient confiés à une équipe de gars talentueux mais accro aux films gores et aux ambiances malsaines.
Au final, il nous livre ici un road movie western uchronique testostéroné qui, malgré cette classification plutôt exotique, s'avère assez classique.
Au dessin, on trouve Nikho qui a visiblement, sur la toile (oui, je continue à lire les critiques de collègues de-ci de-là avant de rédiger mes chroniques) un paquet de fans enthousiastes. Le gars est un illustrateur à la patte très personnelle. Il s'est fait connaître en gagnant le concours Jeune Talent de la ComicCon de Paris en 2017. Après avoir participé à la réalisation de courts métrages d'animation et travaillé sur des jeux vidéo, le voilà qui signe sa première bande dessinée complète avec un nombre de planches assez conséquent.
Alors oui, il a une patte bien à lui. Il joue beaucoup sur l'épaisseur de son trait, sur des plans rappelant les westerns spaghetti et un mélange de figuratif et de suggestif. Oui, ça colle à la perfection au Label 619. Mais oui, c'est malgré tout une première BD et, par moment, ça se fait sentir. Il y a chez lui une certaine irrégularité dans le dessin, tantôt fouillé, tantôt minimaliste, tantôt précis, tantôt violant les règles les plus basiques des proportions... Mais l'ensemble est agréable si l'on accroche à son style.
La mise en couleurs tantôt criarde, tantôt quasi monochrome n'est aucunement réaliste mais est davantage à considérer comme participant du dessin. Il est fréquent, par exemple, que l'avant-plan soit entièrement bleu pour laisser le second plan, en couleurs plus chaudes, se détacher de la case. C'est amusant de voir reparaître dans un western aussi moderne cette technique que j'ai rencontrée pour la première fois, enfant, dans les premiers albums de Lucky Luke...
Au dessin, on trouve Nikho qui a visiblement, sur la toile (oui, je continue à lire les critiques de collègues de-ci de-là avant de rédiger mes chroniques) un paquet de fans enthousiastes. Le gars est un illustrateur à la patte très personnelle. Il s'est fait connaître en gagnant le concours Jeune Talent de la ComicCon de Paris en 2017. Après avoir participé à la réalisation de courts métrages d'animation et travaillé sur des jeux vidéo, le voilà qui signe sa première bande dessinée complète avec un nombre de planches assez conséquent.
Alors oui, il a une patte bien à lui. Il joue beaucoup sur l'épaisseur de son trait, sur des plans rappelant les westerns spaghetti et un mélange de figuratif et de suggestif. Oui, ça colle à la perfection au Label 619. Mais oui, c'est malgré tout une première BD et, par moment, ça se fait sentir. Il y a chez lui une certaine irrégularité dans le dessin, tantôt fouillé, tantôt minimaliste, tantôt précis, tantôt violant les règles les plus basiques des proportions... Mais l'ensemble est agréable si l'on accroche à son style.
La mise en couleurs tantôt criarde, tantôt quasi monochrome n'est aucunement réaliste mais est davantage à considérer comme participant du dessin. Il est fréquent, par exemple, que l'avant-plan soit entièrement bleu pour laisser le second plan, en couleurs plus chaudes, se détacher de la case. C'est amusant de voir reparaître dans un western aussi moderne cette technique que j'ai rencontrée pour la première fois, enfant, dans les premiers albums de Lucky Luke...
J'étais impatient de lire cet album. Le début, étrangement, m'a refroidi. Mais plus j'avançais dans le récit et plus je me suis pris d'intérêt pour l'histoire jusqu'à ce moment étrange où la BD laisse place à une nouvelle (ah ça, chez 619, on aime ça aussi, les nouvelles !) dévoilant les origin stories des personnages centraux de façon très intelligente. C'est culotté et bien vu : on ne s’appesantit pas sur le passé, on résume ça en quatre pages écrites par Staw A. qui, en plus, habillent élégamment une ellipse temporelle dans la trame principale. Et, sans que je sache pourquoi, cette pause plus littéraire raviva apparemment mon intérêt et c'est avec un grand plaisir que je découvris la fin (ouverte, disons-le) de Horseback.
Comme souvent, avec 619, je vous conseillerais bien de vous faire un avis par vous-même tant leurs sorties sont typées. Ça peut ne pas plaire. Les gars ne font pas de concession. Mais ici, ce qui pourrait le plus vous bloquer étant sans doute l'aspect visuel assez particulier, il suffit en réalité d'aller chez votre libraire préféré et de le feuilleter. Ou de vous référer aux images ici-même. Mais non, feuilletez-le. C'est un joli objet, quand même. Ça joue aussi !
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