The Mighty Thor volume 2
Publié le
11.2.25
Par
Vance
Le plus affecté a sans doute été Thor : le voici désormais seul de son espèce, les dieux d'Asgard ayant disparu, et la cité éternelle étant rasée. Comment ? Par qui ? Un mystère immense qui sera patiemment dévoilé dans la série relancée à ce moment-là : The Mighty Thor, vol. 2, dont le premier épisode sort en juillet 1998.
Le sort de notre Dieu du Tonnerre préféré est confié aux bons soins de Dan Jurgens, un expert du monde marvellien au même titre qu'un Mark Waid : Nolt vous avait déjà présenté deux arcs de cette même nouvelle série (mais postérieure de cinq ans) toujours sous la houlette de Jurgens. Nous voici donc à vous parler des origines de ce qu'il adviendra, avec un Thor littéralement paumé, se laissant berner par un illuminé qui se faisait passer pour Heimdall : c'est que la vue de sa patrie ravagée par il ne sait quel cataclysme a de quoi chambouler son esprit. Mais avec Jurgens, pas le temps de se reposer sur ce non-événement car se profile une terrible menace sur Terre : les Avengers se font balayer par nul autre que le Destructeur, et qui mieux que le fils du créateur de cette machine du Jugement dernier pour l'arrêter ?
Effectivement, c'est Odin naguère qui avait engendré ce fléau ambulant, et son incommensurable puissance a de quoi faire hésiter le propriétaire de Mjolnir. Néanmoins, sa témérité légendaire et son sens du devoir le feront lutter jusqu'au bout contre cette armure animée par l'âme d'un soldat revanchard. Jusqu'au bout, littéralement, car malgré sa bravoure, sa ténacité et son marteau divin, Thor, le plus grand des Avengers, finit par tomber. Et ses camarades qui se demandaient si un dieu pouvait mourir savent désormais que même lui ne peut échapper à la Faucheuse...
La mort de Thor peut apparaître incompréhensible, voire inimaginable. Pourtant, elle résulte d'une logique établie dès les origines du personnage : après tout, son destin est tout tracé puisqu'il doit périr lors de Ragnarok (le Crépuscule des dieux mis en musique par Wagner). Walter Simonson, dans son long run sur le personnage (au milieu des années 80), considéré comme le plus proche de la mythologie initiale (dont Neil Gaiman a tenté une approche), jouait d'ailleurs constamment sur cet élément définissant l'existence même du dieu du Tonnerre. D'ailleurs, Thor a succombé une bonne dizaine de fois dans les comics depuis sa création - mais toujours face à des adversaires d'un calibre encore supérieur (des Beyonders, Thanos armé de son Infinity Gauntlet ou encore Emma Frost dopée au pouvoir du Phénix), démontrant sa bravoure et son panache.
Pour le coup, l'occasion a fait le larron et Jurgens s'est servi de cet événement considérable pour reconstruire la série : la disparition du Panthéon d'Asgard faisant office de tabula rasa, il peut avoir les coudées franches pour redonner une nouvelle dynamique au personnage. Exit Donald Blake, le souffreteux médecin à la canne, Thor va se coltiner un nouvel alter-ego, qu'il lui faudra préserver au maximum, occasionnant des scènes assez truculentes dans la vie réelle : de quoi forcer le Dieu du Tonnerre à davantage d'humilité et de sollicitude. Intéressante manière d'aborder l'impact terrible des conflits entre Masques pour les gens normaux : pendant que les premiers se balancent des immeubles à la gueule, font trembler la terre ou provoquent des ouragans, ces derniers trinquent et périssent par dizaines. Des questionnements qu'on retrouvera, sous une forme bien plus acide, chez Garth Ennis. En outre, l'énigme de cette disparition en masse de tous les autres dieux suscite d'autres interrogations, de quoi ouvrir de nombreuses portes et construire une intrigue tortueuse bourrée de secrets, de complots et de suspense.
Cependant, Thor n'a pas le loisir de partir à la recherche des siens, car ce bougre de scénariste lui colle un ennemi redoutable à chaque épisode, lesquels se terminent sur de haletants happenings. Quant au dessinateur de service, John Romita Jr, il fait ce qu'il sait faire de mieux : représenter les impacts. Les cases dans lesquelles le Dieu au marteau se démène contre plus fort que lui sont ses plus grandes réussites : ça cogne, ça démolit, ça défonce à tire-larigot, chaque uppercut semble sonner comme un coup de tonnerre. Il y a un peu du grand Kirby dans la noblesse qui se dégage des actes de bravoure de Thor et ses partenaires, dans ce côté over the top. En revanche, on pourra éventuellement faire la fine bouche sur la représentation de ses personnages aux traits grossiers, aux visages parfois caricaturaux, et dans des cases un peu chiches en décors ; néanmoins il réussit plus ou moins à rendre crédible les rares scènes intimes dans lesquelles Thor, sous son nouvel alter-ego, devra réapprendre à mener une vie humaine. Pour ceux qui trouveraient ces épisodes en français, il faut se préparer à de grands moments de perplexité face aux tournures choisies par notre Coulomb nationale, toutefois l'on pourra admettre que le caractère systématiquement désuet de ses expressions colle assez aux sentences shakespeariennes proférées par les dieux du panthéon nordique.
L'on peut trouver les quatre premiers épisodes réunis dans un album pas cher de la collection "les Grandes Sagas", paru en 2011, c'est une piste intéressante pour les curieux, qui auront en prime un épisode one-shot signé Alan Davis, totalement hors continuité, plongeant Thor et ses partenaires en pleine mythologie égyptienne, avec en guests Laurel & Hardy (oui, oui, vous avez bien lu !). Anecdotique dans tous les sens du terme, mais sympathique dans la forme. Sinon, si vous voulez explorer plus loin, et que vous en avez les moyens, jetez-vous sur l'Omnibus "The Mighty Thor Heroes Return" en VO ou sur la collection "Marvel Icons" en deux tomes en VF.
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