Entretien avec... Indiana Fraise !
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Nous accueillons aujourd’hui Indiana Fraise, un youtubeur sympathique, drôle et touche-à-tout, dont les vidéos sont de purs moments d’évasion et de jubilation !
Entre urbex, paranormal, observation de la vie animale, lancement de fusées, présentation de gadgets et construction d’engins volants ou explorant le fond des lacs, vous ne pourrez qu’être passionnés par les aventures de cet Indy "next door", qui déniche l’exceptionnel au sein du quotidien.


— Nicolas, merci de nous accorder un peu de ton temps, commençons par le plus simple, qu’est-ce qui t’a décidé à produire des vidéos sur internet ?

— Avant tout, je suis ravi que tu m’aies contacté, j’adore l’univers d’UMAC. Je suis un accro de l’exploration et de l’aventure, mais je suis aussi un énorme geek. Je n’ai pas choisi « Indiana » comme pseudo pour rien. Bref, ici, il y’a toute la pop culture que j’adore ! 
Pour répondre à ta question, depuis mon enfance je suis extrêmement curieux, que ce soit sur le plan scientifique, en matière d’exploration, d’histoire, de préhistoire, d’espace, de mystères. Cela ne m’a jamais quitté, ou plutôt l’enfant que j’étais ne m’a jamais quitté.
En fait cela fait plus de 15 ans que je produis du contenu sur Internet. À partir de 2006, J’ai d’abord tenu plusieurs blogs, que je qualifierais de « blog de copains », où je créais déjà des vidéos, de l’animation et une sorte de contenu journalistique mais c’était vraiment destiné à un public très restreint, essentiellement mes amis. Parallèlement, j’ai commencé à m’intéresser à Youtube, à regarder de nombreuses vidéos et à suivre certains youtubeurs. On va dire que ça a commencé à murir dans ma tête en 2017, et je me suis lancé début 2018. J’ai mis quelque temps à définir exactement ce que je voulais faire. Puis il s’est avéré que mon côté curieux de tout s’est affirmé plus que jamais. J’ai réalisé le potentiel de Youtube, le fait qu’avec peu de matériel et beaucoup d’imagination, je pouvais toucher un large public. Un détail important, j’habite un pays et une région, le sud-ouest, où l’aventure et la découverte sont possibles au bord de chaque chemin. 
Une fois la chaîne lancée, le pseudo « Indiana Fraise » s’est imposé. Indiana en référence au héros aventurier incarné par Harrison Ford dont je suis un fan absolu depuis toujours. Et Fraise, car c’est tout simplement mon surnom auprès de mes amis. C’est un diminutif lié à mon nom de famille.


— Tu abordes de nombreux domaines, nous allons essayer de les passer un peu tous en revue. Alors, d’abord, l’exploration. Tu as le don pour trouver des coins vraiment intéressants pas très loin de chez toi (une vaste et très ancienne demeure abandonnée, une chapelle trouvé sur Google Earth et perdue au milieu des bois !), qu’est-ce qui t’intéresse dans ce genre de lieux ?

— Comme je te le disais juste avant, nous habitons un pays extraordinaire, chargé d’histoire comme peu d’endroits sur terre. On ne peut pas soulever une pierre sans trouver un vestige gallo-romain ou moyenâgeux. J’exagère un peu, mais la plupart des gens ne s’intéressent pas aux petits détails de nos paysages, qui trahissent l’histoire. Par-dessus tout, nous disposons aujourd’hui d’outils incroyables pour déceler des endroits intéressants. Je me sers beaucoup de Google map pour trouver des endroits abandonnés ou des lieux oubliés qui sont de potentielles explorations passionnantes. Sur les vues satellites, on peut en effet apercevoir d’anciennes ruines qui émergent d’une forêt, deviner qu'un manoir est abandonné, car la végétation est redevenue sauvage et la toiture est effondrée... Bref, avec un peu de recherche, on trouve des endroits incroyables, souvent isolés et à l’abri des regards. Après la phase de recherche, je planifie une exploration et je me rends sur les lieux avec mes caméras. C’est à chaque fois une aventure différente, passionnante, parfois semée d’embuches et de quelques dangers. Mais bien souvent je découvre des lieux incroyables où le temps s’est arrêté. J’aime à imaginer les gens qui vivaient là, ce qu’ils pouvaient y faire, la vie qu’ils avaient. Avec un certain sens de l’observation, on apprend beaucoup de choses une fois sur place.




— Tu es souvent seul lors de tes explorations, as-tu peur parfois ? As-tu déjà fait de mauvaises rencontres ?

— Il est vrai que j’explore souvent en solitaire. J’apprécie la tranquillité et être le seul à prendre les décisions. Explorer et filmer en même temps demande beaucoup de concentration. Il n’y a que moi et l’endroit, et c’est incroyablement captivant. On est vraiment dans l’instant présent, dans une bulle, loin des soucis du quotidien. 
Le revers de de la médaille, c’est que je dois faire très attention, je ne peux compter que sur moi-même en cas de danger. Mais je suis très prudent, je dis toujours à mes proches où je me rends, j’ai mon téléphone avec moi et je respecte les règles de base de l’urbex. Ne pas entrer si ce n’est pas ouvert, toujours contrôler l’état du sol, du toit, des murs. Ce qui me fait le plus peur finalement, c’est être victime d’un effondrement. Les lieux que je visite sont souvent très délabrés et le risque est réel.
J’ai aussi une certaine appréhension avant les explos de nuit. L’obscurité rends les lieux abandonnés vraiment horrifiques. Une fois sur place je suis tellement emporté par le plaisir de la découverte que la peur s’efface… mais pas toujours…
Du coté des mauvaises rencontres, j’ai eu de la chance jusque-là, à part quelques « graffeurs » j’ai rarement rencontré des gens à problème. Et puis si je rencontre quelqu’un, je vais naturellement vers la personne et j’engage la conversation. En général ça se passe très bien. Ne fuyez jamais, c’est suspect !


— Ton ami Seb et toi faites également de spectaculaires lancements de fusée. C’est un peu un rêve de gamin, ça, non ? Combien de temps cela prend-il pour tout organiser en amont ? 

— Effectivement, Seb et moi procédons à des lancements de fusées miniatures, on appelle cela de l’astromodélisme. Avec la crise du COVID nous n’en avons pas réalisé depuis plusieurs mois, mais nous comptons bien reprendre dès que possible. C’est Seb l’ingénieur en chef des fusées. Il les conçoit et il a tout le matériel. De mon côté, je me charge de la partie organisation et vidéo. On met des caméras absolument partout lors du lancement, y compris sur la fusée, ce qui nous permet de retranscrire l’aventure de la meilleure des façons. En effet c’est un rêve de gamin, Seb a toujours bricolé ce genre de chose. Et je dois dire que j’adore moi aussi l’univers des fusées. C’est mon voisin depuis 15 ans, mais nous avons réalisé que nous avions des passions en commun il y a seulement 2 ans ! Question préparation, un lancement ne demande que quelques heures de travail. Disons que nous pouvons nous décider la veille. On a tout le matériel, y compris des pièces de fusées en réserve Et on commence à être rodés !




— Tu as révélé dans un live que votre prochain projet consistait à lancer un ballon, avec caméra embarquée et GPS, pour atteindre la limite de l’espace ! Est-ce que tu peux nous parler de ce nouveau défi et de la manière dont tu souhaites le financer (car, mine de rien, il y a quelques risques et ce n’est pas donné) ?

— Oui effectivement, c’est un nouveau projet passionnant que je mène de concert avec Seb. Comme pour les fusées. Seb a prévu de s’occuper de la partie technique et moi de la partie vidéo, car nous comptons évidemment réaliser un film de cette aventure qui promet d’être incroyable. 
L’idée est d’envoyer un ballon sonde gonflé à l’hélium à 35 km d’altitude, avec caméras et capteurs. À cette altitude, les caméras devraient filmer la lisière de l’espace et la courbure de la terre. Et surtout, une saucisse d’apéro, prénommée Michel, qui sera la première saucisse dans l’espace (pour être honnête, je ne sais pas s’il y en a eu d’autres.) Une fois là-haut, le ballon éclatera et redescendra au sol à l’aide d’un parachute. Le défi sera alors de le récupérer. Les balises GPS embarquées devraient nous y aider. Mais c’est très risqué. Si nous y parvenons, nous devrions alors récupérer des images exceptionnelles. C’est très excitant !
C’est un défi qui a déjà été réalisé par d’autres, y compris sur Youtube. Mais pour nous c’est une véritable aventure qui s’annonce pour concrétiser notre ballon et notre propre lancement. 
Tu l’as dit, il y’a une histoire de risque et de financement. Un tel ballon et son équipement coûtent cher. Cela représente à peu près 1200 euros, avec les assurances, et il y a un risque de ne pas le récupérer. C’est pourquoi nous avons pensé à une solution de financement participatif, pour limiter les risques. L’idée est d’impliquer la communauté de ma chaîne Youtube dans ce projet. Ceux qui le souhaiterons pourront participer financièrement et faire partie intégrante de l’aventure. 
À ce stade, j’ai commencé à communiquer sur le sujet et à dévoiler le projet à mes abonnés. Le début de la collecte se fera à partir du mois de mars je pense, sur une plateforme comme Tipeee ou Litchee. À ce jour nous sommes en train de demander toutes les autorisations que nous espérons obtenir. Le matériel sera acheté au mois de mai et le lancement pourrait se faire un matin de juin. Croisons les doigts ! Si on y arrive, ce sera génial ! Nous avons déjà projeté de mobiliser plusieurs équipes pour la recherche du ballon, ça promet une belle aventure également !


— Toujours dans le domaine de l’exploration, tu as construit un module (appelé Indy) pour aller farfouiller… dans le fond des puits ou des lacs ! Qu’est-ce que c’est exactement que ce module ? Et, dans l’idéal, sur quoi aimerais-tu tomber un jour ?

— C’est une vieille idée que j’avais depuis les débuts de la chaîne. Il s’agissait d’envoyer une caméra au fond d’un puits un peu mystérieux situé dans une propriété abandonnée non loin de chez moi, où j’ai tourné nombre de mes vidéos. 
J’ai fini par concrétiser l’idée en bricolant une nacelle qui embarque une GoPro et deux torches étanches de plongée. Le tout est suspendu à un système de descente un peu bricolé, avec un treuil à main qui couine beaucoup (les spectateurs de la chaîne me le font beaucoup remarquer : « mets de la graisse !! »). J’ai exploré ce fameux puits et quelques autres depuis.
Actuellement je suis en train de travailler sur la version 3 d’Indy, qui embarquera une deuxième caméra et deux lampes supplémentaires. Sa première explo est prévue pour ces prochaines semaines. 
Je trouve fascinant d’envoyer une caméra filmer au fond d’un vieux puits, très profond. C’est un endroit inaccessible, un univers secret et coupé du monde. C’est l’inconnu et le mystère ! Mon module d’exploration, que j’ai baptisé Indy, est alors un peu comme une sonde spatiale qui part à la découverte d’un monde inexploré. J’ai espoir évidemment de trouver de vieux objets oubliés, ou bien des vestiges étranges du passé. Pour l’instant je n’ai pas fait de découvertes exceptionnelles, mais les images ramenées sont à elles seules de vrais trésors. On y découvre un univers glauque et glacé, avec sa faune et sa flore, et parfois les restes d’animaux malchanceux. Chaque puits est différent !




— Autre domaine abordé sur ta chaîne : les animaux. Tu utilises une caméra à technologie infra-rouge et déclenchement automatique pour tenter d’apercevoir diverses bestioles dans leurs activités nocturnes notamment. Qu’elle est ta plus belle découverte jusqu’ici ? As-tu un conseil sur les lieux où placer ce genre de caméra ?

— Alors là, c’est devenu un des sujets majeurs de ma chaîne. J’avais cela en tête également depuis un moment et j’ai fini par acheter ma première « caméra-piège » il y a un an. Ces appareils sont incroyables ! Munis de détecteurs de mouvements, d’un panneau LED et d’une caméra infra-rouge, ils se déclenchent au moindre mouvement et filment de jour comme de nuit. J’ai tout de suite réalisé les multiples possibilités que ces caméras pouvaient offrir. J’ai réalisé une série de vidéos d’observation animalière, mais avec la particularité de placer les caméras en pleine nature mais aussi dans des endroits inattendus, comme une maison abandonnée ou bien une grotte. Pour compléter le tout, je m’applique à décortiquer les images en studio en travaillant le suspense et en brodant une histoire à partir des images obtenues. Les animaux sont très actifs dès que l’être humain est absent, il y a beaucoup à observer et à raconter. Au final, les gens adorent ! Ce sont actuellement les vidéos les plus vues sur ma chaîne. 
Hormis les animaux que nous croisons souvent dans nos campagnes (chevreuils, sangliers, renards, blaireaux…), mes plus belles « prises » sont une fouine dans la cave d’une demeure abandonnée, et dernièrement une genette qui visitait une grotte. C’est un animal très rare et difficile à observer.


— Tu t’attaques parfois aussi au domaine controversé du paranormal, avec des séances de oui-ja par exemple. Mais, contrairement à certains, qui versent dans le fake et le putassier, on te sent très raisonnable et cartésien, ce qui rend les expériences d’autant plus intéressantes. As-tu déjà été confronté à un phénomène inexplicable qui t’a réellement impressionné ? 

— En effet, le paranormal est un sujet qui me passionne, on est toujours dans le mystère et l’inconnu, mais j’essaie de rester mesuré et lucide concernant ce que j’observe. Durant mes enquêtes, j’ai pu observer quelques bruits troublants qui semblaient répondre à mes questions, ou bien une voix dans un cimetière qu’on ne pouvait entendre que sur la piste audio de la vidéo. Tout cela est assez troublant, mais j’essaie toujours de trouver une explication. Concernant tous ces sujets, je reste très prudent, même si une partie de moi aime à croire qu’il y’a quelque chose…
Mais l’expérience la plus marquante reste une séance de ouija réalisée avec des amies dans une maison abandonnée, et qui a donné des résultats troublants. Nous avons réellement eu l’impression de communiquer avec une femme qui avait vécu là durant la guerre, avec ses enfants. Les détails étaient précis et réellement plausibles. J’en suis sorti avec un regard différent sur cette activité très controversée.




— Si tu pouvais aller explorer un lieu, n’importe lequel, quelque part dans le monde (sans limite de budget), lequel choisirais-tu et pourquoi ?

— Je suis tombé il y a peu sur un reportage réalisé en Égypte. Une jeune égyptologue sud-américaine a découvert un tunnel caché sous un temple près d’Alexandrie au bout duquel elle pense trouver le tombeau de Cléopâtre. Rien que ça !! Tout me parle dans cette aventure. À cause d’une nappe souterraine, le tunnel est en partie inondé. Ils ont donc lancé un drone sous-marin pour explorer plus loin. Le robot a passé un siphon et s’est retrouvé dans une salle inexplorée. Fin de l’exploration, car le permis de fouille s’est arrêté là pour cette année. Voilà où j’aimerais filer explorer. Si je le pouvais, je partirais rejoindre l’équipe de cette égyptologue pour découvrir les secrets de ce tunnel ! Et pourquoi pas, tomber sur le tombeau de la plus fameuse reine d’Egypte ! Une aventure digne d’Indiana Jones !!! Mais il y a tellement de lieux qui m’attirent à travers le monde…


— Tu es également auteur amateur, tu as décidé de publier tes récits sur Wattpad. Quelles sont tes influences en la matière ? Quel est l’auteur qui t’a le plus fait rêver étant gamin ?

— Je dois remercier ma mère, qui m’a poussé à lire lorsque j’étais enfant. Je dois la remercier car la lecture est une véritable source d’évasion et d’inspiration. Lorsque vous êtes imaginatif, cela à tendance à vous emmener encore plus loin au niveau créatif. Toutes mes lectures ne sont pas étrangères à ces désirs de découverte et d’exploration qui m’animent aujourd’hui.
J’ai débuté en lisant Jules Vernes entre autres, puis pas mal de Stephen King lors de mon adolescence. Du côté de la bande dessinée, je suis un grand tintinophile. Les aventures de Tintin ont bercé mon enfance. Plus récemment, j’ai lu Isaac Asimov, Greg Keyes ou bien des auteurs français comme Jean-Pierre Andrevon. Bref, de la science-fiction, de l’heroic-fantasy et du fantastique. En matière de séries et de cinéma, j’affectionne les mêmes univers. J’ai un besoin constant d’évasion et de découverte. 


— On voudrait avoir des nouvelles de ton système de détection de colis, dans ta boîte aux lettres. Fonctionne-t-il toujours ? ;o)

— Après presque un an, il fonctionne très bien !! Il se déconnecte de temps en temps de l’application, mais les piles tiennent toujours le coup. J’en suis le premier étonné. Entre nous, c’est extrêmement pratique et peu onéreux. Rendez-vous sur ma chaîne Youtube pour voir comment je m’y suis pris.


— Traditionnellement, on termine toujours nos entretiens avec cette question : si tu pouvais avoir un super-pouvoir, ce serait lequel et pourquoi ?

— Voyager dans le temps ! Ce  serait une excellente manière de découvrir toutes ces époques fascinantes qui m’ont fait rêver depuis mon enfance. Voir évoluer des dinosaures (j’adore Jurassic Park !) la préhistoire, l’antiquité, le moyen âge. Et pourquoi pas faire un petit tour dans le futur. L’humanité va encore vivre de grande aventures, car l’Histoire n’est pas finie !

 

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