Ignited 2 - Insoumis
Publié le
7.2.21
Par
GriZZly
Oui, le tome 2 de Ignited s'appelle Insoumis.
J'aurais aimé vous faire une blague idiote prétendant que le titre n'a aucun rapport avec Mélenchon mais...
ce serait mentir !
On va commencer par l'histoire. Tout naturellement, elle fait suite à l'histoire du tome 1 (mon dieu, quelle perspicacité !) déjà chroniqué sur cette page par votre relativement humble serviteur et déjà édité chez Les Humanoïdes Associés.
Les ados qui y avaient gagné des pouvoirs déroulent désormais leur timide vie de justiciers débutants. Toutefois, leurs activités masquées ne sont pas du goût de tout le monde.
Très vite, ils ont la mauvaise surprise de constater qu'un inconnu connaît leurs identités et semble prêt à les dévoiler au public par le biais de Smythe, le polémique animateur-vedette de l'émission radio "Factivism". Difficile de ne pas faire le rapprochement entre cette situation et celle dans laquelle un certain Peter Parker se retrouve souvent à cause de Jonah Jameson.
Très vite, ils ont la mauvaise surprise de constater qu'un inconnu connaît leurs identités et semble prêt à les dévoiler au public par le biais de Smythe, le polémique animateur-vedette de l'émission radio "Factivism". Difficile de ne pas faire le rapprochement entre cette situation et celle dans laquelle un certain Peter Parker se retrouve souvent à cause de Jonah Jameson.
Des événements à l'école impliquant des "supers" opposés à eux finissent par les pousser à se rendre à la police.
Rien ne va plus : ils vont devoir assumer leurs pouvoirs face à leurs parents, fuir leur ville, survivre comme ils le pourront en cavale et tenter d'échapper à des poursuivants tenaces qui ne sont autres que ceux qui complotent contre eux depuis le début.
Questionnements, combats, poids des responsabilités, sacrifice... de nombreux thèmes propres aux récits super-héroïques seront ici abordés. Mais est-ce suffisant pour que cette série se hisse au rang de ses modèles (ou, disons, des modèles auxquels elle tente de donner une leçon de modernisme) ?
Rien ne va plus : ils vont devoir assumer leurs pouvoirs face à leurs parents, fuir leur ville, survivre comme ils le pourront en cavale et tenter d'échapper à des poursuivants tenaces qui ne sont autres que ceux qui complotent contre eux depuis le début.
Questionnements, combats, poids des responsabilités, sacrifice... de nombreux thèmes propres aux récits super-héroïques seront ici abordés. Mais est-ce suffisant pour que cette série se hisse au rang de ses modèles (ou, disons, des modèles auxquels elle tente de donner une leçon de modernisme) ?
Bocial Lustice Marriors
Comme le tome 1, ce tome 2 met en vedette des ados américains de gauche, antifas convaincus, du genre à considérer Joe Biden comme un porte-parole de l'alt-right et très prompts à se disputer entre eux malgré leurs tentatives mouvementées d'établir une convergence entre leurs luttes idéologiques respectives. En gros, ils sont tous progressistes et veulent l'égalité mais on sent bien que certains se sentent moins égaux que d'autres et que tous n'aspirent pas aux mêmes progrès.
Le propos de l'ouvrage ne semble toujours pas de soutenir les causes de ces jeunes mais de chroniquer leurs combats. Pour preuve le nombre assez important de maladresses qu'ils commettent et la quantité de situations moralement discutables qu'ils provoquent.
On notera par exemple que les "racisés" parmi eux font montre d'une hargne évidente envers ceux qu'ils appellent "les blancs privilégiés", que pour eux (et je cite) : "des tireurs blancs ou des flics", c'est pareil, vu que "des blancs armés, c'est des blancs armés". On est ici en pleine ambiance Black Lives Matter vue par des esprits très jeunes.
C'est que dans cette bande dessinée comme dans la vie réelle, les causes (aussi bonnes soient-elles) sont défendues par des êtres intrinsèquement imparfaits. En plus, ici, ils sont jeunes, inexpérimentés, impulsifs, influençables, gavés d'illusions idéologiques et assez radicaux. Leurs actions ont des conséquences potentiellement néfastes : ça tue, ça projette de se venger, ça envisage de jouer les justiciers par le feu et la violence... on est loin du super boy-scout.
Alors si un tweetos né après 2002 et ultra engagé à gauche pourrait bien entendu adorer cette BD où se concrétisent certains de ses fantasmes les plus inavouables, il n'est pas impossible de l'apprécier en ne remplissant pas ces critères à condition d'y voir une sorte de portrait de notre époque et de ses clivages à travers le prisme des comics. Cette dernière approche est bien entendu la mienne : celle d'un daron de 44 balais qui ne peut s'empêcher de soupirer face aux répliques naïves et caricaturales de ces gamins mais qui remercie l'ouvrage de ne pas leur donner totalement raison. Alors, avec ces yeux vieux de 44 printemps, que vaut ce tome 2 ?Slack Jives Water
Reprenons les bases : depuis le tome 1, ces héros me sont assez antipathiques. Néanmoins, l'angle de narration rend cela surmontable. Dans ce tome 2, certains d'entre eux (essentiellement Shai et Marisol) parviennent à acquérir une profondeur suffisante pour qu'on leur excuse plus facilement leurs erreurs ou leurs errances (et pourtant, pour Marisol, il y a de quoi faire !).
Le dessin et la mise en couleurs sont très honnêtes, même si l'ensemble manque parfois étrangement de dynamisme et d'audace... pour exemple, il y a une case où j'ai dû sourire en voyant la maladresse avec laquelle l'un des pouvoirs de Himari est représenté... ce n'est que par pure charité que je ne vous mets pas cette case en guise d'illustration mais, pour les acquéreurs éventuels, c'est bien quand elle dissipe les fumées des grenades lacrymogènes, oui. C'est... tellement plat !
Un bon point pour la narration : on ne s'ennuie pas, ça raconte un tas de choses.
Ça aborde un paquet de thèmes, aussi... parfois trop ! Par exemple, l'un des personnages va avouer entre les lignes son asexualité à un des garçons du groupe... asexualité qui n'aura aucune incidence à aucun moment et qui est avouée à un personnage dont le scénario va se séparer définitivement. Une conversation qui n'existe donc, semble-t-il, que pour glisser la cause des identités de genres et des orientations sexuelles au nombre déjà conséquent des thèmes progressistes abordés. À croire qu'ils cochent les cases d'un cahier des charges "politically correct". Ce qui ne me dérangerait en rien si ça ne se voyait pas à ce point !
En résumé, j'ai eu l'impression de lire une BD dont le plus grand souhait serait d'être adaptée en série pour Netflix par une team de scénaristes consensuels et "conscientisés".
Sans doute une partie de la jeune génération sera-t-elle sensible à la démarche.
Pour ma part, j'en suis encore à penser qu'à force de tartiner une œuvre de moralité ostentatoire, on ne prouve que son envie de passer pour moralement supérieur à son voisin... son envie d'être meilleur que lui, en somme. Voilà qui est paradoxal pour un courant d'idées prétendant aspirer à une respectueuse égalité.
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