Exsilium
Publié le
13.4.21
Par
Vance
À l’heure où l’on s’amuse (façon de parler, car la joie est
rarement présente) à se remémorer les circonstances et événements de l’an passé
– citons par exemple la rubrique « Retour vers le passé » dans
l’émission Quotidien sur TMC laquelle, sous couvert de fact checking, s’évertue à décortiquer l’enchaînement des
événements liés à la crise sanitaire – on oublie aisément les bons moments, et nombre
d’annonces étant demeurées espoirs déçus et lettres mortes, l’on préfère se
tourner vers l’avenir, aussi sombre et incertain soit-il. Pourtant, au milieu
des reports, déprogrammations et annulations en masse consécutifs au
confinement et aux conséquences de la pandémie, quelques projets sont arrivés à
terme. L’un d’entre eux était cher au cœur de notre mascotte puisqu’il cumulait
(entre autres) quatre qualités tellement rares qu’elles avaient immédiatement
engendré une petite bafouille féline de notre fieffé filou : un comic book ; en français ; avec des super-héros ; et des chats...
L'album s'ouvre sur une planche dont on reconnaît immédiatement les références : il y a 17 ans de cela, une nuit, deux jeunes hommes voient s'écraser un objet près d'eux. Ensuite, dans le temps présent, à Urbanapolis, un engin se matérialise et entreprend de détruire les immeubles. C'était sans compter sur l'intervention de Hope Forever, le groupe constitué du Captain Avem, l'incontestable leader volant, de Feles et Angel, les deux chats de l'espace, de la tempêtueuse Ignis et de Geekboy, leur base arrière avec laquelle ils sont en contact permanent. En quelques cases, on comprend que les liens qui les unissent ne sont pas si solides que ça, que l'équipe est constituée d'individus à la personnalité trop forte pour qu'il n'y ait pas des tensions de tout ordre : le puissant Feles ne parvient pas à suivre les consignes de son leader et préfère aller se frotter tout seul aux envahisseurs, il ne semble pas non plus apprécier le tendre lien qui unit le Captain et Angel. Son irascibilité l'empêche de remarquer l'intérêt qu'un de ses coéquipiers lui porte. Et pendant ce temps, des détails nous laissent penser que la gentille histoire de ces deux félinoïdes aliens adoptés par la Terre n'est pas si idyllique que cela. Trop de zones d'ombre, trop de coïncidences douteuses...
Souvenez-vous de l’accroche : un engin spatial s’est
naguère écrasé sur Terre. À l’intérieur, on y découvrait deux bébés d’une autre
race, des sortes de félins évolués. Aujourd’hui, ils sont membres d’un groupe
de super-héros luttant pour l’ordre et la justice, mais qui se retrouve
confronté à la menace d’une invasion extraterrestre. Les deux chats de l’espace
ont-ils un rapport avec les occupants de ces vaisseaux lourdement armés ?
Et que sait-on au juste sur eux ?
Et là où Exsilium parvient à se hisser parmi les réussites du genre, c'est justement dans la manière dont les personnages réagissent aux événements, lorsqu'ils interagissent au sein du groupe, prennent des décisions pas toujours fondées mais cohérentes, se battent, s'allient ou s'interrogent. Certes, certaines planches regorgent de dialogues, mais ils sont conçus avec le soin manifeste de tenter de rendre les interlocuteurs vivants, détestables ou attachants. À côté, l'on aura des pleines pages quasi-muettes se focalisant sur des postures, des regards ou des gestes équivoques. Il se dégage du récit une réelle passion de l'auteur pour le fruit de son imagination, une tendresse patente pour ses héros, des plus glorieux aux plus humbles, tous lésés par une faiblesse, une carence, une faille dans leurs principes ou dans leur conduite. Si ses protagonistes ne s'avancent pas masqués, malgré des costumes voyants d'un autre âge (on pense aux WildCATs de Jim Lee par exemple), ils cachent tous en eux de quoi faire vaciller l'intégrité du groupe et les hypothèses du lecteur. Tour à tour, ils devront tomber le masque qu'ils ne portent pas et faire face aux conséquences de leur mutisme ou de leurs mensonges : quand l'un ment sur ses agissements, l'autre tait ses sentiments, et les quiproquos de s'envenimer.
L'album s'ouvre sur une planche dont on reconnaît immédiatement les références : il y a 17 ans de cela, une nuit, deux jeunes hommes voient s'écraser un objet près d'eux. Ensuite, dans le temps présent, à Urbanapolis, un engin se matérialise et entreprend de détruire les immeubles. C'était sans compter sur l'intervention de Hope Forever, le groupe constitué du Captain Avem, l'incontestable leader volant, de Feles et Angel, les deux chats de l'espace, de la tempêtueuse Ignis et de Geekboy, leur base arrière avec laquelle ils sont en contact permanent. En quelques cases, on comprend que les liens qui les unissent ne sont pas si solides que ça, que l'équipe est constituée d'individus à la personnalité trop forte pour qu'il n'y ait pas des tensions de tout ordre : le puissant Feles ne parvient pas à suivre les consignes de son leader et préfère aller se frotter tout seul aux envahisseurs, il ne semble pas non plus apprécier le tendre lien qui unit le Captain et Angel. Son irascibilité l'empêche de remarquer l'intérêt qu'un de ses coéquipiers lui porte. Et pendant ce temps, des détails nous laissent penser que la gentille histoire de ces deux félinoïdes aliens adoptés par la Terre n'est pas si idyllique que cela. Trop de zones d'ombre, trop de coïncidences douteuses...
La densité de ces caractères fait l'essentielle richesse d'Exsilium qui sait néanmoins proposer quelques séquences de haute-voltige à la mise en images virevoltante, jouant constamment avec les angles et les cadrages. Cependant, la violence des combats peine à être retranscrite par les choix graphiques et la colorisation, laquelle alourdit les traits au point que les visages et les silhouettes lointains perdent toute consistance ; les batailles sont parfois peu intelligibles, les explosions monochromes manquent d'ampleur alors que les plans rapprochés sur les duels peuvent être impressionnants. On remarquera la volonté de Champion d'iconiser ses héros dans certaines scènes, et il a le chic pour les mettre en valeur de manière opportune, leur octroyant un caractère archétypal précis et magnifiant les enjeux.
Voici donc un essai transformé, plein de qualités mais encore perfectible. Issu d'une longue tradition profondément ancrée dans l'imaginaire collectif, le récit en cinq chapitres se pose autant en héritier qu'en géniteur potentiel d'autres futures œuvres intéressantes, respectueuses de leur lectorat. Elonan Comics continue ainsi sur sa lancée, devenant une petite maison d'édition à suivre.
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