Petite visite guidée de la ville où officie le Dark Knight avec Les Secrets de Gotham.

Cet ouvrage est paru chez Qilinn, un label des éditions Huginn & Muninn. Il est écrit par Matthew K. Manning, illustré par le studio Muti et traduit par Céline Graf. 

Pas mal de choses à dire sur ce guide grand format consacré à Gotham et sa faune. Et pas forcément que du positif. Mais commençons par voir un peu de quoi il retourne.

Nous sommes en présence d'un livre de 48 pages, au format 26,5 x 36,5 cm. Couverture cartonnée, vernis sélectif, l'emballage est plutôt soigné. Le sommaire se compose d'une vingtaine de parties, toutes dédiées à une partie de la ville de Gotham. Citons par exemple le manoir Wayne, la Batcave, l'asile d'Arkham, Ace Chemical, l'Iceberg Lounge, mais aussi des lieux plus vastes, comme l'East End, Robinson Park ou Burnside. À ce niveau-là, c'est assez complet.

Vous le sentez venir, là, le "mais" qui va introduire tout un tas de problèmes ? Oui, hein ?

Bon, commençons par la fameuse carte. Perso, je n'ai encore jamais réussi à dénicher une belle carte de Gotham. Celle présente ici est de bonne taille, mais pour le côté esthétique, on repassera. Ceci dit, elle est tout de même un cran au-dessus de celle que l'on pouvait trouver dans l'encyclopédie Batman du même éditeur (cf. notre grand dossier sur les encyclopédies dédiées aux comics). Il faut dire que cette dernière était hideuse, par contre, les illustrations l'accompagnant étaient sublimes. Ici, l'on a une carte moyenne (ne vous attendez pas à ce genre de produits luxueux et détaillés) et des illustrations... d'une laideur repoussante.

Enfin, non, ce n'est pas "moche" à proprement parler, tout cela est de toute façon assez subjectif, on peut même, pour être honnête, trouver un certain charme à ce style. Le problème, c'est que ça ne convient pas du tout à Gotham.

Gotham, c'est tout de même un univers censé être sombre, menaçant, gothique, en tout cas impressionnant. Là, question atmosphère, on passe complètement à côté. Regardez les illustrations du manoir Wayne (ci-dessous), on dirait la putain de maison de Barbie (la poupée, pas Klaus) ! Et tout est à l'avenant. Alors, certes, a priori le public cible est plutôt enfantin (il faut le savoir, parce que rien ne l'indique vraiment sur la cover, et l'ouvrage est vendu sous blister), mais quelle idée d'aseptiser à ce point Gotham avec des dessins aussi grossiers et acidulés ? Le choix de faire appel au studio Muti, un collectif situé en Afrique du Sud, est largement discutable vu le résultat. Mais c'est probablement meilleur marché que les pointures habituelles de DC Comics...

Abordons maintenant l'aspect informatif de l'engin. Les planches sont constituées de petits encarts, très brefs, contenant des topos sur les divers lieux et protagonistes. De nombreux personnages principaux sont abordés, que ce soit les super-vilains (le Joker, Bane, Double-Face, le Pingouin...) ou les alliés de Batman (Batgirl, les différents Robin...). Quelques tenues et véhicules sont également présentés, de manière très succincte. Dans l'ensemble, si l'on n'est pas trop exigeant, ça fait le job malgré quelques erreurs notables (dans la salle des trophées de la Batcave, certaines illustrations ne correspondent pas au texte explicatif, comme le topo sur Arnold Wesker, alias le Ventriloque, en face d'une illustration du Red Hood originel).

Niveau traduction, on est sur du relativement correct selon les critères (désastreux) actuels. Pas trop de fautes (même si l'on a des coquilles dès le début : "L'architecture de la cité combine gothique et art déco pour créer ensemble aussi hétéroclite que sa population."), mais pas mal de formulations maladroites, collant trop au texte original. Tout cela manque autant d'aisance que de rigueur.

En ce qui concerne la maquette, notons l'idée de génie qui consiste à placer du texte noir sur des fonds bleu foncé. Peut-être un partenariat caché avec le cartel des opticiens ? 

Au final, si vous recherchez le guide ultime de Gotham, ou même un "beau livre", vous risquez d'être passablement déçus. On ne retrouve rien de l'atmosphère glauque de la ville, ni de sa démesure. Pour un enfant, cela peut par contre constituer une porte d'entrée relativement sympathique vers l'univers de Batman.