La Parenthèse de Virgul #36
Publié le
13.10.21
Par
Virgul
Bon, aujourd'hui, on va parler de Peter Parker. Et aborder un sujet bien particulier le concernant, à savoir son... job.
Miaw !
Le taf idéal pour Peter Parker ?
Vous le savez certainement, pour une raison qui échappe à tout le monde, Marvel s'ingénie depuis plusieurs années à faire du surplace narratif consistant à ne jamais faire évoluer aucun personnage, tout en revenant à un éternel et soporifique statu quo. La raison invoquée ? Revenir aux "fondamentaux".
Ainsi, si Mary Jane a été priée de se barrer de la chambre de Peter (cf. One More Day), d'une manière en plus incroyablement maladroite, c'est donc pour tenter de "rajeunir" le personnage. Parce que, pour Quesada (le responsable en chef du gâchis à l'époque), un jeune célibataire ne peut s'identifier dans une fiction qu'à... un jeune célibataire. Ah, ça a l'air con hein ? Ben, c'est parce que ça l'est (cf. cet article sur le processus d'identification). Et surtout, si c'était vrai, pourquoi alors tous les gamins du monde s'efforceraient-ils d'incarner des adultes quand ils jouent "à la guerre", "aux cow-boys et aux indiens" ou aux "gendarmes et aux voleurs" ? Mais bon, ce n'est pas le sujet du jour.
Donc, après avoir justifié un énorme retour en arrière pour le personnage de Peter (cf. dans la première partie de ce dossier les avancées qu'avait brillamment installées Straczynski) sous prétexte d'un retour aux "bases" (et encore, les bases de Parker, c'est d'avoir une activité super-héroïque qui impacte sa vie privée et professionnelle, ça ne l'oblige pas à être célibataire, chômeur ou à partager un appart avec un coloc, tout ça, ce sont les effets des fondamentaux, lorsqu'il était étudiant, et non les fondamentaux eux-mêmes), voilà que, durant le run de Slott, l'on nous bombardait Parker chef d'entreprise. Et pas n'importe quel entreprise, des laboratoires lui permettant d'avoir à peu près n'importe quoi à sa disposition. Et là, heu... il faut expliquer un peu qui est véritablement Spider-Man.
Le Tisseur est, bien entendu, le personnage phare de Marvel d'un point de vue éditorial. Mais, dans la fiction de l'univers 616, Spidey est un super-héros secondaire. Il n'a pas le charisme et la notoriété d'un Captain America, il n'a pas les moyens financiers et technologiques d'un Tony Stark, il n'est pas aussi puissant qu'un Sentry, et bien que brillant intellectuellement, il n'est pas au niveau d'un Reed Richards. Il n'est donc pas destiné à sauver le monde d'une menace cosmique ou à affronter des vilains surpuissants. C'est un héros "de quartier", qui combat des malfaiteurs de seconde zone.
Le faire rejoindre les Avengers, même si ça a pu donner lieu à certaines scènes sympathiques (cf. la Parenthèse #25), c'était déjà un peu dénaturer le personnage. Peter est censé se débrouiller seul, ne pas avoir des moyens énormes, être même un peu méprisé par la presse ou la communauté super-héroïque. Mais, en faire une sorte de Bruce Wayne en le dotant d'un job lui donnant accès à des ressources quasiment illimitées (on parle même de machines à voyager dans le temps, pour donner un exemple !), c'est la pire idée concernant l'Histoire du personnage (qui pourtant en compte des bien gratinées).
Par contre, en faire un éternel loser, ce n'est pas forcément une bonne idée non plus. Ainsi, au début du run de Spencer en 2019 (cf. cet article), Parker perd son emploi au Daily Bugle et revient, encore, à la case départ (avec le pack coloc-problèmes financiers-célibat). Mais, entre les possibilités infinies offertes par les laboratoires Horizon et le fait de ne jamais garder un emploi plus de quelques mois, il y a certainement un juste milieu à trouver.
Cela a même déjà été fait. Lors de la Grande Époque. Non, pas celle de Stan, celle de Strasczynski.
En effet, il y a quelques années (bon, ça remonte à un moment quand même), Parker était prof dans un bahut tout simple. Et là, bordel, quand on connaît un peu le perso, impossible de ne pas se dire que ça lui allait comme un gant !
En effet, il y a quelques années (bon, ça remonte à un moment quand même), Parker était prof dans un bahut tout simple. Et là, bordel, quand on connaît un peu le perso, impossible de ne pas se dire que ça lui allait comme un gant !
Les avantages de ce métier de professeur de science étaient si nombreux qu'il est même difficile d'en faire une liste exhaustive. Mais en tout cas, cela permettait pas mal de choses, dont :
1. Conserver le statut "mec lambda" de Peter, en n'en faisant pas un puissant chef d'entreprise.
2. En finir avec ces boulots d'étudiant qui, à l'aube de la trentaine, crétinisaient le personnage.
3. Lui donner un certain statut social, avec un job tout à fait honorable.
4. Respecter le caractère du personnage et notamment son côté altruiste.
5. Permettre de nouvelles pistes d'intrigue, grâce aux élèves dont s'occupe Parker (Straczynski a d'ailleurs très intelligemment exploité ces possibilités à l'époque).
6. Créer des contraintes professionnelles fortes permettant à l'activité super-héroïque de Parker de venir troubler son rôle de prof, et inversement (ce que l'on n'a évidemment pas s'il est patron d'une entreprise dans laquelle il fait ce qu'il veut).
6. Créer des contraintes professionnelles fortes permettant à l'activité super-héroïque de Parker de venir troubler son rôle de prof, et inversement (ce que l'on n'a évidemment pas s'il est patron d'une entreprise dans laquelle il fait ce qu'il veut).
7. Conserver le sempiternel thème des responsabilités, en l'exploitant d'une manière un peu différente.
Bien entendu, cela peut se discuter, mais Peter Parker n'est pas fait pour être un éternel étudiant, un photographe ou le patron d'une boîte high-tech. Parker est un prof dans l'âme. Il est suffisamment instruit et passionné pour assumer ce rôle. Il est également bienveillant et concerné par ceux qui l'entourent. Et plus que tout, Parker a subi une forme de harcèlement lorsqu'il était lui-même élève. Ce n'est pas un prérequis, mais là encore, ce serait à la fois une piste pour des intrigues secondaires et une forme de suite logique. Un héros ne doit-il pas combattre toutes les injustices, et notamment celles qu'il a lui-même connues ?
Qui sait ce que Marvel réservera à ce pauvre Peter dans le futur... nous ne sommes pas à l'abri d'idées absurdes. Mais fort heureusement, les mauvaises idées ne durent pas plus que les bonnes. Et puis, il reste les souvenirs. Parions que ceux d'un Parker gesticulant devant un tableau et s'adressant à des gamins qu'il respectait et aidait nous hanteront longtemps.
Cette Parenthèse est dédiée à Tryixie, notre webmaster, qui change d'orientation professionnelle après plusieurs années d'implication et de dévouement dans un collège où finalement le plus dur n'aura pas été les élèves, réputés "difficiles", mais la direction, malhonnête, insensible et incapable d'assumer ses tâches les plus essentielles.
Quand un système pousse les plus dévoués à démissionner, il est peut-être temps de s'interroger sérieusement à son sujet...