Anatomie de l'horreur
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Lire un Stephen King [voir la page UMAC qui lui est consacrée] qui n’est pas de la fiction engendre une certaine gêne aux entournures : on retrouve tous les gimmicks de cet auteur, sa prédilection pour les phrases aux nombreuses propositions juxtaposée, sa manière bien à lui d’interpeller le lecteur, son goût pour les citations qui lui permettent d’étaler sa culture avec générosité mais sans snobisme et le souci de narrer par le menu nombre d’anecdotes qui produisent leur lot de digressions, lesquelles hachent le rythme de lecture – quand ce ne sont pas les myriades de notes de bas de page, renvoyées à la fin de l’ouvrage pour davantage de commodité par l’éditeur. 

Sauf que le but n’est cette fois pas de raconter quelque chose (en dehors de petits moments puisés dans sa vie personnelle – alors même qu’il promettait au début de ne pas se laisser aller à l’autobiographie) mais de produire un essai, plus ou moins définitif, sur son genre de prédilection : l’horreur.
 
Les six « maîtres du macabre » cités en dédicace donnent le ton : ceux qui s’y connaissent un peu en littérature fantastique entreverront immédiatement les chemins qui seront empruntés au long de ces 620 pages (c’est de la nouvelle édition augmentée publiée par Albin Michel que nous parlons ici).

Il est facile – peut-être trop facile – de rendre hommage aux morts. Ce livre est dédié à six maîtres du macabre qui sont encore en vie. 
            Robert Bloch

            Jorge Luis Borges

            Ray Bradbury

            Frank Belknap Long

            Donald Wandrei

            Manly Wade Wellman

Évidemment, ces artistes sont tous décédés depuis (Bradbury, le dernier, nous a quittés en 2012).
 

Une bonne partie du livre va alors s’efforcer, parfois par des voies détournées, de décrire comment ces noms ont aussi profondément marqué King dans son domaine favori. Toutefois, il va d’abord s’évertuer à divaguer sur la notion même de l’horreur, la raccrochant à des genres avant d’avouer qu’il n’aime pas vraiment l’étiquette « fantastique » trop généralement accolée à celui-ci, oscillant entre épouvante et terreur et mettant ensuite en place la dualité apollinienne & dionysiaque propre à chaque récit apparenté : l’ordre et le chaos, l’un n’existant pas sans l’autre. Ces termes lui serviront insensiblement de leitmotiv jusque dans la dernière partie. Pour le reste, au travers de ce qui ressemble dans les premières pages (et de son propre aveu) à un joyeux foutoir, King s’appliquera à tenter de ranger les grandes histoires archétypales dans quatre catégories, représentées par une carte d’un jeu imaginaire, sorte de lame de Tarot, dérivée de son explication de texte sur Qu’est-ce qu’exactement un monstre ? dans le chapitre 2, menant donc au chapitre 3 : « Contes du Tarot ». Les trois premières catégories (le Vampire, le Loup-Garou et la Chose sans nom) seront alors exposées par le biais de textes fondateurs, illustrés ensuite par les comics de l’âge d’or des pulps, les premières séries radiophoniques (pour lesquelles il semble garder une émouvante nostalgie) puis télévisuelles, et bien entendu le cinéma.
 

Ainsi le verrons-nous s’étendre longuement sur les circonstances de la création de Frankenstein de Mary Shelley, sur les deux meilleures histoires de Maison hantée et sur quelques-uns de ses artistes de chevet (Lovecraft, bien entendu, mais aussi Ray Bradbury ou Peter Straub pour lequel il voue une grande admiration), tout en assénant quelques scuds parfois étonnants : il considère Mad Max comme un navet sans intérêt et qualifie The Sorcerer de William Friedkin de nanar (mais un nanar qu’il aime bien, quand même). En revanche, on peut être surpris par ses propos sur Kubrick, dont il apprécie le talent et souligne la « vision » et la perversité de sa mise en scène – alors même qu’on nous a régulièrement expliqué qu’il détestait la version cinéma de Shining. Voici des propos sains de la part d’un homme assagi, et on était encore en 1987. 
 

De manière générale, il va mettre en avant les films-clefs du genre horrifique (de Freaks à Amityville, en passant par le Projet Blair Witch et l'Exorciste via les films de la Hammer), les romans incontournables qui constituent la clef de voûte de la catégorie (Frankenstein déjà cité plus haut, Le Cas étrange du Dr Jekyll & Mr Hyde, Dracula, Le Roi en jaune et tous ceux qu'il considère comme leurs dignes successeurs) ainsi que quelques-unes des séries phares, radiodiffusées ou télévisées, avec un long passage très intéressant sur Twilight Zone. La surabondance de références et de citations poussera le maniaque à constamment aller en fin de volume pour lire la note méticuleusement préparée (et complétée par les traducteurs), ce qui nuira considérablement au confort de lecture. Au final, il avoue lui-même ne pas avoir cherché à établir un traité exhaustif sur l’horreur, mais à s’épancher sur ce qui l’a toujours fait tripper, lui procurant les sensations les plus puissantes et durables. Le plaisir qu’on y prendra dépendra éventuellement des choix qu’il effectue en toute connaissance de cause, et de la manière dont il les défend : pour peu qu’on ne soit pas du tout d’accord, l’on risque de lire certains passages de manière biaisée. Cependant, un de ses avantages incontestables sera sans aucun doute de pousser le passionné à trouver une œuvre qu’il ne connaît pas afin de compléter sa culture horrifique : ne serait-ce ainsi que pour sa fonction de catalogue, l’ouvrage s’avère une excellente mine pleine de trésors, dont notamment ces nanars qu’il affectionne (une bonne partie d’un chapitre entier est d’ailleurs consacrée à ces films objectivement mauvais mais qui parviennent à dégager un petit quelque chose de fascinant – et le genre « horreur » en regorge, à n’en pas douter).


Au final, on s'en tire avec une œuvre qui viendra agréablement solliciter la culture de chaque lecteur, lequel aura sans conteste repéré le film, la série ou le roman qu'il ne connaît pas (encore) mais qui lui a été présenté avec tant d'ardeur et d'enthousiasme par Stephen King qu'il lui semblera vital de se le procurer au plus tôt. La masse impressionnante de titres et d'artistes cités, au risque d'étourdir le profane, ne pourra qu'enrichir les connaissances de chacun, à l'image des deux appendices (les 100 livres et les 100 films les plus représentatifs de l'horreur) qui ne constituent en rien un absolu (ils ne sont même pas rangés, ou classés) mais peuvent susciter l'envie d'en découvrir davantage - ou engendrer un challenge à relever entre amis ou membres d'une association de passionnés. 

Toutefois, précisons que bon nombre de lecteurs risquent d'en ressortir déçus s'ils se fient aux sous-titres qui ont parfois fleuri sur les jaquettes des éditions françaises : "l'Univers de King par lui-même". Bien qu'il évoque souvent Salem (qu'il préfère d'ailleurs classer dans la section "Maison hantée" plutôt que sous "vampire"), Shining et surtout Carrie, il ne s'attarde pas sur son œuvre propre, attribuant souvent quelques qualités mais beaucoup de défauts à ses textes de jeunesse (avec ce même regard qu'il porte sur le premier tome de La Tour sombre). Et même s'il explique combien Carrie a changé sa vie - le faisant passer de modeste enseignant à écrivain - il n'estime jamais que l'un de ses textes figure au panthéon des catégories qu'il a édictées. On s'amusera d'ailleurs à ce sujet de son regard très critique, voire acerbe, sur les... critiques littéraires.

Enfin, une petite recommandation : à ne pas confondre avec le recueil de nouvelles Danse macabre. Ce dernier est le titre français d'un livre intitulé Night Shift dans sa version originale, mais "Danse macabre" est également le titre... anglais d'Anatomie de l'horreur [voir ci-contre et un peu plus haut] ! Pourquoi faire simple...

Un livre pour les amateurs et les curieux, parfois frustrant, parfois excitant.

Dans le même ordre d'idées, Nolt avait dressé une petite synthèse axée sur la technique d'écriture de la peur, où l'on ne sera pas surpris de retrouver bon nombre des artistes évoqués par Stephen King.

Image générée par IA.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une étude ambitieuse.
  • Une tentative de  catégorisation assez intéressante.
  • Une montagne de références (près de 70 pages de notes de fin de volume !).
  • De nombreuses anecdotes personnelles.


  • Parfois brouillon, souvent répétitif.
  • La version augmentée n'ajoute rien au corpus qui demeure confiné au champ d'investigation original (des années 30 aux années 80).
Sections de Bibliothèque - partie 1
Par



La fin d'année approche, le temps est au bilan et aux regards en arrière... l'occasion idéale pour m'attarder sur l'une de mes collections les plus importantes (en taille et en émotion) : les livres. Ces rayonnages, ployant sous le poids des pages et d'auteurs souvent brillants, me permettront de revenir sur des titres très connus, d'autres un peu moins. Bon voyage dans ce dédale de papier !




TINTIN
À ce jour, ma plus grande collection en termes d'ouvrages, puisqu'ils remplissent à eux seuls trois grands casiers de 80 cm. Tintin, ce fut ma passion littéraire d'enfance. Recevoir un nouvel album me procurait un plaisir immense. Je me souviens encore des couvertures immaculées et brillantes, des pages tournées avec bonheur, de l'odeur des planches. Il m'arrive encore de relire des albums avec le même plaisir. On pourrait bien entendu débattre de la gestion de l'œuvre par certains commerçants sans âme qui ont hérité d'un patrimoine qu'ils malmènent et surexploitent sans vergogne, mais je préfère m'attarder sur le savoir-faire d'Hergé (dont on a longuement parlé dans ce dossier). Ce type, à une époque où tout était encore à inventer, a réussi à trouver des astuces narratives aussi efficaces qu'intemporelles. Il a réussi à livrer, surtout, des aventures passionnantes et suffisamment pensées et travaillées, en respectant le jeune lectorat qui était alors exclusivement sa cible. Cet auteur est devenue une légende à une époque où pour le devenir, il fallait encore faire montre d'un talent exceptionnel et de capacités uniques. Je lui dois de doux et excitants souvenirs. Il aura à jamais une place à part dans mon cœur et dans ma bibliothèque.  

Conseil pour les collectionneurs :
Si vous souhaitez de belles éditions (très complètes en matière de bonus, illustrations, analyses et rédactionnel) encore disponibles d'occasion (en bon état) à des prix raisonnables, optez pour les Archives Tintin publiées par Atlas (à gauche sur la photo 2), de superbes tomes très complets. 

Pour aller plus loin sur le sujet : 








TANGUY & LAVERDURE
L'on prête à Léonard de Vinci l'une des plus belles citations sur l'aviation : "Dès lors que vous aurez goûté au vol, vous marcherez à jamais sur terre les yeux tournés vers le ciel."
Dans mon cas, c'est bien avant d'avoir goûté au vol que, déjà, mes yeux scrutaient l'azur. J'ai toujours trouvé fascinants ces engins aux formes élégantes, qui évoluaient en défiant l'attraction. Et en termes d'aventures aéronautiques, la série Tanguy & Laverdure a toujours été, selon moi, un cran au-dessus des autres. D'une part parce qu'elle mettait en scène des pilotes français, mais surtout parce qu'elle bénéficiait du talent de Jean-Michel Charlier, scénariste terriblement sous-estimé et pourtant auteur de nombreuses excellentes séries. Dès que je l'ai pu, j'ai acquis l'intégrale de la série originelle, plus quelques albums modernes, pas toujours à la hauteur malheureusement (cf. cet article, entre autres).
Je repense encore souvent, avec nostalgie, aux premiers pas de Michel et Ernest, à l'escadrille des Cigognes, aux éditions 16/22 de Dargaud (une façon bon marché de faire main basse sur quelques albums à l'époque) et aux Mystère, Fouga Magister et autres Mirage qui ont enflammé mon imagination et traversé des planches inoubliables. 

Anecdote de rayonnage : 
Pas mal d'autres univers ici, dont les Schtroumpfs ou encore quelques Jérôme K. Jérôme Bloche. Des morceaux d'enfance ou d'adolescence, compactés en volumes de papier combattant le Temps, ce grand ennemi des pages et des lecteurs. 

Pour aller plus loin sur le sujet :






MICHEL VAILLANT
Voilà l'exemple parfait qui permet de démontrer qu'il n'est en rien nécessaire d'être passionné par un domaine pour apprécier une série qui s'y rapporte. J'ai pour la bagnole le même attrait que j'éprouve devant un tournevis ou une cuillère : c'est un outil bien pratique mais qui n'enflamme nullement mon esprit. Si je suis devenu fan des Michel Vaillant de Jean Graton, c'est plus par attrait pour les bonnes BD que pour les courses et rallyes. Il faut dire que j'ai bien commencé, car encore collégien, c'est l'album L'honneur du Samouraï qui retint mon attention. Un chef-d'œuvre narratif, avec une introduction habile et drôle qui permet de présenter véhicules et personnages, un affrontement loin d'être manichéen, des courses habilement mises en scène et des moments épiques alternant avec des scènes plus intimistes mais parfaitement amenées. Les 70 albums de la série historique ne sont pas tous de cette qualité, il faut bien l'avouer. Par contre, notons que la saison 2, toujours en cours, figure parmi les meilleures reprises à ce jour.

Pour aller plus loin sur le sujet :






FABLES
Si j'éprouve de nos jours un désintérêt certain pour ce que sont devenus les comics mainstream des géants de l'industrie américaine, il y a tout de même quelques séries, non super-héroïques, qui figurent encore dans mon top 20 des meilleurs BD de tous les temps. Le Fables de Willingham en fait évidemment partie. C'est une œuvre que j'ai découverte adulte, avec un œil plus acéré et des exigences revues à la hausse, et bien que le sujet ne m'emballait pas, là encore, je fus conquis par la qualité du récit, à la fois prenant, intelligent et émouvant. 
L'intégrale publiée par Urban figure parmi les indispensables de cet éditeur. Un moment de pur bonheur. Une bulle de beau dans un monde de merde. 

Anecdote de rayonnage
Vous l'avez peut-être noté, cette section comprend aussi l'intégrale Druuna de Serpieri, un mythe presque pour les lecteurs de mon âge qui, étant jeunes, feuilletaient fébrilement au supermarché ces BD mêlant érotisme et science-fiction. Ça a toujours son intérêt aujourd'hui, car au final, l'auteur, un maître des "fumetti", est un excellent dessinateur et livre ici des fantasmes certes crus mais raisonnables comparés aux saloperies pédophiles que certains publient de nos jours sous couvert de "divertissement".  

Pour aller plus loin sur le sujet :






SPIDER-MAN / MARVEL
Un de mes coups de cœur d'enfance. C'est ma grand-mère maternelle qui m'achetait à l'époque des albums grand format du Tisseur, publiés par Lug. C'était très différent de la BD franco-belge, qui est toujours restée ma culture de base et ma passion première, mais j'adorais le personnage et le côté très "désorganisé" (par rapport aux BD que je connaissais alors) des planches. 
Je n'aurais jamais imaginé que, adulte, j'en viendrais à bosser sur Amazing Spider-Man (et la plupart des autres séries Marvel ou DC). Par contre, Panini et son impéritie m'ont guéri de la VF. Je ne conserve que des albums en VO, ici notamment l'excellent run de Straczynski ou encore l'épopée Civil War.
Il m'arrive encore de feuilleter certains albums, de voir le Monte-en-l'air et de ressentir une bouffée de ce passé imparfait mais magnifié par le temps. Je me rappelle de ma chambre de gamin, de mes parents encore jeunes, de l'école, du bon et du doux, mais aussi du moins bon et du rugueux. Le temps n'est pas toujours un ennemi. Sauf peut-être pour les pages qui jaunissent et se fanent.  

Pour aller plus loin sur le sujet :
Dossier Civil War







ARTS MARTIAUX & ROLAND HABERSETZER
J'ai franchi la porte d'un dojo à 15 ans. Parce que j'avais vu pas mal de films plus ou moins bons traitant du karaté, mais surtout parce que je suis tombé, à l'époque, sur le Karate-Do en trois tomes de Maître Habersetzer. L'auteur, dont je collectionne les ouvrages depuis (et l'un des plus grands experts français dans le domaine) y faisait preuve d'une telle passion, d'une telle intelligence, d'une telle honnêteté, qu'il était impossible de ne pas se laisser embarquer par sa prose, efficace, et ses dessins, clairs et techniques. Là encore, la chance, un peu poussée il est vrai par mon travail et un peu d'audace, me permit d'interviewer ce grand monsieur, d'abord pour la presse écrite, puis sur UMAC. Depuis, nous entretenons une correspondance sporadique mais salutaire (pour moi). Maître Habersetzer m'a fait deux cadeaux précieux, dont je mesure l'importance : il m'a adressé l'un des exemplaires, dédicacé, de son livre Mémoires, un ouvrage à tirage confidentiel, limité à ses proches ; et il a accepté d'écrire la préface de mon recueil de nouvelles, Jour de Neige. Cet homme, droit dans ses bottes, sage, cultivé, bienveillant et courageux, demeure à ce jour pour moi un phare dans la nuit. Et dans un monde où les lumières sont de plus en plus rares et pâles, ça compte. Ça compte beaucoup. 

Conseil pour les collectionneurs : 
Si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez allez au-delà de l'approche purement technique, n'hésitez pas à vous procurer le Fondamentalement Martial, de Roland Habersetzer, un ouvrage regroupant des articles de fond, variés et d'une grande intelligence, qui questionnent la pratique des arts martiaux, sa finalité, et se penchent aussi sur les droits et les devoirs d'un homme (ou d'une femme) moderne face à la violence qu'il convient de contrôler, qu'elle vienne d'autrui ou de soi. Une somme de réflexions d'une richesse inégalée.  

Pour aller plus loin sur le sujet :





FANTOMIALD ET LA FAMILLE DUCK
Ah, ce que j'ai aimé Donald étant petit ! Le samedi, j'allais sur le marché de ma ville, acheter des Picsou Magazine et autres Mickey Parade. Le bouquiniste d'alors était un brave bougre, il reprenait automatiquement tous les livres qu'on lui ramenait, permettant ainsi aux enfants comme moi de renouveler leurs lectures à bas coût. Je revenais alors chez moi, m'installais dans ma chambre et tournais les pages, pendant des heures. À l'époque, les week-ends duraient une éternité. 
Je me suis rendu compte, bien plus tard, que j'aimais surtout les auteurs italiens ayant pris en main le destin de Donald. Leurs versions, différentes, plus émouvantes et innovantes, m'ont marqué longuement, que ce soit Fantomiald ou Mac Danold. J'en ai récupéré un bon nombre, en VF ou en anglais. Je crois que les collectionneurs ont ceci de particulier qu'ils essaient de faire plaisir à l'enfant qui est en eux, ce qui est impossible, évidemment, car si les souvenirs agréables sont ceux de l'enfant, les yeux, le cœur et l'âme sont devenus adultes et demandent plus que ce qui suffisait à les irriguer naguère. 

Anecdote de rayonnage : 
Pas mal de trucs en vrac ici, dont un From Hell qui s'est perdu là, les Girls et le Ultra des frères Luna, des Marvel "best sellers" petit format édités par Panini et les Out There d'Augustyn et Ramos. 

Pour aller plus loin sur le sujet :
La Parenthèse de Virgul #9 : Canard Masqué
Écho #51 : Recueil Mac Danold







ARSÈNE LUPIN
Maurice Leblanc a été pour moi une révélation. Quand je lis l'un de ses romans, à 12 ans (sans doute mon premier véritable roman "adulte"), je suis embarqué dans une intrigue passionnante, parsemée de rebondissements inattendus, de coups de théâtre, de moments intenses. À aucun moment, alors que l'on est dans les années 80, je ne ressens le poids du temps sur la prose de Leblanc, à peine peut-être une jolie patine. J'aime ce que je lis, ce que je ressens, cette fébrilité qui me fait tourner les pages, ce suspense qui me prend aux tripes, ce Lupin qui semble si mystérieux et si formidable ! J'ai envie de crier à tout le monde que c'est génial, qu'il faut lire ce truc... mais non, inutile, c'est connu. Très connu. Et ça me paraît juste que ça le soit, parce que c'est vachement bien. Plus tard, bien plus tard, à l'occasion des 120 ans du personnage, j'écrirai, le cœur serré et la passion intacte, un article pour rendre hommage au vieux Leblanc et aux fantastiques Boileau et Narcejac, qui lui ont succédé. Et aujourd'hui encore, je continue de penser que si je suis devenu écrivain, si Le Sang des Héros et L'Ombre de Doreckam, dans des registres bien différents, ont pu voir le jour, c'est essentiellement grâce à l'auteur du gentleman cambrioleur. Parce qu'on n'oublie jamais sa "première fois". Et que lorsqu'elle est extraordinaire, elle peut inspirer toute une vie, ou au moins une plume. 

Anecdote de rayonnage : 
L'on peut voir dans ce casier la Saga du Roi Arthur, de Bernard Cornwell, probablement ce qui s'est fait de plus beau, de plus subtil et de plus inspirant sur le sujet. 

Pour aller plus loin sur le sujet :






MOORE (pas celui auquel vous pensez)
Il existe pas mal de Moore dans le milieu des comics, du Alan ronchonnant au plus discret Tony, mais c'est ici Terry qui nous intéresse. Le gaillard a un style bien à lui, il a mis à l'honneur des héroïnes charismatiques bien avant que cela devienne un diktat des demeurées "féministes" qui revendiquent des libertés qu'elles ont déjà (et se gardent bien d'aller gueuler là où ces libertés sont absentes, forcément : on ne peut mener que les combats délimités par son courage), et il a même fini par bâtir un ensemble de séries formant une sorte de mooreverse, qui culminera et trouvera sa conclusion dans Cinq Ans
On lui doit cependant surtout Strangers in Paradise, qui reste selon moi une des meilleures séries de comics, tant sur le plan de la profondeur des personnages que des thèmes abordés. Terry Moore fait partie de ces auteurs importants, qui ne sont pas des génies, qui peuvent se tromper, qui peuvent décevoir, mais qui demeurent foncièrement indispensables, parce qu'ils manipulent la magie à l'état pur, et que la magie manque. 

Anecdote de rayonnage :
Vous aurez noté la présence d'ouvrages de Go Nagai, auteur du célèbre Goldorak. Est-ce que ces trucs sont vraiment bien ? Non. 

Pour aller plus loin sur le sujet :






LOVECRAFT
Je n'ai jamais aimé Lovecraft étant jeune. Ses récits m'emmerdaient prodigieusement. J'aimais le cadre, mais pas la prose. J'ai compris d'où cela venait une fois plus vieux et versé moi-même dans l'écriture : Lovecraft n'utilise pas ses personnages, ou pas vraiment. Il se concentre sur des descriptions, certes fascinantes mais un peu froides, et délaisse les protagonistes qui se devraient être des vecteurs d'affect, un principe fondamental de mon point de vue. Ceci dit, l'univers qu'il a construit est suffisamment riche et intrigant pour que l'on puisse passer outre ce style quelque peu aride. Je redécouvre même parfois aujourd'hui, avec plaisir, certaines nouvelles au lyrisme envoûtant, qui fonctionnent sur un style certes limité mais efficace. Qui sait ce qu'il aurait pu advenir de ce mythe, cosmique et terrifiant, si son auteur avait su y insuffler, dès le départ, un brin d'émotion humaine ? (Non pas une description de gens éprouvant de la terreur, mais bien des personnages parvenant à transmettre leurs ressentis.)   

Anecdote de rayonnage :
Plusieurs ouvrages intéressants ici, en dehors de l'univers lovecraftien. L'intégrale Locke & Key, une excellente saga dans le genre thriller fantastique, et un coffret Marvel du The Dark Tower de King. 

Pour aller plus loin sur le sujet :






MICHEL ET LE CLUB DES CINQ
Je me devais de terminer cette première partie par ce qui a enflammé mon esprit lorsque je suis passé des BD aux romans pour la jeunesse. Je les voyais ces Club des Cinq, dans la bibliothèque familiale, mais je n'avais pas le droit d'y toucher. Du moins, pas avant de savoir lire. Si je suis reconnaissant à mes parents d'une chose (pas que d'une, mais celle-ci aura une importance capitale), c'est de m'avoir inculqué très vite le respect des livres. On ne les malmène pas. On n'y touche pas si on ne veut pas les lire. Pour ma mère, ses livres étaient encore plus qu'un divertissement : ils avaient été obtenus, pour certains, "en travaillant bien à l'école", car en ce temps-là, dans le monde d'avant, on récompensait encore les bons élèves en leur offrant des heures de lecture. Ce n'était pas perçu comme une punition ou un fardeau, mais comme un accès à l'aventure, à l'imaginaire, un pur plaisir. 
À quatre ans, je savais lire. Rien de tel qu'un objectif mâtiné de mystère pour motiver un gamin. J'ai alors commencé à me plonger, seul, sans avoir besoin des adultes, dans le papier. Il y avait mes BD, toujours, Astérix, Lucky Luke, mais aussi le Club. Plus tard, je découvrirai aussi les Michel de Bayard, les rues de Corbie, et encore plus tard, Bennett et Mortimer, traduction des Jennings d'Anthony Buckeridge. Pour aimer lire, pour vraiment que la lecture devienne un indispensable plaisir, un éternel refuge, une parenthèse pleine de promesses, il faut bien débuter et éviter certains écueils. Je dois beaucoup à Enid Blyton, à Buckeridge, à Georges Bayard. Ils m'ont mis sur les bons rails, sans heurts, avec talent et douceur. Qui aujourd'hui se souvient d'eux ? Victor Hugo, que j'aime et admire, a 2555 rues à son nom en France. Bayard en possède une seule. Une petite, à Corbie, lieu de résidence de son plus célèbre personnage. Loin de moi l'idée de comparer le vieil Homme-Océan, tonnant de son exil, à ce bougre de Bayard, à l'ambition bien plus modeste et au style, il est vrai, bien plus humble. Mais pour donner accès aux fleuves les plus impressionnants, l'on oublie parfois qu'ils doivent être gonflés par bien des rus et ruisseaux. Ce qui mène à la lumière du soleil, que l'on ne peut même pas regarder, est forcément plus faible, plus diffus, plus modeste, mais pour guider dans les ténèbres, une vague lueur suffit. Et elle est souvent essentielle. 
Évidemment, je n'ai rien gardé des "Bibliothèque Verte" que j'ai lus à l'époque, mais je rachète parfois, à l'occasion, des exemplaires qui constituent alors d'étranges portes vers le passé. Presque de la nostalgie sous forme solide. 

Pour aller plus loin sur le sujet :
La Parenthèse de Virgul #38 : le Club tente la fusion impossible





Les livres que l'on conserve après les avoir lus deviennent plus que des livres. Ils sont le témoignage physique d'émotions bien réelles mais issues d'univers fictifs. Un sanctuaire pour vos cicatrices et vos souvenirs. Une sorte de trait d'union entre l'imaginaire et la réalité, une preuve que la magie existe, que les mots ont un effet et que le papier et l'encre sont à manier avec prudence, mais aussi avec audace.
Le livre dont les pages ont jauni, dont la reliure s'est craquelée, nous rappelle aussi, comme le vinyle qui craque sous le diamant qui creuse ses sillons, que le temps, si l'on n'y prend garde, emporte tout, et souvent l'essentiel.  
On dit à tort que les écrits restent, mais ils ne restent que si on les préserve, du temps comme des imbéciles qui rêvent de les réécrire sans cesse, selon la mode, l'envie ou le slogan du moment. 
Les régimes autoritaires, tout comme la plupart des démocraties, fausses ou réelles, ont toujours voulu régenter l'écrit, les auteurs et ce à quoi le peuple à accès. Parce que les mots ont un poids, une fonction. Ils charrient les idées et renforcent les convictions, ils questionnent les absurdités présentées comme des évidences, ils bousculent et alertent, ils blessent mais réconfortent et ouvrent des horizons. La plume et le glaive, surtout lorsqu'ils sont aiguisés et bien maniés, devraient être les seuls fondamentaux qu'aucun pouvoir ne peut interdire. Car le fait de s'instruire et de se défendre n'est pas seulement un droit naturel, c'est un devoir sacré. 
Le livre, ce n'est pas seulement le divertissement, c'est aussi le pilier sur lequel bâtir un raisonnement, une langue, parfois même une morale ou une nation. C'est parce qu'il est important qu'il fait peur aux scélérats et aux ganaches qui les servent. Et c'est parce que nul n'accède à la complétude en se défaisant d'une partie de son âme et de son passé que nos auteurs et nos pages méritent respect et considération.
Peu importe que votre bibliothèque soit remplie de Tintin ou d'ouvrages du grand Hugo. Peu importe que vous aimiez Abercrombie, Jules Verne ou Orwell. Ce sont tous des cours d'eau. Certains sont des fleuves, d'autres des ruisseaux, mais ils mènent tous au même océan. Cet océan, immense, multiple, où l'on peut se perdre mais aussi se trouver vraiment. 
Je dois beaucoup aux livres, à mes livres. Pas tant ceux que j'ai écrits mais ceux que j'ai lus. Ce sont les piliers de mon esprit. Et bien plus important, ils sont les piliers de notre civilisation. Des piliers centenaires parfois mais fragiles, car si on ne les lit plus – et on lit de moins en moins de nos jours dans nos contrées –, ils deviendront plus petits, plus ternes, plus transparents, jusqu'à disparaître sous le tic-tac des horloges et le ricanement des hyènes.
Si vous n'avez pas été initié, lorsque votre esprit était jeune et alerte, au plaisir de la lecture, alors pardon. Pardon pour ce système inique qui vous a spolié de l'essentiel. Nous, Gaulois, aurions dû hurler quand on nous imposait une hérésie scolaire et quand, piloté de l'étranger, un gouvernement félon sciait des branches naguère considérées comme essentielles.  
Lire est devenu, dans la France moderne et européiste, synonyme d'une lecture technique, aride, idiote et fade. On lit scolairement un courrier de l'administration, un mail publicitaire, un ticket de caisse. Mais lire, d'un point de vue littéraire, demeure bien plus que cela. Lire, c'est élargir le monde, scier les barreaux du système, se donner la chance de s'explorer vraiment pour découvrir qui l'on est. Et découvrir d'autres pensées que les siennes. Pas des slogans, pas des publicités, pas des lois, mais l'immensité infinie du possible. 

Soyez des résistants. Tournez des pages. 
(Il me reste pas mal de rayons à explorer, mais ce sera pour une partie 2...)


 


Écho #73 : Les Schtroumpfs - L'intégrale (édition exclusive)
Par


Une bonne idée de cadeau pour Noël : un bon gros tome des Schtroumpfs, regroupant les 13 premiers albums !

Pour 45 euros, voilà donc une très bonne affaire. Ce pavé de plus de 750 pages (au format 20 x 26 cm, ce qui assure un confort de lecture suffisant) regroupe tous les albums de Peyo sortis entre 1963 et 1988. De quoi assurer quelques heures de lecture en compagnie des petits êtres bleus. 
Notons qu'il s'agit d'une exclusivité des espaces culturels Leclerc et que l'ouvrage bénéficie d'un très joli dos toilé "bleu Schtroumpf". Signalons que les couvertures originales des albums sont reproduites et que Dupuis a ajouté également une poigné de petits bonus, dont une leçon de maîtrise de la langue schtroumpf.

Très conseillé, autant pour le rapport albums/prix que pour le soin esthétique apporté à ce beau livre. 

Contenu :
• Tome 1 - Les Schtroumpfs noirs
• Tome 2 - Le Schtroumpfissime
• Tome 3 - La Schtroumpfette
• Tome 4 - L'Œuf et les Schtroumpfs
• Tome 5 - Les Schtroumpfs et le Cracoucass
• Tome 6 - Le Cosmoschtroumpf
• Tome 7 - L'Apprenti Schtroumpf
• Tome 8 - Histoires de Schtroumpfs
• Tome 9 - Schtroumpf vert et vert Schtroumpf
• Tome 10 - La Soupe aux Schtroumpfs
• Tome 11 - Les Schtroumpfs olympiques
• Tome 12 - Le Bébé Schtroumpf
• Tome 13 - Les P'tits Schtroumpfs





La Parenthèse de Virgul #48
Par


Hello les Matous !
Ça ronronne dans les chaumières ? Aujourd'hui, on va aborder un sujet essentiel quand on parle de livres, et notamment de BD : le format. Et un format bien spécifique encore trop peu employé en France mais qui, pour certaines œuvres, peut donner des résultats saisissants.

À l'italienne
Si l'origine transalpine de ce format, dit à l'italienne, explique son nom, il faut savoir qu'il n'est en rien fixé par une taille précise mais désigne en réalité toute publication qui est plus large que haute. Que ce soit dans la BD franco-belge ou les comics, l'on a donc guère l'habitude de penser réellement un récit dans ce format. Et c'est bien regrettable car il permet de gommer certains défauts ou d'accentuer certaines qualités du format classique.

Il faut tout d'abord distinguer les œuvres pensées réellement (ou totalement redécoupées) pour ce format et les compilations de strips initialement prévus pour les journaux. Si l'on trouve des recueils de strips concernant des séries aussi connues que Tintin ou Amazing Spider-Man, cela reste avant tout des curiosités ou des éléments historiques, le format n'apporte alors pas grand-chose par rapport à celui d'une BD classique. Par contre, lorsqu'il s'agit d'histoires conçues spécifiquement pour se présenter ainsi, comme le 300 de Miller ou les rééditions à l'italienne de certains Blake et Mortimer, cela change tout et l'expérience de lecture en est radicalement changée.

Quels sont ces effets aussi fantastiques que mystérieux que tu sembles nous vanter depuis le début de cette parenthèse, me demanderez-vous avec la touchante fébrilité du lecteur aguiché par une féline et noble prose ? Eh bien, nous y venons !
L'un des effets évidents est ce que nous appellerons poétiquement la préservation de la brume du temps. En effet, lorsque nous ouvrons une BD classique, nous avons devant les yeux non seulement la scène "présente", que nous allons lire, mais aussi plusieurs scènes du futur, qui se dévoilent déjà, comme si le brouillard les recouvrant logiquement était dispersé par le simple fait de tourner la page. Dans le format à l'italienne, vous ne verrez qu'un tiers (voire un sixième) de ce que dévoile le format classique, ce qui permet de demeurer dans le présent et de maintenir un certain suspense.

Le deuxième effet, encore plus important, est l'immersion. En effet, avec des cases agrandies, bénéficiant de plus de détails, et un œil se concentrant sur une scène bien découpée et mise en valeur, le lecteur est littéralement "plongé" dans l'action, un peu comme un spectateur devant un grand écran, au cinéma. L'impact de chaque scène en est alors décuplé. 
Le troisième effet évident, très lié au précédent, est le travail de l'auteur sur l'ambiance du récit. Avec une concentration recentrée du lecteur, des cases plus grandes, des scènes mieux mises en valeur car isolées des autres, l'auteur peut à loisir travailler l'atmosphère de chaque partie de son récit. Une scène de nuit, par exemple, ne sera pas parasitée par la luminosité d'autres scènes à venir, qui se retrouveraient sur la même planche dans un format classique.

Bien entendu, ces subtilités ne conviennent pas forcément à tous les récits. Le format à l'italienne met presque naturellement en valeur les thrillers, les histoires sombres, feutrées et intimistes, les BD d'enquête ou d'épouvante, et globalement tout ce qui touche au mystère. Ce format sera donc moins efficace lorsqu'il s'agira de mettre en scène, par exemple, d'immenses et impressionnants paysages ou des combats aériens. Ce n'est pas impossible pour autant, juste moins pratique. Mais même s'il est toujours possible de s'adapter à une contrainte technique, il vaut mieux penser son format en fonction de ce que l'on raconte (et inversement, les deux étant inévitablement intriqués).
Voilà en tout cas une belle manière de mettre la contrainte du support au service de son art.

L'on trouve assez peu de BD dans ce format en France, même si l'on peut noter le Ruse du duo Waid/Guice, le Spirou de Chaland ou les Flash Gordon récemment réédités par Hachette (à ne pas confondre avec le Flash de DC Comics, cf. cette Parenthèse). Mais la grande réussite dans ce domaine demeure les Blake et Mortimer recomposés pour ce format (l'on peut citer par exemple Le Testament de William S, Signé Olric, Le Bâton de Plutarque ou encore Le Serment des Cinq Lords). Ces éditions spéciales (vraiment bien plus larges que hautes !) bénéficient de cases agrandies, d'un découpage repensé et d'un nouveau regard, plus immersif, sur chaque aventure. L'ambiance en est radicalement accentuée, et les élégants aplats propres à la série n'en sont que plus efficaces et esthétiques. Si vous voulez vous prendre une claque visuelle et découvrir la puissance du format à l'italienne, ce sont ces albums que l'on vous conseille. Attention cependant à ne pas confondre avec certaines éditions spéciales, comme Les Sarcophages d'Açoka, qui est en fait un demi-format qui condense (et résume) trois albums classiques.

Voilà les matous, on termine avec quelques exemples de planches et on espère vous avoir donné envie de (re)découvrir de bonnes BD. Miaw ! 

Ici une simple compilation de strips originaux (Les 7 Boules de Cristal).

L'album "maudit" de Chaland, une curiosité.

Le 300 de Miller, dense et violent.

Ruse, publié par Semic. De superbes dessins et un découpage très cinématographique.

Le format à l'italienne n'embellit pas forcément tous les genres de récit.

Blake et Mortimer, probablement l'une des séries qui exploitent le mieux ce format.

L'atmosphère sombre et angoissante, ainsi que les jeux de lumière, ne sont pas parasités par les autres scènes.

Le découpage resserré immerge le lecteur au cœur de l'action.

La brume du temps est préservée, chaque planche étant consacrée à une seule scène.